Denise Bombardier s'interroge sur le « consensus » autour du projet de loi 52 (euthanasie)
Sur le site du Journal de Montréal du 6 février2014 :
(Denise Bombardier, par Asclepias sur wikimedia.org, licence creative commons)
J’écoutais cette semaine la psychiatre Suzanne Lamarre commenter ces statistiques plus élevées qu’à peu près partout au Canada. Elle disait qu’au Québec, contrairement au reste du pays, le suicide semble une option parmi d’autres pour ceux dont la souffrance psychique est intolérable. (...)
l n’y a pas de lien de cause à effet avec ce qui précède. Mais que penser du fait que le seul projet de loi qui fasse quasi-consensus au Québec porte sur la fin de vie alors que tous les projets de loi sur la vie provoquent des débats houleux qui nous déchirent? Le poids d’une culture de la mort pèserait-il sur nous?
Pour ce qui est du consensus, il faut rappeler que la majorité des Québécois ignorent ce que signifie le terme ambigu d' « aide médicale à mourir dans la dignité ». Ce n'est pas évident que cela est le synonyme d'injection létale pour mourir au plus vite, en 5 minutes...
Il faut rappeler qu'aucun candidat à la députation ne serait accepté au Parti Québécois s'il était militant du droit à la vie, de la conception à la mort naturelle. Et que toute personne affirmant son amour de l'enfant à naître se voit disqualifiée du cercle médiatique.
Nous sommes effectivement dans une culture de mort, mais cela pourrait rapidement changer si la censure de la culture de vie pouvait cesser...
Les vies brisées par le suicide. Des témoignages dans le journal Le Devoir
Sur le site du journal Le Devoir du 4 février 2014, ce témoignage de Caroline Moreno:
(Hiroshima : survivants d'une bombe extérieure. Le suicide est une bombe intérieure pour les proches de la personne suicidée)
(Photo : xiquinhosilva sur flickr.com, licence creative commons)
(...)Si la personne qui s’enlève la vie cherche à mettre un terme à ses souffrances, celles qu’elle provoque autour d’elle sont incommensurables.
(...)
Pour ma part, le décès de mon frère a longtemps fait de mes jours des nuits sans fin. Cette épreuve ne m’a pas rendue plus forte ; elle m’a brisée. Il m’a fallu des années pour me réconcilier avec le bonheur. (...)
Dans les commentaires des lecteurs, on trouve cet autre témoignage de Sylvain Perreault:
Le départ subit de mon fils a fait de moi un éternel convalescent. Parfois résistant ; parfois chancelant. Je suis un être fragile, condamner à me réparer. Qui a dû réapprendre à respirer, marcher, échanger, goûter, sourire, aider, aimer...
Car chaque suicide est un HIROSHIMA !
Tous deux lancent un appel à ce que le suicide demeure inacceptable et que nous trouvions des solutions à ce désir de mourir si répandu chez les Québécois. Un désir qui se manifeste par le suicide mais aussi par l'euthanasie qui est une problématique soeur du suicide.
Vous pouvez lire ces courts et touchants témoignage en allant sur le site du Devoir, en cliquant ici.
Il y a plus de 1000 suicides par année au Québec, trois par jour. C'est sur ce sujet qu'il devrait y avoir une réflexion du Québec entier...
28 000 tentatives de suicide par année au Québec
Sur le site du Journal de Montréal du 31 janvier 2014 :
(Photo : Born.to.be.mild sur flickr.com, licence creative commons)
«En 2011, au Québec, on dénombrait 852 suicides chez les hommes contre 253 chez les femmes, ainsi que 28 000 tentatives de suicide», a précisé en point de presse jeudi le directeur général de l'Association québécoise de prévention du suicide, Bruno Marchand, dans le cadre de la 24e Semaine nationale de prévention du suicide.
(...)
Le journal Le Devoir du 31 janvier 2014 précise :
(...)Les statistiques montrent que les hommes sont 3,4 fois plus à risque de se suicider que les femmes, les hommes de 35 à 49 ans étant les plus touchés. (...)
Cette année, la semaine de prévention axe son message autour du slogan « Tu es important pour nous ». « Il faut dire aux gens qu’ils ont une importance dans la communauté », explique M. Marchand. (...)
