Une Action de grâce pour quoi, et pour qui ?
L'Angélus de Millet.
Nous savons tous que nous célébrons aujourd’hui la fête de l’Action de grâce, mais de quoi sommes-nous reconnaissants au juste, et envers qui ?
Loin d’être anodine, cette question est fondamentale.
Il semble qu’il y ait deux façons de répondre à cette question. La première est le nihilisme. Elle consiste à dire qu’en réalité, il n’y a personne à remercier et qu’il n’y a donc aucune raison d’être reconnaissant. Notre monde a commencé par une explosion absurde dont les fragments, d’une manière ou d’une autre, se sont coalisés pour donner les fleurs, les oiseaux, les arbres, les bâtiments et les personnes que nous voyons autour de nous aujourd’hui. Il pourrait sembler y avoir de belles choses pour lesquelles nous pourrions être « reconnaissants », mais en réalité elles ne sont rien d’autre que le produit d’un hasard aveugle et d’une sorte de chaos qui est d’autant plus cruel qu’il semble, pendant un certain temps, manifester une certaine forme de belle harmonie et d’ordre. Mais cet ordre est une illusion, dit le nihiliste, car il est sous-tendu par un sombre désordre et le néant.
Loin d’être reconnaissants, les partisans du nihilisme (s’ils sont honnêtes avec eux-mêmes — ce qu’ils ne sont guère, car pourquoi le seraient-ils ?) vivent dans un état perpétuel de ressentiment et de colère. Leur mode d’être fondamental est la vengeance. Comme le fils abandonné par son père, toujours rancunier et en colère d’avoir à fixer de son regard le trou vide dans son cœur où devrait se trouver l’amour pour son père, le nihiliste passe sa vie à piller le monde de ses richesses et à le dépouiller de sa beauté. Tout ce qu’il fait est une feinte ou un prétexte pour sa « volonté de puissance », son désir de contrôler le monde en l’engloutissant, d’être le dieu qu’il croit inexistant. Mais une société guidée par le nihilisme ne sera pas l’empire totalitaire nazi que certains pourraient croire qu'il serait, parce que, encore une fois, il n’y a aucune raison pour que le nihiliste soit constamment dévoué à son nihilisme. Une société nihiliste est donc beaucoup plus proche de ce vers quoi nous nous dirigeons aujourd’hui : une société peuplée de personnes sans intégrité dont le mal banal (adultère, sodomie, etc.) et les meurtres sordides (avortement, euthanasie) sont imposés comme « la nouvelle normalité ». En d’autres termes, une société tiède, comme un cadavre.
Ensuite, il y a ceux que les nihilistes détestent : les croyants.
Les croyants savent que le chaos pur ne se transforme pas en fleur ou en cheval, et encore moins en bébé ou en femme en robe de mariée, quel que soit le nombre d’années qui s’écoulent entre l’explosion et le mariage. Les croyants savent que l’ordre, et non le chaos, est la caractéristique fondamentale de la réalité. Ils savent également que l’ordre a un auteur, Dieu, qui a créé ce monde ex nihilo — à partir de rien — et qui est donc tout-puissant, qui sait tout et, puisqu’il est l’auteur de toute beauté (et qui peut regarder le visage d’un bébé et dire que la beauté n’existe pas !), est la Beauté elle-même. Contrairement au nihiliste, le croyant vit dans un état de gratitude. S’il en tombe par accident, après avoir succombé à une tentation dans un moment de faiblesse, il a à la fois une raison de se relever et les moyens de le faire : un sauveur qui s’appelle Jésus-Christ. Une société construite par des croyants est une société rythmée par des jours saints où l’on prend le temps de remercier l’Auteur de la vie. Toute la vie dans une telle société aura le modèle d’une vie d’Action de grâce, une vie joyeuse de gratitude pour les dons reçus et l’aide accordée lorsque la tentation ou la tragédie frappe. Des crimes se produiront, mais ils seront l’exception et non la règle. Ils seront combattus. L’avortement, l’euthanasie, la sodomie, la mutilation sexuelle des enfants, l’endoctrinement des enfants, tout cela sera combattu et finalement interdit, car ce sont des réponses totalement indignes à la générosité somptueuse de notre Dieu.
Alors, quelle voie emprunter, homme moderne ? Vers le nihilisme banal ou vers la gratitude joyeuse ?
À Campagne Québec-Vie, nous avons choisi la voie de la joie. Nous refusons la voie du ressentiment, du désespoir et de la vengeance, car en tant que croyants, nous savons qu’une vie vécue de cette façon est une réponse inadéquate à la générosité de Dieu. Nous combattons joyeusement les maux de notre époque, comme l’avortement, l’euthanasie et l’idéologie LGBT, parce que la vie est un grand don et que seule une vie bien vécue, en combattant le mal et en faisant le bien, et vivifiée par la foi en Jésus-Christ, est un remerciement juste envers Dieu.
