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La détresse périnatale

Un article paru sur le site enfantvictoire.com du 29 avril 2012, sur l'angoisse et les troubles psychologiques ressentis pendant la grossesse et pouvant inciter la mère à se faire avorter.

 

 

La plupart des femmes vivent leur grossesse comme un rêve. Mais pour certaines, tomber enceinte vire au cauchemar. Les scientifiques commencent à décrypter certains mécanismes des maladies mentales liées à la grossesse.

« J’aurais voulu une grande famille. Mais je ne suis pas prête psychologiquement à supporter une autre grossesse. J’en resterai donc à un seul enfant. » Sarah a fini par accepter ce constat, après des mois d’interrogation sur son état psychique et sa capacité à être maman. Parents d’une petite fille de 3 ans, elle et son conjoint ont essayé d’avoir un deuxième bébé il y a environ un an. Dès le premier mois d’essai, le test de grossesse répond positivement : Sarah est enceinte ! Immense joie, partagée avec famille et amis. Mais un après-midi, quelques jours après le test, Sarah ressent un début de malaise. « Je m’éloignais du monde, dit-elle, j’avais une impression de brouillard, de tristesse, qui est devenue de plus en plus forte au fil des heures. Je me suis allongée dans ma chambre… et je ne me suis plus relevée. Mon lit est devenu mon unique lieu de vie pendant plusieurs semaines. »

Aucun mal physique ne la retient au lit, mais plutôt une angoisse, « une sensation constante de mourir ». Quelques jours après avoir partagé son bonheur avec tout son entourage, Sarah ne tolère plus aucun contact avec les autres. « Je ne voulais même plus voir ma fille que j’adore, car elle m’insupportait trop, avoue-t-elle. Ni mon conjoint. Ni personne. C’était horrible. » Son conjoint s’alarme immédiatement, car Sarah a déjà connu des symptômes similaires lors de sa première grossesse. À l’époque, elle avait tout de même réussi à tenir bon, soutenue par sa famille, et au bout de quatre mois tous ses symptômes s’étaient dissipés comme par enchantement. « J’ai ensuite eu la meilleure grossesse du monde, dit-elle. J’ai fait du vélo jusqu’à la veille de mon accouchement, je me sentais heureuse. » Dans les quelques années consécutives à la naissance de leur fille, Sarah et son conjoint ont cru que le cauchemar était derrière eux.

Pour cette deuxième grossesse, le contexte est différent. Sarah est déjà la mère épanouie d’une petite fille adorable. Même si elle et son conjoint se questionnent, elle se croit plus apte à dépasser les éventuelles manifestations de mal-être, car la maternité lui est désormais connue. « Pourtant, après quelques jours de grossesse, raconte-t-elle, j’ai commencé à éprouver la même souffrance que la première fois, et plus intensément encore : un mélange de rage, d’angoisse et de désespoir. » Irritable, impatiente, elle ne parvient pas à endurer son état. Après avoir porté quelques semaines ce bébé tant désiré, elle demande une ordonnance d’avortement au psychiatre de l’hôpital, car c’est le seul moyen qu’elle voit pour s’en sortir. Quand elle rentre chez elle après l’avortement, son malaise a disparu.

Grossesse troublante

Des cas comme celui de Sarah restent très rares. « Mais oui, il y a des femmes qui vont bien, sont épanouies, n’ont aucun antécédent relatif à leur santé mentale, et qui pourtant, quand elles sont enceintes, développent un trouble grave », explique le Dr Martin St-André, pédopsychiatre à l’Hôpital Sainte- Justine, à Montréal. C’est ce médecin qui rencontre les femmes enceintes suivies par l’établissement et atteintes de problèmes psychiatriques. « On sait que la dépression post-partum touche environ 20 % des nouvelles mères, dit-il. Il y a aussi quelque 10 % de femmes qui font une dépression anténatale pendant leur grossesse. Et il ne faut pas oublier qu’une sur mille commence une vraie psychose au cours de cette période. »

La Dre Marie-Josée Poulin connaît bien ces femmes. Elle est à la tête de la seule clinique psychiatrique périnatale de la province, à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. Chaque année, elle suit entre 300 et 350 femmes, depuis l’instant où celles-ci souhaitent avoir un bébé — quand elles se savent fragiles — jusqu’aux 2 ans de l’enfant environ. Quand on lui demande s’il existe des conditions susceptibles de déclencher des problèmes de santé mentale uniquement pendant la grossesse, elle répond : « Sans hésitation, oui ! » Et elle dénonce les coupables : des neurones trop sensibles qui, dans le cerveau de la femme enceinte, interprètent mal les bouleversements hormonaux subis par le corps.

