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Dr Anca-Maria Cernea - le marxisme culturel: une menace pour la famille

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Dr Anca-Maria Cernea, Association des médecins catholiques de Bucarest

Forum pour la Vie de Rome — 7 mai 2016 (traduit par Campagne Québec-Vie)

Lors du Synode sur la famille de l’année dernière [2015], l’une des meilleures interventions qui nous ont été données a été celle de Monseigneur Fülöp Kocsis, métropolite de l’Église gréco-catholique de Hongrie.

Il a déclaré que les attaques contre la famille ne sont pas de simples « défis », comme certains Pères synodaux l’avaient suggéré, et qu’elles ne sont pas expliquées par les facteurs économiques ou sociologiques présentés dans le document de travail du Synode.

Mgr Fülöp a déclaré que le Synode avait besoin de préciser :

Ces attaques sont contraires au plan de Dieu, elles viennent de l’esprit du Mal.

Et il a cité Saint-Paul :

« Notre bataille n’est pas contre la chair et le sang, mais contre les Principautés et les Puissances, contre les dominations du monde obscur, contre les esprits du mal qui vivent dans les régions célestes. » (Eph 6,12)

Une autre intervention courageuse a été celle de Monseigneur Tomash Peta, du Kazakhstan. Citant Paul VI, il a dit que la « fumée de Satan » pouvait être perçue même dans les discours de certains Pères synodaux.

Ces deux interventions résument notre problème.

1. La guerre contre la famille et la vie humaine innocente est une guerre spirituelle.
2. Cette guerre a maintenant également lieu à l’intérieur des murs de l’Église elle-même.

Comme le philosophe brésilien Olavo de Carvalho l’a souligné, malheureusement, de nos jours, le plus souvent, nous entendons deux sortes de sermons de la part de l’Église : les uns sont tout à fait idéologiques, pratiquement en faveur des « principautés et des puissances ». Les autres sont exclusivement dirigés contre l’immoralité sexuelle, la corruption matérielle, le consumérisme, l’hédonisme et autres péchés terrestres — ce qui signifie, qu’ils combattent exclusivement  « la chair et le sang », et non les « principautés et les puissances ».

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1. La guerre contre la famille et contre la vie humaine innocente

Quand on parle de l’agression contre la famille en Occident, un cliché tout à fait typique est de dire qu’elle est causée par le consumérisme, l’hédonisme, l’individualisme, les groupes d’intérêts entraînés par le désir impitoyable de profit matériel. Nous entendons cela très souvent à l’église.

Cette approche ne traite que de la chair et du sang et oublie les esprits du mal.

Le consumérisme et l’individualisme ne sont pas les causes de cette agression, mais des facteurs la favorisant. Ils affaiblissent la résistance morale des personnes et des sociétés. Mais ils n’en sont pas la cause.

L’attaque contre la famille et la vie humaine fait partie d’une tentative révolutionnaire plus large de reconcevoir la société humaine et la nature humaine.

Sa motivation est spirituelle. Il s’agit d’une forme de révolte contre Dieu, contre Sa Loi morale et l’ordre de Sa Création.
Historiquement, l’avortement a été décriminalisé pour la première fois par Lénine, en 1920.

En Amérique, cela n’a été fait que 53 ans plus tard, en 1973, grâce au célèbre procès truqué Roe vs Wade.
Le divorce sans notion de torts a été adopté pour la première fois en 1918 en Union soviétique, peu de temps après que les bolcheviques aient pris le pouvoir.

Pour l’Amérique, il a fallu 51 ans de plus, jusqu’en 1969, lorsque le divorce sans faute a été adopté dans l’État de Californie.
L’homosexualité a été décriminalisée pour la première fois en Union soviétique en 1922. L’Illinois a été le premier État américain à dépénaliser l’homosexualité — en 1961.

L’éducation sexuelle radicale pour les écoliers a été introduite en 1919 en Hongrie, par la révolution bolchevique de Béla Kuhn, dans le but évident de porter atteinte à la famille et à la morale traditionnelles en détruisant l’innocence des enfants.

En Amérique, il a fallu attendre les années 60, pour que l’éducation sexuelle perverse sous l’influence de la « recherche » frauduleuse d’Alfred Kinsey, largement diffusée grâce au financement de la Fondation Rockefeller, fasse son chemin dans les écoles. Alfred Kinsey était un entomologiste qui prétendait prouver que l’homosexualité humaine était beaucoup plus étendue dans la société que ce qui était officiellement admis (le fameux 10 %), et qu’elle devrait donc être considérée comme normale. Il est important de noter qu’Alfred Kinsey était communiste, et un ami de Harry Hay.

En 1950, Harry Hay fonda la première organisation des droits des homosexuels de l’histoire, appelée Mattachine Society, aux États-Unis. Il se trouve que la quasi-totalité de ses membres, à commencer par Hay lui-même, était également membres du Parti communiste américain — une agence gérée directement depuis Moscou.

Il ne s’agit pas d’un phénomène spontané. C’est une guerre, dont la source profonde est une idéologie gnostique-révolutionnaire contre la civilisation judéo-chrétienne. Elle a été prévue, et réalisée sur plus d’un siècle, ce qui a conduit à la situation que nous avons maintenant. Cela dépasse de beaucoup l’égoïsme humain individuel, le désir sexuel ou la cupidité matérielle. Il s’agit des « Principautés et des Puissances, des dominations du monde obscur, des esprits du mal ». Et leurs instruments sont des  humains, dont certains décident en pleine conscience de servir Satan, d’autres jouent le rôle de compagnons de voyage utiles. Dans la dernière catégorie, on trouve souvent des gens avec de bonnes intentions, souvent chrétiens, « car les enfants de ce monde sont dans leur génération plus sages que les enfants de lumière » (Lc 16, 8).

