Mgr Carlo Maria Viganò s’exprime sur le Concile Vatican II
Mgr Carlo Maria Viganò.
C’est avec plaisir que je publie ci-dessous la version française revue et autorisée par Mgr Carlo Maria Viganò de son Excursus sur Vatican II sur chiesa et postconcilio, à la suite de la publication par LifeSiteNews d’un texte de Mgr Athanasius Schneider (version française ici) au début du mois sur le thème du Document d’Abu Dhabi et du concile Vatican II.
N’ayant pas eu moi-même le temps de faire la traduction du texte ci-dessous je signale que je me suis servie de la version française publiée par le site benoit-et-moi que je remercie par la même occasion.
Voilà que les « discussions doctrinales » sur la liberté religieuse prennent le devant de la scène, là où on ne les attendait peut-être pas… Plus que jamais d’actualité ! — J.S.
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J’ai lu avec grand intérêt le texte de S.E. Athanasius Schneider publié dans LifeSiteNews le 1er juin dernier et intitulé There is no divine positive will or natural right to the diversity of religions [la diversité des religions n’est pas le résultat d’un vouloir divin positif ni l’objet d’un droit naturel, NdT]. L’étude de Son Excellence résume, avec la clarté qui distingue les paroles de celui qui parle selon le Christ, les objections sur la prétendue légitimité de l’exercice de la liberté religieuse que le Concile Vatican II a théorisée, contredisant le témoignage de la Sainte Écriture, la voix de la Tradition et le Magistère catholique qui est le fidèle gardien de l’une et de l’autre.
Le mérite de ce texte réside tout d’abord dans le fait d’avoir su saisir le lien de causalité entre les principes énoncés ou sous-entendus par Vatican II et l’effet logique qui en résulte dans les déviations doctrinales, morales, liturgiques et disciplinaires qui sont apparues et se sont progressivement développées jusqu’à ce jour. Le monstrum engendré dans les cercles modernistes pouvait d’abord être trompeur, mais en se développant et en se renforçant, il se montre aujourd’hui pour ce qu’il est vraiment, dans sa nature subversive et rebelle. La créature, alors conçue, est toujours la même et il serait naïf de penser que sa nature perverse puisse changer. Les tentatives visant à corriger les excès du Concile — en invoquant l’herméneutique de la continuité — ont abouti à une faillite : Naturam espellas furca, tamen usque recurret (Épître d’Horace. I, 10, 24) [Chassez le naturel, il revient au galop]. La Déclaration d’Abou Dhabi et, comme le fait remarquer à juste titre Mgr Schneider, ses prodromes du panthéon d’Assise, « a été conçue dans l’esprit du Concile Vatican II » comme le confirme fièrement Bergoglio.
Cet « esprit du Concile » est le certificat de légitimité que les novateurs opposent aux critiques, sans se rendre compte que c’est précisément en confessant cet héritage, que se confirme non seulement le caractère erroné des déclarations actuelles, mais aussi la matrice hérétique qui les justifierait. À y regarder de plus près, jamais dans la vie de l’Église il n’y a eu un Concile qui ait représenté un événement historique au point de le rendre différent des autres : il n’y a jamais eu « l’esprit du Concile de Nicée », ni « l’esprit du Concile de Ferrare-Florence », et encore moins « l’esprit du Concile de Trente », tout comme il n’y a jamais eu de « post-Concile » après Latran IV ou Vatican I.
La raison en est évidente : ces conciles étaient tous, sans distinction, l’expression de la voix à l’unisson de la Sainte Mère l’Église, et pour cela même de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est significatif que ceux qui soutiennent la nouveauté de Vatican II adhèrent également à la doctrine hérétique qui voit le Dieu de l’Ancien Testament opposé au Dieu du Nouveau, presque comme s’il pouvait y avoir une contradiction entre les Personnes Divines de la Très Sainte Trinité. Il est évident que cette opposition presque gnostique ou kabbalistique sert à légitimer un nouveau sujet délibérément différent et opposé à l’Église catholique. Les erreurs doctrinales trahissent presque toujours aussi une hérésie trinitaire, et c’est donc en revenant à la proclamation du dogme trinitaire que les doctrines qui s’y opposent peuvent être vaincues : ut in confessione veræ sempiternæque deitatis, et in Personis proprietas, et in essentia unitas, et in majestate adoretur æqualitas. Professant la divinité véritable et éternelle, nous adorons le caractère propre des Personnes divines, l’unité dans leur essence, l’égalité dans leur majesté.
