Laia Micklewait.
Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : capture d'écran vidéo/YouTube
11 février 2025 (LifeSiteNews) — Depuis quatre ans, le site pornographique le plus populaire au monde — Pornhub — fait face à une crise de relations publiques ininterrompue, en grande partie à cause d’une campagne lancée par une femme.
L’activiste Laila Mickelwait du Justice Defense Fund a fondé le mouvement Traffickinghub en 2020 avec une armée de sympathisants. Avec 33,5 milliards de visites en 2018, Pornhub met en scène des violences sexuelles et l’avilissement des femmes. Certaines de ces agressions sont criminelles, un fait horriblement mis en évidence lorsque la mère d’une jeune fille de 15 ans du sud de la Floride, qui avait disparu depuis près d’un an, a découvert que sa fille était toujours en vie lorsque des photos et des vidéos pornographiques de l’adolescente disparue ont fait surface. Détenue contre son gré, cette jeune mineure a figuré de force dans 58 vidéos pornographiques téléchargées en ligne, notamment sur Pornhub.
Traffickinghub a révélé ces horreurs. Il est rapidement devenu un mouvement, avec plus de 600 organisations participantes et plus de 2,2 millions de personnes dans 192 pays qui ont signé la pétition #Traffickinghub. Son activisme a conduit Nicholas Kristoff, du New York Times, deux fois lauréat du prix Pulitzer, à mener sa propre enquête.
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Campagne de financement -- Carême 2025
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Le rapport de Kristoff, intitulé « Les enfants de Pornhub », détaille les preuves d’abus sur les enfants, inclut des entretiens avec des victimes et note que le site « est infesté de vidéos de viols... (il) monétise les viols d’enfants, la pornographie de vengeance, les caméras-espions de femmes prenant leur douche, les contenus racistes et misogynes, et les séquences de femmes asphyxiées dans des sacs en plastique... La plupart ne sont pas des enfants agressés, mais trop le sont. » Sa conclusion ? « Pornhub, c’est Jeffrey Epstein fois 1 000 ».
« Lorsque j’ai pris connaissance des crimes horribles perpétrés contre les victimes sur Pornhub, j’ai eu la responsabilité de tirer la sonnette d’alarme sur ce que j’avais découvert et sur la façon dont Pornhub se donnait beaucoup de mal pour étouffer l’affaire », m’a dit Mme Mickelwait. Elle poursuit :
Le combat a été rude, mais nous avons collectivement remporté d’incroyables victoires. Des milliers d’articles de presse ont été écrits pour dénoncer Pornhub, ce qui a gravement nui à sa marque. Après une longue bataille, Visa, Mastercard et Discover ont finalement coupé tous les liens avec Pornhub, ne leur laissant que la cryptomonnaie comme option de paiement. La plupart de leurs principaux annonceurs et partenaires commerciaux ont coupé les ponts avec Pornhub, notamment Comcast, Xfinity, Roku, Grant Thornton, Heinz, Unilever et d’innombrables autres.
C’est une chute stupéfiante pour l’un des monopoles pornographiques les plus puissants de la planète — et le mouvement de Mickelwait n’est pas terminé. Elle se rend quotidiennement sur les réseaux sociaux pour dénoncer la violence sexuelle qui sévit sur la plateforme.
« Meta a récemment fermé le compte Instagram de Pornhub, qui comptait 13 millions d’adeptes », a-t-elle déclaré. « Cent quatre-vingt-quatorze victimes ont poursuivi Pornhub et sa société mère MindGeek dans le cadre d’actions individuelles et collectives aux États-Unis et au Canada. Le gouvernement canadien a également ouvert une enquête parlementaire sur l’exploitation des victimes par Pornhub. Nous n’avons pas encore terminé, mais il est encourageant de voir les progrès réalisés depuis le lancement du mouvement au début de 2020. Je vois des gens de gauche et de droite, des conservateurs et des libéraux, des religieux et des non-religieux qui élèvent la voix et agissent ».
En réponse, Mindgeek — qui possédait Pornhub et de nombreux autres sites pornographiques — a été vendu au groupe d’investisseurs Ethical Capital Partners en mars 2023 et rebaptisé Avlo. La société possède Pornhub et trois autres « sites de streaming », des sociétés de production pornographique et des sites pornographiques payants.
