L'éditorialiste André Pratte critique «la ligne dure » du Parti Québécois envers la liberté religieuse
Sur le site du journal la Presse du 10 octobre 2013 :
(André Pratte)
Le gouvernement Marois a décidé d'ignorer toutes les objections et d'imposer aux Québécois une mesure dont un grand nombre d'eux ne veulent pas, de bafouer les droits fondamentaux des minorités religieuses, de diviser la province à des fins partisanes. On est consterné à la vue d'un gouvernement minoritaire se moquant avec autant d'insouciance des inquiétudes suscitées par sa politique.
Trois anciens premiers ministres et chefs du PQ ont suggéré à Mme Marois de limiter l'interdiction des signes religieux aux représentants de l'État en situation d'autorité. Leur opinion a été ignorée. La Coalition avenir Québec a aussi proposé une avenue de compromis; le gouvernement a rejeté l'idée du revers de la main.
Mercredi, Québec Solidaire a déposé un projet de loi susceptible d'obtenir une vaste adhésion, à condition que le gouvernement souhaite calmer le jeu plutôt qu'exciter les préjugés. Avec raison, la députée Françoise David a souligné les risques d'utiliser une question aussi délicate à des fins électorales: «Quand (la polarisation) se fait sur des questions d'identité, malheureusement, ça se fait sur le dos des minorités, ça se fait sur le dos des gens vulnérables.»
(...)
Selon ce que rapporte notre collègue Denis Lessard, toujours bien informé, le gouvernement Marois n'a aucune intention de mettre de l'eau dans son vin. Au contraire, il veut y ajouter quelques gouttes de vinaigre pour s'assurer que la plaie ne guérisse pas.
«Un Québec pour tous», affirme le slogan de ce gouvernement. S'il maintient la ligne dure, on conclura que le «tous» des péquistes exclut les Québécois souhaitant jouir de «la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé», telle que garantie par la Déclaration universelle des droits de l'homme.
À connaître, l'émission de nouvelles françaises et internationales à la Source : la semaine dernière, Mgr Simard y était présent
Sur le site de ktotv.com du 3 octobre 2013, cette excellente émission animée par Cyril Lepeigneux. À 13 minutes 26 secondes, on retrouve le traitement de l'actualité québécoise sur la charte des valeurs québécoises et l'entrevue de Mgr Simard :
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Excellent texte d'un avocat sur la charte des « valeurs québécoises » paru dans La Presse
Sur le site du journal La Presse du 28 septembre 2013, cette lettre de l'avocat en droit des affaires, Marc-Alexandre Poirier :
(...)Cependant, en «encadrant le port de signes religieux ostentatoires», la Charte ne fait aucunement la promotion de la neutralité. En fait, elle véhicule essentiellement une croyance religieuse déguisée.La religion consiste en un ensemble de croyances et de pratiques relatives à la situation existentielle de l'humanité. Pourquoi sommes-nous ici? Quel est notre but? Où allons-nous? Comment devons-nous interagir avec le monde et l'un envers l'autre? Ces questions sont l'objet de toute religion. La religion d'un individu détermine comment il aborde chacune de ces questions. La religion n'est pas le simple choix d'une opinion sur un sujet ou une question en particulier, comme l'environnement ou le contrôle des armes à feu. Ultimement, chacun est religieux en ce que, implicitement ou explicitement, il répond à chacune de ces questions et en intègre la réponse dans sa vie.Quelle est la position reflétée dans la Charte des valeurs québécoises par les limitations au port de signes ou symboles religieux? Implicitement, c'est l'appui à une vision matérialiste du monde enracinée dans la période historique des Lumières. Dans cette perspective, la réalité consiste en des objets matériels connaissables par l'homme à travers la science. Il n'y a rien «de plus» à la réalité, aucun mystère qui ne puisse être résolu ou compris. Pour un matérialiste, le symbolisme religieux traditionnel semble illusoire, stupide et insignifiant. Les signes ou symboles religieux sont tolérés, mais considérés avec condescendance, comme des vestiges d'un temps moins évolué. Ainsi, la décision de porter la kippa ou le hijab n'est pas plus importante que de porter des souliers rouges ou bleus.Mais les signes ou symboles religieux sont beaucoup plus importants que cela. Ils sont, en fait, d'une importance ultime pour les religieux traditionnels. Porter ces signes ou symboles n'est pas un choix. C'est impératif. Cela touche au coeur même de leur identité. En en limitant le port, la Charte des valeurs québécoises fait fi, de manière flagrante, de leur importance subjective.Le gouvernement défend ces limitations sur la base de «l'affirmation des valeurs québécoises», prétendues valeurs qui incluent «la reconnaissance d'un patrimoine historique commun». (nosvaleurs.gouv.ca). Tout cela démontre que la Charte cache une vision matérialiste et nationaliste du monde.