L’Europe de maintenant et l’Europe chrétienne médiévale
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) ― Photo : Lukas/Wimedia Commons
Je vous propose ici une vidéo d’Alain Escada sur l’Europe chrétienne « médiévale » et l’Europe unioniste et athée, conformément à nos objectifs qui comprennent la défense et la promotion du christianisme, seul remède à la décadence morale que constituent, entre autres, l’avortement, l’euthanasie, la contraception, l’« éducation sexuelle » moderne, le laïcisme, le multiculturalisme, l’athéisme, le relativisme, le divorce, etc. ― A. H.
Alain Escada, président de l’organisme Civitas, a donné une description de l’Europe chrétienne à l’époque « médiévale » (je mets « médiévale » entre guillemets, car c’est un terme qui a été créé pour dénigrer ce temps bénit) lors d’un colloque tenu par le député européen grec, Athanasios Konstantinou.
M. Escada parle des institutions religieuses qui prenaient soin des malades et enseignaient aux enfants, comparées aux institutions actuelles qui reposent sur le profit ; décrit le système de commerce d’alors qui protégeait l’acheteur dans les transactions, loin du système rapace capitaliste- socialiste de maintenant ; mentionne les guildes qui maintenaient le prestige du métier, loin des luttes des classes ; loue le développement urbain d’alors, à taille humaine ; note les conditions de travail qui comprenaient de nombreux congés basés sur le calendrier religieux ; fait remarquer l’estime de l’Européen chrétien que celui-ci portait au travail physique, et la place du serf n’était pas celle que l’on dit, pouvant être adouber chevalier ; montre que l’usure y était interdite, contrairement à notre époque ; et, enfin, souligne l’identité dont étaient conscients ces hommes d’autrefois et l’unité qui existaient entre les royaumes chrétiens face aux invasions extérieures, sans avoir besoin de recourir à un supra-gouvernement.
Seul un retour à ce christianisme permettra le redressement de l’Europe, de l’Occident… et du monde en général.
Il insulte les catholiques sur France Inter : il présente ses excuses aux… LGBT
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie)
Le prétendu « humoriste » Frédéric Formet avait braillé, sur la chaîne de télévision France Inter, une chanson blasphématoire où il faisait du Christ une sorte de pervers, tant à la mode actuellement, pendant que les animateurs riaient comme des bossus.
Mais devant l’avalanche de critiques, justement indignées, de ceux qui honorent Jésus-Christ, et devant les clameurs de quelques-uns qui se sont insurgés contre le caractère « homophobe » qu’ils ont apparemment ressenti dans cette chansonnette, M. Formet s’est excusé… auprès du mouvement LGBT, oubliant les principaux intéressés, ou Le principal. Selon Le Salon Beige :
Après sa chronique « humoristique » intitulée « Jésus est pédé », sur France Inter, Frédéric Fromet a reçu une avalanche de reproches sur les réseaux sociaux, mais aussi plusieurs plaintes via la médiatrice des antennes de Radio France. Problème : le chansonnier ne s’est pas excusé pour ce qu’on lui reproche réellement.
En effet, si une partie de la gauche s’est insurgée du caractère homophobe de sa chanson, la majorité des critiques venaient de sa charge contre le catholicisme.
« Je ne peux pas me taire » : Benoît XVI et le Cardinal Robert Sarah défendent le célibat sacerdotal dans un nouveau livre cosigné
Par LifeSiteNews — Traduit par Pierre et les Loups — Image (montage)
Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah ont coécrit un nouveau livre sur le célibat sacerdotal, prenant fermement position contre l’ordination sacerdotale des hommes mariés dans l’Église latine.
Le timing du nouvel ouvrage est important. Il précède l’exhortation apostolique post-synodale très attendue du Pape François sur le récent Synode des évêques pour l’Amazonie. Le synode, qui s’est tenu en octobre dernier au Vatican, a proposé de créer une exception au célibat pour les prêtres d’Amérique latine.
Intitulé « Des profondeurs de nos cœurs », le nouveau livre du Pape émérite et du préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements sortira en français le 15 janvier prochain.