Le livre de Richard Wurmbrand, « Marx et Satan », est disponible en ligne en anglais et en plusieurs autres langues. Adolescent, Wurmbrand avait été communiste, mais il se convertit au christianisme et devint pasteur évangélique. Il a passé 14 ans dans les prisons communistes en Roumanie, et est célèbre pour son comportement héroïque. Mon père, qui l’avait rencontré en prison, avait pour lui une haute considération.

Le livre du pasteur Wurmbrand est le résultat de ses recherches sur les textes et les pratiques satanistes de Karl Marx.
Il montre que, dans ses vers, Marx exprime une haine profonde envers Dieu et l’humanité toute entière. Marx ne nie pas l’existence de Dieu, il est jaloux de Dieu; il le hait et veut prendre sa place. Wurmbrand cite également des lettres adressées à Marx par son fils Edgar avec les mots « Mon cher diable », et des témoignages sur les cérémonies étranges que Marx avait l’habitude d’accomplir dans sa maison, qui indiquent tous qu’il était certainement un adorateur du démon.

Ceci est la clé pour comprendre ce qu’est vraiment l’idéologie marxiste.

L’idéologie est une erreur de nature religieuse. Elle prétend avoir une explication complète de la réalité et offrir le « salut » ici, dans ce monde, par des moyens humains, sans Dieu.

Il n’y a rien de nouveau ou de « progressiste » à ce sujet.

C’est l’ancienne erreur gnostique, sous une forme contemporaine. Le gnosticisme est connu de l’Église depuis les premiers siècles chrétiens. Il s’agit d’une tentative par l’homme de prendre le contrôle — avec les instruments de la connaissance, ce qui permettrait à l’homme d’occuper la place de Dieu et de corriger ce qui est soi-disant « mauvais » dans la Création de Dieu.

L’idée de base est la même que la proposition du serpent à Adam et Ève, de manger le fruit défendu, d’ignorer le commandement de Dieu — « le jour où vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ». (Gn 3, 5).

Le pape Léon XIII au 19e siècle a vu que l’idéologie communiste était une erreur de nature religieuse.
Il l’a appelée « secte » des « socialistes, communistes, ou nihilistes » et il l’a condamnée.

Pie XI dans Divini Redemptoris (1937) a dit que le communisme recelait « une idée messianique fausse » et un « mysticisme trompeur ».

Mais plus tard, jusqu’à Centesimus Annus, les papes n’ont plus insisté sur la nature religieuse de cette erreur.

Ce sont plutôt des chercheurs et des philosophes laïcs qui ont décrit les idéologies modernes comme des substituts religieux et des formes modernes de gnosticisme. Eric Voegelin a écrit dès les années 20 que le nazisme et le bolchevisme étaient des « religions politiques », avec leurs propres symboles, prophètes, Écritures, hiérarchie, cérémonies liturgiques, calendriers, etc.

En fait, ce sont de fausses religions, comme Voegelin l’a expliqué plus tard; car elles ne construisent aucune culture, elles ne font que détruire les cultures existantes. Ces idéologies représentent une forme particulière de l’erreur gnostique, dépourvue de toute dimension transcendante, prétendant être fondée sur la « science », un « Eschaton immanentis ».

Comme l’a remarqué Alain Besançon, le nazisme est une inversion satanique du judaïsme — prétendant apporter le salut à travers un « peuple élu », usurpant l’élection d’Israël; et le communisme est une inversion satanique du christianisme, prétendant apporter le salut universel.

Notre-Dame de Fatima a mis en garde contre les « erreurs de la Russie », qui se répandraient partout dans le monde. C’est ce qui se produit depuis 1917.

Le communisme a été étendu de deux façons. L’une a été l’invasion militaire brutale, les camps de concentration, les prisons, la police politique et la terreur du gouvernement : une centaine de millions de personnes furent tuées par leurs propres gouvernements en temps de « paix ».

Cela est arrivé d’abord en Russie, puis dans le reste de ce qui a été appelé « le bloc de l’Est ».

L’autre façon est la subversion culturelle insidieuse, visant à détruire la résistance morale du monde libre, afin de le rendre incapable de se défendre contre le communisme. Voilà ce qui a été fait en Occident, principalement à travers le « marxisme culturel ».
Ce sont les erreurs de la Russie. Et elles n’ont pas simplement cessé d’exister une fois que l’Union soviétique a été déclarée officiellement morte.

Le marxisme culturel a été conçu depuis le début comme un outil pour affaiblir moralement et culturellement l’Occident et en faire une proie facile pour que les communistes prennent le relais. Il s’avère aujourd’hui encore plus révolutionnaire que le marxisme classique — il prétend réinventer la famille, l’identité sexuelle et la nature humaine, alors que le marxisme classique faisait semblant de réinventer la société sur la base d’une prise de contrôle violente de la propriété.

En fait, les deux formes du marxisme étaient destinées à l’installation d’une société communiste dans le monde entier. Mais, comme Hannah Arendt l’a souligné, le but de toutes les idéologies totalitaires « n’est pas la transformation du monde extérieur ou la transmutation révolutionnaire de la société, mais la transformation de la nature humaine elle-même ». Les différences de doctrine entre les deux formes du marxisme sont moins importantes que ce qu’elles ont en commun : elles partagent la même haine pour l’ordre de la réalité et la volonté de le détruire.

Compte tenu des traits communs partagés par les deux formes du marxisme, beaucoup de gens dans mon pays peuvent reconnaître instinctivement comme « communistes » certains thèmes de propagande, certaines politiques imposées par l’UE ou l’ONU, certains clichés linguistiques. On peut le constater souvent sur les chats et les forums internet, à propos, par exemple, d’un article sur les codes de la parole politiquement correcte; beaucoup de gens réagissent en disant « mais c’est du communisme! ». Ils le sentent, et ils ont raison, même s’ils ne peuvent pas toujours indiquer en détail le pedigree communiste de ces phénomènes.

