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Voici ce que l’Église catholique enseigne réellement au sujet du « Christ Roi »

Par S.D. Wright — Traduit par Campagne Québec-Vie

28 mars 2024 (LifeSiteNews) — « La multitude a suffisamment entendu parler de ce qu’on appelle les droits de l’homme : qu’elle entende enfin parler des droits de Dieu. » [1]

C’est ce qu’a dit Léon XIII en 1900, et c’est la clé pour comprendre ce que l’Église entend par l’expression « Le Christ est roi ».

Cette déclaration n’est pas une simple platitude spirituelle sur l’au-delà, ni l’établissement d’une théocratie ou le matraquage des autres avec notre religion.

Il s’agit de quelque chose de beaucoup plus vaste.

La fête du Christ-Roi

En 1925, le monde se souvenait encore de la Première Guerre mondiale. Les pays anciennement catholiques poursuivaient leur déclin vers la laïcité. Le gouvernement révolutionnaire mexicain consolidait son contrôle et persécutait l’Église. La République de Weimar autorisait toutes sortes d’immoralités et de décadences.

Quelques années auparavant, le gouvernement maçonnique du Portugal avait persécuté les trois enfants de Fatima.

Regardant autour de lui, le pape Pie XI constate que le monde est en proie au « laïcisme », à « ses erreurs et ses entreprises criminelles (n.18) ». [2]

Il enseigne que la panoplie des maux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est due au fait que les hommes ont « chassé Jésus-Christ et sa sainte loi de leur vie », à la fois dans les affaires privées et dans la politique.

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En réponse, il institue la fête du Christ-Roi pour « pourvoir aux nécessités des temps présents » et « apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine (n° 18) ». [3]

Cette fête, fondée sur la doctrine de son encyclique Quas Primas de 1925, a été instituée pour commémorer la royauté de Notre Seigneur, non seulement sur le cœur de ses fidèles, mais aussi sur tout homme, toute famille, tout État, toute nation et toute société.

En quoi consiste la royauté du Christ ?

On a tendance aujourd’hui à traiter la royauté du Christ comme s’il s’agissait de quelque chose d’eschatologique, qui se produira à la fin du monde. C’est tout à fait contraire à l’esprit originel de la fête, dont les textes liturgiques reflétaient une doctrine différente et très spécifique.

Le Christ a dit qu’il était Roi, mais que son royaume n’était pas de ce monde.

Beaucoup semblent penser que Dieu étant tellement au-dessus de nous, nous n’avons pas à nous préoccuper d’honorer et de protéger ses droits.

Mais par ses paroles devant Pilate, Notre Seigneur n’abdiquait pas ses droits sur le monde, ni n’approuvait la séparation de l’Église et de l’État. Il voulait dire qu’il n’était pas venu pour déposer Rome ou le pouvoir civil, ou pour établir une théocratie — parce qu’il prévoyait quelque chose de beaucoup plus important.

Saint Augustin explique ses paroles :

Après avoir montré que son royaume n’était pas de ce monde, il ajoute : Mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici.

Il ne dit pas : Pas ici, car son royaume est ici jusqu’à la fin du monde, ayant en lui l’ivraie mêlée au blé jusqu’à la moisson ; mais il n’est pas d’ici, puisqu’il est étranger dans le monde. [4]

« Ce serait une erreur grossière », dit Pie XI en reprenant les paroles de Notre Seigneur, « de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu’elles soient (12) ». [5]

L’autorité civile vient de Dieu et doit le reconnaître

Comme l’a dit saint Paul à propos des dirigeants civils : « Il n’y a de pouvoir que de Dieu. » (Rom. 13,1)

La simple raison naturelle dit que l’État a le devoir de reconnaître et d’adorer Dieu ; et cela doit être en accord avec la vraie religion — qui est celle de Jésus-Christ.

Le Christ a dit : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28,18). Il est notre Roi à la fois par sa nature divine et parce qu’il nous a achetés au prix de son sang précieux. Par ces deux « titres », il a le droit d’être reconnu comme Roi.

Il est le Roi de chaque individu ; il est donc aussi celui de chaque groupe d’individus. Ce qui s’applique à chaque partie s’applique aussi à l’ensemble. Il est donc aussi le roi de nos familles, de nos organisations et surtout de nos nations.

Les nations, qui sont des rassemblements de familles et d’individus, ont le devoir de reconnaître sa souveraineté, et Il a droit à leur hommage [6]. L’État est souverain dans sa propre sphère, mais il est obligé par sa propre nature non seulement d’opérer dans les limites de la royauté du Christ, mais aussi par conséquent de reconnaître cette royauté.

Pie XI enseigne que « non seulement les particuliers, mais aussi les gouvernants et les princes sont tenus d’honorer publiquement le Christ et de lui obéir », ce qui se manifeste le plus parfaitement, bien sûr, dans le Saint Sacrifice de la Messe.

