Avortement, sujet tabou en France !
Par Adèle Cottereau (Droit de Naître) ― Photo : philm1310/Pixabay
« En France, on ne parle pas de l’avortement. Voilà quarante-quatre ans qu’il est dépénalisé, ce qui n’empêche pas certaines consciences de se poser des questions. » Ainsi commence une tribune poignante de Valeurs Actuelles, brisant l’omerta sur ce sujet si douloureux.
Fut un temps où la question se posait plus facilement, continue la rédaction de l’hebdomadaire. « Peut-on le tuer ? », titrait Paris Match le 17 février 1973, sous la photo d’un fœtus. Depuis, ce que Simone Veil elle-même qualifiait de « drame » est devenu un « droit fondamental » qui ne se discute plus. Lorsque Cyril Hanouna tente de le faire, en octobre 2018, lors du débat télévisé Êtes-vous pour ou contre l’avortement ?, la secrétaire d’État, Marlène Schiappa, intervient en direct.
« Quand j’ai vu débarquer un militant anti-choix, j’ai immédiatement contacté Cyril Hanouna, se vente-t-elle. Il a lu mes SMS en direct. J’ai notamment rappelé que l’entrave à l’IVG est un délit. »
Expliquer son opposition à l’avortement est déjà une entrave. Le débat est interdit !
Le sujet avait ressurgi dans l’actualité un mois plus tôt, à la faveur d’un reportage d’une équipe de Quotidien qui s’inquiétait que l’IVG ne soit plus pratiquée dans un hôpital sarthois, en raison de la clause de conscience invoquée par les médecins […] Le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France, avait alors affirmé que c’est le cœur du débat que personne ne veut avoir : s’il existe cette clause spécifique à l’avortement, c’est parce qu’il n’est pas un acte chirurgical comme les autres. « Il n’y a pas de loi pour l’hystérectomie ! », insiste-t-il.
Les témoignages qui donnent raison au spécialiste sont légion. Et pourtant, sont-ils relayés par la presse ? Nous connaissons bien la réponse. Marine, par exemple, 21 ans, qui a avorté parce que « ce n’était pas possible à ce moment-là ». Depuis, elle s’étrangle en parlant d’une « souffrance atroce ». Chloé, qui « regrette de n’avoir pas écouté son cœur » le jour de son avortement, à 32 ans. Elle n’arrive plus à « retrouver une vie normale » malgré la présence de ses trois autres enfants. »
Ou encore Claire, 29 ans, qui témoigne de son vécu : « l’avortement arrête un cœur qui bat et en brise un autre ». Toutes se plaignent de ne trouver personne à qui parler de ce « vide » qui les fait pleurer la nuit. Sans doute parce que leur souffrance lève le voile sur la question de fond que personne ne veut plus assumer.
« La seule manière de nier le drame, c’est de dire qu’il n’y a pas de vie », résume Bertrand de Rochambeau. Se mentir serait donc la solution.
Voilà où en est arrivée notre société.
Défaite laïciste dans un petit village savoyard
Par Antoine Béllion (Avenir de la Culture)
Tout a commencé au cours de l’automne 2014, quand une statue de la Vierge Marie a été érigée sur une parcelle appartenant à une commune de 283 habitants, Saint-Pierre-d’Alvey.
Les tenants d'une laïcité stricte d’une part, et les villageois attachés aux traditions d’autre part se sont alors affrontés au long de ces dernières années.
Le Point raconte : « La statue se cache en forêt, à 30 minutes à pied du village de Saint-Pierre-d'Alvey, en Savoie. Et fait l'objet de vives tensions depuis son installation par la commune, à l'automne 2014. Au nom du principe de laïcité, six habitants avaient demandé au maire de retirer la statue en dehors du domaine public, et avaient affirmé être prêts à aller jusqu'au tribunal administratif de Grenoble si nécessaire. »
Et, de fait, celui-ci vient de se prononcer le 3 octobre dernier : la statue ne bougera pas. La Vierge, haute de 3,60 mètres, avait été fixée sur le Mont-Châtel, un promontoire rocheux, où existe déjà, depuis le XVIIIe siècle, une croix vers laquelle des « processions cheminent à la Pentecôte depuis l'église du village à travers un sentier dans les bois », écrivent les juges.
