La mission d’un peuple
Samuel de Champlain dans la Baie Georgienne (lac Huron).
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Courtoisie de la Toronto Public Library
À l’approche de la Saint-Jean-Baptiste, fête patronale des Canadiens français, il serait bon de lire ou de relire le sermon que Mgr Louis-Adolphe Paquet prononça, le 23 juin 1902, sur « La vocation de la race française en Amérique ».
Mgr Louis-Adolphe Paquet (1859-1942) enseignait à l’Université Laval. Il était surnommé « notre théologien national ». On le consultait fréquemment sur l’aspect religieux des grandes questions politiques de son temps. Après la Révolution tranquille, Mgr Paquet est devenu un symbole de la « grande noirceur » parce qu’il s’était opposé au suffrage féminin, à l’école obligatoire et à l’industrialisation du Québec. Mais si l’on dépassait le stade de l’invective anachronique pour étudier son argumentation, on découvrirait autre chose. Mgr Paquet défendait la dignité de la femme, l’instruction du peuple et le progrès économique, mais dans une vision catholique plutôt que libérale. Son nationalisme était ardent, mais subordonné à l’humanisme chrétien.
Selon Mgr Paquet, les nations ont, à l’instar des individus, une vocation spécifique. La mission providentielle de notre peuple est de propager la foi catholique et l’esprit français en Amérique du Nord :
« Nous ne sommes pas seulement, une race civilisée, nous sommes les pionniers de la civilisation ; nous ne sommes pas seulement un peuple religieux, nous sommes des messagers de l’idée religieuse […] Notre mission est moins de manier des capitaux que de remuer des idées ; elle consiste moins à allumer le feu des usines qu’à entretenir et à faire rayonner au loin le foyer lumineux de la religion et de la pensée. »
Lire la suite