L’Église et la survivance nationale
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Kennet Kjell Johannson Hultman/PublicDomainPictures
Le mémoire de la Ligue d’Action nationale sur la loi 21 affirme que :
« Le Québec a été pendant longtemps soumis à la domination du colonialisme britannique et de son alliée l’Église catholique. Rappelons que la laïcité fut au cœur du projet de libération nationale des Patriotes. La déclaration d’indépendance de 1838 prévoyait la dissolution des liens entre l’Église et l’État comme condition indispensable pour garantir la liberté de religion. Mais ce mouvement d’émancipation nationale fut bloqué par l’alliance du sabre et du goupillon qui nous a maintenus collectivement, par la force des armes, dans la dépendance politique et condamnés au sous-développement économique. »
Quelle désinformation historique ! En réalité, la survivance canadienne-française s’est toujours appuyée sur l’Église catholique.
Après la Conquête, la première victoire politique de nos ancêtres a été d’obtenir la nomination d’un évêque catholique à Québec, en 1766. Mgr Jean-Olivier Briand s’est ensuite opposé avec succès au gouverneur James Murray, qui réclamait le droit de nommer les curés pour mieux soumettre les Canadiens français aux autorités coloniales britanniques.
Mgr Briand a eu raison de condamner la Révolution américaine de 1776, car il était plus avantageux pour les Canadiens français de rester dans une colonie britannique, où ils formaient 96 % de la population, que de se joindre aux États-Unis, où ils n’auraient compté que pour 4 % de la population.
En 1790, Mgr Jean-François Hubert a fait échouer le projet d’université interconfessionnelle (catholique et protestante) du gouverneur Guy Carleton-Dorchester, qui visait à assimiler les élites sociales canadiennes-françaises.
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