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Questions de catholicisme québécois


Statue de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, devant la Basilique Notre-Dame de Montréal.

Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Achim ft/Wikimedia Commons

Aux alentours de Pâque, un mini-séisme avait secoué la sphère médiatique québécoise autour d’un tweet du premier ministre du Québec François Legault reprenant l’article du chroniqueur Mathieu Bock-Côté au sujet de « notre vieux fond catholique ».

L’article de M. Bock-Côté se voulait un éloge (plutôt faible), à l’occasion de Pâque, du côté positif de l’héritage que le catholicisme a laissé dans la culture québécoise.

Dans son tweet, François Legault affirmait « Le catholicisme a aussi engendré chez nous une culture de la solidarité qui nous distingue à l’échelle continentale. »

En réponse à ce message semblant louer quelque peu le catholicisme, divers usagers de Twitter ont réagi, pour certains, positivement, pour d’autres, négativement. Parmi les critiques de l'inconsistance de Legault, on lui reprochait notamment d’avoir enlevé le crucifix de l’Assemblée nationale, ou au contraire de contredire le principe de laïcité de l’État :

« À titre de PM de TOUS les Québécois, vous ne devez pas faire l’éloge d’une religion, fût-elle la religion historique du Québec. C’est inapproprié. Sans compter que le catholicisme a aussi été une idéologie réactionnaire qui a retardé notre développement et notre émancipation. »

Si on examine l’idéologie du laïcisme, que prétend résumer la première phrase de cette réaction, je ne pense pas que l’on puisse imputer à François Legault d’être incohérent. En effet, le laïcisme ne reconnaît aucune religion d’État ni n’accorde de valeur juridique à la religion. Si donc l’État laïciste ne reconnaît aucun pouvoir à la religion, pourquoi ne lui accorderait-il pas des privilèges ? Si le laïcisme ne considère pas la religion comme une chose sérieuse, digne d’entrer en compte dans sa direction politique, rien ne l’empêche de lui accorder une valeur culturelle, surtout si la religion en question fait partie intégrante de l’histoire du Québec. D’où le retrait du crucifix du lieu de pouvoir et le tweet, après tout peu officiel, à la gloire (tweetesque) du catholicisme. C’est peut-être là la « laïcité ouverte » chère à certains…

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C’est d’ailleurs dans un sens « culturel » que la chronique de Christian Rioux intitulée « Catho un jour… », parue dans Le Devoir, aborde la question. Pour M. Rioux, qui compare le phénomène québécois à celui français, l’État ne devrait pas effacer les traces « culturelles », dont les statues dans les lieux publics comme un parvis d’église.

Christian Rioux trouve déraisonnable la quête de déchristianisation de l’espace public que mène un groupe « laïcard », selon Le Devoir :

L’affaire n’aurait jamais défrayé la chronique sans un groupuscule de laïcards, la Fédération nationale de la libre pensée, qui mène une guérilla juridique contre tous les symboles catholiques. À La Flotte, sur l’île de Ré, il a jeté son dévolu sur une charmante statue de la Vierge Marie construite après la Dernière Guerre. Elle égayait pourtant le paysage et ravissait les passants.

Cette interprétation radicale de la laïcité ressemble comme deux gouttes d’eau aux cris d’orfraie qui ont suivi les déclarations de François Legault la semaine dernière.

M. Rioux affirme que la beauté de l’héritage chrétien appartient à tous, et plus particulièrement ceux qui ont été marqués par lui :

Dès le lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron n’avait pas hésité à évoquer « cette cathédrale qui est celle de tout un peuple et de son histoire millénaire ». Car Notre-Dame a beau être un joyau du catholicisme, elle appartient aussi à tous les Français, protestants, juifs, musulmans, agnostiques et athées compris.

De la même manière, il n’y a rien d’incongru à ce qu’un premier ministre québécois se félicite à Pâques du fait que le catholicisme ait « engendré chez nous une culture de la solidarité qui nous distingue à l’échelle continentale ». L’affirmation est d’autant plus justifiée qu’elle n’est pas une simple fanfaronnade. Il s’agit d’une thèse parfaitement fondée reprise par quelques-uns des meilleurs esprits de notre temps.

M. Rioux souligne ensuite plusieurs aspects des politiques sociales du Québec qu’il pense pouvoir attribuer à l’héritage catholique :

Qui peut nier que le Québec se distingue en Amérique du Nord par ses mesures sociales ? Du système de garderies à l’assurance médicaments, en passant par les congés parentaux, cela crève les yeux. Sur un continent principalement protestant, le contraste est frappant.

C’est bien joli tout ça, mais force est de constater que le catholicisme est ravalé au rang de phénomène historique, laissant, au mieux, dans la société sa trace positive… Une religion du passé qui a pu jouer un rôle utile dans le passé. Un héritage que nous pourrions juger positif par certains de ses côtés — un peu comme nous catholiques trouvons des vertus humaines chez les païens de la Rome antique (bien malgré leur paganisme, cependant), notre société occidentale n’était-elle pas, après tout, une heureuse rencontre entre le droit romain la philosophie grecque et le catholicisme ?

L’Église catholique a cependant bien plus d’importance que l’humble place à laquelle la relèguent Mathieu Bock-Côté, François Legault et Christian Rioux. Fondée par le Christ Lui-même, Elle est destinée à amener en Elle tous les hommes de bonne volonté, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

En fait, je ne vois plus grand-chose de l’héritage catholique au Québec, même cet esprit de « solidarité » ressemble davantage à ce que Chesterton appelait une « idée chrétienne devenue folle », c’est-à-dire une idée du christianisme extraite de la compagnie des autres idées chrétiennes et qui, étant sortie de son contexte, finit même par perdre tout de sa valeur d’origine.

En fait tout esprit catholique finira par s’évanouir, même de la « culture » s’il n’est entretenu, et avec lui la culture elle-même. Car qu’est-ce que la culture, si ce n’est ce qui se transmet de génération en génération. Les modes sont éphémères et ne durent souvent même pas le temps d’une génération. Ce sont les choses importantes comme la famille et la religion qui perdurent à travers le temps et les vertus qui habitent en elles.

Les exemples de « solidarité » donnés plus haut ne sont que des politiques d’État. Si cette solidarité n’est pas pratiquée dans la société par les individus dans leur communauté, surtout si elle assurée de haut par l’État, elle finira par s’estomper des communautés et finalement disparaître comme politique.

Il est inquiétant de voir décliner les Canadiens français dans l’athéisme, car s’il n’y a pas d’exemple de l’avenir des sociétés athées parce que c’est un phénomène récent dans l’histoire du monde, il est bien à craindre que nous ne l'apprenions à nos dépends : la disparition.



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