« La capacité de renoncer au mariage pour se mettre totalement à la disposition du Seigneur est un critère essentiel du ministère sacerdotal », écrit Benoît XVI dans ce nouveau livre. « Quant à la forme concrète que prend le célibat dans l’Église primitive, il faut aussi souligner que les hommes mariés ne pouvaient recevoir le sacrement de l’Ordre que s’ils s’engageaient à l’abstinence sexuelle, c’est-à-dire dans un mariage joséphite (pratique à motivation religieuse dans laquelle un homme et une femme se marient et vivent ensemble sans se livrer à une activité sexuelle. Ce fut le cas de l’union entre Marie et Joseph. Ndtr). Une telle situation semble avoir été tout à fait normale au cours des premiers siècles. »
Lors du Synode pour l’Amazonie d’octobre dernier, les pères synodaux ont discuté de la possibilité d’ordonner des hommes mariés (viri probati) dans la région à titre exceptionnel.
Dans le sillage du synode, des membres clés de la hiérarchie allemande ont déclaré ouvertement que si une telle exception était créée, eux aussi feraient pression pour que des hommes mariés puissent être ordonnés prêtres en Allemagne.
On ne sait pas exactement où se situe le Pape François sur la question de l’ouverture d’une exception pour le clergé marié dans l’Église latine. Le 27 janvier 2019, lors d’une conférence de presse dans l’avion de retour du Panama, François a déclaré qu’il pensait « personnellement » que « le célibat est un don pour l’Église » et qu’il n’était « pas d’accord pour permettre le célibat comme option ». Mais il a ajouté qu’il pourrait envisager « quelques possibilités dans des lieux très éloignés », comme les îles du Pacifique... « lorsqu’il y a une nécessité pastorale ».
Cette position s’est reflétée dans le document final du Synode pour l’Amazonie. Dans la section 111 du document, adopté à la majorité des deux tiers, les auteurs déclarent : « Nous valorisons le célibat comme don de Dieu (cf. Sacerdotalis Caelibatus, 1) dans la mesure où ce don permet au disciple missionnaire, ordonné prêtre, de se consacrer pleinement au service du Peuple saint de Dieu. »
Lire la suiteLifeSiteNews parle de la Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : katemangostar/freepik
Signez la pétition : Nous demandons la foi : Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français
LifeSiteNews, le site canadien d’information pro-vie, parle de la Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français envoyée par vingt-neuf hommes à plusieurs évêques du Canada, exposant le désarroi des Canadiens français dans la société moderne, et demandant à ces ecclésiastiques de leur apporter les secours de l’Église catholique dont ils ont été privés, surtout dans leurs formes traditionnelles. Les évêques ayant reçu la lettre, rapporte Lianne Laurence de LifeSiteNews :
D’initiative laïque, la lettre a été envoyée à 23 évêques de diocèses francophones du Canada, ainsi qu’à l’Assemblée des évêques du Québec, au début de novembre, affirme George Buscemi, président de Campagne Québec-Vie, le plus important groupe pro-vie de la province.
Cette lettre, après avoir été signée et envoyée par les vingt-neuf hommes, a été proposée à l’attention du public par Campagne Québec-Vie afin que celui-ci y appose sa signature. Selon LifeSiteNews :
Lire la suiteLa lettre est maintenant sur le site Internet de Campagne Québec-Vie et a été signée par 145 personnes [194 maintenant], dont quelques femmes, ainsi que par le Père Daniel Couture, supérieur du district du Canada de la Fraternité Saint-Pie X, et le Père Jean-Réal Bleau, prêtre diocésain de longue date à Montréal.
Premier ministre de Hongrie Orbán : le salut de l’Europe est dans le secours aux chrétiens persécutés
Viktor Orbán, Premier ministre de Hongrie.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : European People's Party/Flickr
À Budapest en Hongrie a eu lieu la seconde conférence Internationale sur la persécution chrétienne (ceux qui sont persécutés sont les chrétiens, s’entend) qui a commencée le 26 novembre, et est supposée se terminer le 28 du même mois. Plusieurs personnalités y sont présentes : Premier ministre de Hongrie Viktor Orbán, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ex-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Péter Erdõ, primat de Hongrie et bien d’autres encore, d’après Church Militant.
