Par une femme anonyme — traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : freepik
Note de l’éditeur: Cette histoire est celle d’une jeune femme qui souhaite rester anonyme. Elle voudrait témoigner de son expérience au sujet des pressions reçues de la part du corps médical visant à la pousser à se faire avorter. Elle espère que son témoignage sera utile à d’autres personnes pour qu’elles se préparent mieux et aient le courage d’affirmer leurs valeurs en cas de choix difficiles à faire.
Le 3 juillet 2019 (LifeSiteNews) — A 25 ans, ma vie était parfaite. Je venais de me marier avec mon amour d’enfance et nous attendions notre premier enfant. Aussitôt après avoir eu confirmation de la grossesse, une suite de tests, d’examens et visites médicales s’en sont suivis, tout ce qu’il y a de plus normal.
Tôt dans la grossesse, on m’a demandé d’accepter de procéder à des tests complémentaires. Je n’avais pas vraiment tout compris et n’ai pas posé plus de questions. J’ai simplement compris que cela serait peu invasif et qu’il était question de détecter des anomalies. Peu avant la vingtième semaine de grossesse, j’ai reçu un appel à 17h30. Les tests indiquaient un risque de trisomie 21 pour mon enfant. J’avais rendez-vous pour le lendemain matin à 8h30 avec un généticien pour en savoir plus.
Mon mari et moi-même nous sommes rendus au rendez-vous où nous avons appris que suite aux tests, notre bébé avait 1 chance sur 200 de naître avec la trisomie 21. Une amniocentèse pourrait nous le confirmer de façon certaine mais nous devions nous décider immédiatement et aller faire l’examen aussitôt à l’étage inférieur. Ce test apportait un risque de 1 pour 100 de fausse couche. Nous n’avions pas de délai de réflexion ni le temps de parler à nos parents et n’avons même pas pensé à appeler notre aumônier.
Nous étions tous les deux prêts pour élever un enfant aux besoins spéciaux mais nous étions aussi jeunes et effrayés. Nous avions peur que notre enfant arrive au monde avec plus de problèmes et aussi peur de s’engager pour 20 semaines de plus sans connaître l’issue exacte de la situation. Nous avons accepté de faire le test, sommes descendus et l’avons fait.
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Nous l’avons aussitôt regretté.
Pourquoi risquer de perdre notre enfant alors que la probabilité était si faible? Pourquoi faire ce test alors que les résultats importaient peu quant à notre choix vis-à-vis de la grossesse ? Pourquoi devions-nous décider aussi vite ? Grâce à Dieu, ma fille allait bien. Elle est née à terme, en bonne santé et sans complications. Les jours qui suivirent le test et l’attente de savoir si j’allais faire une fausse couche furent éprouvants et j’étais pleine de remords d’avoir pris ce risque sans raison valable. La raison pour laquelle nous avions dû nous décider si vite est que nous approchions de la limite des vingt semaines, après laquelle il nous aurait été difficile de pratiquer un avortement si nous l’avions voulu.
Aurions-nous voulu un avortement?
Un peu plus d’un an après, nous étions de nouveau bénis avec une nouvelle grossesse. Nous étions très heureux et nous étions mis d’accord de ne pas faire les tests qui nous avaient apportés tant de peur et de confusion la première fois. Tout allait bien et j’allais à mes rendez-vous comme d’habitude. À environ 23 semaines, on nous a informés d’une anomalie lors d’une échographie. Le ventricule gauche de notre fils était trop grand. Si cela se poursuivait, il naîtrait avec un demi cœur. On nous a dirigés vers la cardiologie pédiatrique et envoyé faire un électrocardiogramme. Tout ceci arriva quelques jours après avoir reçu le diagnostic initial.
