Le député François Bonnardel demande de l'aide pour les aidants naturels
Sur le site de La Voix de l'Est du 19 mars 2013:
(Le député François Bonnardel, de la Coalition Avenir Québec, de Granby)
(Granby) Pouvoir rester à la maison pour s'occuper de leur enfant handicapé non autonome à temps plein, même après l'âge de 21 ans, est le souhait de plusieurs aidants naturels. Dans bien des cas, le soutien financier octroyé à ces parents ne permet pas d'y arriver. C'est pourquoi le député de la Coalition Avenir Québec de Granby, François Bonnardel, a annoncé hier qu'il déposera le 15 mai à l'Assemblée nationale une pétition demandant au gouvernement Marois de réformer l'aide offerte à ces familles.
Les parents qui doivent s'occuper de leur enfant lourdement handicapé sont souvent à bout de souffle. Cette situation devient encore plus problématique lorsque ces adolescents atteignent l'âge de 21 ans. «Ces jeunes handicapés n'ont pas un parcours régulier à l'école, mais durant cette période, les parents ont au moins un peu de répit pendant un certain nombre d'heures par jour. Mais quand ils quittent le milieu scolaire, qu'est-ce qui arrive? La problématique devient souvent très complexe et la plupart des familles prennent 100 % de leur temps pour trouver de l'aide à gauche et à droite auprès d'autres aidants naturels. C'est un fardeau très lourd à porter», a fait valoir François Bonnardel lors d'un point de presse.
«Ce n'est pas juste une problématique qui touche les familles de Granby, mais bien celles de tout le Québec.
Témoignage d'espérance d'un jeune handicapé, dans le journal Le Nouvelliste
Sur le site du journalLe Nouvelliste du 22 janvier 2013:
(La rivière Batiscan)
(Montréal) C'était le 13 juin 2007. Il faisait beau et chaud. Entre un examen de fin d'année et le bal des finissants, Frédérik Cossette-Gélinas, 17 ans, a plongé avec entrain dans les eaux de la rivière Batiscan.
Lorsque l'adolescent a refait surface, le temps venait de s'arrêter et l'avenir allait se dessiner autrement.
Âgé de 22 ans, Frédérik se souvient avec exactitude de la violence avec laquelle sa tête a frappé le fond du cours d'eau, mais surtout de la décharge électrique qui a envahi tout son corps. Le diplômé du Séminaire de Trois-Rivières a subi une fracture de la vertèbre cervicale, le paralysant des pieds au torse. Frédérik est aujourd'hui tétraplégique. Il se déplace en fauteuil roulant.
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«Au début, j'étais dans ma bulle», se souvient-il avant de supposer qu'il ne réalisait pas encore la gravité de la situation, laissant à sa mère la responsabilité de s'inquiéter pour deux.Lorsqu'il y repense aujourd'hui, Frédérik se dit qu'il a eu le bon réflexe. Au cours des cinq dernières années, le jeune homme ne s'est pas enfoncé dans la déprime, pas plus qu'il en a voulu au monde entier. Dès les premiers instants, Frédérik a fait face à la situation avec calme, voire avec sérénité.
«Je ne me posais pas trop de questions. Je me disais: ''On verra...'' Ça ne changeait rien de m'en faire tout de suite avec ça», ajoute celui qui, dès les premières heures qui ont suivi le drame, recevait la visite de ses amis de Saint-Narcisse et du STR. Frédérik appréciait ce va-et-vient autour de lui. Sans le savoir, ses chums lui ont permis de garder la tête hors de l'eau. Leurs conversations d'ados l'empêchaient de trop réfléchir à ce que serait sa vie d'adulte handicapé.
Frédérik s'apprêtait à célébrer la fin de ses études secondaires quand il a plongé dans une section de la rivière qu'il croyait plus profonde. Forcé de laisser tomber son travail d'été dans une entreprise agricole de Saint-Narcisse et d'oublier sa rentrée en sciences de la nature au Cégep de Trois-Rivières, le jeune homme n'est pas resté inactif pour autant.Après son hospitalisation à Sacré-Coeur, il a fréquenté comme un élève assidu l'Institut de réadaptation Gingras-Lindsay et le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, à Montréal. Pendant un an et demi, toutes ses journées étaient consacrées à apprivoiser son corps engourdi et à «débloquer les bras», pour reprendre son image.
