Les catholiques français descendent dans la rue alors que le reconfinement interdit à nouveau les messes publiques
Manifestation devant la cathédrale de Versailles, le 8 novembre 2020.
Par Jeanne Smits — Traduit par Campagne Québec-Vie
Analyse
France, 9 novembre 2020 (LifeSiteNews) — Alors que les libertés publiques ont été une fois de plus supprimées en France par un second confinement censé « briser » une nouvelle vague de COVID-19, les messes publiques sont interdites depuis le 3 novembre et l’assistance aux messes de requiem et aux mariages sévèrement restreinte. Le recours d’urgence porté devant le plus haut tribunal administratif, le Conseil d’Etat, n’obtint pas de succès dans sa contestation du classement gouvernemental des cultes publics dans la catégorie « non essentiel ». Mais le dimanche, des manifestations devant les cathédrales de Nantes, de Versailles et de Lyon ont rassemblé des centaines de personnes. Dimanche prochain, d’autres villes comme Paris, Orléans, Bordeaux sur la côte atlantique, Rennes et Vannes en Bretagne, et probablement beaucoup d’autres seront également le théâtre de manifestations en plein air « pour la messe ».
Manifestation pour la messe devant la cathédrale de Nantes, le 8 novembre 2020.
Pour la première fois, cinq évêques et le représentant de la Conférence des évêques de France ont décidé de se joindre au recours juridique contre l’interdiction de la messe, avançant qu’aucun « groupe » de COVID-19 n’a été retracé jusqu’aux assemblées des églises. Il est intéressant de noter que le « Conseil scientifique » français officiel, qui est à l’origine de nombreuses mesures liberticides mises en œuvre en France, n’était pas favorable à l’interdiction du culte public.
Le nombre croissant d’hospitalisations attribuées au COVID-19 incita le président français Emmanuel Macron à annoncer un deuxième confinement qui a été mis en place le 29 octobre, afin, disait-il, d’éviter de « saturer » les lits de réanimation — dont le nombre d’environ 5 000 dans tout le pays n’a pas bougé depuis le premier confinement, qui s’est étendu du 17 mars au 11 mai, malgré des mois de répit en été pendant lesquels la contamination a progressé sans augmentation du nombre de personnes réellement malades. L’Allemagne voisine compte cinq fois plus de lits occupés et un nombre de décès beaucoup plus faible qu’en France.
Le nouveau confinement sera catastrophique pour les commerces locaux dans les centres-villes et devrait porter le coup de grâce à de nombreux restaurants, bars et entreprises liés au tourisme, théâtres et organisateurs d’événements spéciaux qui ont déjà tant perdu lors du premier confinement. Tous les supermarchés et les hypermarchés, les magasins d’alimentation, les commerces de vins, les bureaux de tabac et autres magasins dits « essentiels » pourront continuer à recevoir le public ; les écoles jusqu’au collège et au lycée sont ouvertes ; et les banques, les services publics et les transports continuent à fonctionner. Tout cela, parfois, avec des résultats déconcertants : certaines lignes de métro à Paris sont pleines à craquer, tandis que les travaux de construction et les entreprises qui ne reçoivent pas le public sont encouragées à continuer à fonctionner, mais en travaillant à distance chaque fois que cela est possible.
Lire la suiteFrance : analyse de l’ordonnance du Conseil d’État ordonnant la reprise des cultes publics
Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) ― Photo : AdobeStock
Le Conseil d’Etat français a ordonné au Premier ministre, Edouard Philippe — à la grande surprise des médias et même des évêques, semble-t-il — de modifier le décret interdisant les cultes publics dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire dans un délai de huit jours, dans une décision historique qui reconnaît les droits spécifiques attachés à la « liberté fondamentale » du culte public. D’ici à la semaine prochaine, les églises françaises devraient être autorisées à organiser des messes publiques et autres cérémonies religieuses, qui sont suspendues depuis la mi-mars en raison de la pandémie de COVID-19, au motif que leur interdiction n’est plus proportionnée à la guerre contre le coronavirus déclarée par Emmanuel Macron le 16 mars dernier.
La plus haute autorité administrative française a déclaré que le droit de se joindre à un rassemblement ou à une réunion dans les lieux de culte — et pas seulement celui de prier chez soi ou de prier individuellement dans un tel lieu de culte — « est une composante essentielle de la liberté de culte », et que la limitation de ces rassemblements constitue « une atteinte » grave et manifestement illégale » à cette liberté.