(...)Quoi qu'il en soit, cette vision du monde enchâssée dans la Charte est tout, sauf neutre.Le fait est que de limiter le port des signes ou symboles religieux n'est pas une décision neutre, mais plutôt une décision qui favorise le matérialisme et le nationalisme au détriment des religions traditionnelles. Mais le matérialisme et le nationalisme constituent des religions tout autant que le christianisme, l'islam ou le judaïsme.La «neutralité religieuse» ne requiert pas de l'État qu'il limite le port des signes ou symboles religieux, mais plutôt qu'il protège le droit de chaque individu de porter les symboles de sa religion, aussi bien que celui de s'abstenir d'en porter. Parce que ne pas en porter en dit autant sur la religion de quelqu'un qu'en porter. Cela semble avoir échappé aux rédacteurs du projet de charte, de sorte que nous sommes maintenant confrontés à une mesure législative très malavisée au départ.
Les Québécois n'ont jamais rejeté la religion catholique et chrétienne, de nouveaux sondages le confirment...
C’est ce que viennent confirmer les maisons de sondage jour après jour. Et pourtant, à écouter les discours dans nos médias, « on » n’en finit plus d’affirmer qu’« on » a mis la religion dehors volontairement.
(L'éditorialiste André Pratte du journal La Presse)
ON?
Pas la majorité du peuple québécois, mais une petite élite athée regroupée autour du Mouvement laïque québécois qui n’a jamais toléré l’existence d’une transcendance reconnue par la population et travaille depuis des décennies à éradiquer progressivement les traces du christianisme sur le territoire québécois. Le procès fait par le Mouvement laïque québécois contre le Maire Tremblay et la prière traditionnelle centenaire à l’hôtel de ville en est un exemple flagrant, alors que la majorité de la population approuve la résistance du maire Tremblay.
Rappelons que le premier ministre Lesage affirmait avoir perdu ses élections aux mains de Daniel Johnson père parce qu’il avait retiré des mains du clergé le contrôle de l’éducation et que la perte de confessionnalité des commissions scolaires et des écoles s’est faite contre la volonté majoritaire de la population québécoise. De même pour l’instauration du cours d’Éthique et Culture religieuse que le bon sens populaire n’a jamais et n’aurait jamais demandé…
Ce qui est très étonnant dans ce débat, c’est justement le discours de réécriture de l’histoire sur la Révolution tranquille faite par « les Québécois »… Non, jamais les Québécois n’ont voulu l’exclusion de leur religion chrétienne.
Seul un petit groupe d’intellectuels intolérants s’est arrogé le droit de parler au nom des « Québécois ». Il est étonnant que des journalistes et des éditorialistes bien renseignés feignent de s’en étonner…
Sur le site du journal La Presse du 24 septembre 2013 :
(...)Cela dit, l’opinion de la majorité «de souche» n’est pas dépourvue de paradoxes. Par exemple, l’extraordinaire attachement au catholicisme. (...) Néanmoins, comme le Québec est censé avoir rompu radicalement avec l’Église, je trouve étonnant que, selon notre récent sondage CROP:- 78% des Québécois trouvent «important de préserver les symboles historiques catholiques;- 56% estiment que «la religion catholique devrait avoir un statut spécial au Québec.Où est passée notre colère contre les curés qui, selon nos historiens et nos souvenirs, nous auraient si durement dominés? N’aurions-nous pas dû souhaiter la disparition de tout ce qui nous rappelle cette époque supposément pénible?(...) Pourtant, toujours selon le sondage CROP:- 62% des Québécois disent appartenir à une religion. «Appartenir», ce n’est pas rien.- 61% des personnes interrogées affirment que «ma religion est importante pour moi». De quelle religion parlent-elles? Du catholicisme? Je pensais qu’on l’avait rejeté…(...) Chose certaine, le Québécois moyen ne semble pas aussi éloigné de la religion, catholique ou autre, qu’on l’entend souvent dire. (...)