Il y a continuité de Marx et Engels, pour qui la famille bourgeoise était évidemment un obstacle à la révolution, jusqu’à Lénine, qui a implanté la première révolution sexuelle dans l’histoire humaine, la légalisation de l’avortement et de l’homosexualité, encourageant la promiscuité sexuelle et rendant le divorce plus facile que d’acheter un billet de train (et non, ce  n’est pas à cause de l ’ « individualisme » ou du « consumérisme », c’est à cause de l’idéologie satanique marxiste-léniniste).

Ensuite, il y a continuité de Lénine à l’École de Francfort, qui a été initiée par Lénine lui-même, en collaboration avec Georg Lukács et Willi Münzenberg, le chef de Komintern — à qui l’on attribue cette parole : « Nous allons rendre l’Occident si corrompu que cela va puer ».

L’École de Francfort a commencé à Francfort, en Allemagne, mais plus tard elle s’est métastasée aux États-Unis. Elle est également connue sous le nom d’« École critique », ou « Théorie critique », et elle mène directement de Lénine aux  « droits des homosexuels » et aux idéologies du « genre » actuels ; de Georg Lukács, à travers Wilhelm Reich, Herbert Marcuse et beaucoup d’autres, à... l’idéologie du genre de Judith Butler.

Les auteurs de l’École de Francfort concentrent leurs efforts sur la destruction de la culture occidentale — en critiquant, « démasquant », discréditant, déconstruisant chaque morceau de celle-ci, mais sans proposer d’utopie explicite en remplacement; ils répondent seulement à l’appel de leur fondateur, Georg Lukács :

« Qui nous sauvera de la civilisation occidentale? »

Une des caractéristiques de cette école est l’utilisation de termes et de concepts tirés de la psychologie, combinant Marx et Freud, dans le but de remettre en question les principes moraux fondamentaux et les institutions de la société occidentale, en commençant par la famille.

Il y a aussi l’autre voie, parallèle à l’École de Francfort, via Antonio Gramsci.

Contrairement à l’École de Francfort, Gramsci est clair au sujet de son but; son plan est de parvenir à une société communiste de type soviétique. Mais contrairement à l’enseignement marxiste classique, il recommande que « l’hégémonie culturelle » soit conquise en premier — à travers, des mutations imperceptibles progressives dans les habitudes linguistiques et sociales, présentées à l’aide de compagnons de route, comme des acteurs ou d’autres célébrités, ainsi que par la création de fausses majorités, l’infiltration et la prise de contrôle des institutions, des médias, de l’éducation, et surtout, de l’Église catholique — de telle sorte qu’un jour, les gens se réveillent dans une société communiste, sans comprendre comment ils en sont arrivés là.

Voilà ce que l’on entend généralement par « marxisme culturel ».

Le marxisme culturel n’est pas, à l’origine, un produit occidental, en dépit du fait qu’il a grandi au sein de l’Occident.
Nous avons besoin de discerner soigneusement entre la civilisation judéo-chrétienne et ce virus, développé par ses ennemis, dans le but de sa destruction.

« L’Occident » n’est pas un bloc compact, comme les dictatures russe, chinoise, ou islamique.
Pour nous, pro-vie et défenseurs de la famille, l’Occident est aujourd’hui un lieu de confrontations intenses; nous sommes loin d’idéaliser l’Occident.

Beaucoup de gens en Occident, exaspérés par la décadence qu’ils voient et par les défaites dans la guerre de la culture, en viennent à juger l’Occident comme complètement perdu et pourri, et sont prêts à chercher des alliés contre l’Occident parmi ses ennemis, qu’ils idéalisent. Comme ils ignorent la réalité de ces régimes, ils sont influencés par la propagande et par leurs propres illusions d’un havre sûr exotique, où l’ordre règne et la vertu est protégée par l’État.

Ainsi certains deviennent des alliés de la Russie de Poutine contre leur propre civilisation.

D’autres encore considèrent l’Islam comme un possible allié dans la défense de la famille contre « l’Occident pourri ».

Ce choix rappelle le « désir de mort libérale » décrit par Malcolm Muggeridge.

En fait, aussi corrodé qu’il soit, l’Occident a au moins l’avantage d’être encore un champ de bataille.

Dans les régimes russes, chinois ou islamiques, il n’y a guère de bataille. Il n’y a que très peu ou pas d’opposition du tout. Habituellement, nous découvrons un acte héroïque d’opposition au moment où l’on nous dit que les gens courageux qui l’ont tenté ont été, soit assassiné ou emprisonné.

Dans ces régimes, les politiques d’État ne sont déterminées que par l’oligarchie, aucune opposition ne peut les influencer. En fait, dans ces pays, personne ne sait ou ne se soucie de ce que les citoyens pensent vraiment.

La Russie, la Chine ou l’Iran peuvent fonctionner comme des blocs compacts. « L’Occident », « les Américains », ou « les Juifs » ne le peuvent pas. Cependant, ils sont accusés en bloc d’être les ennemis de la chrétienté, par cette même propagande qui fait l’éloge de la Russie de Poutine en prétendant qu’elle la défend.

Dire que le régime de Poutine défend le christianisme, c’est comme si l’Allemagne après la Deuxième Guerre mondiale était encore dirigée par les gars de la Gestapo, mais prétendait être investie de la mission sacrée de la lutte contre l’antisémitisme.

Il n’y a pas de justice en Russie pour les crimes du communisme.

De plus, il n’y a aucune preuve que la structure énorme du KGB, qui avait infiltré le monde entier, a été dissoute.

Et même en supposant que le KGB a été dissout, les conséquences de la subversion morale d’inspiration communiste de l’Occident n’ont pas été supprimées de toute façon; elles continuent de se développer et de se propager. Parce qu’il n’y a pas eu de repentance, aucun examen de conscience, que ce soit en Russie ou en Occident — dans le cas des agents communistes et des idiots utiles qui ont servi et servent encore de complices à la destruction physique et morale inspirée par le marxisme.

Le gouvernement russe est tout sauf chrétien. La Russie ne s’est pas encore convertie.

Notre Dame a nommé « la Russie », pas « l’Union soviétique ».