Ceux-ci ont considéré, précise l’hebdomadaire, que ces processions religieuses étaient anciennes et régulières, et qu'il fallait dès lors considérer ce terrain comme « affecté à l'exercice public du culte et ainsi comme formant une dépendance de l'église de la commune située environ à deux kilomètres à vol d'oiseau ».
C'est le prêtre du village, après des réunions avec la commune, qui avait donné son accord à l'implantation de cette Vierge, financée par des fonds privés.
Le tribunal a également stipulé qu’afin de préserver le lieu de culte, la parcelle est désormais interdite à la chasse.
C’est une belle victoire de la Vierge Marie à célébrer en ce mois [dernier] d’octobre, mois du Rosaire.
Comment notre monde a cessé d’être chrétien
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Adobe Stock
Lorsque les historiens tentent d’expliquer la déchristianisation des années 1960, ils s’en tiennent généralement à de vagues idées comme l’évolution des mœurs, les transformations socioéconomiques ou l’émergence des nouveaux moyens de communication. Ces banalités n’expliquent finalement rien.
Mais l’historien Guillaume Cuchet (Université de Paris) va plus loin. Dans son ouvrage, Comment notre monde a cessé d’être chrétien (2018), il accuse le Concile Vatican II d’être directement responsable de l’effondrement. Son étude porte sur la France, mais ses conclusions peuvent s’appliquer, à quelques variantes près, au Québec et à tous les autres pays catholiques.
Le catholicisme français, nous dit Cuchet, n’était pas moribond à la veille du Concile. Les enquêtes du statisticien de l’épiscopat, le chanoine Fernand Boulard, montraient qu’en 1960, 94 % des Français étaient baptisés, 80 % faisaient leur communion solennelle, 60 % payaient la dîme, 60 % s’abstenaient de viande le vendredi, 30 % faisaient leurs pâques et 25 % assistaient régulièrement à la messe dominicale. Lors du recensement de 1872, 98 % des Français s’étaient déclarés « catholiques romains ». En 1960, 97 % des Français pratiquaient encore leur religion, quoique de façon souvent irrégulière. L’anticléricalisme républicain avait échoué. Le catholicisme était même en remontée depuis 1945. Les évêques de France entrevoyaient l’avenir avec optimisme.
Le courant fut inversé avant la fin du Concile Vatican II (1962-1965). Le chanoine Boulard recevait des rapports alarmants de toutes les régions de France. Il constata que le taux de pratique avait chuté de 30 % dès 1965-1966. Les évêques lui ont alors curieusement ordonné de ne plus recenser les fidèles. Les historiens disposent de nombreux chiffres sur le comportement religieux des Français entre 1945 et 1965. Mais après cette date, ils n’ont plus que des données partielles. Les évêques ne voulaient probablement pas révéler au grand jour la faillite de la pastorale conciliaire.
Selon Cuchet, le décrochage n’a pas été causé directement par les textes du Concile, ni par la réforme liturgique, mais plutôt par la « crise de la prédication des fins dernières ». Du jour au lendemain, les prêtres ont cessé de parler de l’enfer, du péché et du caractère obligatoire de la pratique. Ils ont adhéré, plus ou moins consciemment, à la théorie du théologien suisse Hans Urs von Balthasar (1905-1988) : l’enfer existe, mais il est vide. Les simples fidèles se sont alors dit : « Avant, tout était péché. Maintenant, plus rien n’est péché. Ce n’est pas sérieux leur affaire. »
Cuchet souligne l’importance du « catholicisme sociologique » pour le peuple. L’épiscopat français, dit-il, a commis une grave erreur en supprimant la communion solennelle, que l’on faisait vers l’âge de 14 ans. Cette cérémonie était une sorte de rite de passage entre l’enfance et l’adolescence. Les beaux souvenirs de la communion solennelle rattachaient les Français à l’Église catholique durant toute leur vie, et ils contribuaient souvent à les ramener à la foi dans leur vieillesse.