Viktor Orbán, Premier ministre de Hongrie, y a donné un discours le 26 novembre, émettant l’idée selon laquelle le salut de l’Europe reposait, en partie du moins, sur le secours que l’on porte aux chrétiens persécutés, dénonçant au passage l’inertie et l’indifférence des gouvernements européens devant les tribulations des chrétiens. Extrait de LifeSiteNews :
Lire la suiteSelon Edward Pentin du National Catholic Register, Orbán a déclaré : « Je suis convaincu que ceux qui pourraient sauver l’Europe et nous apporter la plus grande aide, sont ceux que nous aidons en ce moment. Nous semons une graine, donnons aux persécutés ce dont ils ont besoin et recevons en retours la foi chrétienne, l’amour et la persévérance. »
Le Premier ministre hongrois a également expliqué que l’identité chrétienne de son pays l’obligeait à aider les autres communautés chrétiennes.
« Les Hongrois croient que les valeurs chrétiennes mènent à la paix et au bonheur, et c’est pourquoi notre Constitution stipule que la protection du christianisme est une obligation pour l’État hongrois », dit-il.
« Cela nous oblige à protéger les communautés chrétiennes persécutées du monde entier. »
Orbán a souligné le grand nombre de chrétiens parmi ceux qui souffrent pour leur foi, face à l’indifférence de la majeure partie de l’Europe.
« Quatre personnes sur cinq persécutées pour leur foi sont des chrétiens et quelque 245 millions de chrétiens dans le monde sont victimes de persécutions extrêmes », clama-t-il.
« Et pourtant, l’Europe reste silencieuse ! » poursuit-il.
Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français
Par Julien Bertrand — Photo : jcomp/freepik
[Les signataires de cette magnifique lettre ouverte sont des étudiants universitaires, un médecin et deux avocats. Vingt-neuf hommes en tout allant de 21 ans à 44 ans. Ils ont décidé pour le moment de garder l’anonymat, certains ayant conscience des conséquences qu’une telle lettre pourrait avoir sur leur emploi, ou leurs études. — A. H.]
Signez ici la pétition « Nous demandons la foi »
Octave de la Toussaint, 2019
Éminence, Excellences,
Nous vous adressons cette lettre pour trois raisons : d’abord, pour vous confier les nombreux maux dont souffrent les hommes canadiens-français, ensuite, pour vous témoigner des grâces innombrables que nous recevons à travers la Foi catholique sous sa forme traditionnelle et finalement, pour vous supplier de rendre accessible au plus grand nombre ce Trésor qui nourrit nos âmes et nous élève vers Dieu.
Une vie de souffrances
Tous les jours, nous sommes témoins des effets dévastateurs que produit sur nos compatriotes une société tournée vers l’Homme plutôt que vers Dieu. De sa conception jusqu’à sa mort, le Canadien français est mesuré à l’échelle de son utilité pour la société de consommation, plutôt qu’à l’aune brûlante d’Amour de son divin Créateur. Notre peuple vit au quotidien dans une culture de la mort qui lui enlève le goût de vivre et le désir de transmettre la vie. Nos frères et nos amis naissent dans des familles éclatées par le divorce. Ils grandissent sans modèles masculins.
On les gave de médicaments parce qu’ils sont trop turbulents à l’école. De dangereux idéologues leur lavent le cerveau dès le plus jeune âge avec des doctrines perverses et abjectes, qui nient la loi naturelle créée par Dieu et sèment ainsi le doute dans plusieurs esprits crédules. Dès l’adolescence, ils sont confrontés à une sexualité précoce et malsaine influencée par la pornographie. Puis viennent l’alcool, les drogues, les modes vestimentaires et musicales débilitantes, l’intimidation et le suicide de certains amis. Au Cégep, nos jeunes Canadiens français se font enseigner par leurs professeurs marxistes la haine de soi, de sa culture et de ses ancêtres ; ils sont encouragés à vénérer « l’Autre ».
