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La langue gardienne de la Foi

Par l'historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Wikimedia Commons

L’attitude de Doug Ford envers la minorité francophone nous rappelle la crise du Règlement 17 (1912-1927). Le Ministère de l’Éducation de l’Ontario avait alors interdit l’usage du français dans les écoles catholiques. Il ne s’attaquait pas au caractère confessionnel, mais au caractère linguistique des écoles bilingues de la province. L’évêque catholique de London, Mgr Michael Fallon (1867-1931), d’origine irlandaise, soutenait vigoureusement le Règlement 17. C’était un admirateur de l’Empire britannique. Il croyait à la « supériorité » de la civilisation anglo-saxonne. Les Irlandais avaient pourtant souffert de la conquête britannique, encore plus que les Canadiens français. Mais Mgr Fallon était tellement colonisé qu’il avait fini par assimiler la vision du monde de son colonisateur. Il était alors considéré comme le pire ennemi des Canadiens français. L’affaire du Règlement 17 était, en grande partie, une querelle entre catholiques.

La maxime du nationalisme canadien-français traditionnel était : « La langue, gardienne de la foi. » Nous devions défendre notre culture franco-catholique, non seulement pour préserver notre foi, mais aussi pour représenter en Amérique du Nord un modèle de société chrétienne. La « France d’Amérique » s’attribuait la « mission providentielle » d’évangéliser et de civiliser les Anglo-Protestants. Mais les Irlandais pensaient, au contraire, que l’Église catholique nord-américaine devait s’exprimer en anglais. D’après eux, la Divine Providence avait permis la conquête et l’assimilation de l’Irlande par l’Angleterre pour confier aux Irlandais la « mission providentielle » de ramener les Anglo-Protestants dans le giron de la Sainte Église romaine.

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Aujourd’hui, la querelle des deux messianismes nationaux peut nous faire sourire. Les Canadiens français et les Irlandais n’ont pas plus réussi, les uns que les autres, à convertir l’Amérique du Nord. Ils ont même fini par perdre eux-mêmes la foi. Mais la question des rapports entre le nationalisme et le catholicisme reste d’actualité à notre époque de grandes migrations. Certains catholiques seraient prêts, au nom du caractère universel de l’Église, à sacrifier les cultures particulières au profit d’un humanisme transnational. Saint Paul nous dit que les distinctions de races et de sexes disparaîtront au Ciel. Mais il ne faut pas en conclure qu’on doit les faire immédiatement disparaître sur cette Terre.

Voici ce que Mgr Louis-Adolphe Paquet (1859-1942), doyen de la Faculté de théologie de l’Université Laval et fondateur de l’Académie canadienne Saint Thomas d’Aquin, écrivait dans La vie nationale et le droit chrétien (1918) :

« Le premier devoir d’un peuple est de rester fidèle à lui-même, et la tâche souveraine de ceux qui le dirigent consiste à le maintenir dans la voie que lui ont tracée ses pères (…) Sans doute, chaque homme est un membre de ce grand corps que l’on appelle l’humanité, et c’est la gloire du christianisme d’avoir enseigné au monde la vraie fraternité, qui dépasse les limites d’un territoire (…) Mais l’humanité elle-même est une réunion de grandes familles de peuples ayant chacun sa terre, sa langue, ses traditions (…) Aussi l’amour de la patrie rentre dans le précepte général de la charité et se confond avec lui ; car, si nous sommes obligés à aimer tous nos frères, ce devoir nous lie plus étroitement à ceux qui se rapprochent davantage de nous. »

Une politique d’identité nationale n’est donc pas une manifestation de racisme ou d’intolérance, mais un devoir de charité qui découle du Quatrième Commandement : « Père et mère tu honoreras, afin de vivre longuement. »



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