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Un médecin argentin en procès pour avoir refusé de pratiquer un avortement sur un bébé viable


Le Dr Leandro Rodriguez Lastra s'adressant à la foule devant le Palais des congrès d'Argentine.

Par Jeanne Smits — traduit par Campagne Québec-Vie

Analyse

13 mai 2019 (LifeSiteNews) — Le Dr Leandro Rodriguez Lastra, gynécologue-obstétricien pratiquant dans la ville de Cipolletti, dans la province de Rio Negro, en Argentine, est actuellement jugé pour « violence obstétricale » et violation de ses devoirs de fonctionnaire public pour avoir refusé de pratiquer un avortement légal en avril 2017 sur une victime de viol de 19 ans. Rodriguez a été poursuivi en justice par la députée kirchneriste provinciale Marta Milesi quelques jours après son refus : c’est elle qui a personnellement promu la loi sur l’avortement dans la province.

L’avortement est légal dans le Rio Negro — ainsi que dans dix autres provinces d’Argentine — dans des cas dits marginaux, comme lorsqu’une grossesse est le résultat d’un viol, lorsque la vie de la mère est en danger, ou lorsque la mère est handicapée mentale et a été victime d’abus sexuels.

Rodriguez dirige le service de gynécologie de l’hôpital Pedro Moguillansky depuis 2016. Tous les médecins sauf un sont objecteurs de conscience, tout comme la grande majorité des gynécologues du Rio Negro.

Son procès fait la une des journaux argentins. Cela fait suite à deux années de procédures au cours desquelles Rodriguez a fait valoir en vain qu’il n’avait pas pratiqué l’avortement pour des raisons médicales et qu’il n’appartenait pas à un juge d’interférer avec cela. Il a été clair sur sa position pro-vie et a reçu l’appui de groupes pro-vie de tout le pays.

Le président du tribunal, Julio Suelto, a décidé en octobre de l’année dernière que le procès aurait lieu, rejetant la demande de Rodriguez de classer l’affaire pour des raisons techniques. Deux procureurs ont déclaré à l’époque qu’ils considéraient le médecin coupable de violation de la loi provinciale sur l’avortement au motif que cette loi est contraignante pour tous les médecins publics du Rio Negro […]

Selon AciPrensa, le médecin a déclaré à un média local, LMNeuquén, que « ce type de situation attaque la société dans son ensemble, dévalorise la vie et nous attaque aussi les médecins ».

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« Le système judiciaire qui a donné lieu à cette situation permet de remettre en question les décisions des médecins, il remet en question notre attitude et notre capacité à travailler et à assurer notre sécurité », a-t-il dit. « Je sais que je n’ai commis aucun crime » [même pas légalement*], ajoute le médecin. « J’agirais de nouveau de la même façon pour éviter que la mort d’un enfant pèse sur ma conscience », a-t-il insisté.

En tant que membre du groupe « Save Both », Rodriguez a la satisfaction de savoir que la jeune femme qui est venue à l’hôpital Pedro Moguillansky pour se débarrasser de son bébé et l’enfant lui-même sont vivants aujourd’hui : le bébé a été donné en adoption et est maintenant un enfant de deux ans en pleine forme.

Pour la durée du procès, qui devrait durer trois jours du lundi 13 mai au mercredi 15 mai à Cipolletti, des groupes pro-vie, dont CitizenGo, manifestent devant le tribunal du Rio Negro.

L’une des premières plaintes de Rodriguez au sujet de la procédure judiciaire est que la jeune femme dans cette affaire n’a pas porté plainte contre lui. Marta Milesi, la pédiatre qui a donné son nom à la loi locale sur l’avortement, est la seule personne qui l’a fait, et elle est entendue comme témoin — « même si elle ne l’était pas », a dit Rodriguez à Infobae. Elle est entendue en sa qualité de « précurseur de la loi », loi qu’il est accusé d’avoir violée : « Le procureur considère qu’il est important qu’elle explique ce qu’elle voulait instaurer avec cette loi », a-t-il expliqué.

La défense de Rodriguez s’appuie sur les faits de l’affaire.

Pour autant qu’il le sache, la jeune femme dans cette affaire avait été amenée en ambulance de l’hôpital général Fernandez Oro, dans la ville du même nom près de Cipolleti, qui ne disposait pas de l’équipement complexe nécessaire pour faire face à sa situation : elle souffrait énormément et disait avoir ingéré un médicament abortif, le Misoprostol, qu’elle disait avoir obtenu d’une ONG pro-avortement. La personne qui la référait, se souvient le médecin, indiquait que la femme de 19 ans avait eu une grossesse non désirée : elle avait de la fièvre et des contractions et portait un fœtus vivant dont le rythme cardiaque était positif. Elle a également apporté une échographie attestant d’une grossesse avancée. Elle n’avait ni dilatation ni saignement, a déclaré le médecin.

Rodriguez a également confirmé que la femme était enceinte de 22 semaines et demie (c’est au-delà du seuil de viabilité dans les endroits où des soins appropriés peuvent être donnés), et son bébé pesait plus de 500 grammes.

Il est maintenant accusé d’avoir inversé l’action des pilules abortives données à la victime en lui prescrivant des médicaments pour arrêter ses contractions, mettant ainsi un terme à un avortement légal en cours. Au cours de la procédure qui a précédé son procès, il a déclaré à plusieurs reprises aux médias qu’il n’avait aucun moyen de savoir si la patiente disait la vérité ou si l’ONG lui avait effectivement donné du Misoprostol ou autre chose.