Lire la suiteMgr Athanasius Schneider : la foi en Dieu et l’adoration des catholiques et musulmans ne sont pas les mêmes
Mgr Athanasius Schneider.
Par Bruno de Caumont et Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) — Photo : capture d'écran vidéo
Après la parution d’une tentative d’interprétation orthodoxe du Document d’Abu Dhabi sur la Fraternité humaine par le cardinal Gerhard Müller dans la revue Communio au mois de mars, où l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi souligne que ce Document « correspond dans son intention à la Déclaration générale des droits des Nations unies de 1948 », Mgr Athanasius Schneider a fait paraître une Déclaration qui met en évidence les affirmations les plus inacceptables du Document d’Abu Dhabi, en expliquant pourquoi.
Le cardinal Müller estime que les deux signataires, le pape François et le grand imam Al-Tayeb, n’ont pas abandonné « leurs confessions de foi individuelles », ni produit un document « relativiste », mais s’opposent ensemble à une conception du monde « sociale-darwiniste », au nom de « ceux qui croient en Dieu le Créateur tout-puissant et bienveillant », au moyen « du principe de la fraternité universelle ». Le cardinal Müller demande que le Document soit interprété à travers les « bonnes intentions » de ses auteurs plutôt qu’en se focalisant « sur la précision académique de ses expressions ».
Mgr Schneider a préféré la voie plus précise consistant à révéler les ambiguïtés et à réfuter les erreurs du Document.
Je vous propose ici la traduction de son texte publié par LifeSiteNews il y a quelques jours, aimablement proposée par Bruno de Caumont et révisée par mes soins.
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Déclaration de Mgr Athanasius Schneider
Il n’y a pas de foi commune en Dieu ni d’adoration commune de Dieu partagée par les catholiques et les musulmans.
L’affirmation la plus erronée et la plus dangereuse du Document d’Abu Dhabi sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune (signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb le 4 février 2019) est la suivante :
« Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. » Dire que, tout comme Dieu veut positivement la diversité des sexes masculin et féminin et la diversité des nations, il en va de même de la même manière de la diversité des religions, contredit la Révélation divine.
Le Document d’Abu Dhabi évoque également une foi commune en Dieu, par exemple : « C’est un document » qui invite « toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine ». Ici, le sens de la foi elle-même est ambigu et, de plus, le sens de la foi en Dieu se situe au niveau naturel de la croyance « dans la fraternité humaine ». C’est théologiquement faux et trompeur.
Le sens du mot « foi » est donné par Jésus-Christ lui-même, et donc par la Révélation divine. Il n’y a « qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éph. IV, 5), « car tous les hommes n’ont pas la foi » (2 Thess. III, 2). Jésus-Christ, le Fils incarné de Dieu, est « l’auteur et le consommateur de la foi » (Hébreux XII, 2). Quiconque ne croit pas en Jésus-Christ le Fils de Dieu n’a pas de foi et ne plaît pas à Dieu, comme le dit le Seigneur : « Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu » (Jn III, 18), et « Celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jn III, 36)
Lire la suiteLa Très sainte Trinité : Mystère de l’Amour infini de Dieu
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le dimanche de la Très sainte Trinité) ― Photo (modifiée) : Dorotheum/Wikimedia Commons
Jésus-Christ seul, en tant que Fils unique de Dieu, pouvait révéler au monde le secret impénétrable de la vie intime de Dieu, le mystère de son amour infini.
Plusieurs fois, dans le saint Évangile, il est fait mention des trois personnes divines. Lors de son baptême, le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, vient se poser sur la tête de Jésus, et du ciel la voix puissante Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». C’est la solennelle inauguration de la mission divine du Sauveur. Au cours de sa vie publique, Jésus lui-même nomme souvent le Père qu’Il appelle son Père au sens propre du terme, au point que les juifs se scandalisaient de ce qu’Il se faisait Fils de Dieu, et qu’il faisait de Dieu son Père. Jésus affirme sa consubstantialité avec le Père, en disant : « celui qui me voit, voit aussi le Père » (Jn 14 9) : « Ne croyez-vous pas que le Père est en moi, et que je suis dans le Père » (Jn 14 11) ; « le Père et moi, nous sommes un » (Jn 10 30). Il révèle la personne divine du Saint-Esprit, distincte du Père et de lui-même ; Il l’appelle « l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas » (Jn 14 17). Il assure qu’une fois retourné au Père, il demandera au Père de l’envoyer pour poursuivre sa mission et pour suppléer au défaut de sa présence, en qualité de parfait Consolateur, de Défenseur et de Docteur : « Le Paraclet, l’Esprit-Saint que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit, et Il vous conduira à la vérité toute entière » (Jn 14 26). Jésus parle aussi des trois personnes divines ensemble de la façon la plus claire, la plus explicite dans la mission qu’Il donne à ses apôtres avant de monter au ciel : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28 19).
