Par le P. Michael P. Orsi (LifeSiteNews) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : aciacPL/Pixabay
11 juillet 2023 — Les Pères fondateurs de l’Amérique étaient un groupe hétérogène de penseurs religieux. Mais malgré leurs différences philosophiques, ils avaient tous compris l’importance pratique de la foi pour l’ordre civique.
Dans son discours d’adieu, George Washington a résumé cette vision commune en déclarant sans ambages : « De toutes les dispositions et habitudes qui conduisent à la prospérité politique, la religion et la moralité sont des soutiens indispensables ».
Cette sagesse a montré ses preuves à maintes reprises.
Dans un ouvrage paru en 2005, The Churching of America, les sociologues Roger Finke et Rodney Stark observent que ce que nous appelons le Far West était effectivement un endroit sauvage, violent et sans foi ni loi. Il a été dompté non pas par des hommes de loi armés comme Wyatt Earp, mais par l’implantation progressive d’églises, principalement méthodistes, qui diffusaient la morale chrétienne et exaltaient les valeurs du comportement civil et d’une vie de famille solide.
Malheureusement, les églises d’aujourd’hui ne contribuent guère à maintenir l’ordre dans une société de plus en plus perturbée, chaotique et dangereuse.
Nombre d’entre elles ne sont plus que des points de distribution de nourriture, de vêtements et d’autres produits de première nécessité aux pauvres et aux sans-abri.
Elles ont fait du concept de justice sociale leur mission première. Bien que cela puisse exprimer une certaine forme de charité chrétienne, cela a trop souvent forcé les églises à ignorer (ou du moins à minimiser considérablement) leur objectif essentiel, qui est d’annoncer l’Évangile et de sauver des âmes.
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Le problème est que cette action caritative est généralement menée de concert avec le gouvernement. Les églises sont recrutées pour servir de sous-traitants à diverses agences publiques, étendant ainsi la portée des services d’aide sociale. Lorsque vous recevez de l’argent du gouvernement, vous devez fonctionner selon les règles du gouvernement.
Les églises participantes n’ont pas le droit d’évangéliser, de prêcher, de prier en public ou de distribuer des objets pieux et du matériel de catéchèse. Même l’affichage de symboles religieux est étroitement contrôlé.
Essentiellement, l’intention d’être charitable — en soi une impulsion louable — incite les églises à submerger leur identité de foi. Elle nie la grande mission que le Christ a confiée à ses disciples.
Il ne faut pas croire que les responsables religieux sont nécessairement poussés à cette perte d’objectif. Pour beaucoup, la justice sociale elle-même est devenue une sorte de doctrine de substitution. L’« option préférentielle pour les pauvres », qui est une caractéristique majeure de l’enseignement social catholique, peut trop facilement être transformée d’un appel à la conscience en une attente perverse de droits.
C’est ainsi que la charité se transforme en socialisme. L’Évangile, qui prêche Jésus-Christ, est mis de côté au profit d’une idéologie qui prétend aider les gens, mais qui en réalité réduit la liberté. Les églises fonctionnent selon les diktats des gouvernements, plutôt que d’exercer leur rôle traditionnel consistant à diffuser la Parole de Dieu et à fournir les conseils moraux nécessaires à une bonne vie.
Cette tendance est d’autant plus encouragée par certaines idées actuellement en vogue. La grande poussée en faveur de la « diversité », de l’« équité » et de l’« inclusion », aussi vagues et élastiques que soient ces idées, s’inscrit aisément dans la perspective de la justice sociale.
Elle a une influence corruptrice sur les Églises elles-mêmes. L’attitude préférée des membres des églises est actuellement d’être « ouverts » et « accueillants ». La promotion de la « diversité », de l’« équité » et de l’« inclusion » — c’est-à-dire l’accueil de chacun indépendamment de son mode de vie ou de sa perspective morale — passe nécessairement par une affirmation moins que vigoureuse des principes fondamentaux, en particulier dans le domaine de l’éthique sexuelle.
C’est ainsi que nous avons assisté à l’émergence d’églises « woke », où tout le monde est « gentil » et où la démarche de foi de chacun n’est pas alourdie par des exigences morales sévères.
Les Églises ont perdu le sens de leur mission, de leur identité et de ce qu’elles sont censées prêcher. De nombreuses dénominations se séparent à cause de l’idéologie « woke », en particulier les méthodistes qui ont tant fait pour apprivoiser l’Ouest sauvage. (Plus de 6 000 congrégations ont quitté l’Église méthodiste unie).
La société paie le prix fort pour tout cela. Le pays lui-même est en train de se diviser.
Les sondages qui révèlent un déclin de l’affiliation religieuse personnelle vont de pair avec d’autres sondages qui révèlent une anxiété croissante face à l’avenir, car les Américains réalisent la profondeur de nos divisions et l’étendue de nos problèmes moraux.
Il devient clair pour les gens que les églises doivent faire marche arrière et réaffirmer l’influence contre-culturelle que le Seigneur attend de nous en tant que chrétiens. Sinon, nous allons tout perdre.
Mais il y a peut-être de l’espoir.
Alors même qu’il était suspendu à la croix, le bon larron s’est repenti et a demandé à Jésus : « souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume ».
L’heure est venue. Prions pour les Églises.
Cet essai est basé sur une homélie prononcée par le père Orsi. Il a été publié avec sa permission.
Prêtre du diocèse de Camden (New Jersey), le père Michael P. Orsi est actuellement vicaire paroissial de la paroisse St Agnes à Naples (Floride). Il est l’animateur de « Action for Life TV », une série télévisée hebdomadaire sur le câble consacré aux questions pro-vie, et ses écrits paraissent dans de nombreuses publications et revues en ligne. Les épisodes de son émission télévisée peuvent être visionnés en ligne ici.
La décadence de diverses églises a sans aucun doute contribué à la dissolution de la société et ont certes besoin de revenir de leurs récentes erreurs. Cependant, cela ne servirait à rien si elles ne revenaient de leur erreur d'origine, qui est en soi un facteur de décadence, leur séparation de l'Église. — A.H.