Dans la foulée du centenaire de Fatima, la Russie reste la menace la plus importante à la paix et à la liberté, pas seulement dans la partie du monde d’où je viens.

Donc, la dévotion à Notre Dame de Fatima est maintenant plus que jamais d’actualité. La Russie et le monde entier touché par les erreurs de la Russie ont besoin de toute urgence de la consécration à Notre Dame. Et de se convertir.

Il est particulièrement choquant de voir tant de catholiques ignorer les appels dramatiques des évêques ukrainiens (Latins et grec-catholiques) ; au lieu de faire preuve de solidarité envers nos frères et sœurs en Ukraine, ils admirent et soutiennent leur ennemi mortel, Poutine, le célébrant comme un « pro-vie »!

Il est vrai que le monde occidental a maintenant la pire série de dirigeants de l’histoire récente.

Mais l’Occident est toujours pluraliste, il y a du bon et du mauvais, il y a beaucoup de tendances, dont certaines sont positives, d’autres subversives ou même suicidaires pour le monde libre.

Comme l’a écrit Olavo de Carvalho, nous ne pouvons pas nous attendre à avoir une société juste ici, sur terre; le mieux que nous pouvons espérer est une société où nous pouvons encore lutter pour la justice.

Ainsi, la civilisation occidentale est notre seule chance.

2. L’Église et la guerre contre la famille et la vie humaine innocente

Les papes ont constamment condamné le communisme depuis ses premiers jours.

Pie IX, Léon XIII, Pie XI et Pie XII ont tous radicalement rejeté le communisme.

Et ils ont aussi explicitement averti que le communisme était une menace pour la famille.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale et dans les années 50, cet anticommunisme inébranlable exprimé par le Pape et l’Église a inspiré la résistance au communisme de millions de catholiques en Europe.

En Europe occidentale, la démocratie chrétienne, directement inspirée par l’Église catholique, ainsi que la présence militaire américaine, ont préservé les pays au-delà du rideau de fer de devenir communistes après la guerre. Les chrétiens-démocrates ont jeté les bases de la communauté européenne d’après-guerre, sur la base du principe de subsidiarité.

En Europe de l’est, toute une génération de chrétiens opposés au communisme, a subi de terribles persécutions et le martyre. L’Église a fourni à ses fils et à ses filles la foi, la direction morale, le courage et la force. Et les fidèles ont suivi l’Église et lui ont fait confiance jusqu’au bout.

L’un d’eux était mon père, Ioan Barbus, leader des étudiants d’un parti politique chrétien, pro-occidental, très populaire en Roumanie. Mon père a été emprisonné par le régime communiste. A cette époque, mes parents étaient fiancés. Ma mère a attendu son fiancé pendant 17 ans et a prié pour lui. Il a survécu par miracle. Ils se sont mariés après sa libération.

Mon père est décédé le 7 mai 2001, il y a exactement 15 ans.

Dans le fichier énorme que la Securitate (la police secrète communiste) avait accumulé à son sujet, ma sœur et moi avons trouvé des informations sur son comportement en prison. Par exemple, à la prison d’Aiud, dans les années 50, ils ont noté que mon père n’avait en rien changé ses croyances. Ils l’ont décrit comme un « élément hostile » pour le régime. Les autres prisonniers d’opinion savaient qu’il était gréco-catholique et ils le respectaient et l’écoutaient.

Et il leur disait que l’Église catholique était la force spirituelle la plus forte du monde contre le communisme.

Cela montre que sa foi en l’Église lui donnait du courage, et il a été en mesure d’encourager ses collègues, dont la plupart n’étaient même pas catholiques.

Notre Église grecque catholique en Roumanie a été supprimée par l’occupation soviétique. Nos évêques ont refusé tout compromis avec les communistes. Voilà comment notre Église a survécu à la persécution. Les évêques ont mis en garde le troupeau dans des sermons contre l’idéologie communiste et ont préparé les fidèles au martyre. Ils ont donné l’exemple de la résistance à la terreur, à la prison et à la torture. Aucun des douze n’a accepté de renoncer à sa fidélité au Saint-Père. Sept d’entre eux sont morts en prison. Le pape Pie XII est cité disant qu’il avait eu plus de chance que Notre Seigneur; parmi les douze apôtres, il y avait un traître, mais aucun des 12 évêques gréco-catholiques roumains n’a trahi le pape.

Mais Pie XII a été suivi de Jean XXIII.

Et le Concile Vatican II n’a pas émis de condamnation du communisme — en dépit du fait que de nombreux Pères conciliaires aient insisté pour que cela soit fait.

Tout au long des 2000 ans d’histoire de l’Église, le but de tous les Conciles (sauf Vatican II) était de réagir à l’erreur et mettre en garde contre elle. Les Conciles condamnaient les erreurs. C’est ainsi que la théologie catholique a été formulée.

Mais le Pape Jean XXIII a déclaré que l’Église de notre temps préférait la miséricorde et ne prononcerait pas de condamnations.
Ainsi, le plus grand événement de l’Église du 20e siècle a ignoré la plus terrible, la plus meurtrière erreur de toute l’histoire humaine, une erreur qui grandissait de plus en plus à ce moment-là même, jetant dans l’esclavage la moitié de l’humanité et érodant insidieusement la colonne vertébrale morale de l’autre moitié.

À partir de ce moment-là, l’Église n’était toujours pas favorable au communisme, mais lutter contre celui-ci n’était plus une priorité.
Certains évêques catholiques ont continué à lutter contre le communisme — l’exemple le plus remarquable étant l’Église polonaise sous la direction du cardinal Wyszynski.

Mais ce ne sont pas tous les évêques catholiques dans le monde qui ont fait la même chose. Certains ont même promu le communisme activement à l’intérieur de l’Église — par exemple, sous la forme de théologie de la libération en Amérique latine, une opération du KGB très réussie.

