Euthanasie et nihilisme
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo (modifiée) : freepik
Matthieu Bock-Côté a écrit ce matin un article fort intéressant, dans lequel il dénonce la dérive de l’euthanasie (qui est en elle-même un problème) au Canada.
Il écrit, dans Le Journal de Montréal, qu’au moment où l’on allait adopter la loi sur le suicide assisté (que j’appellerais plutôt pour ma part suicide secondé), il avait été présenté comme encadré de solides balises et uniquement réservé aux malades incurables, en fin de vie et souffrant atrocement. Ce qui fait dire à Bock-Côté :
Il s’agissait, en d’autres mots, d’une mesure se présentant comme un geste nécessaire d’empathie lorsque la vie devient tout simplement insupportable. Notre société reconnaissait peut-être un droit nouveau, mais elle en savait la gravité et le voulait exceptionnel. Il ne fallait aucunement évoluer vers le modèle de l’euthanasie libre-service.
Je ne pense pas que la société qui a légalisé l’euthanasie sût bien la gravité de la légalisation d’un tel geste. Il va sans dire, devrais-je ajouter, que l’euthanasie en son état actuel n’est pas anodine, tuer une personne innocente en raison de ses souffrances, ce qui constitue déjà un abus, mènera forcément à d’autres abus du même type, car si la vie innocente n’est pas inviolable, qu’est-ce qui empêche de la tuer pour d’autres raisons ? Combien même cela serait-il le choix d’une personne de mourir qu’une telle décision ne peux être vue comme bonne, car demandant l’autodestruction de soi, ce qui est une forme de haine de soi, et que détruire un être innocent n’est jamais bon.
Bock-Côté souligne que les réserves dont on entourait le suicide assisté sont vite tombées, une fois celui-ci mis en loi, rien n’a paru plus pressant à ses promoteurs que d’ôter les limites dont ils avaient d’abord encadré la pratique. Ce qui, dit-il, était facile à prévoir. Une fois ce droit reconnu (prétendu droit), il fallait le rendre de plus en plus accessible sans barrière ni obstacle, rapidement décrétés injustes, pour l’entraver. Toute la prudence (déjà téméraire) des premiers jours de cette loi a été bientôt abandonnée.
L’homme, seul maître de lui-même :
L’homme de notre temps se veut absolument maître de lui-même. Il pousse jusqu’à son point extrême le principe d’autodétermination. Et à défaut de décider lui-même de sa naissance (même s’il rêve de façonner toutes les dimensions de son existence, et parmi celles-là, son identité sexuelle), il veut décider de sa propre mort et du moment où il quittera ce monde, selon son désir et à ses conditions. Qui sont les autres pour en décider à sa place ? Mourir doit devenir un acte volontaire, et le système de santé, dans la mesure du possible, doit aider l’individu à réaliser ses volontés.
Évidemment, me permettrais-je de commenter, quand on place la liberté d’action (qui réside dans l’agir, à ne pas confondre avec le libre arbitre qui réside dans l’être) au-dessus du bien, alors que la première devrait être subordonnée au second, toutes sortes de folies se répandent dans la société.
Bock-Côté se demande jusqu’où nous étendrons ce droit, dénonçant la révolution philosophique qui a eu lieu, car c’est moins le suicide assisté qui révolte maintenant les gens que l’idée qu’on puisse le réglementer. Ne faut-il pas l’ouvrir à la démocratie et varier les raisons de son application, motifs qui semblaient inconcevables tout récemment ?
C’est, indique Bock-Côté, ce que suggère Luc Fernandez quand il s’interroge sur la possibilité de recevoir le suicide assisté pour raisons environnementales, sociales ou économiques, afin de ne pas constituer un fardeau pour nos proches et la société. Aussi, fait remarquer Bock-Côté, ne suffira-t-il pas qu’un individu ait perdu le goût de vivre pour demander à l’État de l’exécuter ? Suffira-t-il de se présenter un jour à une clinique et de remplir un formulaire, si seulement on exigera la raison du suicide, comme : pour ne pas nuire plus longtemps à l’environnement ?