Devenus adultes, ils se trouvent une compagne, mais perpétuent par leurs actions le schéma culturel qu’on leur propose, celui selon lequel la personne humaine est un bien de consommation comme un autre et qu’il est possible de simplement jeter une fois obsolète. Chaque jour, se répète l’infernal cycle matérialiste du « métro-boulot-dodo », afin de permettre aux Canadiens français de consommer le dernier produit inutile qui servira à combler momentanément le vide abyssal qui les habite. Une fois ce produit consommé et l’attrait de la nouveauté ayant disparu, le gouffre creusé par le nihilisme réapparaît et ils repartent à la recherche d’un nouveau produit, d’une nouvelle destination de vacances, ou d’une nouvelle femme à séduire.
À leur tour, ils divorcent, perdent leur emploi, tombent en dépression ; certains ne voient plus leurs enfants. Les médias nous racontent alors un énième cas de « drame familial » et l’homme y est toujours dépeint comme un salaud. Pour ceux qui arrivent à un âge plus avancé, certains vieillissent dans la solitude, abandonnés par leur famille.
D’autres sont retrouvés morts dans leur résidence, plusieurs jours après leur décès. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de s’éteindre naturellement, il reste toujours l’euthanasie. Évidemment et heureusement, nous ne vivons pas tous l’intégralité de ces souffrances, mais nous sommes quotidiennement les témoins d’un peuple qui se suicide.
Lire la suiteLa famille et la révolution
Roberto de Mattei.
Par le professeur Roberto de Mattei (Voice of the Family) — Traduit par Campagne Québec-Vie
Le discours ci-dessous a été prononcé lors de la conférence « Transmettre le dépôt de la foi — la mission de la famille catholique d’aujourd’hui », organisée par Voice of the Family et tenue du 6 au 8 septembre 2019 au Newman Hall de l'Aumônerie catholique universitaire, à Cardiff.
Les paroles de sœur Lucie de Fatima
Dans un discours prononcé en mai 2017 au Rome Life Forum, le cardinal Carlo Caffarra a confirmé avoir reçu une longue lettre manuscrite de sœur Lucie en 1983 ou 1984 qui se terminait ainsi :
Père, il viendra un moment où la bataille finale entre le Seigneur et le royaume de Satan portera sur le mariage et la famille, et ceux qui travaillent pour le bien de la famille connaîtront la persécution et les tribulations. Mais, il n’y a rien à craindre, parce que Notre Dame a déjà écrasé sa tête.*
Le Cardinal Caffarra est décédé quelques mois plus tard, en septembre 2017 alors qu’il se trouvait au centre de la bataille sur la famille qui est survenue au sein de l’Église après la publication de l’exhortation apostolique Amoris Lætitia du Pape François. Mais cette bataille, que nous continuons à vivre aujourd’hui, n’est qu’une bataille dans une guerre plus vaste entre deux villes qui ont combattu tout au long de l’histoire ; les deux villes desquelles saint Augustin d’Hippone a écrit : la Cité de Dieu et la Cité de Satan. La Cité de Dieu composée par l’Église de Jésus-Christ et l’autre par les disciples de Satan. Ces deux villes s’opposent comme deux armées : le but de chacune est d’annihiler l’autre et par conséquent leur conflit est continu et sans fin.
La famille constitue une image terrestre de la Cité de Dieu, qui est l’Église. Aussi, la destruction de la famille a toujours été un objectif permanent des ennemis de Celle-ci.
La famille base de l’État
L’Église enseigne que la famille n’est pas une simple union entre deux individus, mais une institution sociale. Et elle n’est pas une simple institution sociale comme tant d’autres, mais une institution sociale basée sur un sacrement : le sacrement du mariage, ce qui a de nombreuses conséquences.
Dans un discours prononcé en 1946, Pie XII a affirmé que les deux piliers de l’ordre civil conçus et voulus par Dieu sont la famille et l’État. [1]
Il y a un lien inséparable entre la famille et l’État. La prospérité des nations dépend de la prospérité des familles et vice versa. Le déclin des nations est donc lié au déclin de l’institution de la famille.
Lire la suiteLes athées sonnent l’alarme : le déclin du christianisme nuit gravement à la société
Richard Dawkins.
Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Fronteiras do Pensamento/Wikimedia Commons
Le Christianisme est certes utile à la société, signe mineur qu’il est vrai, mais ne constitue pas une preuve décisive de sa véracité. Précisons en outre que le but du Christianisme n’est pas la civilisation, effet secondaire du Christianisme si l’on veut, mais l’accomplissement de la volonté du Christ, « Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. » (Matthieu 6 : 33). Disons que je publie ici cette traduction d’un article de LifeSiteNews pour rappeler que si nous voulons sauver les enfants à naître de l’avortement, il ne suffit pas de proclamer des vérités naturelles incontestables, il faut aussi répandre, donc défendre, le catholicisme. Reconnaître la vérité, même naturelle, est une grâce. — A. H.
4 novembre 2019 (LifeSiteNews) — Il y a seulement quelques années, le mouvement agressif du « Nouvel athéiste » était en marche, avec des bagarreurs rhétoriques comme Christopher Hitchens et des biologistes renommés comme Richard Dawkins qui menaient la charge contre la religion et les derniers vestiges de la foi chrétienne en Occident. La religion, disait Hitchens, « empoisonne tout » et ne pouvait être considérée, au mieux, que comme la « première et la pire » tentative de l’humanité pour résoudre les questions existentielles. Si ces superstitions couvertes de toiles d’araignée pouvaient être balayées par les vents rafraîchissants de la raison et des Lumières, une société fondamentalement meilleure renaîtrait de ses cendres — ou du moins c’est ce qu’on pensait.
Mais à mesure que le christianisme s’estompe de plus en plus dans le rétroviseur de notre civilisation, de nombreux athées intelligents commencent à réaliser que le siècle des Lumières n’a peut-être réussi que parce qu’il a exercé une influence sur une culture chrétienne.* Dans une société véritablement laïciste, où les hommes et les femmes vivent leur vie sous des cieux vides et s’attendent à être recyclés plutôt que ressuscités, il n’existe aucune base morale solide pour le bien et le mal. Les antithéistes comme Christopher Hitchens raillaient et insultaient l’idée selon laquelle l’humanité avait besoin de Dieu pour distinguer le bien du mal, mais à peine deux générations dans notre Grande Sécularisation et nous ne distinguons même plus l’homme de la femme.
Il serait intéressant de savoir comment le regretté Hitchens aurait réagi aux folies qui ont proliféré depuis sa mort, et s’il se serait rendu compte, comme l’ont fait certains de ses amis qui ne reconnaissent pas Dieu, qu’il n’est pas nécessaire de trouver le christianisme crédible pour comprendre qu’il est nécessaire. Douglas Murray, qui s’est parfois qualifié d’« athée chrétien », a publiquement argumenté avec Sam Harris, le « Cavalier de l’Apocalypse » comparse de Hitchens, pour savoir si une société fondée sur les valeurs des Lumières [qui ne valent pas les vertus du christianisme]** est même possible sans christianisme. Harris nourrit l’espoir qu’une telle société est possible. Murray y est sympathique, mais sceptique.
De plus en plus, Murray admet qu’il croit que le projet athée est sans espoir. Lorsqu’il s’est joint à moi dans ma récente émission pour discuter de son dernier livre The Madness of Crowds, il a réaffirmé qu’il croyait qu’en l’absence de la capacité du laïciste à élaborer une éthique sur des questions fondamentales comme le caractère sacré de la vie, nous pourrions être forcés de reconnaître que le retour à la foi est la meilleure option disponible pour nous. Il y a une possibilité très réelle, a-t-il noté, que notre conception moderne des droits de l’homme, fondée sur une fondation judéo-chrétienne [ces « droits » de l’homme ne sont en fait pas chrétiens]**, puisse survivre au christianisme que de quelques années à peine. Coupée de la source, notre conception des droits de l’homme peut se ratatiner et mourir très rapidement, nous laissant tâtonner dans une obscurité épaisse et impénétrable.