Solomon Friedman, un rabbin ordonné et avocat de la défense pénale à Ottawa, est l’un des membres fondateurs d’Ethical Capital Partners, et il a entrepris une tournée de relations publiques pour redorer le blason de Pornhub et en faire l’un des sites pornographiques les plus éthiques au monde. Il a récemment accordé une longue entrevue à Patrick Bet David de Valuetainment, et sa stratégie est claire : convaincre les gens que Pornhub a changé.
La dernière missive en date de cette guerre de relations publiques est un coup d’éclat pour Ethical Capital Partners. Friedman a décroché une entrevue dans le National Post avec un Tyler Dawson suspicieusement sympathique, intitulée « Le porno, une partie de l’expérience humaine et peut-être la plus grande exportation du Canada ». L’article commence par se vanter que Pornhub est « l’un des sites internet les plus visités au monde », avec 140 millions de personnes qui s’y connectent chaque jour.
Dawson résume l’entrevue en citant des faits qui, selon lui, reflètent bien Pornhub, comme le fait qu’un tiers des visiteurs de Pornhub sont des femmes. Dawson est tellement crédule qu’il croit profondes les déclarations de Friedman, telles que celle-ci : « La pornographie n’est pas une représentation dont la société s’inspire. La pornographie... est plutôt un miroir. Tout ce qui est reflété dans ce miroir est reflété en retour ».
Un esprit perspicace noterait que Friedman a simplement dit deux fois la même chose. Dawson ne possède manifestement pas un tel esprit. La pornographie est une boucle de rétroaction. Les utilisateurs la regardent, elle transforme leur esprit et alimente leur libido avec un contenu de plus en plus pervers, puis elle devient un miroir. Les recherches à ce sujet sont écrasantes, complètes et font l’objet d’un consensus de plus en plus large au sein de l’opinion publique. Lorsque Dawson pose une question sur l’omniprésence de l’étouffement dans la pornographie, Friedman insiste sur le fait que le porno devient plus « doux » et non plus « dur », ce qui va à l’encontre des recherches menées dans presque tous les pays occidentaux et des hideux antécédents de sa propre société de pornographie.
L’interview de Dawson n’est pas tant un interrogatoire approfondi qu’une sorte de danse contact. Elle permet à Friedman de divaguer sur son engagement en faveur de la sécurité. Il ne demande pas, par exemple, pourquoi le contenu grand public de Pornhub — qui comprend de nombreuses formes de violence sexuelle — relève de ce terme. Selon Friedman, le « consentement » transforme la violence sexuelle en quelque chose d’autre.
Dawson permet à Friedman de se présenter comme une sorte de héros, sauvant l’industrie pornographique pour le bien de tous. En réalité, Friedman n’est qu’un vil pornographe de plus qui injecte sans relâche dans l’esprit de millions de personnes des toxines sexuelles qui transforment le cerveau. Friedman déclare, par exemple, que « nous avons vu une réelle opportunité d’investissement si la stigmatisation de l’industrie pouvait être dissipée, et la seule façon de dissiper cette stigmatisation était d’en être ouvertement et fièrement propriétaire ».
Il ne semble pas venir à l’esprit de Dawson que la « stigmatisation de l’industrie » devrait peut-être être renforcée plutôt qu’éliminée. Au lieu de cela, il note — une fois de plus, de manière assez révélatrice : « Depuis que l’homme peint sur les murs des grottes, il pense à l’art érotique. À votre avis, quelle est la place de la pornographie dans l’expérience humaine ? » En bref : nous pensons tous au porno, tout le temps. Dites-nous comment vous pensez au porno. Friedman est heureux de s’exécuter, et sa réponse admet que la pornographie est un « travail sexuel » — c’est le terme progressiste pour désigner la prostitution — avant de le défendre. Il insiste sur le fait que le travail sexuel est un travail comme un autre, comme la pratique du droit. Je m’abstiendrai de faire des blagues sombres sur cette comparaison.