« Je ne pouvais pas prendre ça au sérieux, je ne pouvais pas savoir ce qu’ils lui avaient vraiment donné. Comme il s’agissait d’un groupe clandestin, je n’ai pas pu vérifier quelle drogue avait été ingérée. La grossesse a duré 22 semaines et demie et le fœtus pesait 500 grammes. Les pilules abortives sont utilisées pour les grossesses beaucoup moins avancées ; cela présentait d’autres complications », a-t-il souligné.

Sa première réaction lors de l’arrivée de la femme a été d’éviter un avortement septique « dû à une contamination par une bactérie similaire à celle produite par le tétanos, ce qui est fréquent lorsque les procédures sont effectuées dans des endroits qui n’ont pas l’asepsie appropriée. C’est un syndrome très mortel. »

« La procédure médicale implique d’évaluer le contexte dans son ensemble. Ici, j’ai un patient dont je ne sais pas tout. Ils me disent : comment peux-tu ne pas savoir que le Misoprostol cause la fièvre ? Bien sûr que je le sais, mais je ne savais pas si cela en était vraiment la cause. J’ai dû l’évaluer, demander une hémoculture, une culture d’urine, une culture de flux. Je lui ai donné des antibiotiques. Il y avait un risque pour la vie de la patiente », a-t-il expliqué.

Rodriguez a également expliqué à la presse que « les procédures et les délais établis par le protocole sur l’avortement non punissable n’ont même pas été respectés ». « Je ne doute pas de la parole de la femme au sujet du viol, mais selon l’OMS elle-même, à partir de la 22e semaine et au-dessus de 500 grammes du fœtus, ce n’est plus un avortement », a-t-il ajouté.

Il a donné une description détaillée d’une procédure d’avortement à ce stade, par « dilatation et curetage ». « Tout d’abord, le fœtus doit être tué, ce qui se fait en injectant de l’eau saline dans l’utérus. Puis, la dilatation est provoquée, et avec un instrument semblable à une cuillère, on l’extrait... on travaille un peu à l’aveuglette. J’ai dû le faire dans des cas de mort intra-utérine et c’est horrible. Dans ce cas, le fœtus était vivant. »

Après avoir pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de la femme et compte tenu du fait qu’un avortement dans sa situation peut mettre sa vie en danger, le Dr Rodriguez a rencontré ses collègues le lendemain et, avec le consentement de la femme, a décidé avec son équipe de fixer une date pour une césarienne dès que le bébé aurait de bonnes chances de survie, soit à sept mois et demi.

C’est ce qui s’est passé, et les deux vies ont été sauvées.

« J’ai agi selon de bonnes pratiques médicales et je n’ai violé aucun règlement. De plus, la loi 4796 stipule que le médecin a dix jours pour résoudre ces cas », a dit Rodriguez.

Au cours de la première journée du procès à Cipolletti, une femme médecin qui a vu la patiente avant son transfert à l’hôpital Pedro Moguillansky, Ayelén Mirenski de l’hôpital Fernandez Oro, a dit au juge qu’avec ses collègues, elle avait envoyé la fille au groupe féministe « La Revuelta » et qu’elle avait appris par la suite la prise de médicaments abortifs.

Cet acte illégal n’a pas donné lieu à des poursuites contre ces médecins. Lors de la première audience, ils ont également admis qu’ils avaient commis une erreur en ne consignant pas certains détails dans les antécédents cliniques de la patiente. Répondant à ces questions des deux côtés, ils ont également souligné sa fragilité psychologique : « C’était une fille avec de sérieux problèmes qui avait commis plusieurs actes d’autoagression. »

L’envoyer dans une ONG féministe n’était-il pas un acte totalement irresponsable ?

Selon la presse argentine, la jeune fille aurait tenté de se suicider en octobre 2018. Des sources pro-avortement disent qu’elle était stressée parce que les procédures judiciaires contre le Dr Rodriguez prenaient tellement de temps. Elle a été entendue à huis clos par le tribunal ce lundi pour protéger son identité et, selon les journalistes présents, elle a semblé abattue et n’a répondu qu’en monosyllabes. Se serait-elle sentie mieux si elle avait tué son propre enfant ou cela l’aurait-il poussée à bout ?

Le Dr Leandro Rodriguez Lastro a reçu l’appui d’un membre du Congrès national, David Schlereth, qui lui a apporté une lettre de plusieurs législateurs pro-vie à la veille du procès.

« Ce procès est absurde parce qu’il s’agit d’une affaire qui n’entre même pas dans le cadre du protocole et de la loi provinciale, en raison du stade avancé de la grossesse. Surtout, » dit Schlereth lors d’une conversation téléphonique avec Infobae, « qu’on ne peut juger quelqu’un qui, en tout, a agi selon les règles, les protocoles et son serment d’Hippocrate. C’est barbare à tous points de vue : juridique, médical et politique. Nous soulevons également des questions qui ont déjà été soulevées lors du débat sur la légalisation de l’avortement. Par exemple, personne n’a rien fait pour poursuivre le violeur, ni contre les personnes qui ont médicamenté cette jeune femme sans en avoir le pouvoir. Au lieu de cela, ils ont fait preuve d’une grande hostilité envers le docteur. »


*Commentaire d’Augustin Hamilton.



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