Pas étonnant que les démocrates-chrétiens aient non seulement échoué à s’opposer au communisme en Amérique latine, mais soient même devenus des instruments de la prise en charge communiste de leurs pays — Salvador Allende a pris le pouvoir au Chili grâce à l’appui d’Eduardo Frei. Rafael Caldera était le parrain de Hugo Chávez, à la fois au sens littéral et politique.

À partir des années 60, alors que déjà des dizaines de millions de personnes avaient été tuées au nom du communisme et que d’autres dizaines de millions d’âmes et d’esprits étaient déjà infectés par le virus du marxisme culturel, le problème du communisme est devenu flou dans le champ visuel de l’Église.

La prédication contre le communisme a cessé d’être systématique, comme c’était l’habitude avant Vatican II, et beaucoup de catholiques en sont venus à penser que les condamnations antérieures du communisme n’étaient plus contraignantes.

Le langage des encycliques après Vatican II diffère de celui des Papes précédents en ce qui concerne le communisme.

Pie XI avait consacré une encyclique entière, Divini Redemptoris (1937), à la lutte contre le communisme. Il n’a pas hésité à nommer l’Union soviétique et à parler des atrocités commises par les communistes contre les chrétiens en URSS et pendant la guerre civile espagnole, et il a souligné que ce n’étaient pas seulement des excès isolés, mais le fruit naturel du système communiste.

Pie XII a déclaré que l’Église protégerait l’individu et la famille contre le communisme, disant : « L’Église se battra dans cette bataille jusqu’à la fin, car c’est une question de valeurs suprêmes : la dignité de l’homme et le salut des âmes. »

Avant Jean XXIII, les papes n’idéalisaient pas non plus le capitalisme, mais ils ont clairement indiqué que le communisme devait être totalement rejeté, tandis que certains éléments du capitalisme avaient besoin de correction.

À partir de Jean XXIII, les documents officiels de l’Église sont passés de l’anticommunisme explicite à une position de neutralité entre les « deux blocs », communiste et capitaliste, les accusant tous deux d’être matérialistes, de mettre la paix en danger par la course aux armements de la guerre froide, et de se trouver en concurrence dans le Tiers monde à cause de leurs plans d’expansion également impérialistes.

Cette neutralité de l’Église, ses appels symétriques aux deux blocs pour un désarmement, n’avaient bien sûr aucun effet réel sur le bloc soviétique ; mais en Occident, ils ont affaibli la position et l’autorité morale des hommes politiques anticommunistes.
En demandant aux gouvernements et aux organisations internationales, d’assumer de nouveaux rôles et de prendre en main de nouvelles tâches, l’Église a contribué au développement de l’État-providence actuel.

L’Église a aussi contribué à l’accumulation de structures de pouvoir supranationales, comme l’ONU et l’UE actuelle, qui sont maintenant les principales entités menant des attaques contre la vie, la famille et la présence chrétienne dans la vie publique.
Ainsi, l’Église a contribué à la laïcisation décrite par le Pape Benoît XVI.

La charité, l’aide envers les pauvres et les malades, les hôpitaux, les écoles et les universités, qui avaient été l’invention de l’Église chrétienne et une partie de sa mission dans le monde, ont presque tous été progressivement repris et sécularisés par les gouvernements et les organisations internationales après la Seconde Guerre mondiale.

Dans la doctrine sociale catholique après Vatican II, le rejet du marxisme est devenu moins radical, tandis qu’en même temps l’hostilité à la liberté économique s’accroissait. Le langage des encycliques s’est déplacé de la langue chrétienne normale à la langue des médias idéologiquement contaminés.

Dans Divini Redemptoris, Pie XI recommandait encore la charité chrétienne comme remède principal de la pauvreté.

Dans Pacem in Terris, Jean XXIII définit les services sociaux en termes de droits de l’homme. Il demande à l’administration publique de prendre soin du progrès social et de fournir tous les aspects du bien-être, même les « aides aux loisirs ».

Alors qu’en 1963, l’année de Pacem in Terris, la moitié de la planète avait déjà succombé à des dictatures marxistes dépendant des soviétiques, le pape était heureux que « partout dans le monde les hommes soient les citoyens d’un État indépendant, ou qui le deviendra bientôt ». Il a célébré la fin du colonialisme, mais ne semble pas remarquer que la plupart des pays nouvellement « indépendants » étaient effectivement tombés sous une domination coloniale bien pire, celle des soviétiques. Il exalta l’Organisation des Nations Unies.

Dans Populorum Progressio (1967), Paul VI a imputé la pauvreté du Tiers Monde exclusivement aux effets du colonialisme — l’ancien, occidental, bien sûr, pas le nouveau, celui des Soviets. Il n’a pas mentionné le fait que la plupart des régimes de fonctionnement de ces pays étaient profondément corrompus, incompétents, des dictatures cruelles. Populorum Progressio (PP) a critiqué le « libéralisme sans frein », « la concurrence comme loi suprême de l’économie, la propriété privée des biens de production comme un droit absolu » (PP, 26), mais il n’a pas abordé les catastrophes économiques et morales causées par l’économie marxiste dans absolument tous les pays où elle avait été appliquée. Le pape a salué le rôle de la planification concertée dans la promotion du progrès économique et social et a utilisé des arguments tirés de la théorie néo-marxiste de l’échange inégal pour dire que « la règle de libre échange ne peut plus — à elle seule — régir les relations internationales » (PP, 58). Il a également appelé à « instaurer une autorité mondiale en mesure d’agir efficacement » (PP, 78).

Voici quel était, plus ou moins, l’approche de l’enseignement social catholique vis-à-vis du communisme jusqu’à ce que le Pape Jean-Paul II publie Centesimus Annus.

Dans Centesimus annus, Jean-Paul II a rappelé ce que les papes d’avant Vatican II avaient l’habitude de remarquer — que ces idéologies sont des erreurs de nature religieuse. Il a mis en garde contre les « religions politiques », ces théories utopiques qui prétendent apporter une société parfaite sur la terre.