Sans la révélation du Fils de Dieu incarné, la raison humaine n’aurait jamais pu même soupçonner ce mystère, qui se dresse devant ses prétentions de pouvoir tout comprendre comme le défi suprême. Ce mystère qui défie la raison est par ailleurs tout à fait raisonnable en ce sens que, loin de s’y opposer, il lui apporte une très vive lumière dans sa recherche de la vérité sur l’homme que Dieu a fait à son image et ressemblance, et aussi sur le sens de l’univers, qui selon saint Bonaventure, porte dans tous les êtres qui le composent la marque de la très sainte Trinité, c’est-à-dire du seul Dieu véritable, qui est tout entier Amour.
Certes, l’amour n’existerait pas en Dieu, s’il ne pouvait s’exprimer, se dire. Or, l’expression éternelle de l’amour infini du Père est son Verbe qui est sa parfaite image. C’est ce Verbe qui, de toute éternité exprimant parfaitement l’amour infini du Père, et qui n’est Lui-même qu’amour, s’est incarné en Jésus-Christ. Il s’est fait homme pour sauver tous les hommes par pur amour, en les recouvrant de la miséricorde infinie du Père.
Par ailleurs, sans un échange éternel d’amour entre le Père et le Fils, il n’y aurait pas entre eux de parfait amour. C’est l’Esprit-Saint qui est le souffle de l’amour infini que se disent de toute éternité le Père et le Fils. Ainsi, le mystère de Dieu est le mystère de l’amour dans toute sa plénitude. L’amour infini de Dieu-Trinité est la source éternellement jaillissante de tout amour véritable qui — au-delà de tous les malheurs, conséquences du péché — remplit tout l’univers. L’amour des trois Personnes divines remplit tout l’univers d’abord dans la magnificence de la création et plus admirablement encore dans l’immense miséricorde de la rédemption gratuitement offerte par Dieu au monde entier.
Il s’ensuit que les cieux et la terre témoignent sans cesse de l’amour infini de Dieu pour l’humanité. C’est la seule Grande Réalité qui doit retenir par-dessus tout notre attention, nous consoler dans le mal que nous voyons et souffrons présentement, et nous plonger dans le silence de l’adoration devant l’immensité de l’amour de Dieu pour nous.
J.-Réal Bleau, ptre
Les merveilles accomplies par l’Esprit Saint
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le dimanche de la Pentecôte) ― Photo : Bildindex der Kunst und Architektur/Wikimedia Commons
Lors de la Pentecôte, l’Esprit de Dieu, qui habitait en Jésus, manifesta d’une façon éclatante la divinité de sa personne et de sa doctrine, et mit le sceau de Dieu sur toute son œuvre rédemptrice. Aussi, le même Esprit divin, qui conduisait constamment le Christ à ne faire en toutes choses que la volonté du Père, devait-il être répandu sur son Église pour en être l’âme, la source perpétuelle de sa beauté et de sa fécondité, et pour la rendre victorieuse du combat qu’elle mène pour le triomphe de la vérité.
Mais le Saint-Esprit ne peut exercer dans les membres du Corps mystique de Jésus-Christ — quelle que soit leur situation et leur fonction dans l’Église — sa merveilleuse action que s’il n’y rencontre aucune résistance. Or, on résiste ouvertement aujourd’hui au Saint-Esprit, par une mise en question audacieuse des vérités fondamentales de la foi, par une désobéissance généralisée aux commandements de Dieu, par une ouverture libérale à l’esprit du monde tout à fait contraire à celui de Jésus-Christ. D’où un manque d’esprit surnaturel omniprésent, beaucoup plus grave chez les pasteurs qui devraient être les modèles de leur troupeau, comme vient de le souligner Mgr Athanasius Schneider. Si le catholicisme n’était pas entravé aujourd’hui dans son rayonnement par tant de froideur, d’indifférence, d’absence de convictions profondes, et même de trahisons pour être bien vus des puissants qui contrôlent le monde ou pour obtenir quelque avantage temporel, aujourd’hui encore, des gens de toutes nations, races et langues pourraient dire avec étonnement des prédicateurs de l’Évangile : « nous entendons tous proclamer dans nos propres langues les merveilles de Dieu » (Ac 2 6-8).
