La Ligue des droits et libertés s'oppose à la charte des valeurs du Parti Québécois
Sur le site du journal Le Devoir du 4 février 2014 :
(Le ministre Bernard Drainville a la lourde tâche d'entretenir le débat jusqu'à la prochaine élection, ainsi que celle de tenter d'imposer une charte des « valeurs québécoises » qui ne respecterait aucune charte des droits de la personne...)
(Photo : Marianlï sur wikimedia.org, licence creative commons)
(...)Dans le mémoire qu’elle défendra devant la commission parlementaire, la LDL demande au gouvernement Marois de retirer son projet de loi 60 qui risque, selon elle, de dénaturer la Charte des droits et libertés de la personne.
(...)
Elle soutient d’ailleurs que le gouvernement n’a pas démontré la nécessité d’adopter une telle charte, qui vise à limiter la liberté de conscience et de religion. La LDL déplore que le Parti québécois n’ait fourni aucune étude démontrant notamment que le port de signe religieux dans la fonction publique nuit au fonctionnement des institutions ou à l’atteinte des droits d’autrui.
(...)
La LDL note qu'aucune étude ne démontre que le port de signe religieux est une nuisance pour le fonctionnement des institutions ou serait une atteinte aux droits d'autrui.
Par contre, le fait de ne pas être capable de tolérer une croix, une kippa, ou un voile qui ne couvre pas le visage, lui, demanderait une étude sur l'étroitesse d'esprit de certains partisans du laïcisme désirant l'éradication de la visibilité de la transcendance.
Le projet de loi 60 pose le problème à l'envers. On ne doit pas s'interroger sur le port de signes religieux, droit fondamental reconnu internationalement, mais bien plutôt sur la montée de l'intolérance chez certains esprits totalitaires, envers des religions différentes de leur laïcisme.
Le projet de loi libéral (94) assurait la sécurité des citoyens tout en respectant la liberté de religion. Il faut y revenir.
Charte des valeurs : Le grand palabre
Bienvenue à Québec, au festival du grand palabre de la Commission parlementaire sur la Charte des valeurs québécoises qui a débuté ses travaux le 13 janvier 2014.
Il y a au programme au-delà de 270 mémoires qui doivent être présentés par des individus, des groupes ou des organismes de tout acabit. Nous aurons droit à toute une panoplie de mémoires de la part d'organisations plus ou moins connues comme «Les Libres Penseurs athées du Québec», «La Communauté des druides du Québec», «Madame prend congé», «Le Parti marxiste-léniniste du Québec», «Stop Circoncision Québec», «L'Association humaniste du Québec», «Citoyens contre l'abattage rituel d'animaux», le groupe «J'ai trouvé ça épouvantable», etc.
Pendant trois ou quatre mois, les médias parleront ad nauseam de cette commission parlementaire complètement inutile et qui coûtera une fortune aux contribuables. Comble de l'absurdité, la Première Ministre du Québec, Mme Pauline Marois, a toujours répété haut et fort que le gouvernement n'a aucunement l'intention de changer d'idée, car il a l'appui du bon peuple québécois. Vive la démocratie à la sauce péquiste!
Tout ce défoulement collectif a été très bien orchestré par notre gouvernement minoritaire pour préparer la prochaine campagne électorale qui aura probablement lieu au printemps de 2014.
Depuis quelques mois, jamais au Québec n'a-t-on parlé autant de religion, de Dieu et de signes religieux. Mais attention, toute cette indigeste macédoine idéologique qui va macérer durant des semaines dans la Vieille Capitale, vise un but très précis : rééduquer le bon peuple et le préparer à l'arrivée du Grand soir, c'est-à-dire l'indépendance socialiste et athée de la belle province.
Dès les premiers jours de cette Commission, le ton a été donné par de sulfureuses expressions d'opinions : «Si tu n'es pas content, retourne dans ton pays». «Il faut limiter la liberté de religion». «Porter un signe religieux n'est pas un droit fondamental». «Si la personne refuse d'enlever son signe religieux au travail, il faut la congédier». Etc.