Au nom de toute l’équipe de Campagne Québec-Vie, nous vous souhaitons non seulement une bonne journée d’Action de grâce, mais une vie entière passée dans l’Action de grâce sous le regard aimant de Dieu.
Nous sommes entrés dans la deuxième semaine de notre campagne de financement de l’automne 2023. Nous ne pouvons faire notre travail qu’avec votre fidèle soutien ! Merci de nous soutenir en nous envoyant un don.
Notre objectif est de 12 000 $. À ce jour, nous avons amassé 3500 $. Il nous reste donc 8500 $ à recueillir. J’espère que vous pourrez nous aider à atteindre cet objectif d’ici la fin de notre campagne.
Pour la Vie,
Georges Buscemi
P.S. : Merci de donner dès aujourd’hui, si vous le pouvez. Nous avons grandement besoin de votre soutien pour continuer à travailler au Québec pour la foi, la famille et la vie, de la conception à la mort naturelle.
Euthanasie et nihilisme
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo (modifiée) : freepik
Matthieu Bock-Côté a écrit ce matin un article fort intéressant, dans lequel il dénonce la dérive de l’euthanasie (qui est en elle-même un problème) au Canada.
Il écrit, dans Le Journal de Montréal, qu’au moment où l’on allait adopter la loi sur le suicide assisté (que j’appellerais plutôt pour ma part suicide secondé), il avait été présenté comme encadré de solides balises et uniquement réservé aux malades incurables, en fin de vie et souffrant atrocement. Ce qui fait dire à Bock-Côté :
Il s’agissait, en d’autres mots, d’une mesure se présentant comme un geste nécessaire d’empathie lorsque la vie devient tout simplement insupportable. Notre société reconnaissait peut-être un droit nouveau, mais elle en savait la gravité et le voulait exceptionnel. Il ne fallait aucunement évoluer vers le modèle de l’euthanasie libre-service.
Je ne pense pas que la société qui a légalisé l’euthanasie sût bien la gravité de la légalisation d’un tel geste. Il va sans dire, devrais-je ajouter, que l’euthanasie en son état actuel n’est pas anodine, tuer une personne innocente en raison de ses souffrances, ce qui constitue déjà un abus, mènera forcément à d’autres abus du même type, car si la vie innocente n’est pas inviolable, qu’est-ce qui empêche de la tuer pour d’autres raisons ? Combien même cela serait-il le choix d’une personne de mourir qu’une telle décision ne peux être vue comme bonne, car demandant l’autodestruction de soi, ce qui est une forme de haine de soi, et que détruire un être innocent n’est jamais bon.
Bock-Côté souligne que les réserves dont on entourait le suicide assisté sont vite tombées, une fois celui-ci mis en loi, rien n’a paru plus pressant à ses promoteurs que d’ôter les limites dont ils avaient d’abord encadré la pratique. Ce qui, dit-il, était facile à prévoir. Une fois ce droit reconnu (prétendu droit), il fallait le rendre de plus en plus accessible sans barrière ni obstacle, rapidement décrétés injustes, pour l’entraver. Toute la prudence (déjà téméraire) des premiers jours de cette loi a été bientôt abandonnée.
L’homme, seul maître de lui-même :
L’homme de notre temps se veut absolument maître de lui-même. Il pousse jusqu’à son point extrême le principe d’autodétermination. Et à défaut de décider lui-même de sa naissance (même s’il rêve de façonner toutes les dimensions de son existence, et parmi celles-là, son identité sexuelle), il veut décider de sa propre mort et du moment où il quittera ce monde, selon son désir et à ses conditions. Qui sont les autres pour en décider à sa place ? Mourir doit devenir un acte volontaire, et le système de santé, dans la mesure du possible, doit aider l’individu à réaliser ses volontés.
Évidemment, me permettrais-je de commenter, quand on place la liberté d’action (qui réside dans l’agir, à ne pas confondre avec le libre arbitre qui réside dans l’être) au-dessus du bien, alors que la première devrait être subordonnée au second, toutes sortes de folies se répandent dans la société.
Bock-Côté se demande jusqu’où nous étendrons ce droit, dénonçant la révolution philosophique qui a eu lieu, car c’est moins le suicide assisté qui révolte maintenant les gens que l’idée qu’on puisse le réglementer. Ne faut-il pas l’ouvrir à la démocratie et varier les raisons de son application, motifs qui semblaient inconcevables tout récemment ?
