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Mes parents ont vécu comme «frère et sœur» durant 25 ans afin de pouvoir aller communier, avoue un prêtre

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L’abbé Peter Stravinskas avec ses parents le jour de son admission comme séminariste en 1972.

Par Lisa Bourne de LifeSiteNews - Traduit par Campagne Québec Vie

PINE BEACH, New Jersey, 9 novembre 2015 (LifeSiteNews) – Alors que certains cardinaux et évêques ont déclaré avec une certaine véhémence qu’il était «peu réaliste» de penser que des couples vivant des situations matrimoniales irrégulières puissent s’abstenir de relations conjugales étant donné, selon eux, que cela exigerait un «héroïsme chrétien peu commun», voici qu’un prêtre nous fait part de cette situation qu’ont vécue ses parents Peter et Anne Stravinskas dans le but de se conformer aux commandements de Dieu et de pouvoir ainsi recevoir Jésus dans la sainte Eucharistie.

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Fils unique de ce couple, l’abbé Peter Stravinskas s’est ouvert dans une entrevue exclusive à LifeSiteNews pour expliquer une telle décision de la part de ses parents. L’abbé Stravinskas est fondateur de l’Association sacerdotale du vénérable John Henry Cardinal Newman, de la maison d’édition Newman House Press ainsi que de The Catholic Response ; il est également un auteur érudit et un apologiste hautement respecté.

Tout commença dans les années 40 alors qu’échoua le premier mariage de son père, Peter senior, après que son épouse l’eut quitté. Bien que Peter fût un travailleur manuel et plutôt autodidacte, il connaissait suffisamment sa foi catholique (par ses lectures des grands penseurs comme G.K. Chesterton et John Henry Newman) pour comprendre qu’un nouveau mariage l’éloignerait de Dieu et de l’Église.

Ces paroles de Jésus rapportées dans l’évangile de Luc lui étaient familières : « Quiconque renvoie son épouse et marie une autre femme commet l’adultère ». Il connaissait aussi la teneur du 6e commandement de Dieu donné à Moïse : « Tu ne commettras pas d’adultère ».

Et pourtant, conscient de tout cela, Peter se maria civilement avec Anne, catholique mais éloignée de l’Église. Lorsque le jeune Peter vint au monde dans les années 50, ses parents décidèrent néanmoins de le faire éduquer dans une école catholique.

La foi de ses parents fut néanmoins  interpellée lorsque Peter, en 2e année scolaire, débuta sa préparation  aux sacrements de confession et de 1ère communion. Laissons la parole à l’abbé Stravinskas :

- « Un jour, revenant de l’école, je dis à ma mère : Maman, je t’aime beaucoup !

- Moi aussi je t’aime, dit-elle.

- Maman, vais-je aller au Ciel lorsque je vais mourir ?

- Bien certain, dit-elle, nous y allons tous.

- Mais j’ai un problème. Est-ce que ce sera toujours le Ciel si j’y vais et que toi et papa n’y êtes pas ?

- Voyons, pourquoi papa et moi nous n’y irions pas ?

- Parce que sœur Rita Gertrude nous a dit en classe aujourd’hui que les personnes qui ne vont pas à la messe le dimanche vont en Enfer lorsqu’ils meurent. »

L’abbé Stravinskas ajouta que sa mère mit immédiatement fin à cette conversation en lui disant d’aller prendre sa collation.

Un peu plus tard, lorsque son père arriva du travail, Peter fut envoyé à sa chambre et ses parents eurent une longue conversation concernant les propos rapportés. Peter se rappelle très bien cette conversation puisqu’il était à l’écoute près de la porte :

- « Nous avons un problème avec l’enfant, dit la mère à son mari.

- Ah oui, quoi donc ?

- C’est cette religieuse de l’école, cette dingue nous fait du trouble. Elle a dit à Peter aujourd’hui que nous irions en Enfer si nous n’allions pas à la messe le dimanche.