Dans le journal La Presse du 15 janvier 2014, la populaire chroniqueuse Marie-Claude Lortie nous informait que les religions catholique, juive et musulmane ont des pratiques très sexistes et antiféministes inacceptables, en ajoutant : "Je condamne ma religion catholique. Le nouveau pape est moins néanderthalien que les autres, mais il refuse la prêtrise aux femmes et il ne dit pas encore officiellement qu'il accepte le divorce, la contraception et l'avortement. Il ne condamne pas les gais et les lesbiennes, mais il ne dit pas qu'il accepte l'homosexualité et le mariage gai". Voilà un très bon préambule pour parler de la Charte des valeurs québécoises. En effet, pourquoi attaque-t-on si férocement les différentes religions et surtout la religion catholique?
Regardons froidement ce dossier controversé. La Charte du gouvernement Marois a pour objectif de devenir un outil extraordinaire pour faire la promotion de l'athéisme au Québec. Porter un voile, une croix ou la Kippa, c'est épouvantable, car cela envoie un message religieux intolérable et dépassé aux enfants dans nos écoles et aux malades dans nos hôpitaux.
Nos médias athées sont actuellement remplis de chroniques, de textes d'opinions et d'éditoriaux qui vantent la Charte sous prétexte qu'il faut évoluer. Les adeptes de la neutralité athée crient à tue-tête que la religion ne doit pas s'immiscer sur la place publique et qu'il faut la cacher dans nos sous-sols et nos lieux de culte. Par contre, faire la promotion de l'athéisme, c'est paraît-il, un grand pas en avant dans la bonne direction.
Avec la Charte, l'intelligentsia athée rêve de mettre le bon peuple au pas en camouflant tous ces «ridicules» signes religieux ; il faut évoluer dans le bon sens, n'est-ce pas ? L'athéisme permet de conquérir une véritable liberté de pensée en remettant en question la croyance en Dieu. Voilà un objectif caché de la Charte québécoise qui aimerait bien gommer toute idée de Dieu au Québec. Vive les "Lumières" !
Dans un article d'opinion du journal La Presse (15 janvier 2014) on résume très bien cette problématique : Les signes religieux à l'école, à la garderie ou à l'hôpital sont très malsains ; cela nous montre une sourde conviction à vouloir répandre la bonne nouvelle. Ceux et celles qui ont le voile sur la tête ou la croix dans le cou ne sont pas du genre à bien parler de l'évolution des espèces ou du Big Bang, deux théories universelles irréfutables qui doivent être enseignées dès le Primaire sous le signe de l'athéisme, «sans interférence prosélyte qui viendrait ramener ces paradigmes universels à l'état d'hypothèses mesurables à l'aulne des croyances et des superstitions», c'est-à-dire des religions. Voilà ! L'athéisme et la Charte ont bien meilleur goût !
Pourquoi faut-il bannir à tout prix les signes religieux ? Dans les écoles et les hôpitaux, on a une clientèle vulnérable, malléable, psychologiquement faible et incapable de se défendre. Il ne faudrait surtout pas que la religion vienne leur laver le cerveau avec la vision d'un voile, d'une Kippa ou d'une croix qui envoient un ridicule message religieux.
Tous ces ardents défenseurs de la Charte et de l'athéisme pensent que les enfants et les malades ne peuvent pas avoir un jugement éclairé face aux symboles religieux qui pourraient les influencer et les empêcher d'avoir une attitude hyper-critique face aux croyances religieuses. Alors, après avoir mis le crucifix dehors des écoles et des hôpitaux, faut-il revenir en arrière avec le voile, la croix et la Kippa ? Jamais. Vive l'athéisme ! La neutralité athée, c'est cela qui est porteur de sens et d'espérance dans une société "avancée et très moderne."
Plus le grand show de la Commission parlementaire va se dérouler avec tambours et trompettes, plus on va voir les forces du mal ronronner orgueilleusement.
