By Susan Yoshihara, Ph. D. (C-Fam) — Photo : Cancilleria Ecuador/Wikimedia Commons
New York, le 1er novembre (C-Fam) — Pour une deuxième année consécutive, les États-Unis on fait en sorte que soit évité l’emploi d’expressions pro-avortement dans une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU portant sur Les femmes dans les crises et les conflits. C’est une victoire pour l’Administration Trump, qui a œuvré pour que soit supprimée des documents de l’ONU l’expression « Santé sexuelle et reproductive ». C’est un revers pour les Européens qui tiennent à ce que l’avortement soit financé au titre d’aide humanitaire.
Les Etats-Unis ont même tenté d’aller plus loin en éliminant de la résolution toute référence à d’autres documents qui font mention de cette expression. La représentante permanente à l’ONU pour les É.-U., Kelly Kraft, a déclaré après le vote unanime adoptant la résolution : « Nous ne pouvons accepter une quelconque référence à “la santé sexuelle et reproductive”, non plus que les références à “l’interruption de grossesse sécurisée” ou à tout langage qui ferait la promotion de l’avortement ou suggérerait implicitement un droit à l’avortement ».
Sous l’Administration Obama, les références à la « santé sexuelle et reproductive » sont apparues dans deux versions de la résolution permanente sur les Femmes, la paix et la sécurité, promues par la France et d’autres nations européennes et soutenues par Les Femmes à l’ONU et le bureau du Haut commissaire pour les droits de l’homme à l’ONU. Cette semaine, l’administration Trump a imposé sa volonté de rompre avec la pratique usuelle de réaffirmation de toutes les déclarations précédentes de la résolution pour éviter qu’une quelconque référence à ces termes n’y soit faite.
C’est la deuxième fois au cours de ces derniers mois que les Européens se voient déboutés dans leurs tentatives d’inclure l’avortement dans le Programme pour la paix et la sécurité des femmes. Ils en ont été empêchés en avril dernier lorsque les É.-U. ont menacé de mettre leur veto au dernier article de la résolution.
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La position américaine a transformé la question de l’avortement à l’ONU. On avait laissé se répandre l’expression « santé sexuelle et reproductive » tant qu’elle demeurait ambiguë : les pays pro-vie, pour la plupart en développement, pouvaient déclarer être opposés à l’avortement et en même temps accepter les aides financières pour la santé reproductive des pays donateurs.
Le jeu diplomatique de l’ambiguïté délibérée qui a joué à plein dans les couloirs des négociations de l’ONU n’en sort pas renforcé. Les donateurs, pour la plupart Européens, pour qui l’expression comprend l’avortement, l’incluent dans leur aide aux pays tiers. Les agences de l’ONU et les partenaires chargés de la mise en œuvre prennent appui sur cette ambiguïté pour inclure l’avortement y compris lorsqu’il est interdit, et pour appuyer sa libéralisation comme question de droit fondamental, alors qu’il ne figure dans aucun mandat officiel de l’ONU ni aucun traité de l’ONU sur les droits de l’homme.
Nous avons une belle illustration de cette tactique avec la déclaration cette semaine d’un représentant du Centre pour les droits reproductifs, qui œuvre pour la légitimation de l’avortement, à des journalistes, déclaration dans laquelle il assurait que cette expression fait référence à l’accouchement prématuré, à l’infertilité, et aux maladies sexuellement transmissibles, et qualifiait la position américaine dans les débats de « bizarre ». Le Département d’Etat américain a ôté cette expression de son rapport annuel sur les droits de l’homme en faisant référence au double langage qu’elle véhiculait.
Le débat au Conseil de sécurité montre que les É.-U. ont l’intention de se défendre contre les accusations de ses alliées, les nations européennes, dont la France et la Grande-Bretagne, ses proches alliés, qui l’accusent de violer la Convention de Genève. Ces pays font référence à l’amendement Helms de la loi américaine qui interdit le financement de l’avortement envers les pays tiers. En réalité, les lois de la guerre n’y font aucune référence et aucun contrôle de l’application des lois intérieures n’y est prévu.