Avortements tardifs : « c’est le choix de la femme », affirme Legault
Fraçois Legault, Premier ministre du Québec.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) ― Photo : LouisRoyQc/Wikimedia Commons
François Legault n’est décidément pas différent d’un autre politicien opportuniste, il donne dans toutes les politiques aberrantes possibles : laïcisme (le multiculturalisme n’est pas bon non plus), PMA, euthanasie et, bien sûr, avortement.
Le Premier ministre du Québec a déclaré à propos de l’avortement tardif (au Québec après 23 semaines, mais un enfant peut survivre dès 21 semaines de grossesse), que si ce n’est « pas idéal » c’est tout de même « le choix de la femme ». Pour M. Legault C’est « un service qui doit être offert ». L’avortement peut être pratiqué jusqu’au moment de la naissance au Canada, à cause de son vide juridique. Selon La Presse :
François Legault estime qu’un avortement tardif n’est « pas idéal, mais c’est le choix de la femme ». C’est surtout « un service qui doit être offert » au Québec, a-t-il dit, alors que son gouvernement travaille sur la mise en place d’une « équipe additionnelle » pour le faire.
Le gouvernement Legault pense à l’avortement tardif depuis un certain temps, La Presse ayant rapporté en mai 2019 la volonté du gouvernement de faire exécuter dans la province les avortements tardifs de dix à vingt-cinq femmes que l’on envoie chaque année aux États-Unis, faute d’établissements désireux de les pratiquer. Néanmoins des avortements tardifs sont pratiqués au Québec.
Lire la suiteAbolition ou modification du cours d’éthique et de culture religieuse ?
Par Pour une école libre au Québec
Le gouvernement Legault abolirait le controversé cours d’éthique et de culture religieuse (ECR), dont le titre accorderait une « importance démesurée » aux religions, pour le remplacer dès la rentrée scolaire 2022-2023 par un nouveau programme dont le contenu resterait à définir.
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge (ci-dessous), affirme que « la place de la religion » était trop importante dans ce cours, mis en place en 2007 par le gouvernement libéral de Jean Charest.
« On l’abolit pour le remplacer par quelque chose de neuf. Mais comme il va y avoir des éléments du cours actuel qui vont rester, comme l’éthique, la pratique du dialogue, le respect de soi et des autres, la lutte contre les stéréotypes. On appelle ça une réforme en profondeur », a-t-il dit en entrevue avec La Presse.
« Si on veut comprendre la carte géopolitique du monde, la religion est un élément qui permet de comprendre les actions de certains pays », a ajouté l’ancien instituteur.
La question de l’éducation à la sexualité, qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années, doit également être intégrée dans le nouveau cours. Les questions de sexualité sont toutefois déjà abordées en ECR.
Pour le ministre Roberge, « C’est incontournable de parler de l’athéisme comme étant une des façons d’envisager le monde. Il y a énormément de Québécois qui se disent athées. » C’est possible, mais quel sera donc le but du cours ? De comprendre la carte géopolitique du monde comme lorsque Monsieur justifie l’enseignement des religions ou un cours de philosophie ? En quoi l’athéisme explique-t-il la géopolitique du monde ? Ajoutons qu’il est faux de dire que l’athéisme n’est pas enseigné en ECR, il était simplement réservé, officiellement, aux dernières années du secondaire (voir extrait du programme ci-dessous, p. 45 [543], chapitre 9).
Les élèves apprendront également des notions d’éducation à la démocratie, à l’environnement et au droit du numérique. L’environnement, cœur d’une nouvelle spiritualité universaliste, était déjà abordé dans les manuels ECR dès le primaire (voir analyse de trois manuels et Spiritualité autochtone, écologie et norme universelle moderne).
Consultation d’experts et du public
Les thèmes du nouveau cours que doit élaborer Québec seront soumis les 7, 14 et 21 février prochains à des experts et à des partenaires du milieu de l’éducation dans trois forums qui se dérouleront respectivement à Trois-Rivières, Québec et Montréal. Un rapport final sera ensuite soumis au printemps afin qu’un nouveau cours soit mis à l’essai dans certaines écoles dès la rentrée scolaire 2021-2022, avant de faire officiellement son entrée dans le programme d’études l’année suivante.
Le gouvernement Legault a également mis en ligne jeudi sur le site internet du ministère de l’Éducation une consultation publique qui permet aux citoyens de transmettre leurs opinions.