Contrairement à ses jambes qui demeurent immobiles, les membres supérieurs de Frédérik répondent en partie à ses commandements. «Mes mouvements s'arrêtent aux poignets», indique celui qui a dû réapprendre à s'habiller et à se déshabiller, quitte à prendre une heure à chaque fois. Manger avec des ustensiles, se brosser les dents, utiliser un cellulaire... Tous ces gestes n'ont rien de banal quand tes mains refusent d'obéir au doigt et à l'oeil.
Deux ans à peine après son tragique plongeon, Frédérik a franchi les portes du Cégep de Trois-Rivières, bien décidé à poursuivre ses études là où elles avaient été brutalement interrompues. L'étudiant a mené une vie normale de cégépien si on exclut ses déplacements en fauteuil roulant et le fait qu'entre un cours et une bière au centre-ville, il devait se rendre au Centre de réadaptation InterVal pour maintenir ses acquis et la forme.
Une fois son diplôme d'études collégiales en main, en décembre 2011, Frédérik a accepté de se prêter à une délicate intervention chirurgicale. À vrai dire, il est un des rares au Québec à avoir subi un transfert des tendons. «Je dois être le 5e ou le 6e», dit-il avant d'expliquer que le transfert tendineux a pour but de renforcer les bras en plus de leur procurer une plus grande motricité.
À pareille date l'an dernier, Frédérik s'engageait de nouveau pour plusieurs mois de réadaptation, plus motivé que jamais à poursuivre sa quête d'autonomie. Sa détermination lui donne raison et confond les sceptiques. À l'automne dernier, il entreprenait à l'ÉTS des études universitaires en génie mécanique.
Frédérik vit seul dans un petit studio de la rue de la Montagne. Il bénéficie quotidiennement d'une aide à domicile, notamment pour aller au lit. «Il n'en manque pas gros pour que j'y arrive tout seul, mais avec les études, le soir, je suis crevé. Je n'ai pas le temps de prendre une heure pour me déshabiller et me transférer dans le lit», avoue celui qui préfère mettre ses énergies ailleurs.
Cours, physio, sorties entre amis, visites à Trois-Rivières... Le quotidien de Frédérik est réglé au quart de tour. Il adore. Malgré son handicap, le jeune homme n'a jamais remis en question la poursuite de ses ambitions. Frédérik a accepté ce qui est arrivé et de vivre autrement.
«J'essaie d'avoir le rythme de vie que j'avais avant. Je ne veux pas changer trop de choses. Quand tu avances, tu ne vois pas le temps passer», rappelle-t-il tout simplement.
«Frédérik est épanoui et autonome. Il embrasse la vie. C'est mon héros!»
Il n'y a qu'une mère pour parler ainsi de son fils. Andrée Cossette est une femme pour qui tout est possible. Frédérik a de qui retenir. «Des barrières, on ne s'en met pas», affirme la vérificatrice générale de la Ville de Trois-Rivières.
Le 13 juin 2007, Mme Cossette était à l'emploi de la compagnie Abitibi-Consolitated, division Laurentide, lorsqu'elle a reçu l'appel d'un ami de Frédérik lui annonçant le terrible accident. Son monde à elle prenait aussi une autre direction. Paniquée puis inquiète, Andrée Cossette a cependant refusé de se laisser aller au découragement. Elle a imité son garçon qui, lui, s'est inspiré de sa mère. «On regarde en avant et on essaie de faire de notre mieux», souligne-t-elle.
Le courage de Frédérik est également directement proportionnel à l'esprit de corps de son frère Charles, 20 ans, un étudiant en économie à l'Université Laval. Il y a cinq ans, le frérot est devenu les bras et les jambes de Frédérik. Récemment encore, c'est Charles qui l'aidait à profiter de la plage de Punta Cana, en République Dominicaine.
L'été prochain, la mère et ses deux garçons aimeraient visiter la côte Ouest américaine pour le plaisir de s'imprégner de nouveaux paysages et de passer du temps ensemble. Pour Andrée Cossette, une urgence de vivre s'est imposée d'elle-même en juin 2007. À ses yeux, il n'y a pas de projets irréalisables. «Chaque petite bataille devient une victoire», répète-t-elle à qui veut bien l'entendre. Frédérik, le premier, a compris le message.
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