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Réplique d'un médecin gériatre à son confrère sur l'euthanasie

Sur le site du journal La Presse du 15 octobre 2013 :

 

 

 

 

Cher David, je n'ai pas eu le temps vendredi dernier de te parler de ton texte dans La Presse. Nous étions trop occupés à prendre soin de nos patients à la clinique de gériatrie. Et notre conversation aurait risqué d'être longue, étant donné que je fais partie des médecins qui «effraient inutilement la population» au sujet de la légalisation de l'euthanasie.

Tu expliques avec beaucoup de précision en quelles circonstances tu accepteras d'appuyer sur la seringue: fin de vie, motivation non passagère, toutes les approches thérapeutiques tentées sans succès, consentement libre et éclairé. Cela semble si simple; comment des médecins intelligents et empathiques pourraient-ils s'y opposer?

J'ai une mauvaise nouvelle pour toi. Si ces conditions peuvent exister parfois chez un très petit nombre de patients, il est impossible d'établir avec certitude leur existence.

D'abord, il n'y a pas de critères scientifiquement validés pour établir si un patient est apte à choisir sa propre mort.

Ensuite, si ce projet de loi est adopté, il te sera impossible, face à un patient, de t'assurer que toutes les approches thérapeutiques ont été tentées sans succès. Il ne te laissera pas prendre le temps de les tenter parce que ce qu'il veut, c'est mourir tout de suite. Si tu ne le tues pas, il cherchera quelqu'un d'autre pour le faire, ou le système t'obligera, toi, à chercher quelqu'un d'autre.

Et comment sauras-tu quelles sont ses motivations? Te crois-tu capable de déceler les motivations profondes et cachées derrière toute demande de mort? Tu es gériatre: tu as vu comme moi les situations psychosociales et familiales abracadabrantes où on ne sait jamais qui a à coeur le bien réel du patient, et qui cherche au contraire à satisfaire ses propres besoins psychologiques ou - osons le dire - monétaires.

Comment sauras-tu ce qui se dit en famille quand tu n'es pas là? Même une famille bien intentionnée peut donner sans le vouloir le message que la maladie du parent âgé est longue et lourde; que ça presse de retourner au boulot, à la famille, à la vie réelle. Qu'en est-il des proches moins bien intentionnés? Crois-tu que le patient qui veut mourir pour ne plus être un fardeau pour ses proches va te le dire?

J'ai une autre mauvaise nouvelle pour toi. Tu as raison que ça va très mal en Belgique. Il y a deux semaines, un Belge dans la quarantaine a été euthanasié après une opération de changement de sexe qui a échoué («souffrances psychologiques insupportables»). Mais les promoteurs québécois de l'«aide médicale à mourir» croient que ça va très bien et ils ont modelé leur projet de loi sur la loi belge. Croire qu'il n'y aura pas de dérives au Québec reflète non seulement un optimisme sans fondement, mais ce qu'on appelle en psychiatrie la pensée magique.

(...)

Oui, il est du devoir du médecin de soulager la souffrance avec tous les moyens médicaux mis à sa disposition. Mais tuer ne sera jamais un acte médical, même si un jour l'Assemblée nationale et le Collège des médecins du Québec déclarent que c'en est un.
 

 

 

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