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Une jeune fille caucasienne avait une mère coréenne et pensait avoir été adoptée. La vérité était encore plus troublante.

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Par Kirsten Andersen de LifeSiteNews - traduit par Campagne Québec-Vie

CULPEPER, VA – Jessica Kern avait seize ans lorsqu’elle a découvert la pièce manquante du casse-tête qui donnait un sens à sa vie.

Durant son enfance, Kern, qui a maintenant 30 ans, a toujours eu le sentiment que quelque chose clochait dans sa famille. Non seulement elle subissait de la violence corporelle et émotionnelle, mais elle sentait aussi en son for intérieur qu’elle n’était pas à sa place.

Kern a grandi dans une famille interraciale – son père était caucasien et sa mère, sud-coréenne. Elle a été élevée tout comme si elle était moitié Coréenne : elle allait à l’école coréenne les fins de semaine et à l’église coréenne de sa mère. Mais le miroir racontait une autre histoire. Elle ne pouvait déceler aucune trace d’origine asiatique dans son visage. Des fois, elle se demandait si elle avait été adoptée.

La vérité était en fait bien plus compliquée que cela. Alors qu’elle avait seize ans, un thérapeute qu’elle voyait afin de l’aider à faire face à l’abus subi par ses parents lui a partagé quelque chose de bien caché dans son dossier médical : Kern était issue d’une mère porteuse. La femme qui l’avait élevée depuis sa naissance n’était pas, en fait, sa mère biologique.

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En l’espace de quelques secondes, une simple note cachée dans son dossier médical a donné à Kern la réponse à l’énigme qui la tracassait depuis toujours, mais a aussi donné suite à une foule de questions qui ne seraient peut-être jamais répondues.

Lorsque LifeSiteNews a passé Kern en entrevue vendredi dernier, elle venait tout juste de revenir d’une tournée de promotion à New York et à Washington, D.C. pour Breeders, un documentaire traitant de la maternité de substitution produit par Jennifer Lahl du Centre de Bioéthiques et Culture. Jennifer a déjà produit d’autres documentaires, comme Eggsploitation et Anonymous Father’s Day.

Kern a accepté de faire partie du documentaire parce qu’elle sentait qu’elle avait besoin de faire entendre sa voix dans le débat sur la maternité de substitution, une voix qui n’est pas souvent entendue : celle des enfants issus de tels arrangements.

« Je pense que c’est mal », partage Kern avec LifeSiteNews. « En fin de compte, c’est la vente et l’achat de bébés, et la marchandisation du corps des femmes. »

« Il y a une énorme différence entre le monde de l’adoption et celui des enfants conçus par donneurs, ajout Kern. L’institution de l’adoption n’a pas été mise sur pieds pour donner des enfants aux parents. Il a plutôt été créé pour le contraire, pour donner un foyer à des enfants, parce qu’ils sont déjà au monde et parce qu’on réagit à une catastrophe. »

Au contraire, selon Kern, « les enfants conçus par donneurs sont créés avec l’intention de les séparer de leur biologie et, vous savez… c’est totalement différent. »

Sa propre histoire, selon elle, est l’exemple parfait de ce qui peut mal aller quand la science et la culture du « tout m’est dû » se rencontrent – en définitive, les désirs d’adultes prévalent sur le bien-être des enfants.

En 1983, la mère de Kern voulait un enfant, mais a découvert qu’elle était infertile. Elle venait de subir un nouveau traitement radical contre le cancer, ce qui lui a permis d’être en rémission, mais les médecins ne lui donnaient que cinq pour cent de chance de survivre les cinq prochaines années. Cela a rendu l’adoption impossible, car aucune agence ne placerait un enfant dans une famille avec une situation si précaire.

