La christianisation de l’Empire romain

Constantin 1er le Grand, empereur romain.
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : York Minster/Flickr
L’une des illusions du Concile Vatican II a été de croire que la séparation de l’Église et de l’État pouvait améliorer la qualité du christianisme. Trop de fidèles, disait-on, ne pratiquaient la religion que par conformisme social. Dans une société laïque, les chrétiens seraient peut-être moins nombreux, mais plus sérieux.
Entre 1960 et 1970, le taux d’assistance régulière à la messe est passé, au Québec, de 60 % à 15 %. Il est maintenant tombé à 3 %, avec une moyenne d’âge de plus de 70 ans. Pour ce qui est du déclin quantitatif, les prévisions des modernistes se sont réalisées. Le progrès qualitatif a-t-il été au rendez-vous ? Douteux.
L’esprit conciliaire faisait fi des leçons de l’histoire. C’est l’alliance du Trône et de l’Autel qui a permis la conversion de l’Europe à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen-Âge. Le grand spécialiste de l’histoire romaine, Paul Veynes, le démontre dans un remarquable essai publié en 2007, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394).
Au moment de la conversion de l’empereur Constantin (312), les chrétiens ne formaient que 10 % de la population. Constantin ne s’est donc pas converti par calcul politique. Il n’avait aucun intérêt à s’appuyer sur une « secte » minoritaire. Il aurait pu simplement arrêter les persécutions par esprit de justice. Il décida plutôt de mettre son autorité au service de l’Église, par conviction personnelle. Constantin était un « révolutionnaire religieux ». Il n’a pas réprimé le paganisme. L’État continuait même à financer les temples païens. Mais la politique impériale visait à marginaliser progressivement les « anciennes superstitions ».
Le paganisme est revenu brièvement au pouvoir sous Julien l’Apostat (361-362), mais les empereurs suivants ont repris la politique religieuse de Constantin le Grand. Les cultes païens ont été légalement interdits, en 380. Mais ils étaient tolérés en pratique. Les empereurs chrétiens n’ont jamais employé la force, physique ou morale, pour convertir les païens. L’École de Philosophie d’Athènes a continué d’enseigner librement le paganisme jusqu’en 527.
Même s’il se dit incroyant, Paul Veynes affirme que le christianisme était « supérieur » au paganisme. « Certains historiens agnostiques, écrit-il, trouveront peu scientifique d’établir une échelle de mérite entre les religions. Mais, à mon sens, ce n’est pas là violer le principe de neutralité axiologique, pas plus que lorsqu’on reconnaît la supériorité de certaines créations artistiques ou littéraires. »
À ses yeux, le christianisme était un chef-d’œuvre doctrinal parce qu’il établissait une relation d’amour entre Dieu et les hommes. Les dieux païens ne vivaient que pour eux-mêmes, et les hommes ne les honoraient que pour obtenir leurs faveurs ou s’épargner leur colère. Le Dieu des chrétiens avait, au contraire, sacrifié sa vie pour les hommes. En outre, chaque être humain avait un rôle à jouer dans le plan de Dieu. Le christianisme donnait à la vie un sens plus profond et plus grandiose que le mythe païen de l’Éternel Retour. Il touchait les cœurs. Une mère de famille peut raconter ses malheurs à la Madone. Quelle consolation pourrait-elle attendre de l’impétueuse Junon ?
L’Église catholique était également un chef-d’œuvre organisationnel avec son clergé hiérarchisé. Le paganisme se composait d’une multitude de sectes disparates, tandis que l’Église formait une société à l’intérieur de la société, voire au-dessus de la société. Le message chrétien s’adressait à tous les hommes, alors que la « sagesse philosophique » n’était réservée qu’à une élite.
Mais le christianisme, conclut Paul Veynes, ne serait jamais devenu la religion du peuple sans le « choix despotique » de Constantin. La christianisation du monde est venue d’en haut. La déchristianisation aussi.
Facebook censure une citation de saint Augustin comme «discours haineux»

Saint Augustin.