Friedman va même jusqu’à proposer des balivernes de haute volée comme celle-ci : « Ce n’est pas pour rien qu’au Canada et aux États-Unis, et dans pratiquement toutes les démocraties libérales occidentales, la pornographie est protégée par la Constitution en tant que liberté d’expression. L’expression sexuelle fait partie de la liberté d’expression, qu’il s’agisse de ceux qui créent le contenu ou de ceux qui le regardent. Je pense qu’il y a quelque chose de profondément humain dans tout cela ». Quoi que cela veuille dire.
Friedman ne mentionne pas le nombre croissant d’experts, de chercheurs et même d’hommes politiques qui, du Royaume-Uni à la France, plaident en faveur d’une restriction de la pornographie. En fait, le cadre constitutionnel existe dans la plupart des pays, y compris le Canada et les États-Unis, pour interdire totalement la pornographie. Interrogé sur la dépendance à la pornographie, Friedman répond ceci :
Il ne s’agit pas d’un diagnostic de santé mentale accepté dans le manuel actuel des normes de diagnostic. La situation est la suivante : disons que vous aimez la pêche à la mouche. Vous allez pêcher à la mouche le week-end, vous dépensez un peu d’argent pour votre équipement de pêche à la mouche, et c’est un passe-temps sain.
Mais si vous allez pêcher à la mouche toute la journée, tous les jours, et que vous y consacrez tous vos revenus, que vous arrêtez d’aller au travail, de parler à votre femme et à vos enfants, vous avez un vrai problème et vous avez besoin d’aide, n’est-ce pas ? Il ne s’agit pas d’une dépendance à la pêche à la mouche. C’est quelque chose dans votre vie qui interfère avec votre fonctionnement. Il en va de même pour le porno.
La grande, très grande majorité des individus en consomment d’une manière qui n’a absolument aucun impact négatif sur leur vie. En fait, beaucoup signalent un impact positif sur leur vie sexuelle et leur fonctionnement. Mais si une personne est obsédée et dépense tout son argent et tout son temps, et que cela interfère avec ses relations humaines dans la vie réelle, c’est un gros problème et elle devrait chercher de l’aide pour cela.
Pour dire les choses crûment, il s’agit à la fois d’une esquive et d’une tromperie délibérée. Des millions de jeunes hommes et de jeunes femmes sont dépendants du contenu que Friedman et ses partenaires diffusent, et leurs appels à l’aide remplissent les fils de discussion de Reddit et d’autres forums d’internet. Les preuves sont facilement accessibles à quiconque regarde — la plupart ont été compilées sur le site This is Your Brain on Porn. Quiconque a déjà ressenti le pouvoir de la pornographie — c’est-à-dire quiconque a essayé d’arrêter d’en consommer — sait qu’il est ridicule de la comparer à la pêche à la mouche. À moins que Friedman ne pratique la pêche à la mouche d’une manière très différente de celle de la plupart des sportifs.
Friedman détaille ensuite toutes les mesures de sécurité prises maintenant par Pornhub. Il convient de noter que Mickelwait a soigneusement documenté ses échecs sur sa page X. Après avoir détaillé ces mesures, Friedman poursuit en affirmant qu’il est fréquemment le destinataire d’une « correspondance antisémite ignoble ». Je n’en doute pas. Friedman insiste sur le fait qu’il n’est pas un « corrupteur de la société », mais il l’est très certainement — non pas parce qu’il est juif, mais parce qu’il est pornographe.
Il est un corrupteur de la société au même titre que Hugh Hefner, Larry Flynt et Alfred Kinsey. Quiconque facilite la diffusion massive de la pornographie contribue à la corruption de la société par définition, quelle que soit son appartenance ethnique. Le fait que Friedman le fasse en tant que personne ayant reçu une formation religieuse devrait lui faire honte.
L’intention de Friedman est simple : prétendre que Pornhub n’est pas le problème de l’industrie, mais son avenir. Il n’en est rien, puisque c’est l’industrie elle-même qui est le problème. Mickelwait a détaillé le bilan de Pornhub et ses péchés continus dans une contre-tournée pour réfuter Friedman, et elle est apparue au début du mois sur le podcast très populaire de Theo Von. Peut-être que le National Post daignera ensuite lui accorder une entrevue.
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