Notre premier rendez-vous avec le cardiologue de notre fils ne s’est pas bien passé. On nous a dit que le diagnostic était juste. Notre fils mourrait peu après la naissance à moins qu’on lui trouve un donneur, sachant que les dons de cœur [le prélèvement de cœur est immoral] pour les bébés sont rares. Voudrions-nous un avortement ? Je pense que cela aurait été possible ce jour-là.
Mon mari et moi avions fait quelques recherches sur le sujet et avions trouvé des informations au sujet d’une procédure réalisée à Boston pour sauver des enfants ayant le syndrome du cœur gauche hypoplastique. Nous avons demandé à être mis en lien avec cette équipe. L’équipe médicale nous informa que nous aurions besoin d’au moins 100,000 dollars en liquide pour entamer une discussion avec eux. Nous demandâmes de nouveau d’être mis en lien avec l’équipe. C’est seulement à ce moment que le personnel médical nous informa que l’hôpital Sick Kids à Toronto faisait la même procédure mais qu’ils n’aimaient pas les résultats obtenus. Nous demandâmes une référence.
Le jour suivant, Sick Kids nous appela. J’étais alors à environ 25 semaines de grossesse. Le lendemain, nous sommes partis pour Toronto. Un ou deux jours plus tard, notre fils passa par une opération chirurgicale vitale in utero à l’hôpital Mount Sinai. Il aurait encore besoin de plusieurs opérations à cœur ouvert dans sa première année de vie mais il est maintenant un joyeux petit garçon de 6 ans vivant sans aucune restriction, aucune médication et capable de faire toutes les choses que les petits garçons font. Son cœur est entier et fonctionne bien. Il vivra vieux. D’autres enfants vivent également une vie pleine de sens avec un demi cœur. Des opérations chirurgicales sont pratiquées par Sick Kids pour que cela soit possible. Personne ne m’informa de cette possibilité au cours de mon premier rendez-vous avec le cardiologue.
Aucun soutien pour mon bébéà venir
Nous avons eu un troisième enfant sans problèmes. Ce fut un soulagement.
C’est notre quatrième grossesse qui nous a vraiment posé problème. Peu après avoir débuté le premier trimestre, je savais que quelque chose n’allait pas du tout. J’en eus la confirmation à la douzième semaine. Après une série de rendez-vous chez des spécialistes, j’appris que j’avais une vascularite micropolyangéite (MPA). Mes reins arrêtaient de fonctionner et j’avais besoin d’une chimiothérapie pour stopper la maladie. Sans traitement, mon espérance de vie était de 5 mois. Il me restait 6 mois de grossesse. Ils ne pouvaient prescrire la chimiothérapie à une personne enceinte, aussi nous devions avorter. J’étais plus âgée à ce moment-là et peu impressionnable. J’ai refusé avec l’intention de m’y tenir.
L’équipe médicale était sous le choc. Ils m’ont dit qu’il n’y avait qu’un seul protocole possible tant que j’étais enceinte, mais que cela n’était pas efficace. J’ai accepté le traitement et fut référée à un gynécologue-obstétricien pour grossesse à risque.
Mon équipe médicale n’était pas contente. Ils se sont ligués contre moi, parfois à trois contre une, en insistant sur le fait que je devais faire la chimiothérapie, que mon enfant ne survivrait pas de toute façon et que le traitement que j’avais choisi ne fonctionnerait pas. Je les entendais au téléphone avec mon gynécologue, essayant de l’amener à me convaincre pour que j’avorte.
Mon gynéco était catholique et bien que nous ayons considéré ensemble mes options et qu’il m’ait de nouveau informée du sérieux de la situation, il ne me mit pas de pression pour que j’avorte. Il respecta mon choix, le traitement fonctionna. Ce fut six mois difficiles mais ma fille naquît en bonne santé. Mon choix me coûta 70% de mes fonctions rénales mais mon bébé est en vie et je n’ai pas regretté mon choix une seule seconde.