L'État québécois, soi-disant neutre et athée est en marche. La majorité de nos enseignants au primaire, au secondaire, au CÉGEP et à l'Université qui forment notre jeunesse sont de gauche, athées ou agnostiques. Ils ne sont pas neutres. Ils font de la politique partisane dans nos établissements scolaires avec la bénédiction syndicale. Ils ont appuyé le mouvement étudiant «les Carrés rouges» qui a renversé dans la violence et le chaos le gouvernement Charest en 2012. Ils font la promotion de l'athéisme et ne se gênent pas pour ridiculiser les religions dans leur enseignement. Ils appuient maintenant la Charte "neutre" et athée du gouvernement péquiste. Une grande partie de notre intelligentsia de gauche au Québec est derrière eux financièrement et idéologiquement.
Avec la Charte des nouvelles et extraordinaires valeurs québécoises, le Québec est supposé entrer enfin dans une véritable modernité où la neutralité athée sera à l'honneur. La Grande noirceur sera enfin terminée!
En suivant ce grand spectacle qui se déroule à Québec, il ne faut pas être naïf. Il faut surtout lire entre les lignes et bien identifier les enjeux diaboliques de tout ce brasse-camarades.
Pendant que le bon peuple ne voit que du feu, il y aurait lieu de prier très fort, car une terrible Grande Noirceur, LA VRAIE, pointe à l'horizon.
Un peuple qui renie Dieu n'a pas d'avenir. Il prépare plutôt sa sépulture.
Un article dans le journal Le Soleil sur les discours inutiles sur la charte des valeurs du Parti Québécois
Sur le site du journal Le Soleil du 15 janvier 2014 :
(Photo de Bernard Drainville par Afrappier sur wikimedia.org, licence creative commons)
(...)Selon le ministre, le projet de loi 60 peut être amélioré - il ne dit pas en quoi -, mais il n'est pas question de reculer sur le port de signes religieux ostentatoires par les employés de l'État. Je le cite: «Les signes religieux, c'est fondamental. C'est le visage de la neutralité.»
Dois-je rappeler au ministre que le port de signes religieux n'est pas le visage de la neutralité. Les États laïques sont accrochés à deux principes: la séparation de l'Église et de l'État, ainsi que la neutralité de l'État face aux religions. Si un État interdisait le port de tout signe religieux dans l'espace public, il verserait dans ce qu'on appelle le «laïcisme», doctrine qui interdit toute référence à un point de vue religieux dans l'espace public. (...)
À quoi peut bien servir de dépenser des millions de dollars pour arriver au bout de l'exercice avec la proposition initiale. Cela explique pourquoi je n'ai pas présenté de mémoire à cette commission bidon commanditée par un gouvernement faiblard, incohérent sur le plan économique et qui essaie de distraire les citoyens par un projet de loi qu'il ne veut pas voir diluer. (...)
« (...) un ressort essentiel de l’ensemble du projet de Charte, à savoir une vision profondément négative de la religion (...) »
Le dernier numéro de Pastorale Québec donne la parole au théologien Robert Mager qui analyse la Charte des Valeurs de Pauline Marois. Sur le site de nouvelleacpc.blogspot.ca du 29 novembre 2013 :
(Bernard Drainville veut protéger les enfants de la religion...)
(Photo : Mariannlï sur wikimedia.org, licence Creative Commons)
(...) «Lors de son point de presse initial sur le projet de Charte des valeurs québécoises, le ministre Bernard Drainville expliquait la décision d’étendre l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires à tout le monde scolaire et aux garderies. Il eut alors ces mots: «[On] a décidé de protéger les enfants [...]. [On] ne souhaite pas que les enfants soient exposés à quelque influence religieuse que ce soit.»
«Le jupon dépasse», tranche le théologien. «Cette simple remarque du ministre fait apparaître un ressort essentiel de l’ensemble du projet de Charte, à savoir une vision profondément négative de la religion, de toute religion, de l’expérience religieuse elle-même et des institutions qui les incarnent. (...)
Ce qui est le contraire de la laïcité, neutralité religieuse de l'État.