Les modernistes méprisaient la religiosité populaire. Ils prétendaient vouloir « démocratiser » l’Église, mais ils prônaient, en réalité, un « christianisme épuré » digne d’une « élite spirituelle ». Dans une société laïque, disaient-ils, les catholiques seront moins nombreux, mais plus authentiques. Ils oubliaient que Jésus-Christ était venu sur terre pour sauver le grand nombre, et non pas pour louanger une secte de cathares (katharos = pur).
Pour former une majorité, le Peuple de Dieu a besoin d’un État chrétien.
Urs von Balthasar est mort subitement, deux jours avant de recevoir le chapeau cardinalice des mains de Jean-Paul II. Il avait fait dessiner ses futures armoiries. Une image vaut mille mots.
L’université de Bordeaux cède aux menaces violentes LGBT et annule un débat sur la GPA
Par Pierre-Alain Depauw (Medias-Presse.info)
La dictature LGBT vient encore de frapper. La philosophe Sylviane Agacinski, opposante à la GPA, est contrainte de renoncer à participer à un débat sur la « reproductibilité » de l’être humain prévu à Bordeaux. La rencontre débat a été annulée à la suite de « menaces violentes », a indiqué l’université de Bordeaux.
L’université de Bordeaux-Montaigne a confirmé que « des groupes ont décidé d’empêcher la tenue d’un échange légitime et évidemment contradictoire sur ces questions d’ordre éthique et juridique dans le contexte des débats actuels sur la PMA et la GPA ».
« Ne pouvant assurer pleinement la sécurité des biens et des personnes ni les conditions d’un débat vif mais respectueux face à des menaces violentes », l’université signale par voie de communiqué avoir « décidé d’annuler cette rencontre ».
Il s’agit donc bien de méthodes extrémistes menées par des groupes LGBT pour empêcher que puisse s’exprimer toute voix discordante.
Depuis le début du mois d’octobre, plusieurs organisations, dont Riposte Trans, Association des jeunes et étudiant-e-s LGBT de Bordeaux, Solidaires étudiant-e-s, ou encore le Collectif étudiant-e-s anti-patriarcat faisaient pression au sein de l’université pour empêcher la tenue de ce débat et la présence d’une conférencière dont elles qualifiaient les positions de « réactionnaires, transphobes et homophobes ». Le collectif avait invité les étudiants à se mobiliser contre cette venue, et affirmait mettre « tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu ».
La dictature arc-en-ciel est en marche…
Un demi-million de personnes marchent en France contre la loi permettant aux lesbiennes de procréer artificiellement
Par Jeanne Smits, correspondante de paris — traduit par Campagne Québec-Vie
8 octobre 2019 (LifeSiteNews) — Quelque 600 000 personnes, selon les organisateurs — mais seulement 74 500, selon l’agence « indépendante » « Occurrence », qui ne fait aucun mystère de sa proximité idéologique avec le gouvernement du président français Emmanuel Macron — ont marché dimanche à Paris contre la légalisation de la procréation artificielle pour femmes seules et les couples lesbiens.
Ceci est dernière édition de la « Manif pour tous », qui a vu le jour en 2012 avec les premières manifestations françaises contre le « mariage » homosexuel.
La police, qui devait avoir la tête ailleurs, n’a compté que 40 000 manifestants. La vérité, c’est que personne ne s’attendait à un niveau de participation aussi élevé à une protestation contre un changement aussi marginal des lois de bioéthique (par rapport à l’ensemble du corpus de la législation « progressiste » régissant l’avortement et la procréation en France). Vague par vague, les personnes ont défilé dans les rues étroites entourant les Jardins du Luxembourg et les boulevards qui convergent vers le point de rencontre fixé par la police près de la gare Montparnasse.
