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Une belle histoire dans un CHSLD

Le journal Le Soleil du 1er avril 2012 nous apporte un très beau témoignage sur une fin de vie bien accompagnée, comme elle devrait l'être:

 

 

Avec toutes les histoires d'horreur qu'on entend sur les CHSLD, je juge important de faire le témoignage qui suit.

J'écris ces lignes le 8 mars 2012. Je suis au chevet de ma mère qui quittera ce monde dans les heures ou les jours qui viennent. Elle ne souffre pas puisqu'elle reçoit la médication qui lui permettra de quitter tout en douceur. Le personnel la tourne à chaque heure, en prenant soin de crémer son dos à chaque fois, humecte sa bouche avec autant de dévouement, d'amour et de compassion que si c'était leur propre mère. À chaque fois qu'ils lui font un soin, même si elle est inconsciente, ils disent Mme Montembault, on va vous tourner, on va vous donner votre médication.

On m'a apporté un gros fauteuil, qui devient un lit au besoin, un lecteur CD, une couverture, une cafetière avec du café et tasses, une lampe en cristal de sel pour l'ambiance, des livres et revues. Bref, on a pris soin de moi au-delà de ce que j'aurais pu souhaiter et les derniers moments de ma mère sont à l'image des six années qu'elle a passées ici. Une résidence 7 étoiles.

À notre arrivée, nous avons été accueillies par Marie-Claude, un vrai rayon de soleil. Nous sommes entrées dans un centre d'une grande propreté. Ensuite, nous nous sommes rendues à sa chambre, grande, vitrée, avec la vue sur le fleuve. Partout, à la cafétéria comme au salon, où il y a télévision et livres, ce sont des grandes fenêtres où la lumière éclaire la vie de ces personnes âgées, autant que le personnel remplit leur coeur par leur énergie et leur amour.

Dans un «7 étoiles», on a les menus d'hiver et les menus d'été. C'est avec grand plaisir et l'eau à la bouche que je choisissais avec ma mère. Deux choix de repas le midi, 2 choix pour souper, soupe ou jus, deux choix de dessert, et ce, à chaque jour.

Du temps où elle était bien et avait toute sa tête, sa douceur après le souper était de mettre sa jaquette, de se coucher et de mettre ses écouteurs pour écouter la télé jusqu'à très tard, comme lorsqu'elle était chez elle.

Au fil des années, ma mère, toute déformée par l'arthrite rhumatoïde, perd ses facultés. Comme elle ne marchait pas et qu'elle pesait 70 lb, on lui a fait un fauteuil roulant adapté avec un coussin qui empêche les plaies sur ses fesses et facile à rouler pour ses mains déformées. Lorsque la démence s'est installée, un jour elle a oublié qu'elle ne marchait pas, elle a enjambé son lit et elle est tombée. Elle a été transportée à l'hôpital, heureusement, pas de fracture. Alors, le branle-bas de combat, on change son lit. Un lit qui descend jusqu'au sol. On y ajoute un matelas de sol collé en permanence du côté gauche et un qu'on ajoute du côté droit lorsqu'elle se couche. Comme ses os lui font mal, on installe le lève-patient pour la transporter de son fauteuil roulant à son lit, comme une petite cigogne. Aucune souffrance.

Je me souviens aussi lorsque ma soeur est décédée subitement à l'âge de 47 ans et que les funérailles étaient à Montréal et qu'elle n'avait pas la force d'y assister, Guylaine, une préposée qui était en congé cette journée là, était venue passer l'après-midi avec elle.

Quel cadeau, quel privilège où durant ces 6 années, j'ai pu être à mon travail, vaqué à mes nombreuses occupations, m'occuper de mes enfants, pendant que des anges s'occupaient de ma mère. À la moindre égratignure ou petit bleu, on m'appelait, on m'avisait.

En plus de tous ces soins, le personnel prenait le temps de la peigner, de lui mettre son rouge à lèvres et son fard à joues. Ma mère portait des culottes gériatriques. Jamais je n'ai senti une quelconque odeur d'urine. Aucun médicament n'est donné inutilement contrairement aux discours véhiculés : qu'on les endort pour avoir la paix.

On cherchait toujours plus pour égayer la vie des patients. La zoothérapie, un petit oiseau, bref, c'était plein de vie. Toutes les fêtes étaient soulignées.

Ma mère nous a quittés le 10 mars, tout en douceur. C'était un moment de grâce. Je n'étais pas dans une chambre de mourant, mais dans un espace d'amour et de vie. Jusqu'à son dernier souffle, elle a été accompagnée et supportée par des anges. Ma mère vivait dans un «7 étoiles», n'ayant que pour seul revenu la Rente du Québec et son fonds de pension du fédéral. Ce milieu de vie s'appelle le CHSLD Chanoine-Audet, situé à Saint-Romuald.

Lorsqu'à nous serons âgés à notre tour et dans l'incapacité de rester chez soi, je nous souhaite à tous d'avoir la chance de terminer nos jours dans ces conditions, qui sont au-delà de ce qu'on peut souhaiter. Dans ces conditions que chaque humain en fin de vie mérite. Dans le respect et la dignité.

Jamais je n'oublierai le dévouement et l'amour de tous ces êtres de lumière qui ont accompagné ma mère jusqu'à la toute fin et m'ont plus que supportée dans ce moment difficile. À Danielle, Guylaine, Jean-François, Linda, Lisette, Pascale, Dr Lapierre, Dr Morneau, Louise Doucet, chef d'unité, et tous ceux et celles que j'ai moins connus, du plus profond de mon coeur, un gros merci!

Manon Pelletier, fille de Françoise Montembault

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