Rappelons que les personnes âgées sont parmi les victimes, qu'on va leur proposer l'euthanasie si la loi 52 est adoptée, qu'elles n'ont souvent pas les moyens de se payer un psychologue et que les psychiatres sont débordés...
Peut-on rêver d'une société qui, après avoir soulagé la personne par des soins palliatifs de qualité, prendra le temps de dire à cette même personne : « Tu es important pour nous ». On t'aimera jusqu'au bout.
Plutôt que de leur dire, « d'accord pour te tuer dans la « dignité »...»
Fait à noter, de 2008 à 2010, « le suicide représentait 2 % de l’ensemble de tous les décès au Québec. », ce qui est assez près du taux de morts par euthanasie dans les pays qui l'ont décriminalisé...
Lettre à une fille « qui ne s'est pas suicidée »
À lire sur le site de Urbania du 30 janvier 2014, ce texte de Rabii Rammal :
(Photo : Pulpolux !!! sur flickr.com, licence creative commons)
Avant tout, j’espère que ça va mieux. Aussi, je m’excuse de ne pas avoir répondu à ton message plus tôt. Comme j’étais occupé à faire des captures d’écran des best-of-idiots-qui-m’écrivent, ça m’a pris un délai avant de le voir.
La semaine dernière, c’est à eux que j’ai écrit. Et toi, après avoir lu, tu m’as envoyé un message. Un long message.
Tu m’as dit, entre autres, que récemment, la dépression avait eu le dessus.
(...)
Un texte qui transmet cette sympathie et cette solidarité envers toute personne, qu'elle soit malade, en fin de vie... Il n'y a qu'une réponse à donner, aimer jusqu'à lui redonner le goût de la vie...
Des spectateurs regardent passivement un homme tentant de se suicider, en Ontario
Un texte qui fait mal. Une personne voulant se suicider décide de le faire publiquement, l'annonce sur internet, et... trouve un maximum de voyeurs venus contempler le spectacle sur la toile. Sur le site du journal La Presse du 6 décembre 2013 :
(Photo par Djof sur flickr.com, licence creative commons)
Un jeune homme de 20 ans. Seul dans la chambre de sa résidence universitaire à Guelph, en Ontario. Il dit qu’il veut mourir. Mourir en direct sur le web en ce samedi soir de décembre.
Sur un site de clavardage, l’étudiant demande à des internautes de l’aider à diffuser son suicide en direct. Il les invite à venir assister à sa propre mort.
(...)
Cette histoire d’une infinie tristesse s’est déroulée samedi soir. Deux cents spectateurs, le maximum possible sur le site controversé qui diffusait la vidéo, étaient au rendez-vous. (...)
Heureusement, le jeune homme est sain et sauf. Mais les deux cents voyeurs eux, le sont-ils?
Allons-nous comprendre profondément un jour que les humains qui offraient des humains en sacrifice au dieu soleil, ou qui célébraient un veau en or, peuvent être nos contemporains?
Le suicide de plus en plus accepté dans un Québec sans valeurs... réflexion intéressante de la chroniqueuse Lise Ravary
Sur le site du Journal de Montréal du 23 octobre 2013 :
(Les barrières anti-suicide seront-elles démantelées?)
(photo : kagee sur wikimédia)
(...)
Près de la moitié des Québécois croient que le suicide est acceptable. Selon l’Association québécoise de prévention du suicide, la levée des tabous sur le suicide s’est progressivement accompagnée d’une certaine acceptation de se donner la mort pour mettre fin à une souffrance. Banaliser le suicide en lui retirant l’étiquette «c’est mal» aurait donc contribué à son augmentation.
Les plus âgés se rappelleront que la notion du bien et du mal était autrefois utilisée comme mesure universelle pour séparer l’acceptable de l’inacceptable. Aujourd’hui, c’est le consentement qui fait ce travail.
CAS TROUBLANTS
Je n’oublierai jamais une discussion d’équipe à Châtelaine sur la polygamie. Deux camps s’opposaient: les plus âgées, qui souhaitaient qu’on maintienne son interdiction, et les plus jeunes, qui ne comprenaient pas pourquoi la polygamie demeure illégale: «Si tout le monde est consentant, c’est quoi le problème?» Dire «c’est mal» m’avait valu quelques regards hallucinés. Comment un choix individuel peut-il être mal quand tous y consentent?
