Lettre d'un citoyen du Saguenay sur la laïcité
Sur le site du journal le Quotidien du 24 août 2012:
(Maisonneuve tourné vers la basilique Notre-Dame)
La présence du crucifix à l'Assemblée nationale ou encore la récitation de la prière à l'hôtel de ville ont fait l'objet de débats au coeur même de la présente campagne électorale. Il m'apparaît de plus en plus clair que les attaques contre les valeurs de la nation québécoise viennent, non pas de l'extérieur du Québec, mais de l'intérieur. Autrement dit, ce sont des Québécois (qu'ils soient de souche ou d'origine étrangère) qui travaillent actuellement à couper notre nation de son histoire et de ses racines.
Au 18e siècle, les valeurs canadiennes-françaises étaient menacées par les Anglais, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. En effet, à partir de 1763, les Anglais tentèrent d'exclure les Canadiens-français des postes d'influence au moyen du serment du Test. Ainsi, on ne pouvait être employé de l'État, ni exercer aucune charge administrative ou même être membre d'un jury, sans professer ce serment par lequel on déclarait ne pas reconnaître l'autorité du pape, renonçait au dogme eucharistique de la transsubstantiation et désapprouvait l'invocation à la Vierge Marie. Comme nos ancêtres ont su se tenir debout, le serment fut retiré en 1774.(...)
En ce sens, il est stupéfiant de voir certains idéologues proposer une charte de la laïcité soi-disant pour le bien des Québécois. En effet, le projet d'une charte de la laïcité constituerait, pour aujourd'hui, l'équivalent de ce que fut jadis le serment du Test puisqu'un tel encadrement juridique empêcherait inévitablement certaines personnes à exercer leur profession dans la fonction publique à moins de renoncer à leurs convictions religieuses! De plus, cette charte pourrait devenir un outil malveillant servant à faire interdire la prière publique et à retirer le crucifix de nos institutions.
Bref, les Québécois qui tiennent à leur histoire et à leur identité doivent rester vigilants. La principale difficulté réside dans le fait que ceux qui attaquent les valeurs québécoises se cachent, plus souvent qu'autrement, derrière l'étiquette «Québécois». Pour qu'un parti ou un mouvement puisse vraiment être crédible dans la défense des valeurs québécoises, il ne suffit pas de porter le nom de «Québécois». Encore faut-il respecter les valeurs profondes liées à l'histoire et à l'identité du Québec. Or, la religion a toujours été, avec la langue, un élément essentiel de cette identité!
Jacques Tremblay
Saguenay
Maître Julius Grey et la charte de la laïcité...
Sur le site du Journal Métro, cet article de Hassan Serraji, du 23 août 2012:
(Julius Grey)
C’était prévu. L’immigration allait s’inviter avec fracas dans l’actuelle campagne, parce que le sujet paie en période électorale.
Il a suffi que le Parti québécois lance l’idée d’une charte sur la laïcité, qu’une candidate controversée soit porteuse du message et qu’un maire frileux s’en mêle, et, voilà, on l’a notre manne électoraliste.
Là, je me suis dit : y a-t-il vraiment péril en la demeure pour brandir le spectre d’une charte?
A-t-on assisté dernièrement à des mouvements de masse des minorités religieuses qui menacent la laïcité? Quelle est l’urgence? Il me semble que nous avons d’autres chats à fouetter.
Pour vérifier si j’étais dans le déni, j’en ai parlé avec des spécialistes autour de moi. Et pour en avoir le cœur net, j’ai eu une entrevue téléphonique avec Me Julius Grey, l’un des éminents spécialistes des questions de libertés individuelles.
D’emblée, il m’a lancé que «d’une part, c’est une perte de temps de se préoccuper des turbans, des kippas ou des foulards». Et que «d’autre part, la grande majorité des Québécois sont vraiment laïcs. De toute façon, la laïcité ne soulève pas de controverse.»
Alors, a-t-on un vide juridique qui laisserait planer un risque imminent au-dessus de la société québécoise? L’arsenal juridique dont dispose le Québec – notamment la Charte des droits et libertés – n’est-il pas suffisant pour gérer la diversité?
Pour Julius Grey, il est clair que «c’est quelque chose qui n’est pas nécessaire. Pour assurer une neutralité totale de l’État, certaines décisions seraient acceptables pour interdire aux juges et aux procureurs de la Couronne de porter des signes religieux ostentatoires. Ce sont des décisions qu’on peut prendre avec des règlements sans avoir besoin d’une charte.»
Mais alors, pourquoi élargir l’interdiction aux fonctionnaires et autres agents de l’État?
«C’est tout simplement une mauvaise idée. Il me semble qu’il serait néfaste d’empêcher des immigrants d’accéder à des emplois dans la fonction publique, constate le spécialiste. C’est une chose qui n’est pas nécessaire, qui est dangereuse, qui mènerait à un litige et qui ne nous donnerait rien.»Autrement dit, si la charte prévue par le PQ est adoptée, va-t-elle créer l’harmonie et éviter les quiproquos? Il paraît que non, car la charte "est sûrement attaquable".(...)
Arrêtons de mentir au peuple. Une femme musulmane ne cessera pas soudainement d’être musulmane si elle est obligée d’enlever son hijab pour exercer sa profession. C’est le cas pour un sikh sans kirpan ou un juif sans kippa! Alors, quelle sera la prochaine étape? Allons-nous leur interdire la libert é de conscience?
Au Québec, nous avons la chance de vivre dans une démocratie libérale où le gouvernement de la majorité s’engage à respecter les libertés et les droits fondamentaux de tous les citoyens.