Cette décision est une gifle pour le gouvernement français, qui a montré le côté le plus sombre de son laïcisme en maintenant sine die des mesures strictes contre le culte religieux, et en particulier le culte catholique, malgré un déconfinement assez large qui a permis aux écoles primaires, aux commerces, aux boutiques et à la plupart des centres commerciaux ainsi qu’aux bibliothèques et aux petits musées de rouvrir depuis le 11 mai.
La décision est aussi une claque pour les évêques de France et leur « conférence » qui a fini — comme le montre de manière éclatante cette affaire — par phagocyter le pouvoir d’appréciation et de gouvernement de chaque évêque dans et pour son diocèse –, qui se sont délibérément abstenus d’attaquer le décret du 11 mai devant les tribunaux.
Au lieu de cela, le 1er mai, lorsque Edouard Philippe, détaillant les modalités de déconfinement, a annoncé sans ménagement qu’il n’y aurait « pas de messe avant le 2 juin », le président de la conférence épiscopale, Eric de Moulins-Beaufort, s’est contenté de faire une remarque : « On peut trouver cette décision exagérément prudente, mais il faut quand même l’appliquer. »
Eh bien, elle n’était pas « exagérément prudente » : elle était illégale et contraire aux droits des catholiques en France !
Lire la suiteUn évêque français dénonce l’« atteinte » au droit des catholiques de « participer librement à la messe »
Mgr Bernard Ginoux, évêque du diocèse de Montauban, en France.
Par Jeanne Smits ― Traduit par Campagne Québec-Vie
Il est à noter que le gouvernement est maintenant censé laisser aux Français une liberté de culte plus large, selon la décision du Conseil d’État, mais il est intéressant de voir les plus vigoureuses et les plus belles réactions des évêques de France qui ont précédé cet événement ; il faut dire aussi qu’aucun d’entre eux n’a participé aux recours qui ont été portés devant le Conseil d’État. ― A. H.
13 mai 2020 (LifeSiteNews) —Dans une lettre pastorale adressée à tous les fidèles de son diocèse, l’évêque Bernard Ginoux de Montauban a plaidé avec passion pour le droit des catholiques de pratiquer leur religion (lire la lettre complète ci-dessous).
L’évêque a clairement indiqué qu’aucune loi civile ne peut annuler le droit fondamental de la liberté religieuse*. Il a souligné que pour les catholiques, la messe est bien plus qu’un simple rassemblement communautaire, c’est le renouvellement du sacrifice du Christ sur la Croix.
Sa lettre, rédigée avec force, reçut une large attention dans les médias catholiques français.
Depuis le début de la crise du COVID-19 et de ses mesures « sanitaires » (que l’évêque Athanasius Schneider a qualifié de « dictature sanitaire »), Mgr Ginoux s’est montré particulièrement franc et courageux.
Dans l’un de ses derniers tweets, en réaction à un article paru dans Le Monde sur la possibilité d’une vaccination obligatoire accompagné d’une nanopuce, l’évêque Ginoux a déclaré : « Attention ! Danger ! La liberté de chacun est bafouée au nom d’un bien. Il faut dire non. »
Dimanche dernier, dans un autre tweet, il écrivait : « Messe. Encore un dimanche de souffrance (alors que nous sommes dans la joie de Pâques) pour tous ceux qui sont injustement privés de l’eucharistie. Je vous rejoins. »
Dans sa lettre pastorale, Mgr Ginoux a longuement commenté le maintien de l’interdiction du culte public, déclarant « Notre liberté est en jeu et il y est gravement porté atteinte ».
Il a ajouté : « je dénonce l’atteinte aux droits des fidèles catholiques de participer librement à la messe, je dénonce le rejet qui est fait de ce droit. La loi civile, dont il resterait à prouver l’obligation en la matière, ne peut s’imposer à ma conscience de pasteur quand elle m’empêche d’accomplir mon devoir. Je suis prêtre et évêque pour donner le Christ aux fidèles qui en ont besoin. C’est ma mission et je veux leur en faire part. L’Eglise Catholique a toujours rappelé le droit de la personne humaine à pratiquer sa religion. Empêcher d’exercer ce droit est une atteinte aux droits humains fondamentaux qui pourrait entraîner d’autres dérives ».
Mgr Ginoux insista également sur la nécessité spécifique des catholiques d’assister en personne à la messe, surtout maintenant que l’épidémie de coronavirus recule et à un moment où de nombreuses autres activités sont autorisées.
[… Voilà ci-dessous la version originale française de la lettre, qui provient du Salon Beige, la traduction anglaise est disponible sur LifeSiteNews :]
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