D’autre part, les papes, en particulier Paul VI et Jean-Paul II, ont défendu la vie et la famille, ont maintenu et expliqué l’enseignement catholique sur le mariage et la procréation, dans des documents décisifs de l’Église, tels Humanae Vitae et Familiaris Consortio, qui constituent des forteresses puissantes de la culture de la vie et de la famille contre l’assaut des idéologies révolutionnaires — en fait, contre le marxisme culturel, bien qu’il ne soit pas nommé explicitement dans ces documents.

Grâce au pape Jean-Paul II, au syndicat polonais Solidarité et au président Reagan, le communisme classique a été défait dans la plupart des pays en 1989. Mais cette défaite a plutôt été en fait une mutation vers le marxisme culturel (qui peut également évoluer vers le marxisme violent, cela ne devrait pas être surprenant pour ceux qui sont familiers avec la dialectique marxiste).
Les erreurs de la Russie mentionnées dans la prophétie de Fatima ont continué de se propager.

Le fait qu’au fil des décennies, la lutte contre le marxisme classique ait cessé d’être traitée comme une priorité par l’enseignement social catholique a affaibli la capacité des fidèles, en particulier des hommes politiques catholiques, à reconnaître et à combattre le marxisme culturel.

L’une des conséquences de prêcher seulement contre la chair et le sang – en rendant responsable de la révolution culturelle non pas l’idéologie, mais l’individualisme capitaliste et le consumérisme – c’est que les gens en viennent à penser que le remède est de limiter le capitalisme avec davantage de règlements des gouvernements et des instances internationales. Donc, la gauche gagne les élections grâce au vote catholique, et met en œuvre davantage de changements révolutionnaires ; les dirigeants de l’Église les blâment à nouveau au sujet du consumérisme, puis une fois de plus les catholiques votent pour la gauche qui promet de limiter l’individualisme capitaliste et le consumérisme, et la spirale continue.

Ainsi, le vote des catholiques dans de nombreux endroits à travers le monde finit par favoriser le marxisme culturel.

Les hommes politiques catholiques s’étaient opposés fermement et avec succès au marxisme violent en Europe dans les années 50.
Mais seulement quelques décennies plus tard, d’autres hommes politiques catholiques ont fini par aider à mettre en œuvre le marxisme culturel dans leur pays. Le Premier ministre Démocrate-chrétien Giulio Andreotti a ratifié la loi sur l’avortement en Italie en 1978. Wilfried Martens a signé une loi similaire en Belgique en 1990. Des leaders chrétiens-démocrates allemands participent fièrement à des défilés homosexuels. Jean-Marc Ayrault, qui a commencé sa carrière politique dans le Mouvement rural de jeunesse chrétienne, dirigeait le gouvernement socialiste français qui a imposé le mariage homosexuel, et a violemment réprimé les manifestations du mouvement pro-famille La Manif Pour Tous.

L’Union européenne a rejeté ses racines chrétiennes, a rejeté les fondations posées par les politiciens chrétiens comme Robert Schuman, Alcide de Gasperi et Konrad Adenauer. Elle est devenue un super-État idéologiquement inspiré, dirigé par d’anciens radicaux des années 60 (convertis dans l’intervalle, à la démocratie sociale libérale), imposant en permanence l’ordre du jour marxiste culturel à ses États membres — par voie législative, et à d’autres pays — par le biais de la pression politique et économique.

En Amérique latine, les violents mouvements terroristes communistes des années 60 ont échoué à mettre les gens de leur côté. Mais au fil des décennies, ils sont passés au marxisme culturel, ils ont créé des partis qu’ils n’appellent plus « communistes », ils ont participé à des élections démocratiques et ont gagné presque partout dans le continent. Cela a été possible grâce au fait que le langage et le programme de ces partis de gauche ont coïncidé avec la langue et les priorités de l’Église catholique — la justice sociale, la lutte contre les inégalités, l’impérialisme, la pollution et le changement climatique. Une fois qu’ils sont parvenus au pouvoir, les terroristes marxistes des années 60 comme Mujica en Uruguay, Dilma au Brésil, certains anciens montoneros associés aux Kirchners en Argentine, devenus dirigeants de leurs pays, ont commencé à légaliser des choses telles que l’avortement et le mariage homosexuel.

L’hostilité à l’égard de la liberté économique et les appels pour le contrôle du gouvernement sont maintenant de retour dans les documents de l’Église catholique, dans un langage encore plus frappant, dans Evangelii Gaudium et Laudato Si du pape François. Des termes tels que « inclusion », « exclusion », « marginalisation », « inégalité » et « développement durable » sont fréquents. La critique de la liberté économique que nous trouvons chez le pape François est d’une fermeté sans précédent : « Une telle économie tue ».

Ayant vécu sous un régime communiste, je peux témoigner du fait que le contrôle du gouvernement sur l’économie non seulement ne donne pas la vie, mais il ruine invariablement des pays qui étaient autrefois prospères, provoquant d’immenses injustices, souffrances et humiliations. Dans les pays socialistes, le vol et la violence sont la politique de l’État; la corruption devient la seule chance pour obtenir des biens de base. Et un écart énorme, bien plus profond que tout écart précédent, émerge entre la nouvelle classe privilégiée et ses sujets asservis.

En fait, dans le monde d’aujourd’hui, le problème est plutôt l’excès que le manque de réglementation; il est très difficile de trouver un endroit où le gouvernement ne réglemente pas l’économie en détail. Mais là où il y a moins d’intervention gouvernementale, il y a moins de pauvreté. La plus grande pauvreté et la plus grande inégalité entre les citoyens privilégiés et les pauvres en Amérique latine aujourd’hui se trouvent à Cuba et au Venezuela, dont les économies sont les plus réglementées.

Nous sommes inquiets de voir l’Église descendre dans un activisme terrestre idéologiquement contaminé, encourageant certains groupes « progressistes » qui ont un plan parfait sur la façon de construire un monde parfait (après qu’ils auront détruit le monde actuel) — comme les « mouvements populaires », écologistes, pacifistes, indigénistes, les militants « anti-discrimination » et les « experts de la population ».