- Mais alors, que pouvait-elle dire d’autre ?

- Lorsque je vais me rendre à l’école demain pour mon bénévolat, je vais lui dire de se mêler de ses affaires et de nous laisser vivre en paix.

- Bon, tu peux toujours lui dire ça, mais je ne crois pas que cela va changer grand-chose. »

Après un bref moment de silence, alors que Peter écoutait toujours derrière la porte, son père ajouta : « Il y a peut-être une meilleure solution. Je crois qu’il serait plus facile pour nous de recommencer à aller à la messe dominicale que de convaincre la sœur que nous n’irons pas en Enfer. »

Le dimanche suivant, toute la famille Stravinskas se rendit à l’église pour la première fois.

Anne commença dès lors à être troublée en voyant les fidèles se lever pour recevoir la communion alors qu’elle ne le pouvait pas. Tout en désirant recevoir l’eucharistie, elle savait que ses relations conjugales avec un homme déjà marié la rendaient, aux yeux de l’Église, indigne de poser un tel geste. 

L’abbé Stravinskas se rappelle ces paroles qui lui échappèrent un jour : « Je ne vois pas pourquoi je continuerais à aller à la messe si je ne peux pas communier.»

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Anne et Peter Stravinskas lors du baptême de leur garçon âgé de quatre mois, en avril 1951 à Newark

Le couple se confia finalement à leur curé pour trouver une solution. Ce dernier leur conseilla de demander à Rome de procéder à l’examen du premier mariage au cas où celui-ci serait invalide. Si tel était le résultat de l’enquête, Peter et Anne pourrait alors contracter un vrai mariage et se conformer pleinement aux exigences de Dieu et de l’Église. Ils pourraient dès lors recevoir la communion eucharistique en toute liberté. Cependant, le curé ajouta que ce processus était non seulement long mais également dispendieux.

C’est alors que, comme le rapporte l’abbé Stravinskas, le curé leur présenta une autre alternative plus simple, celle de vivre pleinement leur foi catholique en se privant  de relations conjugales et de vivre comme frère et sœur.   Et, ajouta l’abbé : « C’est exactement ce qui arriva. »

Le jeune Peter apprit toute la vérité au secondaire alors que, discutant avec son père de la doctrine de l’Église sur le mariage, ce dernier lui révéla la décision prise par lui et sa femme : «Oui, des situations irrégulières peuvent se présenter. Ta mère et moi avons vécu comme frère et sœur depuis déjà dix ans pour être fidèles au Seigneur. »

« Et c’est ainsi, ajouta l’abbé, que mes parents continuèrent à vivre pour le reste de leur vie.» Peter mourut en 1983 âgé de 71 ans et Anne en 2005, à l’âge de 87 ans.

UN CHEVAL DE TROIE

C’est en ces termes que l’abbé Stravinskas a étiqueté le langage utilisé dans le rapport final du Synode sur la Famille (conclu à Rome récemment) en expliquant qu’il y avait là danger d’aller carrément contre la doctrine de Jésus sur l’indissolubilité du mariage.

« S’il est vrai, comme il est dit dans l’évangile, qu’une personne demeure liée à son conjoint même après le divorce, il s’en suit que toute activité sexuelle ultérieure de cette personne est entachée d’adultère. »

« Ceux qui contestent cette doctrine se placent en porte à faux avec Dieu beaucoup plus qu’avec l’Église » conclut l’abbé.