Dans la crise actuelle de l’Église, il n’est pas rare que la divine doctrine de Jésus-Christ, les sacrements institués par Lui, les lois les plus saintes de la tradition catholique soient méprisés, foulés aux pieds. Ce ne peut être que le résultat d’une résistance massive au Saint-Esprit. Sous le prétexte de renouveler l’Église, on détruit souvent avec un zèle aveugle et impie les œuvres admirables que le Saint-Esprit y a produites au cours des siècles, notamment dans le domaine de la sainte liturgie tout ordonnée, principalement par la sainte messe et les sacrements, à la louange de Dieu et à la sanctification des âmes. Ce qui aggrave cette erreur est d’attribuer cette destruction au Saint-Esprit lui-même. Si on y réfléchit bien, laisser entendre que l’Esprit de vérité contredit aujourd’hui ce qu’il a dit dans le passé, qu’il démolit aujourd’hui ce qu’il a édifié hier, cela ne diffère nullement d’un blasphème. Car le même Esprit Saint, qui a parlé par les prophètes, et par-dessus tout par Jésus Christ, a parlé aussi par les Apôtres, les Pères et Docteurs de l’Église et tous les témoins authentiques de la doctrine de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est pourquoi la grande tradition catholique, conçue comme la transmission fidèle de toutes les richesses spirituelles de l’Église, est infaillible, puisqu’elle est l’œuvre tout à fait merveilleuse de l’Esprit Saint, entièrement ordonnée au salut éternel de tous les hommes.
Lire la suiteLe désir de voir Jésus
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le dimanche après l’Ascension) ― Photo (rognée) Andreas Praefcke/Wikimedia Commons
Les jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte ne sont pas des jours tristes mais des jours pleins de la nostalgie de l’Au-delà. Le Christ nous a quittés en montant au ciel ; notre cœur et nos yeux sont entièrement tournés vers Lui. Jusqu’à l’heure où le Consolateur promis par Jésus viendra pour parfaire en nous son œuvre, nous sommes comme des orphelins, qui cherchent à revoir la figure aimée d’un père qui leur a été soudainement ravi. Pénétrés du souvenir de tout ce qu’a fait pour nous notre divin Sauveur, nous le prions ainsi : « Écoutez Seigneur ma voix qui vous invoque. Mon cœur vous a parlé, mes yeux vous ont cherché ; toujours, Seigneur, je chercherai votre visage ; ne détournez pas de moi votre face » (chant d’entrée).
Nous n’avons pas eu, comme les apôtres, la joie de contempler le visage de Jésus, de converser avec Lui, et de Lui toucher. Notre désir de contempler ses traits divins est d’autant plus grand. Comme il l’a dit, il demeure toujours avec nous réellement, mais nous ne pouvons le voir et l’entendre, le rencontrer, et converser avec Lui que dans l’obscurité de la foi. Et pourtant, ses paroles retentissent aussi fort à nos oreilles qu’à celles des apôtres. Et toute son œuvre rédemptrice, renouvelée à chaque messe, est aussi réelle et efficace aujourd’hui que sur le Calvaire. Tous les jours, il nous manifeste son amour sans bornes et son immense miséricorde. Que de fois, il nous est donné d’expérimenter la tendresse infinie de son Cœur ! Mais ce n’est pas assez encore pour nous. Nous voulons le voir, et nous ne serons jamais pleinement heureux tant que nous ne le verrons pas sans voile, tel qu’Il est.
Lorsqu’un cœur s’est laissé prendre dans les liens de l’amour de Jésus, il soupire après le jour où il lui sera uni à jamais, sans aucune crainte d’être séparé de Lui. Comment ne peut-il pas désirer ardemment voir un Dieu si grand, si puissant, si bon, infiniment aimable ? Comment ne peut-il pas désirer contempler le visage d’un Dieu si humble qu’il s’est revêtu de notre nature humaine, s’abaissant pour nous jusqu’à la mort de la croix ? Comment ne pas désirer admirer la face humaine de Jésus-Christ, « ce visage d’une grâce, d’une splendeur, d’une douceur incomparable, d’une beauté si parfaite qu’elle surpasse infiniment tout ce qu’on peut désirer et souhaiter en cette vie » (Vénérable Louis de Blois). Contempler Dieu tel qu’il est, voir Jésus, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, dans toute sa gloire, est la fin même de notre vie. Voilà pourquoi le désir de voir la beauté du visage de Jésus devrait en quelque sorte nous obséder, et nous stimuler puissamment à marcher avec enthousiasme, et même à courir joyeusement dans la voie difficile, et parfois héroïque, qui conduit au ciel.