Lire la suiteLa sacralisation de la Loi 21
François Legault, Premier ministre du Québec.
Par L’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo (rognée) : LouisRoyQc/Wikimedia Commons
En présentant la loi 21 sur la laïcité, François Legault a dit qu’il voulait « clore ce débat pour passer à autre chose ». Pourtant, personne ne discutait de cette question au temps de Philippe Couillard, qui avait eu la sagesse d’enterrer ce faux problème inventé de toutes pièces par la Commission Bouchard-Taylor. Depuis l’adoption de la loi 21, on n’a jamais autant parlé de religion au Québec. Si l’objectif était de « clore le débat », c’est raté.
La loi 21, de juridiction provinciale, est même devenue un enjeu de la campagne électorale fédérale. Le Bloc québécois s’est inféodé au gouvernement Legault en exigeant que les leaders des partis fédéraux s’engagent à ne pas la contester devant les tribunaux. On n’a pas fini d’entendre parler du « grave problème » posé par les quelques enseignants qui portent des signes religieux visibles.
Justin Trudeau a eu raison de ne pas fermer la porte à une intervention du procureur général du Canada dans ce dossier. La Cour suprême n’entend que des causes d’intérêt national. Or si la cause est d’intérêt national, le gouvernement fédéral a le devoir d’intervenir. Le tribunal pourrait même exiger qu’il intervienne. Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, vient du monde du spectacle. S’il connaissait le droit, il ne poserait pas une question aussi stupide.
Mais Blanchet voulait surtout se faire du capital politique en défendant une loi qui est populaire au Québec. Legault a réussi à associer la laïcité au nationalisme. Nos pseudo-nationalistes décérébrés aiment la loi 21 parce qu’elle distingue le Québec du Canada anglais. Elle contribue à définir la nouvelle identité québécoise. La nation française d’Amérique ne s’identifie plus à l’Église catholique, comme au temps de Duplessis, ni à la langue française, comme au temps de René Lévesque, mais à la « laïcité », un concept républicain français dont la plupart des Québécois ignoraient la signification il y a seulement quelques années.
Lire la suiteLa loi sur la laïcité adoptée
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Christophe.Finot/Wikimedia Commons
« Après que le gouvernement du Québec ait adopté le projet de loi sur l’immigration à l’aide du bâillon, il a utilisé le même procédé pour faire adopter le projet de loi sur la laïcité, » rapporte le site Le Peuple.
Ainsi ce projet de loi aura fini par être adopté dimanche, donnant le signal de départ pour le crucifix du Salon bleu de l’Assemblée nationale devant lequel on a voté, tel un nouveau sanhédrin, la condamnation de Dieu. En effet, le crucifix devait être retiré de ce lieu, où les lois provinciales sont votées, si le projet de loi 21 sur la laïcité était approuvé, depuis l’adoption de la motion qui proposait un tel geste.
François Legault, Premier ministre du Québec, triomphait hier soir dans un de ses tweets sur le résultat du vote. Il parlait de « Journée historique », historique en effet, mais non dans le sens dans lequel il l’entend, car c’est plutôt une défaite pour le Québec qu’une victoire. Une nation qui ne reconnait pas Dieu par la personne de son gouvernement est vouée à sa perte.
Avortement tardif : Québec pourrait rapatrier la totalité de la pratique
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Pxhere
Pétition : Non à l’avortement tardif au Québec
Le Premier ministre du Québec, François Legault, pense à faire exécuter au Québec la totalité des avortements tardifs demandés par des Québécoises, une partie d’entre ces demandeuses étant envoyées aux États-Unis pour diverses raisons, afin de faire tuer leur bébé. La raison du rapatriement de l’avortement tardif ne provient pas d’un souci chez le gouvernement québécois de garder les emplois aux Québec, mais de la crainte (non fondée) d’une interruption dans les interruptions de grossesses (euphémisme pour avortement) aux États-Unis, crainte qui se fonderait sur les progrès (plutôt fictifs) des lois pro-vie dans ce même pays et du réagencement possiblement pro-vie de la Cour suprême américaine.