Partout où l'État le pourra, on « protégera » les enfants de tout, sauf du laïcisme intolérant et borné, incapable de respecter ce qu'il ne comprend pas...
Lise Payette, mentor de Pauline Marois, dévoile la prochaine étape de sa « laïcité »
Dans le journal Le Devoir du 8 novembre 2013 :
(On peut imaginer la colère d'un Henri Bourassa, s'il avait lu l'article de Mme Payette paru aujourd'hui dans les pages du journal Le Devoir...)
(Photo : wikimedia.org, sans copyright)
Je sais donc depuis jeudi que les signes ostentatoires vont devoir se tasser. Je crois sincèrement qu’on ne peut pas parler de laïcité en pensant qu’il peut en être autrement.
Le problème qui m’a frappé en plein front le 3 novembre au soir, c’est que le Québec, du nord au sud et de l’ouest à l’est, est en soi-même une provocation ostentatoire… Je m’explique : les gens qui racontent l’emprise que la religion catholique avait réussi à imposer aux Québécois et aux Québécoises - bien sûr, qui en prenaient pour leur rhume - se font souvent dire qu’ils exagèrent, qu’ils sont incapables de reconnaître ce que l’Église a fait pour eux et pour elles. Et pourtant…
Pour bien comprendre, il fallait suivre les résultats des élections sur le bas de l’écran où on parlait des villes et des villages et des résultats connus à ce moment-là. C’est là où je me suis mise à rire, quand j’ai réalisé que la liste des municipalités du Québec pouvait ressembler à un livre sacré dans lequel défilent tous les saints connus dans l’Église. J’ai alors commencé à me demander ce qu’on ferait de tout cela avec une Charte de la laïcité ?
Le crucifix va quitter le mur de l’Assemblée nationale, ce qui est justice. Il ira reposer ailleurs avec les honneurs qu’on voudra bien lui rendre. Mais pensez un moment à ce qu’on va faire des Sainte-Julie, Saint-Cuthbert, Sainte-Adèle, Saint-Faustin, Saint-Jérôme, Saint-Césaire, Sainte-Agathe, Sainte-Flavie, Saint-Sauveur, Saint-Paul, Saint-Gabriel ou Saint-Prosper ?
Même chose dans nos villes : la rue Sainte-Catherine, la rue Notre-Dame, la rue Saint-Laurent et le fleuve du même nom ? Si ça ne vous frappe pas comme ostentatoire, je me demande ce que ça vous prend.
Soumis à l’Église ou soumis aux conquérants, le résultat est semblable : la rue Sherbrooke, la rue Wellington, la rue Wolfe, la rue Victoria, la rue Atwater…
Comment se surprendre que les Québécois, 400 ans plus tard, se demandent encore qui ils sont et qu’elle est leur véritable identité.
Se pourrait-il que nous soyons le seul peuple au monde à vivre au milieu des symboles du catholicisme sans pousser un peu plus loin notre désir de libération ? Il faudrait combien d’années, avec un programme cohérent, pour changer les noms des villages et des petites villes du Québec ? Ce ne sont pourtant pas les poètes qui manquent ici pour les renommer, et on ne manque pas non plus d’êtres plus grands que nature que nous pourrions enfin honorer.
Le débat va s’ouvrir sur la fameuse loi sur la charte de la laïcité. Puis-je suggérer qu’on fasse vraiment le tour du problème au lieu de picosser seulement sur ce qui saute aux yeux ?
Qui aurait pu imaginer qu'une chroniqueuse témoigne d'un tel rêve un jour? Et Mme Payette ne dit pas si c'est la fin de son rêve, ou si ce dernier se poursuit. Après l'éradication de tous les noms religieux du territoire québécois, Mme Payette, que rêvez-vous?
Le gouvernement canadien s'interposera pour protéger les Québécois de la charte des valeurs du Parti Québécois
Sur le site du journal La Presse du 7 novembre 2013 :
(Le ministre Jason Kenney en visite à l'Université de Thompson Rivers)
(Photo : Thompson Rivers University sur flickr.com, licence Creative Commons)
(...)