Si l’amour de Jésus nous presse, si notre pauvre cœur, au moins par un ardent désir, brûle de cet amour que Jésus est venu répandre sur la terre, n’ayons peur d’aucune difficulté, d’aucune persécution, d’aucun virus, eut-il été fabriqué comme une arme satanique de destruction massive. Car, avec Jésus notre Chef, nous qui sommes ses membres, sommes déjà entrés au ciel. Jésus dans sa gloire nous y attend pour nous faire partager la joie infinie de sa victoire.
J.-Réal Bleau, ptre.
Le cardinal Burke évoque le coronavirus à la lumière de Fatima
Le Cardinal Burke.
Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) ― Photo : Steve Jalsevac/LifeSiteNews
Le cardinal Burke a donné une vidéoconférence dans le cadre du « Rome Life Forum » organisé par Voice of the Family et LifeSiteNews, qui se tient virtuellement cette année en raison des restrictions sanitaires liées au COVID-19. Le thème des conférences porte cette année sur Fatima, et la manière dont les apparitions de la Sainte Vierge en 1917 peuvent éclairer la période actuelle.
Je vous propose ici ma traduction non officielle de la conférence du cardinal Burke, riche de conseils et de compassion pour les catholiques qui ont pu se sentir abandonnés pendant la période du confinement, privés des sacrements et même dans certains cas de sépulture chrétienne pour leurs chers disparus.
Le cardinal Raymond Burke dit les choses avec force, mais toujours sous un regard d’éternité, invitant à une union toujours plus grande avec le Cœur sacré de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie.
Il s’élève notamment contre la vaccination obligatoire, en particulier si les vaccins développés utilisent des lignées de cellules souches prélevées sur des fœtus avortés ; contre les restrictions illégales à la liberté religieuse et de culte ; contre le silence d’évêques et de prêtres qui par leur refus de s’exprimer, se rendent complices de l’apostasie.
Le cardinal Burke exprime également sa conviction que la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé n’a pas été accomplie. — J.S.
Fatima : La réponse du ciel à un monde en crise
Nous vivons des temps très troublés et inquiétants. Un virus a été, d’une quelconque manière, lâché, jusqu’à atteindre toutes les parties du monde. Il a causé et cause encore, à un degré plus ou moins important, la maladie qui lui est associée, le COVID-19. Beaucoup sont morts et meurent encore, soit directement de la maladie, soit de complications dont la maladie fait partie. En réponse à la propagation de la contagion, de nombreux gouvernements ont imposé de sévères restrictions à la circulation de leurs citoyens, confinant les citoyens à leur domicile et interrompant le fonctionnement de tous les services, hormis les services essentiels. L’effet sur l’économie des familles, des communautés locales et des nations a été dévastateur.
L’origine du virus demeure incertaine. Les informations relatives à sa nature et à son évolution sont contradictoires. À l’heure actuelle, un débat animé a lieu pour savoir si son évolution nous permettra de reprendre nos activités quotidiennes ou si, en raison d’une menace de résurgence de la contagion, nous devrons continuer à vivre confinés dans nos foyers. Des informations nous parviennent de la part de ceux qui sont retenus comme experts, et elles sont clairement contradictoires. Il existe également une crainte légitime de voir des personnes sans scrupules utiliser la crise sanitaire à des fins politiques et économiques.
Un aspect particulier de la crise sanitaire internationale qui en résulte, ce que l’on appelle une pandémie, est que l’ensemble plus vaste des personnes en bonne santé sont soumises à de sévères restrictions, même en ce qui concerne leur pratique de la foi, en partant du principe que l’infection par le virus reste souvent cachée avant de se manifester soudainement. D’une certaine manière, chacun d’entre nous devient un danger potentiel pour les autres. Dans une telle situation, l’interaction humaine naturelle est rendue sévèrement limitée. Chez certains, la situation a conduit à s’inquiéter constamment d’une éventuelle infection et à entretenir l’illusion que, d’une manière ou d’une autre, nous pouvons créer un environnement parfaitement sanitaire dans lequel nous ne serons menacés par aucune bactérie ni aucun virus, ou dans lequel, grâce à des mesures prophylactiques, y compris la vaccination universellement imposée, nous aurons une protection certaine contre le coronavirus.