Sans les fondements chrétiens de notre société, il nous appartiendra de décider ce qui est bien et ce qui est mal, et comme l’illustrent clairement nos guerres culturelles actuelles, notre civilisation se déchirera d’elle-même avant de retrouver le consensus [le christianisme n’est précisément pas un consensus]**. Beaucoup d’athées optimistes ont récemment cru qu’une fois Dieu détrôné et banni, nous pourrions enfin vivre en adultes et nous lancer dans le projet utopique de la création d’une société basée sur la foi en nous-mêmes. Ces sceptiques étaient malheureusement sceptiques sur tout, sauf sur la bonté de l’humanité, malgré le fait qu’ils n’eussent aucune base métaphysique ou même darwinienne pour cette hypothèse facilement réfutable. La popularité phénoménale de Jordan Peterson repose en partie sur le fait qu’il a reconnu que les gens ne sont généralement pas bons et que le siècle dernier l’a prouvé dans le sang de millions de personnes.
Lire la suiteHonneur au soldat chrétien
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Wikimedia Commons
Yves de Lassus est un officier à la retraite de la Marine nationale française. Il a publié, sous le pseudonyme de Raoul de Ludre, une intéressante plaquette sur Le métier des armes : approche chrétienne (Action familiale et scolaire, France).
Une lecture superficielle de l’Évangile pourrait nous laisser croire que Jésus-Christ prêchait la non-violence, à l’instar du Mahatma Gandhi. N’a-t-il pas dit à saint Pierre : « Remets ton épée au fourreau, car celui qui vit par l’épée périra par l’épée » ?
Peut-on être chrétien et soldat ?
Oui, répond Yves de Lassus, car Jésus n’a pas reproché à saint Pierre d’avoir employé la force, mais de l’avoir fait sans un mandat de l’autorité légitime. Saint Pierre agissait en terroriste, et non pas en soldat.
Lorsque des soldats sont venus interroger saint Jean Baptiste, il ne leur a pas dit de « lâcher l’armée pour devenir musiciens » (dixit Robert Charlebois). Il leur a dit de se contenter de leur solde, c’est-à-dire ne de pas user de la force dans leurs intérêts personnels.
L’Ancien Testament justifiait la guerre et la peine de mort. Le Commandement « Tu ne tueras point » entend protéger les innocents. Il ne faut pas l’appliquer indistinctement aux ennemis de la nation, qu’il s’agisse d’une armée étrangère, d’un mouvement terroriste ou d’une organisation criminelle.
L’Église catholique a défini une doctrine de la guerre juste qu’Yves de Lassus résume ainsi :
L’armée doit défendre le bien commun spirituel, l’Église, et temporel, la Patrie.
La vie est sacrée, mais elle n’est pas absolue, car certaines valeurs peuvent être supérieures à celle d’une vie humaine.
La paix est un bien donné par Dieu, mais pas une idole qu’il faut aimer au-dessus de tout.
L’armée est une école de vertus chrétiennes : discipline, dévouement, sacrifice, patriotisme, etc.
L’État ne doit recourir à la guerre que pour rétablir la paix internationale ou civile, une paix qui doit être fondée sur la justice.
Les opérations militaires doivent respecter des règles morales. Une guerre juste peut devenir injuste lorsqu’elle utilise une force disproportionnée. Évidemment, il ne faut viser que des cibles militaires. « Quand je fais la guerre, disait Frédéric II de Prusse (1712-1786), mes peuples ne s’en aperçoivent pas parce que je la fais avec mes soldats. »
L’Église a condamné les guerres totales du XXe siècle : « Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même. » (Vatican II, Gaudium et spes, n° 80, 1965)
Les États modernes n’étant plus chrétiens, il est difficile de trouver des exemples récents de guerres justes. Mais un jeune catholique ne devrait pas renoncer à la carrière militaire pour cette raison.
« Le métier militaire, écrit Yves de Lassus, est non seulement noble par son objet, car il sert une noble cause, la défense du bien commun, mais aussi au sens propre du terme, car il demande des hommes au cœur noble pour le faire. Le métier militaire est donc plus qu’un métier, c’est presque un sacerdoce, un sacerdoce qui va jusqu’au don de sa propre vie. Saint Grégoire de Naziance n’a pas hésité à écrire : Si l’ordre sacerdotal est le plus saint de tous, le militaire est le plus excellent. »
À l’approche du Jour du Souvenir, prions pour les soldats qui ont loyalement servi leur pays dans un esprit chrétien. Ils ne portent pas la responsabilité des fautes, parfois lourdes, de leurs chefs militaires et politiques.