Peut-être que la minorité du « ON » devrait cesser de s'imaginer qu'elle parle au nom du peuple québécois? Et ce « ON », selon les sondages, c'est le laïc intolérant et fermé, flirtant avec le Mouvement laïc québécois, dont le sociologue Guy Rocher, prix Condorcet 2009, est l'illustration...
(Guy Rocher, co-auteur du rapport Parent que la population avait rejeté, est l'un des propagateur de la fable « historique » sur le « rejet » de la population québécoise de la foi chrétienne.)
Précisions de Mgr Lacroix sur la charte des « valeurs québécoises »
Sur le site du Journal de Montréal du 20 septembre 2013 :
(Mgr Gérard Lacroix, archevêque de Québec)
Les évêques du Québec s’opposent à l’adoption d’une charte des valeurs québécoises qui pourrait mettre en péril la liberté de croyance des citoyens.(...)Selon Mgr Gérald Cyprien Lacroix, une telle charte va directement à l’encontre du droit fondamental de la liberté de conscience et d’expression de la foi des gens.«L’État n’est pas là pour dire qu’on doit croire ou pas croire. Ceux qui veulent croire doivent être capables de le faire en toute liberté, en privé ou en public. C’est pareil pour ceux qui ne croient pas, qui peuvent le faire sans être harcelés», a soutenu l’archevêque de Québec.Dans ce contexte, les évêques peinent à comprendre la volonté du gouvernement d’imposer un caractère laïque à ses institutions et de «restreindre» ses employés dans le port de signes religieux.«Ça ne me dérangerait jamais d’être répondu par une employée qui porte le voile, par exemple. Ce qui est important, c’est son attitude, son accueil, sa compétence, son professionnalisme et qu’elle offre un service neutre», a signifié Mgr Lacroix.(...)«Entre nous, je pense qu’on est capables de bien s’entendre. Il s’agit que le gouvernement n’essaie pas de nous contrôler, mais de trouver des chemins pour vivre ensemble en harmonie. Avec cette charte, c’est une majorité qui veut contrôler une minorité. C’est exactement le contraire de ce pour quoi est faite une charte», a précisé Mgr Lacroix.CatégoriqueLes évêques ont aussi profité de cette tribune pour réaffirmer leur opposition formelle et catégorique au projet de loi 52 sur l’aide médicale à mourir. Ils proposent plutôt au gouvernement de concentrer ses efforts sur les soins palliatifs, difficiles d’accès.«Nous devons faire face à ce défi-là. Pas en se faufilant et en voulant terminer la vie des gens abruptement par une injection létale et leur donner la mort. Mais en les accompagnant pour qu’ils vivent jusqu’à la mort», maintient Mgr Lacroix, qui rappelle que dans «son livre», il est inscrit «Tu ne tueras pas.»(...)
Une tentative d'analyse des groupes s'opposant au sujet de la charte des « valeurs québécoises »
Sur le site du journal La Presse du 18 septembre 2013 :
(Le maire Jean Tremblay)
(...)Décortiquant les données de sa plus récente enquête, CROP distingue quatre profils de Québécois, quatre visages, quatre photos qui apparaissent clairement, plongés dans ces révélateurs que sont la religion et l'immigration. «De nouvelles lignes de fracture», selon le sondeur.(...)Le Parti québécois est, depuis sa fondation, une alliance entre la gauche urbaine et le fond plus conservateur des appuis en région. «Ce qu'on voit avec la Charte, c'est que le courant conservateur est très mobilisé, mais que la gauche urbaine est bien plus réfractaire», analyse le sondeur.Qui fera des gains? Qui perdra des appuis? Bien malin qui peut le prédire à ce stade. À la différence d'un affrontement sur l'ampleur du déficit ou les mesures d'aide sociale, la question de la foi et des convictions religieuses fait vibrer des cordes bien plus profondes. On peut être amené, rationnellement, à changer d'idée sur l'importance du déficit et de la dette publique, mais on ne peut pas facilement changer de cap quand les convictions religieuses sont en cause.(...)Le «catholique pure laine»(29% de la population)Il croit que l'immigration menace son patrimoine catholique.Archétype selon CROP:Jean Tremblay, maire de Saguenay«Je n'aime pas que ces gens-là qui arrivent ici établissent les règles.» (Entrevue à Paul Arcand)Points saillants> 71% donnent un fort appui au projet de Charte du gouvernement.> 88% croient que la religion catholique devrait avoir un «statut spécial».> 74% sont d'avis qu'il y a trop d'immigrants au Québec.> 56% sont satisfaits du gouvernement Marois.> La plupart vivent en région, ils sont surtout francophones et un peu moins scolarisés que l'ensemble de la population.