Le ministre de l'Emploi et du Multiculturalisme, Jason Kenney, a soutenu que le gouvernement fédéral n'a pas l'intention de rester les bras croisés devant ce qui pourrait être une violation de la liberté de religion.
« Le contenu du projet de loi m'inquiète. Ce projet de loi n'a apparemment pas l'appui d'une majorité des députés de l'Assemblée nationale. Il ne pourrait donc pas être adopté. Cependant, je peux vous dire que nous allons surveiller de près le cheminement de ce projet de loi. Si le projet de loi, dans sa forme actuelle, devient une loi et on juge qu'il viole la constitution, nous allons la contester. Nous allons défendre vigoureusement la liberté de religion des Canadiens », a dit M. Kenney.
(...)
« La liberté de religion est un droit universel. C'est un droit que nous protégeons et défendons au Canada. Une personne n'est pas moins un citoyen canadien parce qu'elle porte un foulard ou un turban. Et elle a le droit de participer pleinement à la vie publique de notre société », a-t-il encore soutenu
« Je trouve souvent que l'on exagère ce passé-là, je commence à en avoir ras le bol d'entendre parler de la grande noirceur »
Sur le site du journal Le Soleil du 31 octobre 2013 :
(Photo : Non à la charte par Mathias-Garabedian sur flickr.com, licence Creative Commons)
(Québec) Mgr Gérald Cyprien Lacroix est profondément inquiet de la tournure que prend le débat sur la charte des valeurs québécoises, qu'il conteste. Avec le «procès public» que subit la religion selon lui, l'archevêque de Québec se demande même si la province n'entre pas dans une grande noirceur.
C'est en évoquant les propos des «Janette» sur le joug de l'Église catholique que le prélat en arrive à cette conclusion sur le texte de loi proposé par le Parti québécois visant notamment à bannir le port de signes religieux dans la fonction publique.
«Je trouve souvent que l'on exagère ce passé-là, je commence à en avoir ras le bol d'entendre parler de la grande noirceur, je me demande des fois si, à certains égards, on n'est pas en train d'entrer actuellement dans une grande noirceur quand on veut faire un procès public des religions», déballe l'archevêque.
«Il me semble que nous ne sommes pas en train de rassembler les Québécois. Ce que je vois depuis que ça circule, c'est de plus en plus de divisions, de peurs, de craintes de l'autre et de l'étranger», expose-t-il.
(...)
«Est-ce que ce serait trop fort de dire que c'est une tempête dans un verre d'eau? Je trouve que ça ne méritait pas une charte», finit par trancher celui qui croit néanmoins que l'on peut penser à certaines balises pour les fonctionnaires en autorité. Il ne voit cependant aucun inconvénient à être soigné par une musulmane avec un voile ou un catholique avec une petite croix dans le cou.
L'archevêque de Québec fait également écho à la Commission des droits de la personne, qui soutient que la charte des valeurs québécoises contrevient à la Charte des droits et libertés. Selon lui, l'idée de restreindre le port de signes religieux s'oppose notamment à la liberté d'expression publique. «Je trouve qu'il y a de quoi pour nous faire réfléchir», conclut-il.
(...)
Richard Martineau attaque ... Richard Martineau : sur la « charte des valeurs québécoises »
Richard Martineau signait un article dans le journal Voir du 25 avril 2002 qui dit exactement le contraire de tout ce qu'il peut écrire actuellement pour appuyer la « charte des valeurs québécoises » :
(...)
Cela dit, s’il est complètement absurde de permettre le port du kirpan à l’école (au Canada, rappelons-le, c’est la loi qui chapeaute les pratiques religieuses, pas le contraire), l’idée voulant que l’on bannisse tout symbole religieux des écoles (comme l’a proposé Pierre Foglia la semaine dernière) est tout aussi illogique.
