Votre réponse sérieuse peut sembler rigoureuse, mais elle n 'est pas valable. Je cite le spécialiste en bioéthique Sgreccia :
«Du fait que le développement biologique est ininterrompu, et
qu’il s’accomplit sans mutation qualitative intrinsèque, sans avoir besoin d’aucune intervention, il faut reconnaître que la nouvelle entité constitue un nouvel individu humain qui, depuis le moment même de la conception, poursuit son cycle ou plutôt sa courbe vitale. L’autogenèse de l’embryon se réalise d’une manière telle que la phase successive n’élimine pas la phase précédente, mais l’absorbe et la développe suivant une loi biologique individualisée et contrôlée. (SCRECCIA, Elio.
Manuel de bioéthique, p.462)
2-Dans le cas de la gémellarité monoovulaire, le fait éventuel de la division non seulement ne dément pas ce qui a été dit sur la continuité du développement de l’embryon, mais le confirme. En effet, le moment de la division prévoit l’intervention d’une cause interférente dans le projet : il ne se produit pas en vertu d’un mécanisme, mais à son encontre. En outre, le résultat est encore conforme au développement décrit et ce développement autoconstructeur et déterminé se répète dans chacun des segment divisés. La nature de ces segments de zygote, qui se comportent comme autant de zygotes, est encore un projet humain (non pas une plante ou un animal).
« (…) on suppose que par un mécanisme quelconque, spontané ou provoqué, de ce système déjà déterminé dans son développement, une partie s’en détache : une cellule si le système est constitué de deux cellules, ou quelques cellules ou même de nombreuses cellules si la séparation se produit à des stades plus avancés, et que parmi celles-ci une ou plusieurs n’aient pas encore perdu leur totipotentialité, restant ainsi capables de reprendre ou de poursuivre le développement mis en route. Si le développement se produit, logiquement on peut uniquement affirmer qu’un autre système « a pris origine » du premier système, ou même différent comme l’ont déjà démontré divers cas de jumeaux monozygotes possédant une composition chromosomiques différente.
Au contraire, l’on ne peut pas affirmer que le premier système est devenu ou incluait déjà un autre système… Le premier système reste toujours le premier système, modifié si l’on veut, tout comme – par analogie exclusivement illustrative – un adulte pourrait être par l’amputation de ses membres ; et il s’agira d’un système auquel le premier système a donné origine, même si l’on ne parvient pas à en reconnaître l’ordre de succession dans le temps. Et, tandis qu le second système commence sa propre existence ontologique à partir du moment de la séparation, le premier système, lui, continue son développement, sans rien perdre de son identité biologique et ontologique.» (A. Serra, Quando è iniziata la mia vita?)
Vous dites :« Inversement deux embryons peuvent à l'occasion fusionner avec des résultats en général malheureux -- pas forcément par exemple s'il s'agit de deux embryons jumeaux --, mais qui feront un seul individu sans qu'on puisse déterminer quel embryon a disparu. Un ovule fécondé est potentiellement zéro (cas le plus fréquent) un, deux, plus, ou un-demi voire un tiers d'individu ».
Je continue avec la réponse de Sgreccia à votre objection :
«Une difficulté analogue est soulevée par ceux qui se basent
sur le phénomène de l’hybridation : c’est-à-dire sur la possibilité, dans les tout premiers temps de la fécondation, avant la nidation ou en phase de nidation, que deux cellules fécondées puissent, si elles sont synchronisées dans leur phase de développement et si elles sont rapprochées, fusionner en un unique zygote qui se comporte comme une unique cellule totipotente donnant lieu à la naissance d’un seul individu. On veut tirer de ce fait la conclusion que l’on ne pourrait pas parler d’individuation complète et d’animation réalisée avant la nidation. Ceci aurait une portée particulièrement importante en ce qui concerne les embryons que l’on produit in vitro ( et qui ne sont pas implantés) auxquels on voudrait attribuer la définition non pas de « personnalité avec un développement potentiel », mais de « personnalité potentielle ».
Mais même dans ce cas, on ne peut nier que le fait ne réfute
pas mais confirme au contraire l’existence d’un programme bien défini dans chacune des deux cellules fécondées, programme qui se développerait d’une manière autonome dans chacune d’entre elles si une cause extérieure ne venait pas le perturber. Les causes extérieures peuvent aussi interrompre le développement embryonnaire, mais l’on ne peut pas en déduire que l’embryon ne soit pas capable d’avoir un développement autonome si on le laisse vivre dans des conditions normales.
D’autre part, le phénomène de l’hybridation « n’est pas assez connu pour pouvoir constituer la base d’une réflexion approfondie, toutefois (…) il faut dire qu’une individualité, malheureusement, cesse alors d’exister. Peut-être, devons-nous le définir comme un accident et la recombinaison comme la mort prématurée d’un jumeau ». (R. Di Menna), mais cela ne nous autorise pas à dire que le début de la vie individuelle du survivant survient plus tard. » (SGRECCIA, Elio. Manuel de
bioéthique, p.467-468)