Malheureusement, les représentants de ces groupes semblent être considérés de nos jours comme des partenaires de dialogue honorables par le Vatican, tout comme des personnages comme les frères Castro et Evo Morales.

Caritas Internationalis coopère avec eux dans le Forum social mondial, une organisation qui promeut l’avortement, l’homosexualité et le communisme dans le monde entier.

Comme l’a exprimé l’ancien dirigeant communiste espagnol Santiago Carrillo : à la suite du dialogue entre catholiques et communistes, aucun communiste ne s’est jamais converti au catholicisme, mais tous les catholiques impliqués sont devenus communistes.

La coopération avec les communistes sur des questions pratiques, mais sans remettre en cause l’idéologie du mal qu’est le marxisme, transforme les catholiques en compagnons de voyage de la révolution.

Au lieu de prêcher le vrai Dieu aux païens et de les convertir, [les catholiques] sont utilisés par les païens contre le vrai Dieu.
Jésus était très sévère au sujet des priorités quand il a dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan! Tu es une pierre d’achoppement pour Moi; car tu ne fixes pas ton esprit sur les intérêts de Dieu, mais sur ceux de l’homme. » (Mt 16,23)

Dans les Dix Commandements, l’interdiction de l’idolâtrie vient avant l’interdiction de tuer, de voler, de commettre l’adultère.
Beaucoup d’âmes sont perdues à cause de la convoitise sexuelle ou de l’avidité des biens. Mais cela est encore pire quand tous ces péchés sont inspirés par une soif de pouvoir satanique qui pousse les gens à essayer de remplacer Dieu. Ils deviennent les éléments d’un système mondial gigantesque, répandant le ressentiment et la haine dans les communautés, la perversion morale de sociétés entières, le meurtre de masse, le vol et la corruption matérielle à une échelle jamais vue auparavant.

Ainsi, pour le salut éternel de millions d’âmes, l’Église devrait être la tête du combat contre les idéologies, et surtout contre le marxisme culturel, à la fois dans l’enseignement public et dans la confession.

Jésus a dit aux apôtres « donnez-leur vous-même quelque chose à manger ». Ceci est la façon dont le principe de subsidiarité est formulé dans l’Évangile. Jésus n’a jamais dit « allez demander à César d’organiser un système de protection sociale impérial pour garantir la justice sociale ».

La famille est la première et la meilleure institution pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Si nous voulons aider les gens à sortir de la pauvreté, nous devons commencer par  défendre la famille — et la morale chrétienne, parce que la charité catholique ne peut être séparée de l’évangélisation.

Nous ne pouvons pas défendre la vie et la famille en même temps que nous demandons un rôle accru du gouvernement dans la société, ou la création d’un gouvernement mondial.

Les chrétiens ne doivent jamais soutenir ni accepter la concentration du pouvoir entre les mains d’un petit nombre, quel que soit le monde merveilleux promis.

Les révolutionnaires utilisent toujours ce pouvoir contre le christianisme.

Ensuite, ne soyons pas surpris si la société est sécularisée, la charité remplacée par l’assistance sociale, l’éducation remplacée par l’endoctrinement idéologique et la perversion morale pure et simple, la prise en charge des malades remplacée par l’euthanasie, la liberté de conscience et de parole remplacée par le politiquement correct imposé par le gouvernement, la vie des citoyens réglementée en détail par les ingénieurs sociaux et si la culture de la vie et de la famille perd constamment du terrain. Nous ne devrions pas être surpris quand les gouvernements parviennent à corrompre des organismes de bienfaisance chrétiens en les forçant à abandonner leur esprit chrétien en échange d’un financement, ou en leur imposant des pratiques qui sont contraires à l’enseignement de l’Église ; c’est ainsi que de nombreuses ONG catholiques finissent par perdre leur esprit chrétien, renonçant à l’évangélisation et se consacrant seulement à l’activisme social.

Si nous voulons défendre la famille, nous devons reprendre le monde aux révolutionnaires.

Nous avons besoin d’une Reconquista — d’abord au niveau spirituel, puis aux niveaux culturel et politique.

Afin de protéger la famille, nous devons gagner la guerre plus vaste concernant notre civilisation.

Car la famille et la vie humaine ne sont en sécurité que dans la normalité de la civilisation judéo-chrétienne.

Nos objectifs pro-vie et pro-famille sont d’une importance vitale. Cependant, si nous nous concentrons uniquement sur eux et ne nous  soucions pas du reste, nous ne serons pas en mesure de les garder non plus.

Si nous laissons l’adversaire aux commandes de tout le reste — la langue, la culture, l’éducation, les médias, la législation, l’économie, la vie publique, le gouvernement, les soins de santé, tout — alors ne soyons pas surpris que toute victoire que nous pourrions arriver à gagner pour la famille, dans le meilleur des cas, ne soit que de courte durée.

Le langage clair est une condition importante pour la victoire dans les batailles spirituelle et culturelle :

« Que votre langage soit : “Oui ? oui”, » Non ? non » : ce qu’on dit de plus vient du Mauvais. » (Mt 5,37)

Le vocabulaire chrétien a tout ce qu’il faut pour décrire la réalité. Nous devrions tout simplement parler Chrétien, hablar cristiano, comme on avait l’habitude de dire en Espagne. Nous n’avons pas à emprunter les outils linguistiques des idéologies auxquelles nous sommes confrontés; car cela leur permet d’occuper le terrain moral et de nous reléguer à une position défensive, avant même qu’ait commencé le débat.

Même des termes comme « paix », « justice », « liberté », familiers à la langue chrétienne, sont utilisés idéologiquement ; ainsi leur sens originel a été déformé ou inversé.

Le devoir des pasteurs est d’établir clairement cette distinction.