Par Dorothy Cummings McLean — traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Wikimedia Commons
Californie, 15 juillet 2019 (LifeSiteNews) — La décision de Facebook d’interdire une citation pacifique de saint Augustin d’Hippone, théologien et philosophe catholique du Ve siècle, n’a pas manqué de surprendre un auteur catholique.
Constatant que deux amis prêtres avaient été censurés par le géant des médias sociaux pour avoir affiché des conseils pastoraux du saint, Dominic Bettinelli, pro-vie du Massachusetts, a publié les mêmes mots sur sa page Facebook vendredi dernier. Puis, lui aussi a été averti que le message allait à l’encontre des « Normes communautaires sur le discours haineux » de Facebook.
La citation jugée si offensante par Facebook est la suivante :
Ne prétendons aucunement que notre vie est vertueuse et que nous sommes sans péché. Pour que notre vie mérite l’éloge, demandons pardon. Les hommes sans espérance, moins ils font attention à leurs propres péchés, plus ils sont curieux des péchés d’autrui. Ils ne cherchent pas ce qu’ils vont corriger, mais ce qu’ils vont critiquer. Et puisqu’ils ne peuvent pas s’excuser, ils sont prêts à accuser les autres.
La citation, expliqua Bettinelli dans un billet de blogue spirituel sur l’accusation de « discours haineux », provient d’une homélie du saint inclus dans la Liturgie des heures catholique romaine, aussi connue sous le nom d’Office divin.
« Discours de haine ? » s’interrogeait Bettinelli. « C’est le contraire d’un discours de haine. Cela demande aux gens de cesser de se concentrer sur les péchés des autres et de se concentrer sur leurs propres péchés. Augustin est en train de reformuler les paroles évangéliques de Jésus : “Pourquoi vois-tu la paille dans l’œil de ton frère et ne vois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? (Matthieu 7:3).” »
Lire la suiteExcommunication en 12 étapes, ou comment ramener les politiciens catholiques pro-avortement à l’Église
Par Mgr Rene Henry Gracida, évêque émérite de Corpus Christi — traduit par Inquisition.ca
Note : Si vous êtes pro-choix, veuillez d’abord consulter « Une liste de lecture pour les pro-choix ». La lettre suivante, en date du 1er octobre 2004, a été écrite par Monseigneur René Henry Gracida, évêque émérite de Corpus Christi, au Texas. Elle est tirée de www.lifesite.net.
Mon récent essai, intitulé « Refuser la Sainte Communion, une étude de cas », a incité un certain nombre de personnes à suggérer que la démarche que j’ai suivie, en émettant un décret d’Interdit proscrivant la réception de la Sainte Communion par un député de l’état du Texas, était désuète. Certains ont suggéré que c’était approprié en 1994, mais encore plus en 2004. Ils disent que les temps ont changé. Je suis d’accord que les temps ont changé — ils ont empiré !
Nous avons maintenant des candidats à la Présidence et au Congrès qui professent publiquement être des catholiques pratiquants qui, même s’ils appuient plusieurs des enseignements de l’Église concernant la question sociale, sur la question la plus importante — le droit inaliénable à la vie — sont diamétralement opposés à notre sainte foi catholique. Le défi le plus important de l’humanité d’aujourd’hui, c’est l’assaut donné contre le caractère sacré de la vie humaine.
La plus haute instance du Magistère, le Pape Jean-Paul II et ses Prédécesseurs, de même que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Joseph Cardinal Ratzinger, ont enseigné à plusieurs reprises que le droit à la vie est le fondement de tous les autres droits dans la société civile. La négation de ce droit fondamental mène éventuellement à la négation de tous les autres droits.
Tous les autres problèmes sociaux graves, comme la guerre, la pauvreté, la santé, la justice économique, l’immigration, etc., sont d’une importance secondaire lorsqu’on les compare à la vie humaine innocente qu’on anéantit systématiquement. Ce n’est pas seulement une question de croyances personnelles, c’est une question de raison.
L’intellect humain sait intuitivement que le droit à la vie d’une personne innocente a priorité sur toutes les autres questions sociales concernant la qualité de la vie. De par l’enseignement du Magistère, c’est aussi un article de foi. Le Christ lui-même a commandé à ses Apôtres et ses Disciples d’observer le Cinquième commandement, « Tu ne tueras pas » [Ex 20 : 13]. Les évêques, en tant que successeurs de ces Apôtres, ont la charge de faire de même au nom du Christ.