Lire la suiteJeudi 21 mai 2020 — Ascension de Notre Seigneur
Par Fabien Laurent (Medias-Presse.info) ― Photo (Côtés flous rajoutés) : FreeArt/Wikimedia Commons
Ascension de Notre Seigneur : « L’Ascension du Christ est notre élévation. »
Le jour s’est levé radieux, la terre qui s’émut à la naissance de l’Emmanuel éprouve un tressaillement inconnu ; l’ineffable succession des mystères de l’Homme-Dieu est sur le point de recevoir son dernier complément. Mais l’allégresse de la terre est montée jusqu’aux cieux ; les hiérarchies angéliques s’apprêtent à recevoir le divin chef qui leur fut promis, et leurs princes sont attentifs aux portes, prêts à les lever quand le signal de l’arrivée du triomphateur va retentir. Les âmes saintes, délivrées des limbes depuis quarante jours, planent sur Jérusalem, attendant l’heureux moment où la voie du ciel, fermée depuis quatre mille ans par le péché, s’ouvrant tout à coup, elles vont s’y précipiter à la suite de leur Rédempteur. L’heure presse, il est temps que notre divin Ressuscité se montre, et qu’il reçoive les adieux de ceux qui l’attendent d’heure en heure, et qu’il doit laisser encore dans cette vallée de larmes. Tout à coup il apparaît au milieu du Cénacle. Le cœur de Marie a tressailli, les disciples et les saintes femmes adorent avec attendrissement celui qui se montre ici-bas pour la dernière fois. Jésus daigne prendre place à table avec eux ; il condescend jusqu’à partager un dernier repas, non plus dans le but de les rendre certains de sa résurrection ; il sait qu’ils n’en doutent plus ; mais, au moment d’aller s’asseoir à la droite du Père, il tient à leur donner cette marque si chère de sa divine familiarité. O repas ineffable, où Marie goûte une dernière fois en ce monde le charme d’être assise aux côtés de son fils, où la sainte Église représentée par les disciples et par les saintes femmes est encore présidée visiblement par son Chef et son Époux ! Qui pourrait exprimer le respect, le recueillement, l’attention des convives, peindre leurs regards fixés avec tant d’amour sur le Maître tant aimé ? Ils aspirent à entendre encore une fois sa parole ; elle leur sera si chère à ce moment du départ ! Enfin Jésus ouvre la bouche ; mais son accent est plus grave que tendre. Il débute en leur rappelant l’incrédulité avec laquelle ils accueillirent la nouvelle de sa résurrection. Au moment de leur confier la plus imposante mission qui ait jamais été transmise à des hommes, il veut les rappeler à l’humilité. Sous peu de jours ils seront les oracles du monde, le monde devra croire sur leur parole, et croire ce qu’il n’a pas vu, ce qu’eux seuls ont vu. C’est la foi qui met les hommes en rapport avec Dieu ; et cette foi, eux-mêmes ne l’ont pas eue tout d’abord : Jésus veut recevoir d’eux une dernière réparation pour leur incrédulité passée, afin que leur apostolat soit établi sur l’humilité. Prenant ensuite le ton d’autorité qui convient à lui seul, il leur dit : « Allez dans le monde entier, prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné ». Et cette mission de prêcher l’Évangile au monde entier, comment l’accompliront-ils ? Par quel moyen réussiront-ils à accréditer leur parole ? Jésus le leur indique : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents avec la main ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur nuira pas ; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris ». Il veut que le miracle soit le fondement de son Église, comme il l’a choisi pour être l’argument de sa mission divine. La suspension des lois de la nature annonce aux hommes que l’auteur de la nature va parler ; c’est à eux alors d’écouter et de croire humblement.