Je ne comprends pas l’agitation actuelle des médias pro-avortements, dont ceux du Québec, autour de quelques lois à teinte pro-vie dont l’efficacité laisserait à désirer s’il y avait seulement la possibilité de les appliquer ; les lois de l’Alabama, du Missouri et de la Géorgie ont été notamment visées par la meute médiatique ; par-dessus tout, je ne comprends pas les craintes de François Legault ou celles des membres de son cabinet au sujet d’une improbable impossibilité de faire exécuter le sale boulot par les Américains, vu que de toute façon, si une loi doit se rendre en Cour suprême et renverser le « droit » à l’avortement, ça ne fera pas en deux coups de cuillère à pot. D’après La Presse :
Lire la suiteDevant l’évolution du débat juridique sur l’avortement aux États-Unis, le gouvernement du Premier ministre François Legault souhaite que toutes les femmes québécoises qui demandent une interruption de grossesse tardive puissent être traitées à l’avenir dans la province, quel que soit le motif de leur décision, plutôt que d’avoir à se rendre dans des cliniques spécialisées américaines.
Manifestation pour le maintien du crucifix à l’Hôtel de Ville de Montréal
Édifice Lucien-Saulnier (ancien palais de justice), actuelle emplacement du conseil municipal de Montréal.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Jeangagnon/Wikimédia Commons
Ces derniers temps, vous avez sans doute dû entendre parler de divers décrochages de crucifix ou de projets et résolutions de les descendre des places d’honneur qui leur avaient été données. Ces temps-ci il est question de décrocher le crucifix du Salon bleu de l’Assemblés nationale du Québec, celle-ci ayant voté sur une motion du Premier ministre Legault, ouvrant la question, le retrait de la croix qui surplombait le trône si le projet de loi 21 sur la laïcité était adopté. Agissant ainsi, la CAQ a renié sa promesse de ne pas toucher à ce genre de choses.
Parallèlement, car une certaine idée semble flotter dans l’atmosphère du Québec (causant un réchauffement politique) le conseil municipal de Montréal a tout bonnement décidé d’enlever définitivement le crucifix de la salle de conseil de l’Hôtel de Ville de Montréal, lors de rénovations qui doivent durer deux ans et demi (comme si pour eux rénover signifiait enlever certains « artéfacts »). La place du crucifix est désormais dans une salle faisant office de musée.
Le tout sur fond de « laïcité » (agnosticisme d’État).
Quelques Québécois, dont Nicole et Arthur, ont donc décidé de manifester leur opposition au retrait du crucifix de la salle de conseil de l’Hôtel de Ville de Montréal, s’opposant également au décrochage de celui de l’Assemblée nationale. Nicole, qui a contacté Campagne Québec-Vie pour que nous fassions la promotion de l’événement, a déclaré :
Nous sommes chrétiens catholiques pratiquants.
Et le crucifix est très important à ses yeux
Pour nous, le crucifix est très important car Jésus est venu pour sauver le monde et il est mort sur la croix.
En effet, le crucifix est très important pour nous, car il nous rappelle que Jésus est mort pour nous sur la croix, et qu’en mourant sur la croix il fonda son Église, et qu’il y vainquit mort avant de ressusciter le troisième jour.
Ils nous ont aussi fourni les indications suivantes :
- La manifestation aura lieu le lundi 13 mai, fête de Notre-Dame de Fatima
- De 10 h 15 du matin jusqu’à environ 2 h de l’après-midi, avec pose à midi
- La manifestation se tiendra devant l’édifice Lucien-Saulnier, 155 rue Notre-Dame Est, où siège en ce moment le conseil municipal de Montréal pendant les travaux de rénovation, la manifestation circulera sur le trottoir devant le bâtiment
- Les participants peuvent apporter un crucifix avec eux.
Définir l’identité nationale
Par l’historien Jean-Claude Dupuis Ph. D. — Photo (rognée) : TJ Watt/Wikimédia Commons
Le débat sur le projet de loi 21 devient de plus en plus émotif et confus. On entend des discours incohérents, voire haineux. Certains assimilent l’interdiction du port de signes religieux à de « l’épuration ethnique ». D’autres prétendent que sans cette interdiction, le Québec deviendra bientôt une « république islamique ». François Legault a ouvert une véritable boîte de pandore pour résoudre un problème… inexistant.
La discussion porte sur l’identité québécoise, bien plus que sur la place de la religion dans la société. Au fond, c’est un débat sur l’immigration, par symboles religieux interposés.