Mais «ici, je pense qu’on a oublié la liberté», observe avec regret Julius Grey! (...)
À l'école de Sorel-Tracy, on censure une chanson d'Édith Piaf parce qu'elle parle de "Dieu"
Nos talibans québécois, adeptes de l'intégrisme laïque, ne tolère pas que le mot "Dieu" soit prononcé dans un spectacle d'écoliers. La Presse du 15 février raconte ce que nos "kamarades" ont imposés:
Un professeur de musique de l'école Saint-Gabriel-Lalemant a pris cette décision parce que le mot «Dieu» figure dans les paroles de la chanson L'Hymne à l'amour.
L'enseignant, qui préparait un spectacle de fin d'année, a ainsi supprimé la dernière phrase de la chanson, celle où les élèves auraient dû chanter «Dieu réunit ceux qui s'aiment».
Plusieurs parents ont critiqué cette modification à l'une des chansons les plus connues de la Francophonie.
Un porte parole de la commission scolaire de Sorel-Tracy a approuvé cette attitude, malgré la colère des parents. C'est une belle illustration de l'intolérance du laïcisme! Alors que les parents québécois sont très majoritairement croyants, il est interdit de parler de Dieu dans une chanson à l'école! Espérons que les tribunaux qui rendront une décision ce vendredi sur le droit à l'exemption du cours d'Éthique et Culture Religieuse seront plus respectueux des droits des parents.
Les réflexions du président français Sarkozy sur la laïcité
Le site du salon Beige publie ces réflexions destinées aux responsables des religions de France. Des réflexions que l'on aimerait entendre chez nos députés québécois!
Notre pays a besoin, plus que jamais, d'unité et de rassemblement. Je refuse toute vision intégriste de la laïcité (...) qui consisterait à exclure de la sphère publique toute référence culturelle ou intellectuelle à la religion.
Aucune société ne peut se contenter de vivre de consommation et de distraction sans courir le risque de la perte de sens.
Dites à la société ce que vous avez à lui dire, elle peut l’entendre (...) J’ai la conviction que ce que vous avez à dire de la vie, de l’amour, de l’argent, de la science ou de la mort intéresse tous ceux qui, croyants ou non-croyants, cherchent à donner du sens à leur vie et à leur action.
Comment imaginer qu'avec la profonde expérience des sentiments humains qui est la vôtre, ce que vous pensez de la famille ne puisse pas parler à la société tout entière.
La liberté d'expression n'exclut pas le respect de l'autre, de son intimité, de sa conscience. L'irrespect n'induit pas forcément le talent. Que l'on ne vienne pas invoquer Voltaire pour tout justifier."
Le discours complet, magnifique se trouve sur le site de l'Élysée.
Le dernier paragraphe sur la liberté d'expression s'explique par les tentatives en France d'"artistes" sans talent, désireux d'accéder à la notoriété par le scandale à caractère religieux.Au Québec, le scandale a remplacé le talent, d'où la pauvreté, le vide, le misérabilisme et la redondance de l'univers littéraire et théâtral québécois contemporain.
Le débat sur la laïcité

La Laïcité fermée (intolérante) de l'éditorialiste Mario Roy du journal La Presse

Contre le laïcisme intolérant: une superbe lettre dans la Presse
Au Québec, nous retrouvons une inégalité de traitement entre les différentes croyances. D'un côté, il y aurait les croyants en une laïcité fermée, seuls êtres objectifs pouvant définir les conditions de vie de tous et établissant leur foi personnelle dans la vie pratique de tous, et les croyants en une laïcité ouverte, devant vivre leur foi en privé seulement.
Le journal La Presse du 8 décembre 2011 publie une lettre magnifique illustrant cette situation injuste.
La politique sans Dieu
Lors du récent remaniement ministériel du 30 janvier 2002 à Québec, seuls deux ministres ont daigné prêter serment sur la Bible alors que seulement deux ministres fédéraux n'avaient pas prêté serment sur la Bible la semaine précédente. Le Québec se distingue encore une fois, mais pas dans le bon sens. Il faut dire que les premiers ministres donnent l'exemple: Bernard Landry pense gouverner sans l'aide de Dieu alors que Jean Chrétien a préféré lancer son gouvernement en sa présence tutélaire. Ce n'est qu'une autre manifestation de la décadence du Québec qui rejette le Dieu qui lui a donné la vie et qui l'a préservé dans les tribulations de son histoire. Le Canada anglais, sous l'influence bienfaisante des États-Unis et de son président croyant (« In God, we trust »), ne verse pas dans une telle impiété suicidaire.
Est-ce par cet athéisme pratique, sinon doctrinal, que le Québec se relèvera de son déficit démographique et résistera dans l'océan anglo-saxon nord-américain? Monsieur Landry a beau nommer un ministre responsable de la Politique de la natalité, l'ex-néodémocrate Rémy Trudel, il n'y aura pas une renaissance du Québec sans l'intervention du Dieu de la vie, le Dieu fidèle, Celui qui a présidé à la naissance de notre nation sur les bords du Saint-Laurent.
Aucun intellectuel canadien-français ne s'est scandalisé de ce reniement national. Il faut le bon sens du sociologue anglican Gary Caldwell pour dénoncer cette abomination: « Le fait notamment que les ministres ne prêtent plus serment sur la Bible relève à mon avis d'un anticléricalisme puéril et d'un néolibéralisme extrême. Une société qui rompt si brutalement avec ses références communes le fait à mon avis à ses risques et périls parce que toute civilisation a besoin de fondements communs sur lesquels établir ses règles du jeu ». Le prix de l'apostasie nationale est la mort nationale.