Lire la suiteFrance : analyse de l’ordonnance du Conseil d’État ordonnant la reprise des cultes publics
Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) ― Photo : AdobeStock
Le Conseil d’Etat français a ordonné au Premier ministre, Edouard Philippe — à la grande surprise des médias et même des évêques, semble-t-il — de modifier le décret interdisant les cultes publics dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire dans un délai de huit jours, dans une décision historique qui reconnaît les droits spécifiques attachés à la « liberté fondamentale » du culte public. D’ici à la semaine prochaine, les églises françaises devraient être autorisées à organiser des messes publiques et autres cérémonies religieuses, qui sont suspendues depuis la mi-mars en raison de la pandémie de COVID-19, au motif que leur interdiction n’est plus proportionnée à la guerre contre le coronavirus déclarée par Emmanuel Macron le 16 mars dernier.
La plus haute autorité administrative française a déclaré que le droit de se joindre à un rassemblement ou à une réunion dans les lieux de culte — et pas seulement celui de prier chez soi ou de prier individuellement dans un tel lieu de culte — « est une composante essentielle de la liberté de culte », et que la limitation de ces rassemblements constitue « une atteinte » grave et manifestement illégale » à cette liberté.
Cette décision est une gifle pour le gouvernement français, qui a montré le côté le plus sombre de son laïcisme en maintenant sine die des mesures strictes contre le culte religieux, et en particulier le culte catholique, malgré un déconfinement assez large qui a permis aux écoles primaires, aux commerces, aux boutiques et à la plupart des centres commerciaux ainsi qu’aux bibliothèques et aux petits musées de rouvrir depuis le 11 mai.
La décision est aussi une claque pour les évêques de France et leur « conférence » qui a fini — comme le montre de manière éclatante cette affaire — par phagocyter le pouvoir d’appréciation et de gouvernement de chaque évêque dans et pour son diocèse –, qui se sont délibérément abstenus d’attaquer le décret du 11 mai devant les tribunaux.
Au lieu de cela, le 1er mai, lorsque Edouard Philippe, détaillant les modalités de déconfinement, a annoncé sans ménagement qu’il n’y aurait « pas de messe avant le 2 juin », le président de la conférence épiscopale, Eric de Moulins-Beaufort, s’est contenté de faire une remarque : « On peut trouver cette décision exagérément prudente, mais il faut quand même l’appliquer. »
Eh bien, elle n’était pas « exagérément prudente » : elle était illégale et contraire aux droits des catholiques en France !
Lire la suiteUn évêque français dénonce l’« atteinte » au droit des catholiques de « participer librement à la messe »
Mgr Bernard Ginoux, évêque du diocèse de Montauban, en France.
Par Jeanne Smits ― Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : capture d'écran vidéo/DENIS BEGUE/YouTube
Il est à noter que le gouvernement est maintenant censé laisser aux Français une liberté de culte plus large, selon la décision du Conseil d’État, mais il est intéressant de voir les plus vigoureuses et les plus belles réactions des évêques de France qui ont précédé cet événement ; il faut dire aussi qu’aucun d’entre eux n’a participé aux recours qui ont été portés devant le Conseil d’État. ― A. H.
13 mai 2020 (LifeSiteNews) —Dans une lettre pastorale adressée à tous les fidèles de son diocèse, l’évêque Bernard Ginoux de Montauban a plaidé avec passion pour le droit des catholiques de pratiquer leur religion (lire la lettre complète ci-dessous).
L’évêque a clairement indiqué qu’aucune loi civile ne peut annuler le droit fondamental de la liberté religieuse*. Il a souligné que pour les catholiques, la messe est bien plus qu’un simple rassemblement communautaire, c’est le renouvellement du sacrifice du Christ sur la Croix.
Sa lettre, rédigée avec force, reçut une large attention dans les médias catholiques français.
Depuis le début de la crise du COVID-19 et de ses mesures « sanitaires » (que l’évêque Athanasius Schneider a qualifié de « dictature sanitaire »), Mgr Ginoux s’est montré particulièrement franc et courageux.
Dans l’un de ses derniers tweets, en réaction à un article paru dans Le Monde sur la possibilité d’une vaccination obligatoire accompagné d’une nanopuce, l’évêque Ginoux a déclaré : « Attention ! Danger ! La liberté de chacun est bafouée au nom d’un bien. Il faut dire non. »
Dimanche dernier, dans un autre tweet, il écrivait : « Messe. Encore un dimanche de souffrance (alors que nous sommes dans la joie de Pâques) pour tous ceux qui sont injustement privés de l’eucharistie. Je vous rejoins. »
Dans sa lettre pastorale, Mgr Ginoux a longuement commenté le maintien de l’interdiction du culte public, déclarant « Notre liberté est en jeu et il y est gravement porté atteinte ».