En effet, la foi n’est pas un hobby que l’on pratique chez soi, de cinq heures le soir à neuf heures le matin. Elle fait partie intégrante d’un individu, au même titre que sa sexualité. Tout comme on n’est pas gai ou hétéro à temps partiel, on n’est pas catho ou musulman six ou sept heures par jour. On l’est tout le temps, que ça plaise à nos voisins ou non.
L’important est de pouvoir exprimer son intimité dans le respect des lois. Porter une kippa sur la tête ou une croix dans le cou ne dérange personne, mais pas saigner un agneau en pleine classe. Idem pour la sexualité. On peut se balader avec un drapeau arc-en-ciel sur son manteau ou sur son sac d’école, mais on n’a pas le droit d’enculer son voisin en plein cours.
Vous me suivez?
Je ne suis pas croyant. (Malheureusement, car ce doit être extrêmement réconfortant d’avoir la conviction profonde que la vie a du sens et que la mort n’est qu’une porte ouverte sur l’éternité. Les croyants ont une paix de l’âme que nous, athées et agnostiques, ne connaîtrons probablement jamais.) Mais si je l’étais, je refuserais de vivre ma foi en retrait. Pourquoi le ferais-je? Cela ferait partie de moi, cela colorerait ma vision du monde.
Demander aux gens de laisser leurs symboles religieux au vestiaire n’est pas seulement absurde, c’est à la limite dangereux. Cela revient à dire qu’au Québec, la différence n’est acceptable que si elle est cachée, gommée, invisible. Pas de problème que tu sois catho, en autant que tu ne le montres pas. Ça ne me dérange pas que tu sois gai, mais laisse ton drapeau arc-en-ciel dans ton tiroir, et ne l’agite pas hors des limites du Village.
Exprime ta différence et ta singularité, mais chez toi, dans ton sous-sol.
Sommes-nous à ce point fragiles que le moindre signe de différence est automatiquement perçu comme une menace? Si oui, le Québec a des croûtes à manger.
(...)
Nous avons un véritable problème avec la religion, au Québec. Nous nous comportons comme un ex-fumeur qui "freake" dès que quelqu’un, quelque part, s’allume une cigarette. En 30 ans, nous sommes passés de cheminées humaines à militants antitabac. Incapables de voir le moindre symbole religieux sans grimper dans les rideaux et crier à la dictature de l’Église.
"Les athées sont les plus grands croyants, car ils voient l’absence de Dieu partout", disait Buñuel. C’est exactement ce qui se passe au Québec. Non seulement avons-nous jeté le bébé avec l’eau du bain, mais la seule vue d’une débarbouillette nous donne une crise d’angoisse.
(...)
La Commission des droits de la personne critique fortement la « charte des valeurs québécoises »
Sur le site du journal La Presse du 17 octobre 2013 :
(La protection des droits de tous)
(Québec) La Commission des droits de la personne estime que le projet de Charte des valeurs québécoises contrevient à la Charte des droits et libertés de la personne. Le projet de Bernard Drainville va «à l'encontre de l'esprit et de la lettre de la Charte, qui a pour objet la protection des droits de tous et toutes», estime l'organisme dans un avis rendu public jeudi matin.
«Le droit de manifester ses croyances religieuses est protégé par la Charte, qui garantit la liberté de religion et la liberté de conscience», affirme l'organisme dans un commentaire sur le contenu du projet du gouvernement.
Pour la Commission plusieurs propositions du document rendu public le mois dernier par le gouvernement Marois «portent atteintes aux libertés et droits fondamentaux».
«La Commission estime notamment que l'interdiction du port de signes religieux ''ostentatoires'' par les employés de l'État ne passe pas le test de la Charte québécoise et que la proposition de formaliser les accommodements dits ''religieux'' risque de restreindre la portée des accommodements accordés en vertu des autres motifs de discrimination, entre autres pour les personnes en situation de handicap», affirme l'organisme dans son commentaire.