Comment notre monde a cessé d’être chrétien
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Adobe Stock
Lorsque les historiens tentent d’expliquer la déchristianisation des années 1960, ils s’en tiennent généralement à de vagues idées comme l’évolution des mœurs, les transformations socioéconomiques ou l’émergence des nouveaux moyens de communication. Ces banalités n’expliquent finalement rien.
Mais l’historien Guillaume Cuchet (Université de Paris) va plus loin. Dans son ouvrage, Comment notre monde a cessé d’être chrétien (2018), il accuse le Concile Vatican II d’être directement responsable de l’effondrement. Son étude porte sur la France, mais ses conclusions peuvent s’appliquer, à quelques variantes près, au Québec et à tous les autres pays catholiques.
Le catholicisme français, nous dit Cuchet, n’était pas moribond à la veille du Concile. Les enquêtes du statisticien de l’épiscopat, le chanoine Fernand Boulard, montraient qu’en 1960, 94 % des Français étaient baptisés, 80 % faisaient leur communion solennelle, 60 % payaient la dîme, 60 % s’abstenaient de viande le vendredi, 30 % faisaient leurs pâques et 25 % assistaient régulièrement à la messe dominicale. Lors du recensement de 1872, 98 % des Français s’étaient déclarés « catholiques romains ». En 1960, 97 % des Français pratiquaient encore leur religion, quoique de façon souvent irrégulière. L’anticléricalisme républicain avait échoué. Le catholicisme était même en remontée depuis 1945. Les évêques de France entrevoyaient l’avenir avec optimisme.
Le courant fut inversé avant la fin du Concile Vatican II (1962-1965). Le chanoine Boulard recevait des rapports alarmants de toutes les régions de France. Il constata que le taux de pratique avait chuté de 30 % dès 1965-1966. Les évêques lui ont alors curieusement ordonné de ne plus recenser les fidèles. Les historiens disposent de nombreux chiffres sur le comportement religieux des Français entre 1945 et 1965. Mais après cette date, ils n’ont plus que des données partielles. Les évêques ne voulaient probablement pas révéler au grand jour la faillite de la pastorale conciliaire.
Selon Cuchet, le décrochage n’a pas été causé directement par les textes du Concile, ni par la réforme liturgique, mais plutôt par la « crise de la prédication des fins dernières ». Du jour au lendemain, les prêtres ont cessé de parler de l’enfer, du péché et du caractère obligatoire de la pratique. Ils ont adhéré, plus ou moins consciemment, à la théorie du théologien suisse Hans Urs von Balthasar (1905-1988) : l’enfer existe, mais il est vide. Les simples fidèles se sont alors dit : « Avant, tout était péché. Maintenant, plus rien n’est péché. Ce n’est pas sérieux leur affaire. »
Cuchet souligne l’importance du « catholicisme sociologique » pour le peuple. L’épiscopat français, dit-il, a commis une grave erreur en supprimant la communion solennelle, que l’on faisait vers l’âge de 14 ans. Cette cérémonie était une sorte de rite de passage entre l’enfance et l’adolescence. Les beaux souvenirs de la communion solennelle rattachaient les Français à l’Église catholique durant toute leur vie, et ils contribuaient souvent à les ramener à la foi dans leur vieillesse.
Les modernistes méprisaient la religiosité populaire. Ils prétendaient vouloir « démocratiser » l’Église, mais ils prônaient, en réalité, un « christianisme épuré » digne d’une « élite spirituelle ». Dans une société laïque, disaient-ils, les catholiques seront moins nombreux, mais plus authentiques. Ils oubliaient que Jésus-Christ était venu sur terre pour sauver le grand nombre, et non pas pour louanger une secte de cathares (katharos = pur).
Pour former une majorité, le Peuple de Dieu a besoin d’un État chrétien.
Urs von Balthasar est mort subitement, deux jours avant de recevoir le chapeau cardinalice des mains de Jean-Paul II. Il avait fait dessiner ses futures armoiries. Une image vaut mille mots.