Puis le traitement arrêta de fonctionner et j’acceptai de faire une chimiothérapie cinq mois plus tard. Cela ne marcha pas. Après quelques pirouettes avec la paperasse administrative, j’ai obtenu un nouveau médicament très cher et non remboursé par la couverture médicale d’Ontario. J’ai bien reçu des fonds pour le payer et nous prions pour que le traitement soit plus efficace. Cependant, je n’ai accès à ce médicament que pour les récidives. Pour les doses d’entretien, je dois payer de ma poche. En clair, mes reins me lâchaient et je devais attendre la décision d’une personne haut placée pour savoir si je valais le coup d’investir. Je pouvais avoir un avortement le jour même, une dialyse, ou même une transplantation d’organe, je pouvais recevoir une pilule pour en finir et ne plus souffrir mais un médicament pour vivre, son accès était limité. Nous vivons dans un pays où la mort est un droit et la vie un privilège, si pas selon la loi, du moins en pratique.
Ces professionnels de santé qui m’ont mis de la pression pour que j’avorte n’étaient pas de mauvaises personnes qui voulaient que mon bébé meure. C’était des gens qui voulaient que je vive mais ils ne respectaient pas mon choix.
Je n’avais aucun soutien pour mon bébé à venir.
Quelques amis et membres de nos familles me trouvaient irresponsable de choisir de garder mon enfant et retarder mon traitement. Ils en ont parlé ouvertement dans mon dos. Ces personnes sont les mêmes qui aiment gâter ma fille et disent qu’elle est totalement adorable.
Je n’ai pas l’impression d’avoir eu « le choix »
Comme vous pouvez ainsi le voir, ce ne sont pas seulement les adolescents et les victimes de violences qui subissent ce problème. Les gens doivent choisir leur camp lorsqu’ils sont encore jeunes, avant d’être confrontés à la question et être en situation de peur quand on leur propose une issue de secours. Dieu ainsi que la plupart de ma famille et ma communauté sont restés avec nous tout au long de cette épreuve. La prière et de bons conseils nous ont renforcés dans ces temps incertains.
Tout au long de ce chemin, mon mari m’a toujours énormément soutenue, mais cela ne fut pas facile pour lui. Si à un moment je choisissais d’avorter, l’opération aurait été faite immédiatement sans même le consulter. Je l’amenais avec moi aux rendez-vous pour qu’il me soutienne et il était souvent considéré comme n’ayant rien à voir avec la décision à prendre et qu’il ne devrait pas être là. Il faisait habituellement la paperasse après la naissance de nos enfants pour que je puisse me reposer et me remettre. Mais les documents pour nos deux plus jeunes furent refusés car c’est lui qui les avait envoyés. Quand il appelait le gouvernement au sujet de la paperasse, ils ne lui donnaient aucune information et ne voulaient parler qu’à moi.
Il ressort de tout cela que je n’ai pas l’impression d’avoir eu le choix. On m’a dit quoi faire et on m’a certifié beaucoup de choses qui étaient tout, sauf certaines. J’ai dû me battre pour la vie de mes enfants.
Cela en a valu la peine mais ce fut un combat, bien que je sois mariée et que chacun de nos enfants fut prévu et que tous les indicateurs socioéconomiques allaient dans notre sens. Ce fut un combat de toute façon. Les professionnels médicaux pensaient vraiment m’épargner des souffrances. En réalité cependant, leur « solution » m’aurait privée de la chance de voir ce miracle, la chance d’avoir l’espoir, la chance d’avoir la foi. Cet hôpital m’aurait pris deux de mes enfants sans même consulter leur père. Sans même suggérer que si je parlais à mes parents, mari, amis, ou prêtre, je pourrais trouver un moyen de m’en sortir. Des vies auraient été perdues et cela aurait été comme si de rien n’était. Mes bébés auraient été jetés comme des déchets médicaux sans même un enterrement digne.
Ils disent que la première étape pour créer un génocide est de déshumaniser le groupe que l’on veut exterminer. Je dirais que nous avons, en tant que nation, accompli cela.
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