Procréation médicalement assistée (PMA) : une gauche commencerait-elle à douter ?
Par pouruneécolelibre
Eugénie Bastié signale des évolutions intéressantes parmi les intellectuels et médias habituellement classés à gauche.
« La procréation n’est pas un droit, mais une fonction biologique. (…) L’exiger pour tous au nom de la “justice sociale” comme le revendique Marlène Schiappa est parfaitement absurde. » Cette phrase n’est pas extraite d’un tract de la Manif pour tous ou d’un discours de Laurent Wauquiez, mais d’un éditorial du journaliste Gérard Biard dans le Charlie Hebdo de la semaine dernière. L’hebdomadaire satirique a fait sensation en prenant fermement position contre l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA). En plus de cet éditorial et de dessins éloquents [et répugnants], on y trouvait une interview de Jacques Testard. L’inventeur du « bébé-éprouvette » mettait en garde contre l’eugénisme. La PMA, un marqueur de gauche destiné à faire avaler la pilule des réformes économiques ? Une opinion de moins en moins évidente.
« Débat sur la question : rien. Néant. Nada. Comme si être de gauche et soutenir la reproduction artificielle de l’humain allaient nécessairement de pair », s’étonnait Alexis Escudero dans son livre La reproduction artificielle de l’humain (Le monde à l’envers) paru en 2014. Dans cet essai, le membre du collectif technocritique grenoblois « Pièces et main d’œuvre » fustigeait le « chantage » à l’homophobie qui empêche la gauche de réfléchir sur le sujet de la PMA. Il s’érigeait contre la fabrication des humains en laboratoire, la soumission du couple à l’expertise médicale, la transformation de la procréation en marchandise et l’eugénisme qui en découle. Il dénonçait « cette gauche cyberlibérale [qui] travestit le combat pour la liberté individuelle en apologie de la liberté marchande ». Radicalement opposé à la technicisation de l’engendrement, il prônait la « PMA pour personne ».
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