En tant que roi de la nation, la « dignité royale du Christ exige que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l’établissement des lois, dans l’administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse ». [7]

L’Église doit être établie comme religion d’État et les lois du pays doivent être (au moins) « négativement » chrétiennes. Nous entendons par là que les lois doivent être (au moins) conformes à la raison droite et à la loi naturelle, et ne doivent aller à l’encontre d’aucun aspect de la loi divine.

Cela ne signifie pas que le christianisme doit être imposé par l’épée, ou que les législatures des États doivent vérifier chaque loi potentielle auprès de Rome. Comme nous l’avons déjà dit, l’État est souverain dans sa propre sphère.

Mais cela signifie que nous sommes obligés de travailler à la christianisation de la société et à la « restauration de toutes choses en Christ ». (Eph. 1,10)

Il ne s’agit pas d’enseignements médiévaux adaptés uniquement à un État confessionnel catholique ni d’un exercice de nostalgie du vingtième siècle. Ceux-ci sont la réponse à nos problèmes modernes.

La royauté rejetée et oubliée

Pie XI a enseigné que cette doctrine et cette fête attireraient l’attention sur les maux de la rébellion contre le Christ et même, y remédieraient :

« Dans les conférences internationales et dans les Parlements, on couvre d’un lourd silence le nom très doux de notre Rédempteur ; plus cette conduite est indigne et plus haut doivent monter nos acclamations, plus doit être propagée la déclaration des droits que confèrent au Christ sa dignité et son autorité royales (19) ». [8]

Depuis les années 1960, cependant, la signification de la fête et la compréhension de la doctrine ont été modifiées.

L’échec de la mise en œuvre de l’enseignement de Pie XI a donné raison à ses avertissements. Sa description représente précisément ce que nous avons vu depuis les années 1960 :

On commença, en effet, par nier la souveraineté du Christ sur toutes les nations ; on refusa à l’Église le droit — conséquence du droit même du Christ — d’enseigner le genre humain, de porter des lois, de gouverner les peuples en vue de leur béatitude éternelle.

Puis, peu à peu, on assimila la religion du Christ aux fausses religions et, sans la moindre honte, on la plaça au même niveau. On la soumit, ensuite, à l’autorité civile et on la livra pour ainsi dire au bon plaisir des princes et des gouvernants. [9]

Ils l’ont découronné

Fixer les conditions dans lesquelles le Christ peut être roi ferait de lui une simple figure de proue. Cela placerait la véritable souveraineté ailleurs, que ce soit en nous-mêmes ou (comme c’est de plus en plus le cas aujourd’hui) dans l’État séculier lui-même.

Une royauté eschatologique purement interne ou future met le Christ et sa religion sur le même plan que les faux dieux et les fausses religions dans la sphère publique. C’est de l’indifférentisme.

Dans l’encyclique, Pie XI enseigne que, lors du Jugement dernier, « le Christ accusera ceux qui l’ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l’ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles. » [10]

Nous pouvons constater que ces insultes sont déjà en train d’être vengées à notre époque. Lorsque l’enseignement de la royauté du Christ sur la société est abandonné, il ne faut pas s’étonner que l’État empiète sur le vide du pouvoir.

Si ceux qui prétendent être nos bergers ne défendent pas la royauté du Christ — ainsi que l’immunité et la liberté de l’Église qui découlent de cette royauté —, nous ne pouvons pas être surpris de constater que l’État soumet l’Église à son pouvoir, interfère avec l’exercice de sa mission, ou même la supprime complètement.

Nous ne pouvons pas appeler le Christ notre Roi si nous essayons d’interférer avec l’étendue de ses droits sur nous. Cela revient à le transformer en monarque constitutionnel, ou à dire avec les méchants de la parabole : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous » (Luc 19,14).

Au contraire, disons avec amour et courage :

« Nous voulons que cet homme règne sur nous ».

Le Christ est roi !

Christus vincit !

Christus regnat !

Christus imperat !


Références

[1] Léon XIII, Encyclique Tametsi, 1900.

[2] Pie XI, Encyclique Quas Primas, 1925, no.18. (https://www.vatican.va/content/pius-xi/fr/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_11121925_quas-primas.html) Dorénavant QP.

[3] QP, no.18.

[4] Saint Augustin, dans la Catena Aurea de saint Thomas d’Aquin pour Jean 18,33.

[5] QP n. 12.

[6] « Même la première et essentielle cellule de la société : la famille, avec son bien-être et son accroissement, courrait alors le risque d’être considérée exclusivement sous l’angle de la puissance nationale ; et l’on oublierait que l’homme et la famille sont par nature antérieurs à l’État, et que le Créateur a donné à l’un et à l’autre des forces et des droits et leur a assigné une mission correspondant à des exigences naturelles certaines. » Pape Pie XII, Encyclique Summi pontificatus, 1939. Voir également Léon XIII, Encyclique Immortale Dei, 1885, 25.

[7] QP n. 21

[8] QP n. 19

[9] QP n. 18

[10] QP n. 21



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