Lire la suiteCulture chrétienne et culture païenne

Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Image (montage) : n°1 Kunsthaus Zurich/n°2/Wikimedia Commons
Mon éloge d’Antigone et de la culture classique en général a pu scandaliser les « gaumistes », en supposant qu’il s’en trouve encore.
Mgr Jean-Joseph Gaume (1802-1879) était un brillant polémiste contre-révolutionnaire français. Dans Le vers rongeur des sociétés modernes ou le paganisme dans l’éducation (1851), il soutenait que la Révolution française était le fruit des études littéraires gréco-latines. Les élites européennes s’étaient détournées de Dieu parce que les collèges classiques leur avaient inculqué le culte des héros de l’Antiquité païenne plutôt que celui des saints du Moyen Âge. Mgr Gaume suggérait de remplacer l’enseignement du latin classique de Cicéron par celui du bas-latin de saint Augustin. Une authentique civilisation chrétienne, disait-il, devait s’imprégner de la Bible et de la Patrologie plutôt que d’Homère et de Virgile.
La question des classiques païens a soulevé la controverse, en France et au Québec. L’abbé Alexis Pelletier (1837-1910) a propagé le gaumisme chez nous. Le clivage opposait généralement les catholiques ultramontains (gaumistes) aux catholiques libéraux (anti-gaumistes). Mais ce n’était pas toujours clair. Les jésuites, très ultramontains, défendaient néanmoins les études anciennes, qui formaient la base de leur ratio studiorum.
Le Saint-Siège n’a pas vraiment tranché le débat, car c’était une question pédagogique plutôt que théologique. Dans Inter multiplices (1853), Pie IX a dit que l’on pouvait étudier le latin « tant dans les ouvrages si remplis de sagesse des saints Pères de l’Église que chez les auteurs païens les plus célèbres, purifiés de toute souillure ». Le Souverain Pontife ne condamnait pas le gaumisme, mais il confirmait que la pédagogie humaniste n’avait pas fait fausse route en enseignant la littérature païenne. Il recommandait seulement de censurer les passages immoraux de certaines œuvres, ad usum Delphini.
Lire la suiteUn guide de modestie estivale chrétienne

Par Peter Kwasniewski ― traduit par Campagne Québec-Vie ― Photo : Wikimedia Commons
Le 4 juin 2019 (LifeSiteNews) ― Chaque année, alors que la chaleur estivale approche, le même problème de la pudeur se présente toujours, et ce, de plus en plus. L’Occident court à sa perte et rejette toute norme morale et toute coutume qui autrefois assuraient un minimum de respect de soi et de sensibilité aux autres. Rien de moins qu’une révolution morale, la reconstruction à partir de zéro d’une notion de vertu la plus élémentaire, voilà ce qu’il nous faut. Un défi de taille, certes. Et nous n’avons aucune garantie de pouvoir détourner le cours de la culture en général (je dirais plutôt, là où nous en sommes rendus, anticulture). Mais il n’est pas impossible de reconstituer ces notions au sein des noyaux chrétiens de la population, si seulement on s’attelle à la tâche avec courage, sans ambages et dans le calme. Je tenterai d’en faire un survol moi-même dans les deux articles consacrés au sujet cette semaine.
Saint Thomas d’Aquin explique que la notion de « modestie », qu’on parle de la garde-robe, des propos ou du comportement, tire son origine de la modération, une manière digne d’agir qui prend les autres en considération et trouve le droit chemin entre deux extrêmes. Dans notre exemple, les extrêmes sont l’impudicité (jusqu’au point de l’effronterie, de loin la plus courante des deux aujourd’hui) et la pudeur exagérée (ou l’inhibition malsaine).
Comme toutes les autres vertus, l’habitude de la modestie nous donne non seulement la possibilité de désirer et de choisir ce qui est bien à cet égard, mais elle nous incite à le faire. Elle devient en nous une seconde nature, une bonne disposition. Saint Thomas nous rappelle également que la pudeur nous aide à apprécier les biens corporels et leur accorder la place qu’ils méritent. Lorsque circonstances et personnes en question conviennent, les passions de la concupiscence sont bonnes et servent à poser des gestes vertueux désirés par le Créateur.