Le règne du nihilisme :
Je me demande comment ne pas voir dans cette simple possibilité le basculement de notre société dans un univers démentiel. Comment ne pas y voir le triomphe d’un nihilisme ayant en plus le culot de se présenter comme l’ultime accomplissement de la démocratie et de l’humanisme ?
Dans un avenir plus ou moins lointain où l'on euthanasiera sur demande, si seulement on vous demande votre avis, j’espère pour ma part avoir assez de dignité pour ne pas céder à la souffrance et ne pas demander l’euthanasie, encore que je compte plutôt sur la grâce de Dieu, quand ma tête sera couronnée de blanc.
Une étudiante tombe dans le réchauffisme nihilisme : « Je ne voudrai jamais enfanter »
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Dragana Gordic/freepik
Participant au prix René-Lévesque de la presse étudiante, organisé par Le Devoir et la Fondation René-Lévesque, Alexandra Hénault, étudiante du Cégep, a écrit un texte qui lui a valu d’être la lauréate dudit prix pour le niveau collégiale, texte qui a été publié dans Le Devoir. Hélas ! Si c’était là le meilleur texte envoyé par un étudiant du Cégep au jury du concours, je me demande combien d’autres navets ont été rejetés…
Ne soyons pas injuste, s’il manque d’appui à certains arguments, si quelques sophismes parsèment les paragraphes, s'il ne s’y rencontrait des illogismes, si enfin on ne rencontrait pas un rejet désespéré de la vie, proprement nihiliste, le seul style, à coup sûr, aurait valu la peine que l’on considérât l’éditorial, s’il ne se fût agit que de style. Il se trouve malgré tout parmi les lignes quelques mots justes.
La théorie du changement climatique
L’étudiante tient pour acquise cette théorie du changement climatique. Théorie qui manque de preuves et changement climatique, qui, s’il était réel, ne serait pas forcément liée à l’action anthropique. Tout le texte de l’estudiantine est basé sur l’idée que les hommes sont la cause des catastrophes qui lui enlèvent tout espoir pour enfanter un jour. Elle a pris la décision de ne jamais avoir d’enfant, car « La société se déprave, causant un avenir écologiquement invivable », rapporte Le Devoir. Je ne sais si par « société se déprave » elle entendrait en partie que la société pollue de plus en plus, mais une telle idée me paraîtrait étrange…
Individualisme
L’individualisme du monde actuel est tel pour la jeune femme que créer une « nouvelle vie » (procréer, plutôt : on ne peut créer une nouvelle vie sans Dieu) n’est pas un cadeau pour la société, tandis qu’elle se demande si, pour remplir son devoir social, il ne vaudrait peut-être pas « mieux de s’occuper des individus vivants ». Pourtant voilà où le bât blesse, la lauréate ne semble pas s’apercevoir que pour s’occuper des individus vivants, il faut au moins que les générations se renouvellent, sinon c’est toujours de plus en plus bas dans la dénatalité, un des vrais problèmes de nos sociétés, que nous tomberons. Moins il y aura de monde pour prendre soin des personnes âgées ou malades, ou pour soutenir le système de santé, moins on pourra espérer prendre soin des vivants. Sans compter que pour que se perpétue la lignée des vivants, il faut que nous continuions les générations, « créant une nouvelle vie » l’une après l’autre. Plus loin, elle va jusqu’à en appeler à la diminution de la population, solution propre à provoquer les problèmes susmentionnés.
La jeune femme se demande comment il est possible que des drames comme celui d’une fillette de sept ans morte d’un traitement barbare soient possibles dans un Québec supposé sécuritaire (par qui ?) Je rajouterais à sa place, « comment expliquer l’horreur de l’avortement ? » Je ne vois pas la portée de cet argument, s’il existe des vies malheureuses, il existe aussi du moins des vies, sinon heureuses, du moins normales. Mais la question à sa pertinence, à considérer pourtant à la lumière des causes qui produisent de tels drames, l’individualisme n’en est pas la seule, et ne pas avoir d’enfant n’en est pas la solution, cela risquerait plutôt d’augmenter cet individualisme. Car la famille est la base de la société et la société normalement l'extension de la famille.
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