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Au Moyen Âge, la femme avait-elle une âme ?

Par l'historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Art Renewal Center/Wikimedia Commons

Le Moyen Âge a mauvaise réputation. Pour discréditer une idée, il suffit de la qualifier de « moyenâgeuse ». Les historiens anticatholiques, comme Jules Michelet (1798-1874), ont tracé un sombre portrait de cette époque. Mais Régine Pernoud (1909-1998) a réfuté cette légende noire dans un remarquable ouvrage intitulé Pour en finir avec le Moyen Âge (1977). Les féministes devraient également lire son étude sur La femme au temps des cathédrales (1980) avant d’accuser l’Église catholique de misogynie.

Régine Pernoud n’a aucun mal à réfuter la rumeur selon laquelle l’Église aurait enseigné au Moyen Âge que la femme n’avait pas d’âme. La Sainte Vierge Marie n’aurait pas eu d’âme ? Pourquoi lui rendre un culte ? D’où provient cette stupide légende ? Quelques théologiens médiévaux ont effectivement discuté de la question de l’existence de l’âme féminine. Un concile régional, tenu au XIIIe siècle dans le sud de la France, s’est même senti obligé de tenir un vote pour préciser que la femme avait bel et bien une âme. Mais les théologiens catholiques n’ont jamais douté de ce fait. Leurs spéculations philosophiques entendaient répondre à certains auteurs musulmans d’Espagne, qui soutenaient réellement, quant à eux, que les femmes n’avaient pas d’âmes. Cinq siècles plus tard, Voltaire s’est emparé de l’affaire, en la déformant, comme à son habitude, pour calomnier l’Église catholique, qu’il surnommait « l’Infâme ».

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Selon Régine Pernoud, la condition féminine était meilleure au Moyen Âge (476-1492) que dans les Temps Modernes (1492-1789). La déchristianisation de l’Europe, qui s’est amorcée à la Renaissance (1450), a provoqué un déclin du statut juridique et social de la femme. Un fait illustre cette régression. Au Moyen Âge, la reine de France était couronnée à Reims, à l’égale du roi ; mais cette tradition est disparue après 1610. L’Église médiévale a combattu les mariages conclus par les familles sans le libre consentement des femmes. Plusieurs femmes, religieuses ou laïques, ont enrichi les sciences et les arts de ce temps : Héloïse dans l’étude des langues anciennes, Hrotsvitha de Gandersheim dans le théâtre et la poésie, Hildegarde de Bingen en médecine, Dhuoda en pédagogie, Gertrude de Helfta en théologie et Herrade de Landsberg, auteure d’une encyclopédie.

L’ordre monastique de Fontevrault, fondé au XIIe siècle, était une communauté religieuse mixte. Les moines et les moniales vivaient dans des maisons séparées, mais ils étaient sous la direction commune d’une abbesse plutôt que d’un abbé. L’Église médiévale n’hésitait pas à accorder du pouvoir aux femmes. Le monastère de Fontevrault fut supprimé par la Révolution française.

Le droit coutumier médiéval reconnaissait l’égalité juridique entre les hommes et les femmes. Mais la renaissance du droit romain, à partir du XIVe siècle, a rétabli le pouvoir absolu du pater familias, comme dans l’Antiquité païenne. Le déclin de la condition féminine a culminé avec le Code Napoléon (1804), qui réduisait la femme mariée au rang de personne mineure.

Régine Pernoud a démontré que la femme occupait, dans la société médiévale, une place éminente, quoique différente de celle de l’homme. Le culte marial symbolisait la dignité féminine. Le Moyen Âge se termine d’ailleurs sur l’image d’une femme exceptionnelle, Jeanne d’Arc. Celle-ci n’aurait jamais obtenu, dans les siècles suivants, l’autorité qu’elle a exercée en son temps. De nos jours, conclut Pernoud, la femme est tellement satisfaite d’avoir réussi à s’imposer dans le monde masculin, qu’elle ne cherche plus à apporter à la civilisation une touche qui lui soit propre. Le féminisme moderne dénigre la féminité, contrairement au féminisme médiéval.



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