C’est, indique Bock-Côté, ce que suggère Luc Fernandez quand il s’interroge sur la possibilité de recevoir le suicide assisté pour raisons environnementales, sociales ou économiques, afin de ne pas constituer un fardeau pour nos proches et la société. Aussi, fait remarquer Bock-Côté, ne suffira-t-il pas qu’un individu ait perdu le goût de vivre pour demander à l’État de l’exécuter ? Suffira-t-il de se présenter un jour à une clinique et de remplir un formulaire, si seulement on exigera la raison du suicide, comme : pour ne pas nuire plus longtemps à l’environnement ?
Le règne du nihilisme :
Je me demande comment ne pas voir dans cette simple possibilité le basculement de notre société dans un univers démentiel. Comment ne pas y voir le triomphe d’un nihilisme ayant en plus le culot de se présenter comme l’ultime accomplissement de la démocratie et de l’humanisme ?
Dans un avenir plus ou moins lointain où l'on euthanasiera sur demande, si seulement on vous demande votre avis, j’espère pour ma part avoir assez de dignité pour ne pas céder à la souffrance et ne pas demander l’euthanasie, encore que je compte plutôt sur la grâce de Dieu, quand ma tête sera couronnée de blanc.
Une étudiante tombe dans le réchauffisme nihilisme : « Je ne voudrai jamais enfanter »
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Dragana Gordic/freepik
Participant au prix René-Lévesque de la presse étudiante, organisé par Le Devoir et la Fondation René-Lévesque, Alexandra Hénault, étudiante du Cégep, a écrit un texte qui lui a valu d’être la lauréate dudit prix pour le niveau collégiale, texte qui a été publié dans Le Devoir. Hélas ! Si c’était là le meilleur texte envoyé par un étudiant du Cégep au jury du concours, je me demande combien d’autres navets ont été rejetés…
Ne soyons pas injuste, s’il manque d’appui à certains arguments, si quelques sophismes parsèment les paragraphes, s'il ne s’y rencontrait des illogismes, si enfin on ne rencontrait pas un rejet désespéré de la vie, proprement nihiliste, le seul style, à coup sûr, aurait valu la peine que l’on considérât l’éditorial, s’il ne se fût agit que de style. Il se trouve malgré tout parmi les lignes quelques mots justes.
La théorie du changement climatique
L’étudiante tient pour acquise cette théorie du changement climatique. Théorie qui manque de preuves et changement climatique, qui, s’il était réel, ne serait pas forcément liée à l’action anthropique. Tout le texte de l’estudiantine est basé sur l’idée que les hommes sont la cause des catastrophes qui lui enlèvent tout espoir pour enfanter un jour. Elle a pris la décision de ne jamais avoir d’enfant, car « La société se déprave, causant un avenir écologiquement invivable », rapporte Le Devoir. Je ne sais si par « société se déprave » elle entendrait en partie que la société pollue de plus en plus, mais une telle idée me paraîtrait étrange…
Individualisme
L’individualisme du monde actuel est tel pour la jeune femme que créer une « nouvelle vie » (procréer, plutôt : on ne peut créer une nouvelle vie sans Dieu) n’est pas un cadeau pour la société, tandis qu’elle se demande si, pour remplir son devoir social, il ne vaudrait peut-être pas « mieux de s’occuper des individus vivants ». Pourtant voilà où le bât blesse, la lauréate ne semble pas s’apercevoir que pour s’occuper des individus vivants, il faut au moins que les générations se renouvellent, sinon c’est toujours de plus en plus bas dans la dénatalité, un des vrais problèmes de nos sociétés, que nous tomberons. Moins il y aura de monde pour prendre soin des personnes âgées ou malades, ou pour soutenir le système de santé, moins on pourra espérer prendre soin des vivants. Sans compter que pour que se perpétue la lignée des vivants, il faut que nous continuions les générations, « créant une nouvelle vie » l’une après l’autre. Plus loin, elle va jusqu’à en appeler à la diminution de la population, solution propre à provoquer les problèmes susmentionnés.
La jeune femme se demande comment il est possible que des drames comme celui d’une fillette de sept ans morte d’un traitement barbare soient possibles dans un Québec supposé sécuritaire (par qui ?) Je rajouterais à sa place, « comment expliquer l’horreur de l’avortement ? » Je ne vois pas la portée de cet argument, s’il existe des vies malheureuses, il existe aussi du moins des vies, sinon heureuses, du moins normales. Mais la question à sa pertinence, à considérer pourtant à la lumière des causes qui produisent de tels drames, l’individualisme n’en est pas la seule, et ne pas avoir d’enfant n’en est pas la solution, cela risquerait plutôt d’augmenter cet individualisme. Car la famille est la base de la société et la société normalement l'extension de la famille.
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