(...)
Au début d’octobre, la BBC a dévoilé l’existence d’une usine à bébés en Inde. La clinique du Dr Nayna Patel accueille des centaines de femmes indiennes démunies qui s’y installent pendant neuf mois, le temps de louer leur utérus à des Occidentales infertiles. Une Canadienne de 54 ans témoigne dans le documentaire: «Tout le monde sort gagnant.»
Pour la vieille croûtonne que je suis, la commercialisation à grande échelle du corps de femmes vulnérables, c’est mal. Surtout que le Dr Patel exige 28 000 $ aux Occidentaux, mais ne verse que 8000 $ aux Indiennes.
Et pourtant, à la radio, j’entendais des gens dire: «Si tout le monde est consentant, pourquoi pas?»
LA TYRANNIE DU MIEUX
Les droits de la personne reposent sur l’existence d’absolus moraux, eux-mêmes dictés par une acceptation commune de ce qui constitue le bien et le mal. Or, ce consensus résiste mal à la conception utilitaire et individualiste du bien qui prévaut.
Les philosophes de l’Antiquité opposaient le mal et la vertu. Le christianisme a imposé la notion de morale. Aujourd’hui, on préfère parler d’éthique, dans le sens d’agir pour le mieux.
J’ignore comment nous allons définir ce qui est «mieux» quand l’acceptation consensuelle de gestes autrefois répréhensibles est en passe de devenir l’unique mesure du bien et du mal.
Pour le mieux, oui, mais pour qui? Et jusqu’où?
La pente glissante de l'euthanasie en France. Témoignage encensé d'un suicide...
Un témoignage sur la fin de vie du collectionneur André Berheim, raconté par sa fille. Les recensions du livre laissent entrevoir une admiration pour ce qui n'est rien d'autre qu'un suicide... On peut en lire plusieurs, dont une parue dans le journal le Devoir du 9 février 2013. En voici une autre, sur le site de lexpress.fr du 6 février 2013. Ce sont des aveux que plusieurs combattants pour l'euthanasie sont en fait, plus précisément, des défenseurs du suicide :
"J'arrive !" Vite, un métro, un changement, la course vers l'hôpital. Pascale, la cadette, est déjà là. Ensemble, elles découvrent leur père, emmené en urgence par le Samu après un AVC, relié à un monceau d'appareils. Les faits se sont déroulés il y a quatre ans, mais nous vibrons au présent, auprès des soeurs Bernheim. C'est Emmanuèle, la romancière, qui a pris la plume pour elles deux. Afin de revivre l'incroyable fin de vie du grand collectionneur André Bernheim, 88 ans en ce mois d'octobre 2008. Une fin aussi épique que cet homme au caractère bien trempé, dont la dernière requête est sans appel : "Je veux que tu m'aides à en finir."(...) Comment lui résister ? Après enquête, la voilà en contact avec une association suisse d'aide aux personnes souhaitant mourir dans la dignité. Bientôt, une date est fixée : le 9 avril. Il faudra aller à Berne. Le père est ravi. Pour tenir le coup, Emmanuèle prend du Prozac, du Lexomil, du vin blanc aux repas, et de l'Advil au petit matin... Plus les événements sont pénibles, plus la romancière s'attache aux détails - un poireau dans un cabas, une porte qui fait dong, la purée beige, les magazines dans la salle d'attente -, désamorçant, comme par magie, la gravité du moment. L'histoire est effrayante, et l'on sourit le plus souvent. Elle doit tenir cela de son père, Emmanuèle, cette noblesse devant le malheur, cet humour à fleur de peau.L'état du patient s'améliore, sa détermination n'en est que renforcée. Finalement, le geste fatal aura lieu le 11 juin après des démêlés rocambolesques, qui transforment le récit en quasi-thriller et concluent brillamment ce magnifique témoignage.