Ils devraient prêcher le Royaume de Dieu et sa justice, et non la « justice » socialiste, comprise comme le contrôle du gouvernement sur l’économie ou la redistribution des revenus.

Ils devraient prêcher la paix tel qu’elle est offerte par le Christ, et non pas telle qu’indiquée par l’ONU.

Ils ne devraient pas prêcher contre la liberté — comme s’ils avaient accepté implicitement que la liberté signifie « libertinage sexuel », telle que définie par les tenants de la « libération sexuelle » (marxistes culturels), ou signifie « cruauté financière », comme le soutiennent les promoteurs de l’économie planifiée (marxistes classiques).

Les bergers de l’Église devraient prêcher la véritable liberté, qui est la libération du péché, de l’esclavage de Satan. Veritas liberabit vos. La vraie liberté signifie salut, et ne peut donc jamais être mauvaise ou excessive.

L’utilisation d’un langage confus, politiquement correct, idéologiquement contaminé, par les dirigeants de l’Église, au lieu de la Parole de Dieu, conduit de nombreuses sociétés catholiques à la confusion morale et politique, et à des défaites dans la guerre de la culture.
Les fidèles deviennent incapables d’identifier la source des atteintes à la vie et à la famille et de les combattre avec succès.

Un tel langage utilisé par les dirigeants de l’Église est un signal pour les laïcs qui s’engagent en politique de « virer à gauche seulement ». Cela devient pratiquement impossible pour les hommes politiques catholiques de soutenir le marché libre, de s’opposer à l’État nounou, de s’opposer à l’immigration musulmane, d’être sceptique sur le changement climatique et sur le rôle de l’ONU. Parce que s’ils le font, ils auront à dire des choses qui sont différentes ou opposées à ce que le monde entend de la part de l’Église. Donc, soit ils sont discrédités en tant que politiciens catholiques, soit ils sont contraints de soutenir des causes gauchistes.

Voilà l’une des raisons pour lesquelles dans la plupart des pays catholiques, les catholiques ne peuvent pas avoir de représentation politique. Voilà également la raison pour laquelle tant de pays catholiques sont maintenant régis par des marxistes culturels, en dépit du fait que la situation réelle sur le champ de bataille — qui est l’espace public, disputé par les idéologies révolutionnaires contre le christianisme — est loin d’être aussi mauvaise qu’elle ne paraît dans les médias.

Car il y a encore une majorité silencieuse de gens normaux, dont vous n’apprendrez pas l’existence dans les nouvelles de la télévision. Ce sont les millions de personnes qui sont venues pour les funérailles de Jean-Paul II, à la grande « surprise » des journalistes et des analystes.

Ce sont les millions de personnes qui sont descendues récemment dans les rues de Rome contre l’idéologie du genre. Et ces millions de personnes qui sont maintenant mobilisées contre le communisme au Brésil.

Ces personnes ont seulement besoin d’être conduites par leurs bergers dans la bataille spirituelle.

Nous devons prier davantage pour nos bergers. Nous devons prier plus pour l’Église.

Quand les bergers mènent leur peuple dans la bataille spirituelle, alors des guerres culturelles sont aussi gagnées, puis des batailles politiques sont gagnées également.

Nous avons vu de telles victoires récemment en Pologne, où les bergers ont prêché la conversion et conduit les gens dans des « offensives de prière » massives ; où les bergers ont été capables de briser la magie des idéologies contemporaines, simplement en les démasquant, comme saint Irénée l’a fait avec le gnosticisme dans son temps.

Le secret du succès ne fut pas que l’Église avait soutenu un certain parti. Mais l’Église a inspiré et créé autour d’elle tout un univers bien vivant, composé d’innombrables organismes de bienfaisance, d’associations culturelles, de clubs, de médias, d’initiatives citoyennes.

Un tel environnement pourrait donner naissance à un parti politique qui défendrait efficacement le christianisme, la famille et la vie humaine.

Alors, comment pouvons-nous réparer le monde?

« Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. » (Mt 6,33)

La normalité terrestre de la civilisation chrétienne avec tous ses avantages n’est qu’un produit secondaire de l’évangélisation; elle appartient à « ces choses qui nous seront données par surcroît », si nous « cherchons d’abord le Royaume de Dieu et sa justice ».

La vraie priorité pour l’Église doit être de nous mener dans le combat spirituel, pour sauver les âmes, pour dire au monde entier, maintenant qu’il ne reste plus qu’un an avant le centenaire de Fatima :

« Repentez-vous de vos péchés et  tournez-vous vers Dieu, car le Royaume des cieux est proche. » (Mt 3, 2) Le Royaume de Dieu, qui n’est pas de ce monde.

Le Paradis ne peut être atteint sur la terre, le bien et le mal vont encore coexister dans les réalités terrestres, jusqu’à ce que le Seigneur Lui-même vienne dans la gloire pour juger le monde et mettre de l’ordre.

Mais au moins un certain degré de normalité peut être amené par l’évangélisation et la conversion des personnes et des sociétés.
C’est ce que nous pouvons faire de mieux pour « réparer le monde ».

Quand il y a assez de sainteté et de vertu dans nos communautés, quand suffisamment de gens partagent les mêmes critères moraux objectifs (les Dix Commandements), alors nous n’avons pas besoin de compter sur les bureaucrates du gouvernement tout-puissant pour empêcher la société de devenir une jungle sans foi ni loi.

Dès lors, les gens peuvent se faire confiance les uns les autres, et les citoyens, ainsi que la société dans son ensemble, peuvent jouir de la liberté.

Ensuite, les institutions s’en tiennent à leur travail et le font décemment, la famille est en sécurité, et la culture de la vie l’emporte sur les idéologies de mort.

Enfin, la civilisation est moralement forte, apte à se défendre avec succès de la barbarie — et aussi à prêcher l’Évangile aux barbares et à les convertir au christianisme.

Voilà comment l’Église a créé la culture et la civilisation chrétiennes, voilà ce que l’Église doit continuer à faire.



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