« Je ne crois pas qu’ils auraient passé l’évaluation à la maison », a partagé Kern avec LifeSiteNews. Même si le cancer de sa mère était laissé de côté, « je ne pense pas qu’ils auraient passé les tests psychologiques », a-t-elle ajouté. « De plus, mon père avait 46 ans et les hommes de sa famille avaient tendance à mourir en début de cinquantaine. L’agence n’aurait pas voulu toucher à ça. »

Comme le recours à une mère porteuse est moins réglementé en comparaison, ce vide juridique offrait une solution attrayante pour les parents de Kern. La pratique était cependant encore inhabituelle dans les années 1980 et n’était pas offerte partout, donc le couple de Virginie a dû se rendre au Michigan pour prendre les dispositions nécessaires auprès d’une agence de maternité de substitution. Ils n’ont fait part à personne de leurs plans. Pendant la grossesse de la mère porteuse, la mère adoptive de Kern a porté des prothèses de grossesse de tailles grandissantes afin de berner les amis et la famille en leur faisant croire qu’elle était en fait celle qui portait le bébé. Lorsque la mère biologique de Kern a commencé le travail trois semaines à l’avance, « ils étaient à un cocktail, partage Kern. Le lendemain, elle a dû expliquer comment elle avait pu soudainement avoir le bébé. »

L’accouchement prématuré s’est avéré un coup de chance pour les parents de Kern, voire pour elle-même. Quelques semaines avant, la mère biologique de Kern avait mentionné à son médecin les arrangements de substitution de maternité lors d’un rendez-vous de routine. Soucieux du bien-être de l’enfant à naître, il a appelé les services sociaux. Un travailleur social était censé être présent à la naissance afin de pouvoir poser des questions aux parents adoptifs. Suivant les conseils de leur avocat, ils ont déménagé dans un autre état avant que les services sociaux puissent intervenir.

Aujourd’hui, Kern partage publiquement son opposition à la conception par donneurs, ce qui inclut la maternité de substitution et les dons d’ovules et de sperme. En fait, elle s’oppose au terme « don » tout simplement. « Ce n’est pas un don si tu reçois un gros chèque à la fin », a-t-elle déclaré à LifeSiteNews. « C’est de la vente de bébés… Si tu es un donneur de sperme ou d’ovules, tu ne vends pas ton sperme, tu ne vends pas tes ovules, tu vends ton enfant. »

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Jessica Kern (gauche) avec Jennifer Lahl, auteure et réalisatrice du documentaire Breeders, et Matthew Eppinette, coauteur et coréalisateur de Breeders. 

Kern a partagé avoir vécu une « évolution » de son attitude envers la maternité de substitution lorsqu’elle a appris la vérité à propos de ses propres origines. 

Au début, « j’étais soulagée, a-t-elle avoué. Je savais que quelque chose clochait, mais honnêtement, ma famille était violente physiquement et émotionnellement, alors je me suis dit “Merci Seigneur, je ne suis pas complètement issue de la même famille. Il y a encore de l’espoir pour moi.” »

Mais plus le temps passait, plus elle pensait à la situation et plus elle se sentait un conflit intérieur.

« Je pense que lorsque tu es une adolescente et que tu apprends que tu es issue d’une mère porteuse, tu n’y penses pas trop longtemps… Je ne sais pas si c’est parce que la situation est trop compliquée ou parce que l’adolescence est un temps d’égocentrisme », dit-elle. Mais lorsqu’elle a commencé à analyser l’information, elle a voulu savoir les détails entourant sa conception et sa naissance. « Tu te questionnes au sujet de la logistique, des motivations… Est-ce qu’ils pensent à toi? Ça commençait à m’énerver », dit-elle.

 Malgré ses questions, Kern n’a rien partagé avec ses parents, même après avoir déménagé à 17 ans. Elle avait « 19 ou 20 ans » lorsqu’elle a rassemblé son courage et a partagé à son père ce qu’elle avait appris avant de lui demander le nom et les coordonnées de sa mère biologique. Il a refusé de divulguer les détails, même s’il a prétendument promis à cette dernière de faciliter le contact lorsque sa fille aurait 18 ans. « Je pense que parce que j’étais malheureuse avec ma famille, il pensait que je pourrais ternir son image », avance Kern.

Elle s’est donc tournée vers l’Internet pour avoir des réponses. Elle s’est inscrite à une multitude de sites web où les enfants adoptés peuvent chercher leurs parents biologiques. « Je savais que je ne satisfaisais pas nécessairement les critères, mais je pensais qu’elle me cherchait peut-être », partage-t-elle.