Personne ne s’attendait à une telle participation : ni la préfecture de police, ni, semble-t-il, les organisateurs eux-mêmes — une vingtaine d’associations réunies autour de la « Manif pour tous », toujours en activité. Le point de départ, Place Edmond-Rostand près des Jardins du Luxembourg, a vite été surpeuplé, dès le début de la marche à 13 heures. Les manifestants continuaient d’y affluer jusqu’à 15 heures, considérant à juste titre que le parcours relativement court leur permettrait de ne pas manquer l’essentiel. Il s’est avéré que les derniers manifestants n’ont quitté le point de départ qu’après 16 h 30.
Dans de nombreux endroits, la foule était telle qu’il était impossible de se déplacer. La préfecture a donc été contrainte d’ouvrir une voie secondaire pour accueillir un bon tiers des participants tandis que d’autres ont atteint l’objectif de la marche par leurs propres moyens. À côté des vieux drapeaux bleus et roses de la « Manif pour tous » apportés par des manifestants aguerris, une mer de nouvelles bannières vertes et rouges portant les mots « Liberté, égalité, paternité » ondulait dans l’air frais automnal.
C’était une promenade tranquille. Il y avait relativement peu de camions (un soulagement !) et à un moment donné les organisateurs ont demandé une minute de silence pour les victimes de la nouvelle folie reproductive : les pères qui seront réduits au rôle de « donneurs de sperme » pour les femmes seules et les couples lesbiens qui fabriqueront des enfants « orphelins » qui ne connaîtront jamais leur père.
Lire la suiteLettre à l’Archevêque de Paris au sujet des obsèques de Jacques Chirac, promoteur de l’avortement
Par Pierre Alain Depauw (Medias-Presse.info)
« Non ! CQV parle encore d’un évêque ! Qu’est-ce que CQV a donc à faire avec l’Église catholique ? Ce n’est pas de ses oignons ! » crois-je entendre déjà… Eh bien, pour commencer, puisque nous nous opposons à l’avortement et qu’il est question d’avortement, il est normal que nous portions à votre attention des faits qui concernent ce sujet. Ensuite, notre mission comprend aussi les points suivants :
- Promouvoir la reconnaissance, par les représentants de tous les corps sociaux, y compris ceux de l’État, de la nécessité du christianisme, en tant que seule religion intégralement vraie, pour une réalisation pleine et entière du bien commun ;
- Promouvoir la reconnaissance du fait que la foi chrétienne est raisonnable, et que la raison soutient la foi et la morale chrétiennes.
Comme nous défendons le christianisme contre les diverses déformations qui l’assaillent et que les funérailles catholiques d’un promoteur de l’avortement, non publiquement repenti, vont à l’encontre du Droit canon et causent scandale par une sorte d’approbation de ses gestes passés (donc de l’avortement), il faut bien que nous en parlions. Il arrive trop souvent que des évêques donnent les sacrements à des hommes politique indignes, ou qu'ils autorisent des cérémonies catholiques pour des hommes politiques indignes... — A. H.
Voici une lettre adressée par le Professeur Franck Bouscau à Mgr l’Archevêque de Paris pour lui reprocher d’avoir enterré Jacques Chirac, promoteur de la loi sur l’avortement, avec les honneurs de l’Eglise.
Franck BOUSCAU
Professeur Agrégé à la Faculté de Droit.
Avocat honoraire à la Cour de Paris — Spécialiste en Droit Public
Maître en Droit Canonique.
12, rue Coypel
75013 Paris
Tél : 06 88 50 85 64
Paris, le 1er octobre 2019.
Monseigneur Aupetit.
Archevêque de Paris.
Monseigneur.
Simple fidèle catholique, et un peu canoniste, je viens, comme cela est loisible à tout laïc, vous faire part de mon désaccord relatif au traitement qui a été réservé par l’Eglise au président Chirac lors de ses obsèques, lequel me paraît constituer un scandale.
Lire la suiteDépénalisation de l’avortement ou la négation de l’humanité de l’embryon
Par Tribonien (Medias-Presse.info)
Voici la première partie d’une étude à la fois juridique et philosophique de la question de l’avortement [En France].
Dépénalisation de l’avortement ou la négation de l’humanité de l’embryon
L’avortement a été légalisé en 1975 par la loi Veil 8 ans après la loi Neuwirth ayant légalisé la contraception.