Une lectrice décrit ainsi le roman, sur le site deslivresdeslivres.com du 27 août 2013 :
Dans un style sec et vif, ne manquant pas d’humour malgré la gravité du sujet, Emmanuèle Bernheim signe ici un document touchant sur un sujet tabou : l’euthanasie. Elle le fait avec beaucoup de pudeur, sans jamais tomber dans le pathos, et rend hommage à son père, l’homme de sa vie. André Bernheim a eu de nombreux soucis de santé mais lorsqu’il fait un AVC à l’âge de 88 ans, il pense qu’il est temps pour lui de tirer sa révérence. Figure du Tout-Paris de l’art contemporain, il est habitué à voyager et à mener une vie sans entraves, une vie libre. Il a beau se remettre peu à peu de son attaque, il sait qu’il ne pourra plus mener sa vie comme il l’entend, il sera diminué, un vieillard, ce dont il ne veut à aucun prix. Il demande à sa fille aînée, Nuèle, le droit à mourir dans la dignité. Sous le choc, elle accepte, pensant qu’il changera d’avis. Cette figure paternelle autoritaire ne s’en laisse pas compter et bien qu’il aille de mieux en mieux, André Bernheim est bien décidé à parvenir à ses fins mais pour cela, il a besoin de l’aide de ses filles, Emmanuèle et Pascale, pour se suicider en Suisse. En effet, n’étant pas atteint d’une maladie mortelle, il ne peut accéder aux services de soins palliatifs français et comme l’euthanasie est interdite en France, il est contraint d’aller jusqu’en Suisse, ce qui n’est pas simple et se révèle très coûteux. Aider son père à en finir, trouver une date pour sa mort, s’occuper de la logistique et imaginer sa vie sans lui, ses deux filles en sont au début incapables. Véritable figure centrale de la vie de ses filles, enfant gâté à qui elles ne savent rien refuser et que j’ai trouvé particulièrement tyrannique, il ne montrera aucune hésitation et sera plutôt pressé d’en finir avec cette vie dont il ne veut pas. Les deux soeurs, très unies tout au long de cette épreuve, vont finir par céder à sa demande, en prenant moult précautions afin de ne pas finir derrière les barreaux, ce qui donnera lieu à des situations pour le moins cocasses.
Les hommes de 85-89 ans ont le taux le plus élevé de suicide au Canada. La première cause : la solitude...
Vous pouvez écouter cette entrevue de Roger Paquette vice-président du club de l'âge d'or Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours à Hamilton. Sur le site de Radio-Canada du 31 juillet 2013 à l'émission y a pas deux matins pareils
La solution préconisée par cette personne? Avoir un «ange gardien» qui communique tous les jours avec ces personnes, car la famille ne le fait pas...
Des initiatives pour prévenir le suicide des personnes âgées en Abitibi
Sur le site de msn.com du 26 avril 2013:
(Brian Mishara, directeur du centre de recherche sur le suicide et l'euthanasie)
Des organismes de l'Abitibi-Témiscamingue lancent une série d'initiatives pour mieux prévenir le suicide chez les aînés
Une journée régionale sur le suicide et les aînés a été organisée jeudi à Lorrainville afin d'identifier des solutions pour mieux prévenir ce phénomène.La coordonnatrice régionale du plan d'action pour contrer la maltraitance, Martine Godard, est venue présenter à l'assistance des outils que peuvent utiliser les intervenants auprès des aînés : « Il y a 14 outils validés par la Chaire de recherche en maltraitance, ce sont des outils de dépistage et de repérage de personnes âgées en maltraitance. Je vous dirais que c'est surtout dans l'accompagnement. »(...)Même s'il est difficile d'avoir un portrait régional, les spécialistes affirment que la situation est similaire au portrait québécois. La tendance est à la baisse, avec environ 137 suicides par année. « Ça s'explique par le fait que les aînés, au Québec, sont les plus contents de leur vie en général, des soins de santé », affirme le directeur du Centre de recherche sur le suicide et l'euthanasie, Brian Mishara.La prévention demeure toutefois un enjeu primordial, ajoute-t-il. Selon lui, il faut mieux former les médecins pour détecter la détresse chez les aînés et vaincre la banalisation du phénomène.
Combattre le suicide, c'est combattre l'euthanasie.
Euthanasie et suicide : du pareil au même... D'excellents arguments
On nous a fait parvenir cette excellente argumentation sur l'euthanasie:
Le 18 mai, 2013 à midi sur les plaines d’Abraham à Québec