Il a ajouté : « je dénonce l’atteinte aux droits des fidèles catholiques de participer librement à la messe, je dénonce le rejet qui est fait de ce droit. La loi civile, dont il resterait à prouver l’obligation en la matière, ne peut s’imposer à ma conscience de pasteur quand elle m’empêche d’accomplir mon devoir. Je suis prêtre et évêque pour donner le Christ aux fidèles qui en ont besoin. C’est ma mission et je veux leur en faire part. L’Eglise Catholique a toujours rappelé le droit de la personne humaine à pratiquer sa religion. Empêcher d’exercer ce droit est une atteinte aux droits humains fondamentaux qui pourrait entraîner d’autres dérives ».
Mgr Ginoux insista également sur la nécessité spécifique des catholiques d’assister en personne à la messe, surtout maintenant que l’épidémie de coronavirus recule et à un moment où de nombreuses autres activités sont autorisées.
[… Voilà ci-dessous la version originale française de la lettre, qui provient du Salon Beige, la traduction anglaise est disponible sur LifeSiteNews :]
Lire la suiteLa Sagesse Chrétienne
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le quatrième dimanche après Pâque) ― Photo : Elke Walford/Wikimedia Commons
L’apôtre saint Jacques nous instruit aujourd’hui de la signification de la sagesse chrétienne. Cette sagesse, à la différence de toutes les autres sagesses, vient de Dieu. Elle est ce don parfait qui descend du Père des lumières pour faire de nous des enfants de lumière. Elle consiste en une parfaite connaissance du Christ et de la vérité. Cette connaissance n’est pas seulement théorique mais elle est, selon l’expression de saint Cyrille, « toute brûlante d’amour de Dieu ». On l’acquiert par une foi vivante en Jésus-Christ, qui est la Sagesse éternelle. De même que Dieu le Père, Jésus-Christ est Lumière — Lumière née de la Lumière — et source constante de cette divine lumière qui illumine les cœurs. Il est le même aujourd’hui qu’il était hier et qu’il sera pour tous les siècles. Sa doctrine est immuable. Autant dans le Fils que dans le Père et l’Esprit-Saint, il ne peut y avoir de changement, ni l’ombre même d’une variation. Car ce qui est divin est absolument parfait, et par suite ne peut changer. Ainsi, ne peuvent changer les vérités de notre foi, parce qu’elles viennent de Dieu, qui les a révélées au monde.
La sagesse chrétienne nous faisant participer à une connaissance toujours plus claire et profonde du plan d’amour de Dieu sur l’humanité a pour but de nous conduire à une vie nouvelle d’union avec Dieu sur la terre, à nous apprendre à voir tous les évènements à la lumière de Dieu. Elle nous fait comprendre que ce qui se passe présentement est une parole de Dieu qui retentit dans le monde entier pour l’appeler à la conversion, avant qu’il ne soit trop tard. La fin approche, et l’extrême danger que courent l’immense majorité des hommes concerne beaucoup plus la mort de leur âme pour l’éternité que la mort de leur corps, aussi désastreuse soit-elle. Oui, il faut protéger notre vie physique et la vie de notre prochain des graves dangers de contagion qui nous menacent tous. Notre vie corporelle est un bien extrêmement précieux, qui nous est donné par Dieu, mais elle n’a pas sa fin en elle-même, elle est ordonnée à la vie éternelle.
La mort éternelle, de laquelle très peu d’hommes se soucient concrètement aujourd’hui, est la privation de la vie divine pour toute l’éternité, c’est-à-dire le plus grand de tous les malheurs, le malheur des malheurs, absolument irréparable. S’il nous reste un peu de sagesse chrétienne, inappréciable héritage reçu de nos ancêtres, il ne peut s’agir seulement pour nous, dans les circonstances actuelles, de prendre les précautions pour être sauvés d’une contagion qui peut tuer notre corps. Il ne suffit pas de nous laver souvent les mains, de porter des gants de latex pour éviter tout contact suspect, de porter des masques s’il le faut, de nous distancer des porteurs éventuels d’un mystérieux virus. Car ayant fait tout cela, quelle tristesse, quelle cuisante déception, quel désespoir et remords sans fin, si nous ne sauvons pas notre âme du suprême virus qui, spécialement depuis l’apparition de l’hérésie moderniste, s’est répandu sur toute la surface de la terre, et qui consiste essentiellement dans la perte, l’abandon de la foi en Jésus-Christ Fils de Dieu, l’unique Sauveur du monde.
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