La mère de Kern ne la cherchait pas. Elle tenait pour acquis que sa fille communiquerait avec elle si elle en avait envie parce qu’elle avait donné ses coordonnées à son père. « Elle m’attendait », dit Kern.

Elle attendra six ans de plus. Lorsque Kern avait 26, exaspérée par le refus de son père de lui partager l’information qu’elle désirait désespérément, elle a volé deux de ses carnets d’adresses. Quand il a réalisé qu’elle avait les carnets, il a appelé la mère biologique pour l’avertir qu’elle recevrait un appel de Kern.

Quand Kern a finalement réussi à communiquer avec sa mère biologique, « nous avons parlé pendant deux heures », dit-elle. Elle a appris qu’elle avait cinq autres frères et sœurs. Trois d’entre eux ont été élevés par la mère et trois ont été mis au monde par maternité de substitution, dont elle. Elle a immédiatement commencé à planifier un voyage pour visiter sa mère biologique au Michigan, en plus de rencontrer trois de ses demi-frères et sœurs et plus d’une douzaine d’oncles et de tantes. Elle a aussi pu communiquer avec un autre enfant issu de la même mère porteuse, une demi-sœur.

Sa mère lui a raconté qu’elle a accepté les maternités de substitution par « compassion » pour des couples infertiles. Mais en donnant naissance à Kern, elle a reçu un chèque de 10 000 $ — ce qui est plus qu’une année de travail au salaire minimum au début des années 1980 selon les calculs de Kern.

Elle dit que la relation entre elle et sa mère a été « semée d’embûches » depuis leur rencontre il y a quatre ans. La relation s’est refroidie quand elle s’est mise à dénoncer publiquement la maternité de substitution. Mais elle est déterminée à continuer à parler de ce en quoi elle croit, car elle espère sensibiliser le public afin de les faire réfléchir avant de créer intentionnellement des enfants qui passeront neuf mois dans le ventre de leur mère avant d’être arrachés à la naissance et d’être élevés par des étrangers.

« Personnellement, je suis à 100 % contre ça. Je ne comprends pas le but. Je crois qu’il y a déjà trop d’enfants dans le monde qui ont besoin de foyers », déplore Kern.

Elle écrit maintenant un blogue intitulé The Other Side of Surrogacy où elle partage son point de vue en tant qu’enfant d’une mère porteuse et discute du paysage juridique en développement entourant la maternité de substitution. Elle espère devenir une militante à temps plein et peut-être écrire un livre.

« Nous devons être davantage éduqués au sujet du revers de la médaille de la maternité de substitution, affirme Kern. Je pense qu’il est trop facile de voir la situation du point de vue de “Qu’est-ce que je veux, quels sont mes désirs et comment je m’y prends pour les satisfaire?” Mais c’est plus difficile de contempler la manière dont ça affecterait l’enfant. »

L’une des préoccupations les plus importantes pour Kern et d’autres enfants de mères porteuses est le manque de supervision et de transparence à tous les stades de ce procédé de reproduction assistée. Non seulement les mêmes critères de présélection de parents dans le cadre d’adoption ne sont pas suivis, mais les donneurs d’ovules ou de sperme ne sont pas requis d’informer l’agence de tout problème de santé après les dons. Par exemple, une femme ayant fait don de ses ovules n’est pas obligée d’informer d’un cancer du sein si elle est diagnostiquée plus tard, même si les enfants de sexe féminin conçus avec ses ovules ont un plus grand risque d’avoir la maladie et doivent être surveillés de plus près. Cela signifie que les enfants issus de mères porteuses sont souvent laissés totalement dans le noir quant à de potentiels problèmes de santé.

Kern a partagé avec LifeSiteNews que des formulaires de routine dans les bureaux de médecins peuvent parfois sembler être des « claques au visage » pour les enfants de mères porteuses qui n’ont aucune idée de leurs antécédents génétiques. S’ils sont chanceux, selon elle, ils vont avoir des informations à propos d’un de leurs parents biologiques, comme elle. Mais pour ceux qui naissent de mères porteuses avec un ovule et du sperme donné, « c’est comme, “Je ne sais pas, votre hypothèse est aussi bonne que la mienne” », dit-elle avec un haussement d’épaules.