La personne pudique, ou modeste, est celle dont les actions et l’extérieur manifestent habituellement la maîtrise de soi, un bon jugement sensé, la maturité émotionnelle, la possibilité d’exprimer son « être » sereinement, sans tambour ni trompette. Ainsi, la vraie pudeur commence dans l’âme et se fait remarquer seulement plus tard des yeux et des oreilles d’autrui. Une telle pudeur intérieure règle toute la vie d’une personne de manière calme, douce, respectueuse et pure. S’habiller simplement, éviter les danses immodestes, toutes ces choses découleront d’un intérieur pudique.
Lire la suiteUne fillette de 10 ans suspendue pour avoir demandé à être dispensée d’un cours LGBT

Kaysey.
Par Pour une école libre au Québec — Photo : Christian Concern/YouTube
Croydon — Une fillette de 10 ans a été renvoyée de l’école pendant une semaine après avoir demandé à son professeur la permission d’être dispensée d’un cours LGBT à l’occasion du mois de la « fierté ».
Elle s’est expliquée dans une vidéo (ci-dessous, en anglais) : « Quand personne n’avait entendu parler des LGBT, tout le monde savait de quel sexe ils étaient ». Elle et son camarade de classe, Farrell, ont été suspendus de l’école primaire Heavers Farmer, située à Croydon, dans le sud de Londres.
« Mais maintenant, tout le monde est désorienté », a poursuivi la jeune fille de 10 ans, « et ils disent qu’ils sont bisexuels et trans, car ils sont désorientés. »
« Avant cela, ils étaient complètement sûrs de qui ils étaient, mais ce n’est plus le cas », a-t-elle ajouté.
Idéologie qui désoriente et trouble les enfants
« Cela concerne vraiment d’autres enfants », a expliqué Kaysey, « car à présent, ils perdent confiance en eux-mêmes et se regardent eux-mêmes en se demandant : “Pourquoi suis-je cette personne ? Pourquoi ne puis-je pas être quelqu’un d’autre ?” »
« Avant tout cela, les gens savaient qui ils étaient », a déclaré Kaysey. « Les écoliers doivent maintenant choisir leur sexe à l’âge de quatre ans. »
Lire la suiteUn employé d’IKEA renvoyé pour critique biblique de l’homosexualité

Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : mastrminda/Pixabay
À cause d’une critique interne, consistant en une citation biblique, d’un événement de la « Fierté gaie » organisé par le magasin IKEA de Cracovie un employé de longue date s’est fait renvoyer ; celui-ci intente une poursuite en justice. Extrait de RT :
Un homme nommé dans les médias polonais sous le nom de Tomasz K., un employé de longue date du magasin IKEA de Cracovie, a récemment été licencié après avoir publié une citation de la Bible en réponse à un avis sur l’intranet du détaillant qui annonçait un événement gay pride. Les versets en question dénonçaient l’homosexualité. Le travailleur congédié a alors intenté une poursuite en justice [...]
Vendredi, le ministre polonais de la Justice, Zbigniew Ziobro, a annoncé qu’il avait ordonné au bureau du procureur d’enquêter sur cette affaire [...]
Suivant les nouvelles, le détaillant a déclaré qu’il avait licencié Tomasz K. pour avoir insulté les sentiments des personnes LGBT « en utilisant des citations de l’Ancien Testament à propos de mort et le sang dans le contexte de quel sort devrait attendre les personnes homosexuelles ».
Toutefois, l’ancien employé, ainsi que le groupe juridique Ordo Iuris, qui représente ses intérêts, nient que sa déclaration contienne quelque menace ou une insulte que ce soit.
Le mythe d’Antigone

Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Metropolitan Museum of Art/Wikimedia Commons
Les élèves de l’école Notre-Dame du Mont-Carmel (Ottawa) ont récemment joué avec brio la pièce de théâtre Antigone, de Jean Anouilh. Belle initiative qui rappelle l’importance de la littérature classique dans notre combat pour la civilisation, c’est-à-dire pour la vie humaine dans ce qu’elle a de plus noble.