À l'aune de la religion, les «pure laine» marquent le coup, sans équivoque. Ils sont à 71% derrière le projet de Bernard Drainville. Pourquoi? Plus de 73% d'entre eux croient que la religion catholique est menacée. En fait, trois personnes sur quatre dans ce groupe jugent qu'il y a trop d'immigrants. Et 9 répondants sur 10 pensent que la religion catholique devrait avoir un «statut spécial au Québec, puisqu'elle fait partie de notre patrimoine». Ces «catholiques pure laine» constituent le principal appui au projet de charte. «La majorité des appuis vient d'un groupe précis.» Les deux tiers de ce groupe sont favorables à l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires. Ils appuient tout du projet de charte, sauf le droit de retrait. «Pour eux, cela ne va pas assez loin», résume le sondeur.Le «croyant tolérant»(29% de la population)Je crois en Dieu... et en la liberté religieuse.Archétype selon CROP:Raymond Gravel, prêtre et ex-député bloquiste«Que l'État soit neutre est une bonne chose, mais les personnes qui y travaillent ne peuvent être neutres! Elles peuvent appartenir à différentes communautés dont elles se distinguent par un signe ou un symbole religieux. En quoi ces personnes menacent-elles la neutralité de l'État?» (Extrait d'une lettre publiée dans La Presse)Points saillants> Ils sont deux fois moins favorables àla charte que l'ensemble de la population.> Ils sont opposés à l'interdiction des signes religieux ostentatoires.> 62% d'entre eux croient qu'il y a trop d'immigrants.> 69% d'entre eux sont insatisfaits du gouvernement.> Ils sont surtout francophones et libéraux; ils se perçoivent comme canadiens avant tout.Un groupe «intéressant», observe M. Rivest, une cohorte «pour qui la religion est importante, et pour qui la liberté d'afficher sa foi est nécessaire. Ce qui les caractérise, c'est la religiosité. Ce sont des gens pieux, mais pas nécessairement catholiques.» Massivement, ils estiment que tout ce débat autour de la laïcité n'est qu'un écran de fumée pour éviter de parler d'enjeux plus importants.Les allophones sont surreprésentés dans cette catégorie, qui compte pour le tiers des opposants au projet de Charte du gouvernement.Le «laÏc ouvert»(21% de la population)Il est ouvert aux différences. Non pratiquant, il accepte l'expression de la religion des autres.Archétype selon CROP:Louise Harel, ex-ministre rendue sur la scène municipale«On peut légiférer des droits, on peut légiférer des obligations. La bonté, l'hospitalité et la fraternité, ça ne se légifère pas!»(Entrevue à C'est pas trop tôt)Points saillants:> 93% croient que le port des signes religieux devrait être libre; ils sont très opposés à l'interdiction du port des signes religieux.> 79% sont insatisfaits du gouvernement Marois.Ces «laïcs ouverts» se mesurent mieux à leur ouverture à l'immigration qu'à leurs convictions religieuses. Pour eux, la liberté de religion passe par la possibilité pour un individu d'afficher sa foi, de porter des signes religieux. Très majoritairement, à 85%, ils estiment que l'État doit être laïque, et seulement 41% d'entre eux, bien moins que la moyenne des répondants, estiment «appartenir» à une religion. Les «urbains» y sont sur-représentés. Dans ce groupe, on trouve plus de femmes, d'anglophones et de personnes généralement plus scolarisées.Le «laïc fermé»(21% de la population)Pour lui, la religion relève uniquement de la sphère privée.Archétype selon CROP:Guy Rocher, sociologue«La laïcité, point! Si on est obligé d'ajouter un adjectif, cela prouve qu'elle est incomplète ou affaiblie.» (Entrevue publiée dans La Presse)Points saillants:> 57% d'entre eux appuient la Charte.> 66% sont pour l'interdiction de signes religieux visibles.> Ils ne croient pas que la religion catholique devrait avoir un statut spécial (22% seulement d'appui à cet énoncé).> Ils se partagent surtout entre le PQ et la CAQ - seulement 13% sont au PLQ.Seulement 1 laïc fermé sur 10 juge que la religion est importante. Pour eux les néo-Québécois devraient s'intégrer davantage. Ils pensent que la Charte doit établir la neutralité religieuse; seulement une personne sur quatre accepte de permettre aux villes, aux hôpitaux et aux universités de se retirer de l'emprise de la future Charte Le «laïc fermé» est plus souvent un homme et on le retrouve surtout dans les couronnes de Montréal. Neuf fois sur dix, il est francophone.(...)