« Les orientations gouvernementales soulèvent de vives inquiétudes. Elles sont en nette rupture avec la Charte, cette loi quasi constitutionnelle adoptée par l'Assemblée nationale en 1975. Il s'agit de la proposition de modification de la Charte la plus radicale depuis son adoption », observe le président de la Commission, Jacques Frémont, qui a aussi été doyen de la Faculté de droit de l'Université de Montréal. Dans une première sortie, il y a quelques semaines M. Frémont avait relevé l'augmentation des frictions entre des représentants des communautés visibles et des Québécois de souche. Il avait dit y voir l'impact des propositions du gouvernement.
«Il n'est pas raisonnable de présumer de la partialité d'un employé de l'État du simple fait qu'il porte un signe religieux.»
La Commission des droits de la personne
Pour la Commission, les propositions sur l'interdiction du port de signes religieux « ostentatoires » par les employés des organismes publics, «si elles étaient adoptées, seraient manifestement en violation des dispositions de la Charte et ne résisteraient pas à l'examen des tribunaux dans l'état actuel de la jurisprudence. Elles ne pourraient être valides sans le recours à une clause dérogatoire, un recours qui ne peut se faire sans respecter d'importantes exigences de fond et de forme» poursuit l'organisme.
L'interdiction du port de signes religieux visibles «aurait donc pour effet d'exclure des personnes d'un nombre important d'emplois, en fonction de leurs signes religieux et des perceptions qu'on leur infère, portant ainsi atteinte aux droits à la liberté d'expression et à l'égalité en emploi».
Pour l'organisme, la proposition d'interdiction de signes religieux «témoigne d'une mauvaise conception de la liberté de religion telle que protégée par la Charte ainsi que par le droit international. Elle traduit également de manière erronée l'obligation de neutralité de l'État. En effet, cette obligation s'applique aux institutions de l'État, mais non à ses agents, sinon par un devoir de réserve et d'impartialité».
« Il n'est pas raisonnable de présumer de la partialité d'un employé de l'État du simple fait qu'il porte un signe religieux », explique la Commission dans ses commentaires. Le fait de lier le port de signes religieux « ostentatoires » à la définition du prosélytisme (tenter de convaincre l'autre d'adhérer à sa religion) sans tenir compte du comportement de la personne, fausse de manière importante l'approche développée en matière de protection de la liberté de religion et ouvre la porte à une restriction qui serait contraire à la Charte québécoise».
(...)
Les « Janette »? La montée de l’intolérance bornée au Québec

« Si “Fatima” quitte son emploi parce qu’elle ne tolère pas la moindre entrave à sa liberté religieuse, ce discours refuse de la voir pour ce qu’elle est : une intransigeante qui choisit d’assumer les conséquences de son choix. »
« Mais nous pouvons douter que la Charte des valeurs proposée ait le même impact. En restreignant l’accès à certains postes et fonctions sous le couvert d’une certaine conception de la laïcité, nous lançons comme message qu’il n’y a qu’une seule façon de s’émanciper.Plus important encore, nous restreindrons la liberté et l’autonomie des femmes et les empêcherons de participer à la dynamique sociale pour l’unique raison d’une croyance particulière exprimée par un symbole. Le message lancé est que nous ne pouvons combattre le patriarcat et viser l’émancipation que si les femmes se plient aux diktats laïcistes sans prendre en considération leur individualité et leur dignité. Là où le combat pour le droit de vote des femmes ouvrait des horizons, la Charte referme la porte pour certaines. L’Égalité tant souhaitée ne devrait pas se cantonner à la dynamique femme-homme, mais aussi entre les femmes elles-mêmes.L’émancipation contre toutes formes de subordination et de domination arbitraires est un long et difficile combat. Il demande l’union de toutes et tous. Mais cette solidarité contre l’injustice ne sera possible que si nous acceptons la diversité des points de vue et des manières d’être dans le mouvement féministe. Malheureusement, nous croyons que la Charte constitue un recul dans cette lutte. Si le droit de vote inclusif à toutes et à tous ouvrait des horizons en élargissant l’éventail de choix et de participation publique des femmes, la Charte des valeurs telle que proposée vient restreindre ces derniers.Lynda Champagne et Jean-François Marçal — Féministes et professeures de philosophie au Collège de Maisonneuve,»