« Lorsqu’un couple m’avoue ne pas accepter la doctrine de l’Église sur le divorce et le remariage, je leur dis tout simplement : ‘Essayons de préciser davantage ce que vous dites ; vous refusez en fait les paroles proférées par la deuxième personne de la Sainte Trinité sur le sujet’. Et s’ils s’obstinent dans leur opinion, je leur dis simplement que je vais me retirer promptement de leur présence de peur d’être frappé par la foudre ! »

« L’Église n’a pas le pouvoir de modifier la doctrine traditionnelle sur le divorce et le remariage car cette doctrine vient de Jésus lui-même. La foi de l’Église dans l’indissolubilité du mariage a été la cause du schisme de l’église anglicane dans les années 1530. »

L’abbé Stravinskas va plus loin en expliquant la raison pour laquelle il est fautif pour des catholiques divorcés et remariés de se présenter à la communion eucharistique :

« Il s’agit d’un sacrilège. Ce péché consiste à s’approcher de ce sacrement sublime avec de mauvaises dispositions. C’est ce qu’affirme saint Paul dans son épitre aux Corinthiens : il dit qu’avant de communier nous devons nous examiner sur nos dispositions et si elles ne sont pas convenables nous ne devons pas recevoir le corps et le sang  du Christ. Sinon, l’Apôtre déclare que nous mangeons et buvons notre propre condamnation. Voilà la gravité de ce péché. »

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L’abbé a également pris à partie l’utilisation, par certains pères synodaux, du récit de l’apparition du Ressuscité aux disciples d’Emmaüs pour parler de l’accompagnement des catholiques en situation matrimoniale irrégulière vers une pleine participation aux sacrements. 

« Tout d’abord, l’accompagnement est avant tout une démarche de miséricorde qui consiste à avertir le pécheur et à le renseigner sur la gravité de son acte. Regardons la façon dont Jésus s’est pris pour admonester les deux disciples en question : il les apostrophe comme des ‘esprits sans intelligence’ et ‘lents à croire’.   Puis il les accompagne sur la route et leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures et attise ainsi le feu de l’amour dans leurs cœurs. Voilà le genre d’accompagnement que l’Église doit offrir aux personnes en situation irrégulière ; quelle que soit l’irrégularité ou le péché. »

L’abbé Stravinskas ajoute que le témoignage de ses parents est très pertinent pour l’Église d’aujourd’hui en ce qu’il souligne la possibilité de vivre une situation matrimoniale irrégulière tout en demeurant fidèle à la doctrine du Maître.

« Lorsque des cardinaux comme Kasper et Marx vont jusqu’à dire que l’abstention des relations conjugales est ‘peu réaliste’ et que les laïques ne peuvent vivre un tel ‘héroïsme’, cela m’apparaît non seulement ridicule mais même odieux car il contredit l’appel universel à la sainteté tel qu’exprimé par le Concile Vatican II. »

« Une telle opinion déshonore mes parents ainsi que des milliers d’autres couples qui comme eux ont décidé de mettre leur confiance en la grâce de Dieu. Notre foi nous dit que Dieu donne à tous la grâce nécessaire pour éviter le péché. Il se trouve des gens qui vivent cela. »

L’abbé affirme que les prêtres devraient témoigner eux-mêmes de leur joie de vivre le célibat consacré et de se donner ainsi en exemple afin d’encourager les laïques à vivre leur vie sexuelle en conformité avec les enseignements de l’Église.

«En utilisant leur propre témoignage, les prêtres peuvent enjoindre les jeunes à se retenir avant le mariage  puisqu’ils ne font que prêcher ce qu’ils pratiquent eux-mêmes. De la même manière, ils peuvent encourager les personnes à tendance homosexuelle à s’abstenir de passer à l’acte. Ils peuvent également proposer aux couples mariés de se soumettre aux enseignements de l’Église contre l’usage des moyens de  contraception et d’accepter de vivre provisoirement une certaine période d’abstinence alors qu’eux-mêmes, les prêtres, la vivent constamment. »

« Il existe de nombreuses situations où des personnes se voient obligées de s’abstenir d’avoir des relations sexuelles, provisoirement ou de façon permanente. Nous nous devons de leur offrir un exemple de cette possibilité, même au niveau naturel. »

«Comme le dit saint Paul : ‘Je puis tout en Celui qui me fortifie’. »



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