Antigone est une pièce de théâtre grecque écrite par Sophocle, en 441 av. J.-C. Elle pose la question du devoir de désobéissance envers les lois injustes et, surtout, impies. Le tyran de Thèbes, Créon, avait interdit, sous peine de mort, de rendre les honneurs funèbres à Polynice, qui avait pris les armes contre sa propre cité. La sœur de Polynice, Antigone, répand néanmoins de la terre sur le cadavre pour éviter que l’âme de son frère ne soit condamnée à errer éternellement. Antigone défie la loi civile pour respecter la loi religieuse. Elle préfère obéir aux dieux plutôt qu’aux hommes.
Sophocle défendait, avant l’heure, un principe chrétien : « Pierre et les Apôtres répondirent [au Sanhédrin] : il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Actes 5 : 29) La Sagesse païenne préfigure souvent la Révélation divine, comme l’affirme le Dies iræ, que l’on chante à la messe des funérailles : « David l’atteste, et la Sibylle. »
Au fil des siècles, le mythe d’Antigone a été interprété de différentes manières. Aux yeux de Sophocle, Antigone restait fidèle à la religion traditionnelle de la Grèce archaïque, fondée sur le culte de la famille, contre la nouvelle religion qui se répandait dans l’Athènes de son temps : le culte de la cité. Sophocle était du parti des Anciens contre le parti des Modernes. Dans la Thébaïde du poète latin Stace (90 apr. J.-C.), Créon est puni par le roi d’Athènes, Thésée. On peut y voir une apologie de la « Paix romaine ». Le Roman de Thèbes (1150), rédigé par un clerc anonyme de la cour des Plantagenets, se rattache à l’esprit des croisades. Il défend la « Paix de Dieu », que l’Église voulait instaurer en Europe. L’Antigone de Robert Garnier (1580) est une « sainte chrétienne réformée » : le tyran Créon représente le pape. Celle de Jean Rotrou (1637) insiste sur la subordination du Trône à l’Autel. Celle de Jean Racine (1662) est d’abord amoureuse d’Hémon, le fils de Créon. L’Antigone de Vittorio Alfieri (1776) prépare la Révolution française en dénonçant la tyrannie des rois. Friedrich Hölderlin (1804) en fait une « superfemme » nietzschéenne, qui sera célébrée dans l’Allemagne nazie. Paul Bourget (1897) l’assimile à Jeanne d’Arc. Jean Cocteau (1922) la présente comme une anarchiste, et Bertolt Brecht (1948) comme une révolutionnaire prolétarienne.
L’Antigone de Jean Anouilh a été jouée à Paris sous l’Occupation allemande, en février 1944, et après la Libération, en septembre 1944. Certains l’ont interprétée comme une défense de la Collaboration pétainiste, d’autres comme un appel à la Résistance gaulliste. C’est surtout une « pièce noire » qui dénonce l’absurdité de la condition humaine. La rébellion d’Antigone ne repose plus tellement sur le respect des lois divines, mais plutôt sur l’affirmation de sa personnalité. Lorsque Créon lui demande pourquoi elle a défié son diktat, elle répond : « Pour moi. »
Le mérite des œuvres classiques, c’est de pouvoir être relues à la lumière des préoccupations contemporaines pour montrer ce qu’il y a d’éternel dans l’esprit humain.
Aurons-nous bientôt une Antigone québécoise qui s’élèvera contre la Loi 21 ?
« Ce n’est pas Zeus qui l’a promulguée, dira-t-elle à notre Créon local, et la Justice qui siège auprès des dieux de sous terre n’en a point tracé de telles parmi les hommes. »
Cardinal Robert Sarah : « Soyons des bâtisseurs de cathédrales »

Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Pixabay
Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, a donné une conférence à Paris le 25 mai 2019, dans l’église Saint-François-Xavier. Le cardinal y a présenté son livre Le soir approche et déjà le jour baisse, comparant la situation du monde, de l’Occident et de l’Église à celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dévorée par les flammes le Lundi Saint 2019 (15 avril). Le texte intégral de la conférence, dont voici des extraits, est disponible sur La Nef :
Je voudrais ce soir vous redire ces convictions profondes qui m’habitent en les mettant en perspective avec l’émouvante visite que j’ai faite hier. Il y a quelques heures j’étais à la cathédrale Notre-Dame de Paris. En entrant dans cette église éventrée, en contemplant ses voûtes effondrées, je n’ai pu m’empêcher d’y voir un symbole de la situation de la civilisation occidentale et de l’Église en Europe.
