Harrison Butker.
Par Matt Lamb — Traduit par Campagne Québec-Vie
21 mai 2024 (LifeSiteNews) — Un récent essai publié dans America a mis en garde contre le « danger » des opinions présentées par Harrison Butker, le buteur des Kansas City Chiefs, lors d’un récent discours de remise des diplômes.
Le 11 mai, Butker, un fervent catholique, a prononcé le discours de remise des diplômes au collège catholique d’Atchison, au Kansas.
En 20 minutes, ce père de deux enfants, marié, a abordé un large éventail de sujets liés entre eux, tels que la masculinité, la féminité, l’avortement, les fermetures du COVID et le gouvernement de l’Église.
Mais mon vieil ami de l’Université Loyola, Zac Davis, a contesté certaines des déclarations de Butker. (Personne de notre programme d’études catholiques d’il y a 10 ans ne serait surpris que Davis se soit retrouvé à la publication jésuite et moi à LifeSiteNews.)
Davis a critiqué le « danger » du « traditionalisme mort » catholique.
Il a repris cette deuxième phrase des commentaires du pape François sur les « traditions mortes ».
Heureusement, l’essai n’était pas aussi dur que les commentaires d’un animateur de « The View », qui a qualifié l’amour de la messe en latin de « sorte de culte » et d’« extrême ».
Mais Davis s’est trompé dans sa critique sur au moins trois points.
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Tout d’abord, il ne comprend pas la critique de Butker concernant le projet de loi sur l’antisémitisme en cours au Congrès. Cette loi s’appuie sur une définition de l’antisémitisme qui inclut « des affirmations selon lesquelles les Juifs auraient tué Jésus ».
Davis écrit : « L’Église catholique enseigne que les Juifs ne sont pas responsables de la mort de Jésus ».
Il est vrai, comme il le note, que Nostra Ætate rejette l’idée que tous les Juifs sont responsables de la mort de Jésus.
Mais il est également vrai que la définition du projet de loi, intentionnellement ou à cause d’une formulation maladroite, inclut toute référence au rôle de certains Juifs dans la mort de Jésus. Le commentateur du Daily Wire et Juif orthodoxe Ben Shapiro s’oppose à la législation, notamment parce que les Évangiles enseignent que certains Juifs ont mis Jésus à mort.
Nostra Ætate déclare, à juste titre : « Il est vrai que les autorités juives et ceux qui les ont suivies ont insisté pour que le Christ soit mis à mort [...], mais ce qui s’est passé au cours de sa passion ne peut être imputé ni à tous les Juifs, sans distinction, qui vivaient alors, ni aux Juifs d’aujourd’hui ».
Deuxièmement, M. Davis est préoccupé par les problèmes apparents de M. Butker avec la planification familiale naturelle (PFN).
« Les idées hétérodoxes abondent même dans les cercles catholiques, mais soyons honnêtes, il n’y a rien de bon à jouer à Dieu pour avoir des enfants, qu’il s’agisse du nombre idéal ou du moment idéal pour concevoir », a déclaré M. Butker. « Quelle que soit la façon dont on le tourne, le contrôle catholique des naissances n’a rien de naturel ».
Il est vrai que l’Église catholique enseigne que l’espacement des naissances, en utilisant les cycles naturels d’une femme, est moralement admissible.
Les commentaires de M. Butker selon lesquels « il n’y a rien de bon à jouer à Dieu pour avoir des enfants », à viser un « nombre idéal » ou à attendre « le moment idéal pour concevoir », ne remettent pas nécessairement en cause cet enseignement. Il semble plutôt donner son avis sur le fait que la PFN fait l’objet d’abus.
Il y a des raisons de s’inquiéter de la manière dont la PFN est enseignée.
Au moins un cours offert dans le cadre de la préparation au mariage par un important groupe de PFN inclut un couple marié qui a discerné pendant six ans qu’il était juste d’éviter d’avoir des enfants.
Il ne s’agissait pas d’une famille avec quatre jeunes enfants qui tentait d’espacer le cinquième enfant pour des raisons financières ou de santé. À moins que quelque chose n’ait été omis dans la vidéo, ce couple n’avait *aucun enfant* — il est logiquement impossible d’espacer quelque chose qui n’a pas de point A.
Le père Shenan Boquet a évoqué la façon dont certains enseignants de la PFN se concentrent trop sur la façon dont elle peut être utilisée pour éviter la grossesse. (Pour en savoir plus, cliquez ici).
Si Butker dit que c’est un péché mortel d’utiliser la PFN, il a tort. S’il dit que la PFN peut être mal comprise ou mal enseignée comme étant simplement un excellent moyen d’éviter les enfants, alors il a raison.
Troisièmement, l’essai s’attaque également au discours de Butker, qui aborde une variété de sujets. Davis a écrit que le discours du buteur « ressemble moins au résultat d’une expérience qu’à une idéologie globale. Il n’y a aucune autre raison pour que les rôles des hommes et des femmes, les politiques de Covid-19, les préférences liturgiques et l’avortement fassent tous partie du même thème cohérent d’un discours de remise des diplômes ».
Les discours peuvent aborder une variété de sujets susceptibles d’intéresser l’auditoire.
Les diplômés de la promotion 2024 ont non seulement vécu les blocages du COVID, où les messes et autres sacrements ont été limités, mais ils ont aussi probablement vu leur remise de diplôme de fin d’études secondaires de 2020 annulée.
Ils ont vécu le renversement de l’arrêt Roe v. Wade, l’augmentation de l’identification des transgenres et les restrictions imposées à la messe en latin. Dans la mesure où un discours de remise des diplômes est censé inspirer les diplômés à se joindre à la lutte pour une société meilleure, tous ces sujets pourraient préoccuper l’auditoire de Benedictine.
Davis se sert ensuite du discours de Butker pour en tirer des conclusions : « À mon avis, si l’Église a une chance de croître dans notre culture, il faudra que cela vienne de l’attraction — de belles liturgies, oui, mais aussi de notre humble service aux personnes vulnérables et de nos appels prophétiques à une société plus juste », écrit le rédacteur en chef du magazine America.
J’ai dû manquer la partie du discours où Butker a dit de ne pas fournir un « humble service » à ceux qui en ont le plus besoin.
Davis le sait, mais les « vulnérables » comprennent également les bébés à naître qui sont la cible d’avortements. La « justice », dont je sais qu’elle est comprise par Davis, signifie que les gens reçoivent ce qui leur est dû, y compris l’accès aux sacrements. La justice consiste également à dire la vérité, à savoir que le sexe est immuable.
L’amour de Butker pour la messe en latin ne l’empêche pas de soutenir les plus vulnérables ; pour ne citer qu’un exemple, outre sa défense des enfants à naître, il soutient également un effort visant à réintégrer les anciens détenus dans la société.
Les catholiques de bonne volonté peuvent avoir des préférences liturgiques différentes. Il y a beaucoup de personnes saintes qui assistent à la messe Novus Ordo et de personnes impies qui assistent à la messe en latin.
Ce que Davis dit, je crois, c’est que les catholiques ne doivent pas perdre de vue la nécessité d’œuvrer pour une société juste. Si c’est le cas, je suis d’accord avec lui, et je suppose que Butker l’est aussi, puisque c’est le sujet de son discours.
Une société juste comprend la protection des enfants à naître, la vérité sur la sexualité et le soutien aux femmes dans leur vocation naturelle d’épouses et de mères.
Ce sont des choses que les catholiques de tous bords devraient pouvoir soutenir.