Cette analyse se trompe allègrement en affirmant que les catholiques, comme par exemple le maire Jean Tremblay, appuient cette charte qui porte atteinte aux libertés de conscience et de religion!.
Sur la place du crucifix à l'Assemblée Nationale
Un texte de l'historienne Lucia Ferretti paru sur le site du journal Le Nouvelliste du 17 septembre 2013 :
(Lucia Ferretti, historienne et professeure à l'Université du Québec à Trois-Rivières)
(...)
En fait, aucun autre objet sans doute n'appartient à autant de Québécois, au-delà de toutes les lignes partisanes, linguistiques, ethniques et même strictement confessionnelles.Le crucifix a été, souvent douloureusement, l'objet par lequel Autochtones et Européens ont pris contact, d'abord par les missionnaires catholiques puis aussi par les missionnaires protestants.De nos jours, les Amérindiens sont dans un processus de guérison pour retrouver leur spiritualité ancestrale, mais nombre d'entre eux viennent encore le 26 juillet à Sainte-Anne-de-Beaupré pour fêter la grand-mère de Jésus. Pour le meilleur et pour le pire, l'histoire a rendu le christianisme commun aux Premières Nations et à la nouvelle installée dans ce coin d'Amérique.Évidemment, la croix, c'est aussi tout l'héritage des Canadiens-Français. Elle a été plantée sur nos chemins et accrochée dans nos maisons pauvres et riches, à la campagne comme à la ville. Nos ancêtres lui ont présenté leurs trâlées d'enfants, ils ont placé en elle leurs demandes, leur louange, leurs mercis, toutes leurs espérances parfois contre toute espérance. Si la langue a été la gardienne de la foi, c'est aussi la croix qui a permis de garder la langue.Mais le crucifix, nous l'avons en partage même avec les conquérants britanniques, ces Anglais et Écossais anglicans et presbytériens. Nous le partageons avec ces milliers d'immigrants irlandais chassés de leurs terres par la maladie de la pomme de terre au milieu du XIXe siècle et dont les descendants, aujourd'hui, rassemblent tout le monde à la Saint-Patrick.Nous le partageons avec les Italiens, implantés au Québec depuis la fin du XIXe siècle, avec qui tant de Canadiennes françaises se sont mariées et qui ont fait des pâtes Catelli un plat national.Nous le partageons avec les Grecs orthodoxes arrivés ici après la Seconde Guerre mondiale. Nous le partageons avec les Haïtiens, seul autre peuple francophone des Amériques, accueillis à bras ouverts lorsqu'ils ont fui la dictature de Duvalier. Nous le partageons avec les Philippins et avec tant d'autres immigrants de partout sur la planète.Un jour, je ne sais plus à quel propos, Duplessis jugea intelligent de dire à Peter Bercovitch, député de Montréal/Saint-Louis, qu'il était le seul juif de la Chambre. Celui-ci pointa alors le crucifix et répondit dignement: «Pardon, nous sommes deux!» Sait-on, par ailleurs, que Jésus est cité une bonne vingtaine de fois dans le Coran comme un des grands prophètes ayant précédé le Prophète?Il est certain néanmoins que juifs et musulmans ne peuvent pas se reconnaître pleinement dans le crucifix. Or, on notera que personne parmi eux n'a jamais demandé à ce qu'il soit décroché. Sans doute est-ce par respect pour l'histoire de cette nation qui est aussi la leur.Pourquoi faudrait-il retirer du siège de cette nation, l'Assemblée nationale, un objet faisant à ce point partie intégrante du patrimoine culturel de ceux qui, déjà là depuis toujours, ou implantés depuis des siècles, ou venus des quatre coins du monde, ont bâti le Québec jour après jour? Ce crucifix-là, c'est à notre histoire commune qu'il renvoie.
