Par John Smeaton (Voice of the Family) — Traduit par Campagne Québec-Vie
Edward Pentin, correspondant à Rome du National Catholic Register d’EWTN, m’a récemment demandé de faire une déclaration sur l’impact probable au Royaume-Uni de l’éventuelle annulation de la décision de la Cour suprême des États-Unis de 1973 dans l’affaire Roe v Wade : la décision qui a, dans les faits, légalisé l’avortement sur demande dans tous les États-Unis à n’importe quel stade de la grossesse. Dans l’entretien qui a suivi, j’ai exprimé l’espoir que cette annulation transformerait la bataille contre l’avortement dans le monde entier ; une évolution qui dépendrait des évêques catholiques s’ils tiraient le meilleur parti de cette occasion donnée par Dieu pour condamner sans équivoque le massacre d’innocents qui a lieu dans le monde entier dans ce qui constitue le plus grand massacre de l’histoire humaine. Pour qu’un tel renversement de la législation porte des fruits durables, nous avons besoin d’une forte autorité épiscopale catholique.
Voici l’entrevue reproduite dans son intégralité.
Pentin : Quel est votre point de vue sur cette décision ? Quelle importance revêt-elle pour le mouvement pro-vie au Royaume-Uni si elle est adoptée ?
Smeaton : Cette décision serait une victoire colossale. Le mouvement anti-avortement aux États-Unis s’est totalement concentré pendant près de cinquante ans sur l’obtention d’un tel résultat, et ils mériteront les chaleureuses félicitations et la profonde gratitude du monde entier. Il serait toutefois impossible d’expliquer une telle décision en termes purement humains, puisqu’elle intervient si peu de temps après la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par le Pape François, en union avec les évêques du monde entier.
Pentin : Comment cela pourrait-il affecter directement les lois sur l’avortement au Royaume-Uni et ailleurs ?
Smeaton : Si la Cour Suprême annule la décision Roe v Wade sur l’avortement, cela transformerait la bataille contre l’avortement dans le monde entier, y compris au Royaume-Uni, où le mouvement pro-vie a commencé avec le lancement de la Société pour la protection des enfants à naître en 1966 ─ à condition seulement que les évêques catholiques exploitent cette opportunité donnée par Dieu pour condamner sans équivoque le massacre d’innocents qui a lieu ici et dans le monde entier, le plus grand massacre d’êtres humains dans l’histoire de l’humanité. Pour créer un véritable élan au Royaume-Uni, nous avons besoin d’une forte autorité épiscopale catholique.
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Pentin : Y a-t-il une dynamique similaire au Royaume-Uni pour modifier ou renforcer la législation sur l’avortement d’une manière ou d’une autre, ou est-ce différent étant donné que la loi sur l’avortement a été adoptée par voie législative et non judiciaire ?
Smeaton : Depuis 1967, le mouvement éducatif et politique de base contre l’avortement au Royaume-Uni a fait bien plus que son poids ─ empêchant à la fois l’imposition de l’avortement en Irlande du Nord pendant plus de 50 ans et la dépénalisation de l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles. Ce succès est dû en partie à la force d’un nombre important de membres du clergé catholique qui cherchent à faire respecter l’enseignement de l’Église et qui soutiennent puissamment la lutte contre l’avortement. Tragiquement, le travail du mouvement pro-vie a été de plus en plus sapé par les évêques d’Angleterre et du Pays de Galles, notamment par leur soutien à la stratégie d’éducation sexuelle du gouvernement dans les écoles, qui implique de donner aux enfants l’accès à l’avortement et à la contraception à l’insu des parents. Tant que la position des évêques ne sera pas complètement transformée, le mouvement pro-vie bien organisé du Royaume-Uni ne bénéficiera pas du soutien de la communauté, qui serait essentiel pour faire adopter une législation restrictive sur l’avortement.
Aux États-Unis, bien sûr, où le président nomme et le Sénat confirme les juges de la Cour suprême, les électeurs ordinaires peuvent influencer les nominations des juges et, par conséquent, les décisions prises par la Cour. Au Royaume-Uni, cependant, les juges de la Cour suprême sont nommés par une commission de sélection sur laquelle les électeurs britanniques n’ont aucune influence. Constitutionnellement, le pouvoir du mouvement pro-vie de façonner la politique par des moyens démocratiques est donc beaucoup plus limité qu’aux États-Unis. Malheureusement, la Cour suprême du Royaume-Uni a eu un impact profondément négatif sur l’avortement au Royaume-Uni, en interprétant la loi britannique sur l’avortement conformément à l’idéologie pro-avortement plutôt qu’à la lettre de la loi.
Pentin : Que pensez-vous des militants pro-avortement qui menacent les juges de la Cour suprême et font campagne devant leur domicile ?
Smeaton : Ce sont les tactiques bien connues des révolutionnaires qui ont eu du sang sur les mains à travers les siècles ─ l’intimidation afin de créer un sentiment de chaos et de peur. Il ne fait aucun doute qu’ils cibleront d’autres opposants à l’avortement, y compris des paroisses catholiques et des prêtres et évêques catholiques pro-vie bien connus ─ tout comme cela s’est produit en Pologne en 2020. Nous devons prier pour que les juges de la Cour suprême qui hésitent soient renforcés dans leur détermination à défendre la vraie justice. La seule chose qui vaincra les révolutionnaires est la confiance totale des catholiques en Dieu et en sa Sainte Mère, une adhésion totale à la vérité et une résistance pacifique inébranlable pour défendre les enfants innocents à naître.
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