Cette légalisation était affichée que comme n’étant que temporaire puisqu’elle ne faisait que suspendre pour une période de 5 ans les 4 premiers alinéas de l’article 317 du Code pénal.
Le premier de ces 4 alinéas disposait que « quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen aura procuré ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, sera puni d’un emprisonnement d’un an à 5 ans et d’une amende de 1 800 F à 100 000 F ».
Le second de ces alinéas aggravait la peine en cas de pratique habituelle.
Le troisième prévoyait la répression pénale de « la femme qui se sera procuré l’avortement à elle-même ou aura tenté de se le procurer, ou qui aura consenti à faire usage des moyens à elle indiqués ou administrés à cet effet ».
Le 4ème prévoyait, pour les professionnels de santé ayant « indiqué, favorisé ou pratiqué les moyens de procurer l’avortement », l’application des sanctions prévues aux premiers et deuxièmes alinéas, mais également, la suspension ou l’incapacité absolue de l’exercice de leur profession.
L’article 16 de la loi Veil disposait par ailleurs que « le rapport sur la situation démographique de la France, présenté chaque année au Parlement par le ministre chargé de la population, en application de la loi n° 67-1176 du 28 décembre 1967, comporterait des développements sur les aspects socio-démographiques de l’avortement ».
Le législateur avait donc souhaité qu’un bilan soit dressé annuellement sur les conséquences concrètes de la loi en termes sociaux et démographiques.
Mais, de provisoire, cette loi de dépénalisation est devenue définitive avec une loi du 30 novembre 1979 qui a mis fin à cette première phase dite d’expérimentation de 5 années.
Lire la suiteUn chrétien engagé : Arnaud de Lassus (1921-2017)
Arnaud de Lassus.
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D.
Yves de Lassus, qui dirige L’Action familiale et scolaire (France), prononcera une conférence lors du congrès de Campagne Québec-Vie, le 26 octobre prochain à Québec. Il prend ainsi la relève de son père, le baron Arnaud de Lassus, qui a été l’une des plus brillantes figures de la tradition catholique française au cours des dernières décennies.
Arnaud de Lassus incarnait toutes les vertus de la « Vieille France ». Issu d’une famille d’Action française, polytechnicien et officier de marine, il a d’abord milité dans la Cité catholique de Jean Ousset, l’auteur de Pour qu’Il règne (1950), un remarquable ouvrage de pensée sociale chrétienne. En 1980, Arnaud de Lassus a fondé L’Action familiale et scolaire (AFS), une branche spécialisée de la Cité catholique. Cette dernière n’a malheureusement pas survécu au Concile Vatican II, comme bien d’autres organisations conservatrices liées à l’Église, mais l’AFS a continué le combat en faveur de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, tout en restant indépendante du clergé. Les plaquettes de l’AFS, « Connaissance élémentaire de… », sont des classiques de la pensée contre-révolutionnaire. CQV les réédite maintenant pour le Canada.
Arnaud de Lassus fréquentait tous les milieux catholiques et nationalistes qui voulaient l’entendre, sans s’inféoder à aucune organisation particulière. C’était un traditionaliste, ouvertement hostile à Vatican II. Toutefois, il a condamné les sacres épiscopaux de Mgr Lefebvre, en 1988, parce qu’il estimait que ce geste diviserait trop les catholiques de tradition. Il pouvait sembler avoir raison à l’époque. Mais il a reconnu par la suite que les sacres ont finalement permis de sauver la messe de saint Pie V. Comme bien d’autres, Arnaud de Lassus ne s’attendait pas à ce que la crise de l’Église soit aussi longue.