Elle a aussi parlé de « blessure primitive », une idée promulguée par Nancy Verrier dans son livre du même nom. Dans le documentaire Breeders, l’auteure explique que « la blessure primitive est ce qui arrive lorsque l’enfant est séparé de sa mère. Les bébés connaissent leur propre mère grâce à tous leurs sens, et pour une raison quelconque, lorsque le bébé est séparé de cette mère, les liens d’attachements prénataux sont coupés, la mère et le bébé vivent un traumatisme et les deux sentent qu’il manque quelque chose en eux. »

En plus de Kern et Verrier, le documentaire Breeders présente des mères porteuses ayant toutes ressenti fortement la perte de l’enfant qu’elles ont porté pendant neuf mois, qu’ils aient un lien génétique ou non.

Dans l’une des histoires difficiles racontées, on a demandé à une mère d’avoir un avortement à 20 semaines de grossesse quand une échographie a révélé une malformation du cerveau du bébé qui n’était pas lié génétiquement à la mère porteuse. Elle a évité les appels des parents adoptifs pendant une semaine, puis a engagé un avocat et lui a dit qu’elle ne pourrait pas avoir un avortement. Elle a donné deux options aux parents : l’enfant devra être placé dans une autre famille adoptive, ou ils devront l’élever eux-mêmes. Ils ont finalement choisi de garder leur fils, mais à cause de l’effort de la mère de protéger son enfant, elle a créé un lien avec lui qui demeure à ce jour, même si les parents n’ont pas laissé de coordonnées. « Je pense à lui tous les jours », partage-t-elle, les larmes aux yeux.

Pour une autre mère porteuse, c’est sa fille qui lui a ouvert les yeux. Elle était déjà mère de deux enfants et avait apprécié ses deux grossesses en plus d’avoir des accouchements faciles. Elle a donc pensé qu’offrir l’usage de son utérus à un couple infertile serait un acte charitable, en plus de l’aider à payer ses factures et à rester à la maison avec ses enfants. Mais elle n’avait pas pensé à l’attachement émotionnel que formerait son aînée avec sa demi-sœur dans le ventre.

« Elle aime les bébés, partage la mère porteuse. À quoi ai-je pensé? J’avais deux filles à ce moment, et quand ma deuxième fille est née, ça a été le meilleur moment de la vie de ma plus vieille. Comment ai-je pu penser que je pourrais simplement donner ce bébé sans qu’elle réagisse? »

Cette même mère porteuse, qui avait une relation assez ouverte avec la famille adoptive, a par la suite raconté l’expérience de visiter sa fille pour la première fois dans la maison des parents adoptifs, environ deux mois après la naissance. Le bébé avait beaucoup souffert de coliques, ne dormait pas bien et pleurait pendant des heures la nuit depuis qu’elle avait été retirée de sa mère lorsqu’elle avait cinq jours. Après seulement quelques minutes dans les bras de sa mère porteuse, elle dormait sur sa poitrine et avait l’air satisfait pour la première fois depuis des semaines.

« Je n’ai jamais pensé que ça pourrait l’affecter, passer neuf mois dans mon ventre, cinq jours dans mes bras et puis partir dans une autre famille », dit-elle.

Cinq ans plus tard, alors qu’elle visitait sa mère porteuse, la petite fille a regardé ses trois demi-frères et sœurs et a noté qu’elle ressemblait plus à leur mère qu’eux.

« Elle m’a regardée droit dans les yeux, innocemment, et m’a dit “On a les mêmes cheveux et les mêmes yeux. Pourquoi m’as-tu donnée et as gardé les autres?” »

Pour commander le documentaire Breeders ou pour regarder la bande-annonce, cliquez ici.

Pour lire le blogue de Jessica Kern, The Other Side of Surrogacy, cliquez ici.

Si vous êtes un enfant conçu par don, ou un donneur d’ovule ou de sperme, et vous cherchez votre famille biologique, cliquez ici afin de joindre gratuitement le registre de DonorChildren.com.



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