L'Association des parents catholiques du Québec s'oppose à la charte des « valeurs québécoises »

Selon des juristes, la charte des « valeurs québécoises » serait inconstitutionnelle
Sur le site du Journal La Presse du 13 septembre 2013 :
(Le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud)
Le grand absent du débat sur la Charte des valeurs est le ministre de la Justice du Québec, Bertrand St-Arnaud. Pourtant, qui dit charte dit règles de droit, non?Partout sur la place publique, des experts remettent en question la validité constitutionnelle des règles présentées dans le document d'orientation, si jamais elles sont adoptées par l'Assemblée nationale.Il y a plus embarrassant pour le ministre: les experts en droit constitutionnel du ministère de la Justice ont émis un avis négatif confidentiel ce printemps, a appris La Presse.Ce groupe d'avocats est celui qui conseille le gouvernement et qui prépare les dossiers devant la Cour suprême dans les grandes causes constitutionnelles du Québec. Il compte en son sein plusieurs des meilleurs experts en la matière au pays.(...)Pour contourner l'obstacle que constituait cet avis béton, on a consulté un constitutionnaliste réputé, Henri Brun.Si l'on décode les propos tout en nuances du professeur émérite, il ne dit guère plus que... «la cause est plaidable».L'éminent juriste, qui a fourni sa contre-expertise ce printemps, estime que «les chances que ça passe le test seraient plus grandes» si on limitait la restriction aux figures d'autorité (juge, procureur de l'État, gardien de prison, etc.). Une façon de dire son doute quant à la validité du projet dans son état actuel, vu les décisions des tribunaux canadiens.(...)Les sources indiquent cependant que le dossier a été confié à l'experte la plus réputée du ministère en matière de liberté de religion, l'avocate Isabelle Harnois. On l'a vue plaider plusieurs causes au nom du Québec en Cour suprême - notamment pour contester le droit de parents témoins de Jéhovah de refuser une transfusion sanguine à leur enfant ou pour les huttérites de l'Alberta de ne pas être photographiés pour leur permis de conduire.Or, nous disent nos sources, son avis concluait que l'interdiction du port de signes religieux pour tous les employés de l'État ne passait pas le test de la Charte des droits - ni la canadienne ni la québécoise.À moins d'utiliser la disposition de dérogation, qui permet de soustraire une loi aux chartes constitutionnelles, une telle charte des valeurs serait donc probablement invalidée par les tribunaux.Dans un point de presse hier, l'ancienne ministre de la Justice Kathleen Weil a dit qu'il serait "absurde" de penser que les juristes du Ministère aient avalisé ce projet. «J'ai été ministre de la Justice, et je ne crois pas qu'ils aient congédié tout le monde au Ministère, les mêmes juristes qui étaient là...»Elle a obtenu un avis juridique quand le gouvernement libéral a présenté un projet de loin interdisant le voile intégral dans la fonction publique. Elle sait pertinemment l'avis des experts du Ministère à ce sujet.(...)
«On ne souhaite pas que les enfants soient exposés à quelque influence religieuse que ce soit » dixit Bernard Drainville
Ah? Et que fera-t-on alors de l'influence religieuse des parents qui pratiquent la religion de Bernard Drainville, le laïcisme borné? Sur le site de Pour une école libre du 11 septembre 2013 :
Le gouvernement Marois veut préserver les enfants de l’influence religieuse et ne permettra pas aux écoles et aux garderies subventionnées par l’État de se soustraire à l’interdiction des signes religieux apparents.Les cégeps, les universités, les hôpitaux et municipalités pourront être exemptés. Elles bénéficieront d’un «droit de retrait» d’une durée de cinq ans, qui sera renouvelable, mais qui «ne doit pas être un moyen de s’exempter systématiquement».Pas question cependant d’accorder ce droit de retrait aux écoles, aux CPE et aux garderies subventionnées par l’État. « On a décidé de protéger les enfants, qui sont une clientèle plus influençable et plus vulnérable. (…) On ne souhaite pas que les enfants soient exposés à quelque influence religieuse que ce soit », a tranché le ministre Drainville. Même lorsque les parents choisissent cette garderie pare qu'elle est de tradition catholique ou juive ?Remarquons qu'en cela il ne se distingue :ni du ministre socialiste français très militant Vincent Peillon (« arracher l’enfant à ses préjugés ») ; ni du philosophe chaud partisan du cours ECR Georges Leroux (L’État doit viser à déstabiliser les systèmes absolutistes de croyance des parents) ; ni du gouvernement Charest qui voulait chasser les signes religieux des garderies subventionnées, y compris celles tenues par des sœurs catholiques.(...)