Le pape restreint la messe traditionnelle, soi-disant source de division, et déclare le Novus Ordo «unique expression» de la liturgie de l’Église
Pape François.
Par Michael Haynes — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Shutterstock
Cité du Vatican, 16 juillet 2021 (LifeSiteNews) — Le pape François a publié aujourd’hui un nouveau motu proprio qui restreint la célébration de la messe traditionnelle en latin et déclare que la liturgie de Paul VI, ou Novus Ordo, est « l’unique expression de la lex orandi du rite romain ».
Le document, intitulé « Traditionis Custodes », est rédigé « à la lumière de l’expérience » de l’enquête menée l’année dernière par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la Messe traditionnelle (également appelée « Messe en latin », « Forme extraordinaire du Rite romain », « Ancienne Messe »).
Article 1 — Le Novus Ordo est « l’unique expression » du rite romain
Dans ce document, le pape a apporté plusieurs changements radicaux aux permissions accordées à la célébration de la messe en latin. Mais tout d’abord, et c’est l’un des points les plus frappants, il déclare que « Les livres liturgiques promulgués par saint Paul VI et saint Jean Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont l’unique expression de la lex orandi du Rite romain. »
Alors que le document Summorum Pontificum (SP) de 2007 du Pape émérite Benoît XVI décrivait le Novus Ordo comme « l’expression ordinaire » de la lex orandi, et le rite de 1962 (Messe en latin) comme n’ayant « jamais été abrogé » en tant que « forme extraordinaire », François supprime ce langage et décrit le Novus Ordo comme l’« unique » et seule expression.
Article 2 — Les évêques détiennent le contrôle
Le pape François a stipulé que les évêques diocésains ont le rôle et le droit de « réglementer les célébrations liturgiques de leur diocèse », comme le prévoit le Code de droit canonique (c.375 et c.392). Cependant, le Souverain Pontife a ensuite déclaré que chaque évêque détient la « compétence exclusive » pour « autoriser l’utilisation du Missel Romain de 1962 dans son diocèse, selon les directives du Siège Apostolique ».
Bien qu’elle fasse initialement appel au droit canonique, la deuxième partie de la déclaration est une infraction aux permissions mises en lumière dans Summorum Pontificum, document par lequel Benoît XVI a établi que les messes sans fidèles, offertes par « tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou régulier », peuvent être célébrées soit selon le Novus Ordo, soit selon le rite traditionnel en latin, et peuvent donc être offertes sans demander la permission du Saint-Siège ou de l’évêque local.
Dans de telles circonstances, chaque prêtre avait donc le droit d’offrir la messe selon sa préférence quant aux livres liturgiques, sans avoir à demander la permission de son évêque. Toutefois, cette disposition a été supprimée.
Lire la suiteFrançois a déclenché une guerre : elle se terminera par le triomphe complet de la Tradition
Par Roberto de Mattei (LifeSiteNews) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Servus Tuus/Wikimedia Commons
20 juillet 2021 (Rorate Caeli) — L’intention du pape François dans son motu proprio Traditionis custodes du 16 juillet 2021, est de réprimer toute expression de fidélité à la liturgie traditionnelle, mais le résultat sera de déclencher une guerre qui se terminera inévitablement par le triomphe de la Tradition de l’Église.
Lorsque, le 3 avril 1969, Paul VI a promulgué le Novus Ordo Missæ (NOM), son idée fondamentale était que, dans quelques années, la Messe traditionnelle ne serait plus qu’un souvenir. La rencontre de l’Église avec le monde moderne, que Paul VI appelait de ses vœux au nom d’un « humanisme intégral », prévoyait la disparition de tous les héritages de l’Église « constantinienne ». Et l’ancien rite romain, que saint Pie V avait restauré en 1570, après la dévastation liturgique protestante, semblait destiné à disparaître.
Jamais une prédiction ne s’est montrée plus erronée. Aujourd’hui, les séminaires sont dépourvus de vocations et les paroisses se vident, parfois abandonnées par des prêtres qui annoncent leur mariage et retournent à la vie civique. Au contraire, les lieux où l’on célèbre la liturgie traditionnelle et où l’on prêche la foi et la morale de toujours sont bondés de fidèles et sont des incubateurs de vocations. La messe traditionnelle est célébrée régulièrement dans 90 pays sur tous les continents et le nombre de fidèles qui y participent augmente d’année en année, renforçant la Fraternité Saint-Pie X et les instituts Ecclesia Dei créés après 1988. Le coronavirus a contribué à cette croissance, car, suite à l’imposition de la communion dans la main, de nombreux fidèles dégoûtés par cette profanation ont quitté leurs paroisses pour aller recevoir la Sainte Eucharistie dans des lieux où elle continue à être administrée sur la langue.
Ce mouvement d’âmes est né en réaction à cette « absence de forme » de la nouvelle liturgie dont Martin Mosebach a bien parlé dans son essai Heresy of Formlessness [L’hérésie de l’absence de forme]. Si des auteurs progressistes comme Andrea Riccardi, de la Communauté de Sant'Egidio, se plaignent de la disparition sociale de l’Église (L’Église brûle. Crise et avenir du christianisme, Tempi nuovi, 2021), l’une des causes en est précisément l’incapacité de la nouvelle liturgie à attirer et à exprimer le sens du sacré et de la transcendance. Ce n’est que dans l’absolue transcendance divine que s’exprime l’extrême proximité de Dieu avec l’homme, observe le cardinal Ratzinger dans le livre qu’avant son élection au pontificat il a consacré à l’Introduction à l’esprit de la liturgie (San Paolo, Milan 2001). Préfet de la Congrégation pour la Foi, il avait toujours placé la liturgie au centre de ses intérêts; devenu le Pape Benoît XVI, il a promulgué le 7 juillet 2007 le motu proprio Summorum Pontificum avec lequel il a restitué le plein droit de cité à l’ancien Rite Romain (malheureusement défini comme la « forme extraordinaire »), qui n’avait jamais été abrogé juridiquement mais qui était interdit de facto depuis quarante ans.
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