Hans Küng est mort. Le théologien jadis condamné par Rome, et détracteur d’Humanæ Vitæ et d’Evangelium Vitæ, a reçu l’hommage de l’Académie pontificale pour la vie…
Hans Küng.
Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) — Photo : Croes Rob C./Anefo/Nationaal archief/Wikimedia Commons
Hans Küng a notamment critiqué l’encyclique Humanum Vitæ de Paul VI, qui interdit la contraception, et l’encyclique Evangelium Vitæ de Jean-Paul II, qui renouvelle solennellement la condamnation de l’avortement par l’Église. Feu Küng critiquait la première encyclique pour son manque de ce qu’il appelle « collégialité » (il faut rappeler qu’Humanum Vitæ avait été assez mal accueillie), et la seconde parce que, selon Le Monde : « Le pape veut abolir la liberté de conscience dans les questions les plus intimes et interdire même aux Parlements démocratiquement élus de légiférer dans ces domaines », a dit Hans Küng [...] traitant le pape de « dictateur spirituel ». Ses sorties contre les deux Papes montrent son modernisme, et son relativisme latent à la question de la contraception et de l’avortement. — A. H.
Hans Küng, l’un des théologiens les plus connus au monde et fondateur de la Global Ethic Foundation, est mort paisiblement mardi à son domicile de Tübingen à l’âge de 93 ans. Le Suisse, qui a enseigné à Tübingen de 1960 à 1996, a joué un rôle majeur dans la propagation des idées progressistes au sein de l’Église catholique. Et s’il a été condamné par Rome pour diffusion d’idées non conformes à la doctrine, il est aujourd’hui salué par Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence des évêques d’Allemagne.
Ses livres sont devenus des best-sellers, note la presse allemande. Au cours de ces 30 dernières années, Küng s’était particulièrement engagé dans le dialogue des religions du monde, notamment dans le « Global Ethic Project » créé à l’université de Tübingen en 2011 parce qu’il souhaitait que l’œuvre de sa vie soit poursuivie après sa mort, ainsi qu’il l’avait déclaré à l’époque.
Le projet repose sur la conviction que sans la paix entre les religions, il ne peut y avoir de paix entre les États : une idée promue par l’UNESCO depuis sa fondation et que l’on retrouve chez les promoteurs de la spiritualité globale comme Robert Muller, secrétaire de plusieurs Secrétaires généraux de l’ONU. Küng avait d’ailleurs voisiné avec Muller et le Dalaï-Lama au bureau de la « United Religions Initiative ». En 1990, Küng publiait notamment le livre Projekt Weltethos (« Projet d’éthique mondiale »), dans lequel, suivant la philosophie d’Emmanuel Kant, il explorait la question d’un ensemble de valeurs unissant tous les peuples et toutes les religions.
A l’époque, Rome lui avait déjà retiré sa licence d’enseignement, entre autres en raison de ses critiques à l’égard de la doctrine de l’infaillibilité du pape. C’était en 1979. Par la suite, Küng se fit le féroce adversaire de Jean-Paul II. Il était bien sûr favorable à l’abolition du célibat sacerdotal et à l’ordination des femmes. Mais comme l’écrivait Le Monde en 2006, il était surtout le partisan de l’entrée de l’Eglise catholique (et de l’islam, et du judaïsme) dans le « paradigme de l’âge moderne ».
Ce même article citait les paroles irritées de Küng à la suite du discours de Ratisbonne de Benoît XVI :
Lire la suiteIl n’a jamais travaillé la théologie de la Réforme ni l’exégèse historico-critique du Nouveau Testament. Comment ose-t-il aujourd’hui faire la leçon aux musulmans sur la raison ? Vous croyez que, pour eux, notre religion chrétienne, avec son Dieu fait homme et son Dieu en trois personnes, est une religion rationnelle ?