Oui, aujourd’hui de tout côté, l’Église semble être en flamme. Elle semble ravagée par un incendie bien plus destructeur que celui de la cathédrale Notre-Dame. Quel est ce feu ? Il faut avoir le courage de lui donner son nom. Car, « mal nommer les choses, c’est augmenter le malheur du monde. »
Ce feu, cet incendie qui ravage l’Église tout particulièrement en Europe, c’est la confusion intellectuelle, doctrinale et morale, c’est la couardise de proclamer la vérité sur Dieu et sur l’homme et de défendre et transmettre les valeurs morales et éthiques de la tradition chrétienne, c’est la perte de la foi, de l’esprit de foi, la perte du sens de l’objectivité de la foi et donc la perte du sens de Dieu.
La flèche maintenant abattue de la cathédrale montrait le ciel aux hommes, ciel vers lequel tous doivent se tourner, vers lequel l’Occident doit se tourner, ou se tourner vers la ruine, vers lequel doit rester orientée l’Église. La seule raison d’être de l’Église d’ailleurs est de nous conduire vers Dieu, rappelle Mgr Sarah.
Lire la suiteLes idées antiscientifiques de la gauche sur le LGBTisme et sur l'avortement nous ramènent aux temps primitifs

Par William Kilpatrick (LifeSiteNews) ― traduit par Campagne Québec-Vie ― Photo : Wikimedia Commons
14 Juin 2019 (Turning Point Project) ― Quand un homme cesse de croire en Dieu, observe Chesterton, il devient capable de croire en n’importe quoi. Il semble que nous ayons maintenant atteint l’étape du « n’importe quoi » de l’histoire de l’humanité.
Alors que la foi dans le christianisme recule en Occident, une chose étrange se produit. Après s’être débarrassés de leur croyance en Dieu, les gens ne deviennent pas plus rationnels ; ils deviennent plus crédules. Ils croient que les bébés in utero ne sont pas vraiment des êtres humains, que le « mariage » homosexuel est l’équivalent du vrai mariage, qu’il existe environ 52 variétés de genres, que les garçons peuvent devenir des filles, et vice versa. En général, ils croient que de simplement souhaiter fait les choses.
Le rejet de Dieu ne conduit pas à un épanouissement de la civilisation, mais plutôt à une primitivisation. Bon nombre des idées qui sont maintenant d’actualité sont préscientifiques et même antiscientifiques. La science est solidement assise du côté de ceux qui disent que les bébés sont des bébés et que les garçons ne peuvent pas devenir des filles, mais quand la science entre en conflit avec les croyances magiques actuelles, elle est rejetée d’emblée. Pour beaucoup, la source ultime de vérité n’est pas la raison, ou la science, ou Dieu, mais les sentiments.
C’est la croyance en un Dieu rationnel qui a créé un univers rationnel et ordonné qui a donné l’impulsion principale à l’étude scientifique il y a des siècles. Les érudits chrétiens et juifs pensaient qu’il valait la peine d’étudier la nature des choses parce que la nature des choses était considérée comme étant rationnelle et découvrable. Ainsi, la révolution scientifique était un produit du monde judéo-chrétien.
Mais tout d’un coup, tous les paris sont ouverts. Pour beaucoup, la croyance dans le soi impérieux a supplanté la croyance en Dieu et en un monde rationnel. Les envies et les désirs de l’individu sont primordiaux. Si votre fille de 12 ans décide qu’elle est un garçon, vous feriez mieux d’accepter ses désirs, parce que la doctrine en vigueur veut que son sexe soit une question qui doit être tranchée uniquement par elle et son médecin.
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