J’ai entendu Arnaud de Lassus en conférence pour la première fois à l’automne 1990. Je fus alors impressionné par son analyse de la Guerre d’Irak, qui pointait à l’horizon. Il pouvait, dans une conférence de deux heures, faire le tour d’un sujet aussi complexe que la franc-maçonnerie, le libéralisme, le modernisme, le protestantisme ou l’islam. Il traquait inlassablement les erreurs doctrinales qui s’infiltrent trop souvent dans l’esprit des catholiques, même les mieux intentionnés. Il misait sur la formation intellectuelle plutôt que l’action politique. Dans un temps comme le nôtre, où l’intelligence est en péril de mort, pour reprendre l’expression de Marcel De Corte, c’est sans doute le besoin le plus prioritaire. Arnaud de Lassus aimait citer cette maxime de Joseph de Maistre : « On peut se relever de tout, sauf de l’abandon des principes. »
Arnaud de Lassus a été l’un de mes maîtres à penser. Bien qu’il ne soit pas tellement connu, il a été l’un des plus grands intellectuels catholiques de la fin du XXe siècle. Il était pourtant modeste. Il prononçait toujours ses conférences avec le même professionnalisme, que ce soit dans une salle bondée ou devant un maigre auditoire de quelques énergumènes, comme c’était souvent le cas. Il répondait avec patience et respect à toutes les questions, même lorsqu’elles venaient d’un auditeur qui n’était pas à la hauteur du conférencier. Il pourfendait les idées fausses, mais il ne parlait jamais contre personne. Il appliquait la règle de la charité chrétienne : combattre le péché en aimant le pécheur. De plus, il avait le sens de l’humour. Il ne se prenait pas au sérieux. À mon avis, la « sainteté », c’est un peu cela.
On peut écouter les conférences d’Arnaud de Lassus sur You Tube, dont l’une qui traite de la franc-maçonnerie au Québec :
Études biaisés à l’appui de «la PMA pour toutes»
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) ― Photo : rawpixel.com/Pexels
Les études présentées à l’Assemblée nationale française lors de l’examen du projet de loi de bioéthique ont toutes été menées dans un esprit partisan, dans le but de montrer que les enfants accueillis dans les « familles » formées par des paires de même sexe vont bien, et dans le but évident de changer la loi sur la PMA. Le jeudi 5 septembre, le Dr Pierre Lévy-Soussan, directeur du Centre de consultation médico-psychologique filiation de Paris et ancien membre du Conseil d’orientation de l’Agence de biomédecine, a mis en garde la Commission spéciale, chargée d’examiner le projet de loi, de ce constat qui a d’ailleurs été fait par plusieurs psychiatres réputés. Et pourtant, comme le rapporte Gènéthique : « Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait estimé "pertinent" de "s’appuyer sur des recherches fiables sur l’impact de cette situation". Or "aucune étude d’impact sur le projet n’a été conduite", s’est étonné le Dr Lévy-Soussan. »
Presque un an auparavant, déjà, en novembre 2018, le Dr Sarah Bydlowski, pédopsychiatre et chercheur associé au laboratoire de psychopathologie de l’université René-Descartes, avait expliqué au député Jean-Louis Touraine qui se référait aux « "travaux menés en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Belgique", qu’aucun de ces travaux, qu’elle connaissait "très bien", n’était fondé "sur des observations cliniques précises de l’enfant : tous sont fondés sur des autoquestionnaires". Il s’agit bien d’une simple liste de questions posées aux parents, dont les réponses sont ensuite analysées. Une méthode "insuffisante" selon les professionnels, pour un sujet "aussi complexe que la filiation et l’équilibre psychique de l’enfant", » rapporte Gènéthique.
En 2006, le Dr Loren Marks a révélé dans un ouvrage (Pediatrics, vol 118, n°5, novembre 2006) qu’il y avait une surincidence, chez les enfants se trouvant dans des familles homoparentales, de « troubles dépressifs, de toxicomanie, de troubles anxieux, de troubles de la conduite, d’idées suicidaires, voire de tentatives de suicide ».
Pour finir, « En 2012, Mark Regnerus, professeur de sociologie à l’université du Texas, a publié une étude dans Social Science Research, qui révèle que les résultats des études sur l’homoparentalité "sont tirés souvent d’échantillons de petites tailles, ne permettant pas de généraliser les résultats à la population des familles gays et lesbiennes dans son ensemble." Ayant réalisé sa propre étude, auprès de 2 998 adultes de 18 à 39 ans, celle-ci aboutissait, entre les familles homoparentales et les autres, à des "différences notables dans de nombreux résultats, dont beaucoup sont manifestement suboptimaux (comme les études, les états dépressifs, la situation professionnelle ou la consommation de marijuana"), » rapporte Génèthique.