« Les scientifiques ont découvert, voilà une vingtaine d’années, que les hormones sexuelles (oestrogènes et progestérone) se fixaient parfois sur les neurones associés à la mémoire ou aux émotions, au lieu d’affecter uniquement les neurones de la reproduction », explique la Dre Poulin. Ce qui signifie que la mémoire ou les émotions pourraient être influencées par ces hormones sexuelles. « À la même époque, les gynécologues et les psychiatres ont établi que certaines femmes éprouvaient des changements d’humeur selon leur cycle menstruel », poursuit-elle. Aujourd’hui, les scientifiques admettent que de 5 à 8 % des femmes sont particulièrement sensibles aux fluctuations hormonales. On a longtemps appelé ce phénomène syndrome prémenstruel. « Désormais, on le nomme plutôt trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), dit la médecin. Parmi les femmes touchées par le TDPM, certaines — mais pas toutes — ont aussi de la difficulté à traverser une grossesse ou la ménopause. En réalité, tout changement dans leur cycle reproducteur influe sur leurs émotions. »

Au premier trimestre de la grossesse, une femme subit de plein fouet l’effet « progestatif», son taux de progestérone grimpant en flèche. « Elle est en général fatiguée, elle a envie de dormir », précise la Dre Poulin. Puis, peu à peu, les oestrogènes, qui augmentent du début à la fin de la grossesse, prendront le dessus sur la progestérone. « À cause d’eux également, au dernier trimestre, la femme enceinte aura les yeux brillants, elle sera euphorique, voire hyperactive, un peu comme une “bipolaire en high !”, ajoute la psychiatre. Pour certaines femmes, toutefois, le scénario ne se déroule pas si bien, et l’on peut voir apparaître une dépression anténatale ou post-partum. Une maladie bipolaire peut même s’amorcer à ce moment-là et persister au-delà de la grossesse.»

« Dysphorie du premier trimestre »

Dans le cas de Sarah, il semble que le cerveau n’ait pas pris en charge comme il l’aurait dû la forte hausse du taux de progestérone au tout début des deux grossesses. Cette situation l’aurait conduite à un état de santé mentale proche de la psychose. « Ce genre de cas est répertorié, même s’il est méconnu dans la communauté médicale — et encore plus parmi le grand public, commente la Dre Poulin. J’appelle ce trouble la “dysphorie du premier trimestre”. Il toucherait environ 10 % des femmes déjà atteintes du trouble dysphorique prémenstruel. J’ai vu des femmes interrompre leur grossesse parce qu’elles se retrouvaient dans cette souffrance. Et il s’agissait de grossesses désirées ! » Un an après son avortement, Sarah se sent mieux. Elle est suivie par un thérapeute et est de nouveau heureuse en famille avec son conjoint et leur fille. Mais elle raconte sa tristesse de ne pas pouvoir agrandir sa famille un jour, ainsi que sa culpabilité d’avoir avorté d’un bébé tant souhaité. « Pendant mes deux grossesses, personne n’a pu m’expliquer ce que j’étais en train de vivre, regrette-t-elle. Quand j’ai enfin trouvé un médecin qui a compris ma situation et a proposé de me prendre en charge, il était trop tard, car j’avais déjà avorté. J’ai trop souffert pour prendre le risque d’une troisième grossesse. » Sarah veut désormais aider les femmes qui ont le même trouble qu’elle, en montant un blogue pour partager témoignages et conseils. « Si j’avais su que d’autres vivaient la même chose que moi, j’aurais sans doute mieux vécu mon histoire, dit-elle. Une femme qui ne supporte pas sa grossesse mais qui sait qu’une telle condition médicale existe se sentira soulagée. Au moins, la culpabilité ne s’ajoutera pas à sa détresse. »

Combien de femmes vivent des angoisses qui pourraient être traitées, pour qu'elles puissent passer à travers de ce grand changement que constitue la mise au monde d'un enfant.

L'avortement n'est toujours qu'une "solution" de désespoir à un problème qui pourrait être traité autrement...

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