L’effondrement de l’Église
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : PxHere
Nos Seigneurs les évêques devraient lire l’ouvrage de Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien : anatomie d’un effondrement (2018).
Lorsque l’on tente d’expliquer la chute rapide de la pratique religieuse, dans les années 1960, on s’en tient habituellement à d’insipides généralités : l’évolution des mentalités, les transformations socioéconomiques, l’influence des nouveaux moyens de communication, etc. On n’explique finalement rien, et on laisse faussement croire que la déchristianisation était un phénomène normal et irréversible.
L’historien Guillaume Cuchet (Université Paris-Est Créteil) va plus loin. Il précise d’abord la chronologie des événements. L’effondrement du catholicisme français ne date pas de 1968. Il ne résulte pas de « l’esprit de Mai 68 », comme l’ont dit les catholiques de droite, ni du « rejet de la pilule par Paul VI », comme l’ont prétendu les catholiques de gauche. Cuchet montre, chiffres à l’appui, que le décrochage s’est produit en 1965, avant même la fin du Concile Vatican II. À l’époque, dit-il, plusieurs observateurs proconciliaires l’avaient remarqué. Mais ils ont gardé le silence pour ne pas fournir de l’eau au moulin des traditionalistes. Certains grands universitaires, comme l’historien Jean Delumeau, allaient même jusqu’à soutenir que le christianisme était en pleine croissance, mais sous une forme différente, et finalement meilleure. L’autoaveuglement était alors de mise dans les milieux catholiques progressistes. Mais le recul du temps permet de porter aujourd’hui un regard plus objectif sur les causes de l’effondrement.
En 1960, l’Église catholique de France était en bonne santé. Il y avait 94 % des Français qui étaient baptisés, 80 % qui faisaient leur communion solennelle, 60 % qui payaient la dîme, 60 % qui s’abstenaient de viande le vendredi, 30 % qui faisaient leurs pâques et 25 % qui assistaient régulièrement à la messe dominicale (c’était 60 % au Québec). La jeune génération, née après 1930, était plus pratiquante que la génération précédente. Les pronostics alarmistes de l’ouvrage La France, pays de mission ? (1943) ne s’étaient pas réalisés. L’Action catholique était en train de convertir la société moderne. Les catholiques tenaient une belle place dans les milieux intellectuels. Les études statistiques du chanoine Fernand Boulard montraient que le déclin de la pratique religieuse, qui avait suivi la Loi de Séparation de 1905, était enrayé. Les évêques envisageaient l’avenir avec optimisme.
Le collapsus est survenu en 1965, à la faveur de la réforme liturgique. Les évêques le savaient, et c’est pourquoi ils ont ordonné à l’équipe de statisticiens du chanoine Boulard de ne plus mesurer le taux de pratique. Après cette date, les historiens ne disposent que de données partielles, mais elles tendent à montrer que la pratique religieuse a diminué de 40 % entre 1962 et 1969. Il y avait 51 % des Français qui se confessaient au moins une fois par année en 1952. Ils n’étaient plus que 29 % en 1974, et 14 % en 1983.
Selon Guillaume Cuchet, la nouvelle messe en langue vernaculaire n’est pas la cause directe de l’effondrement. C’est plutôt le changement de discours du clergé qui a déstabilisé les fidèles, ce qu’il appelle « la crise de la prédication des fins dernières ». Du jour au lendemain, les prêtres ont cessé de parler du péché, de l’enfer, du jugement personnel et même de l’obligation morale d’assister à la messe dominicale.
Les décrocheurs religieux du tournant de 1970 se disaient sans doute : « Avant, tout était péché. Maintenant, plus rien n’est péché. Ce n’est pas très sérieux leur affaire. »
La « Nouvelle Pentecôte » de 1965 a réussi à vider les églises avec plus d’efficacité que la Terreur de 1793.