La première étape d’une discussion rationnelle, c’est de définir les termes employés. Commençons par nous pencher sur le terme « nation ».
Dans Qu’est-ce qu’une nation ? (1882), Ernest Renan écrivait :
« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. (…) Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a fait et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »
Lire la suite« Valeurs québécoises », avez-vous dit ?
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Bouchecl/Wikimédia Commons
François Legault nous dit que le projet de loi 21 sur la laïcité incarne les « valeurs québécoises ». Mais l’on a rarement vu une mesure soulever autant d’opposition. Legault annonce à l’avance qu’il appliquera la disposition dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés et qu’il imposera le bâillon parlementaire. C’est de l’artillerie lourde pour une loi qui est supposée répondre au consensus social.
De toute manière, Legault ne se préoccupe pas vraiment de l’opinion publique. Un sondage, commandé par la CAQ, montrait que les deux tiers des Québécois souhaitaient que le crucifix reste à l’Assemblée nationale. Il l’a tout de même enlevé [dans le futur*], sans doute pour plaire à Québec Solidaire. Et la gauchaille décadente a décidé, trois jours plus tard, de s’opposer à la loi sur la laïcité. Legault est un fin stratège !
Les protestations surgissent de toutes parts : l’opposition libérale, bien sûr, le Parlement fédéral, les organismes de défense des droits civils, les minorités ethniques, la communauté anglophone, les universitaires, les syndicats d’enseignants, les commissions scolaires. Le gouvernement cafouille. La vice-première ministre a dit que c’est la police qui appliquera la loi, comme toutes les autres lois. Les policiers ont-ils le temps d’enquêter sur les porteurs de médailles miraculeuses ? La ministre de la Justice a dû rectifier le tir en précisant qu’il ne s’agissait pas d’une loi criminelle ou pénale, mais d’une simple consigne administrative. Ce sont les directeurs d’école qui devront examiner la tenue vestimentaire des enseignants et des enseignantes. Beau climat de travail. Legault a reproché aux journalistes d’avoir « piégé » ses ministres. Je m’inquiète plus de l’incompétence de son gouvernement que de la malhonnêteté des médias.
Le débat est mal engagé. Il ne s’agit plus d’un choix entre la laïcité et la religiosité, mais bien d’un affrontement entre le Québec français et le Québec multiethnique. Personne ne semble s’intéresser à la religion dans cette affaire. Les commentateurs du Journal de Montréal soutiennent la loi 21 en disant que le Québec a le droit d’être distinct du Canada anglais. Ils font une comparaison idiote entre la loi 21 et la loi 101. Y a-t-il présentement au Québec une montée de l’intégrisme religieux qui puisse être comparée à l’influence de la culture anglophone ? On n’a jamais vu aucun juge, aucun policier, ni aucun procureur de la couronne porter un signe religieux visible. Quant aux enseignants qui en portent, on aurait de la difficulté à en trouver une centaine dans toute la province. Faut-il troubler la paix sociale pour un problème imaginaire qui a été créé de toutes pièces par la Commission Bouchard-Taylor ?
Je soupçonne la CAQ de vouloir récupérer à son profit un sentiment de xénophobie. La CAQ n’oserait pas critiquer ouvertement l’immigration massive par peur d’être accusée de « racisme ». Mais elle envoie subtilement un message anti-immigrationniste par le biais de la laïcité. Les partisans de la CAQ s’imaginent que la loi 21 va « remettre les musulmans à leur place ». Pour l’instant, il n’y a que le crucifix qui ait perdu sa place.
Si la présence de l’islam dérange au Québec, il faut interdire l’immigration musulmane. Mais si l’on accepte des immigrants musulmans, il faut respecter leur droit de pratiquer librement leur religion, surtout lorsque ça n’affecte pas, en pratique, leur travail d’employés de l’État.
Le bienheureux Charles de Foucault (1858-1916) reprochait à un Français laïcard d’Algérie de se moquer d’un musulman qui faisait sa prière : « Il est mieux que toi, car il honore son Dieu. Toi, tu ne respectes même pas le tien. »
*Le crucifix du Salon bleu de l’Assemblée nationale sera enlevé quand le projet de loi 21 sur la Laïcité sera voté.
L'Assemblée nationale retirera le crucifix du Salon bleu
Billet de blogue d'Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Assembléetest, Wikimedia, CC BY-SA 3.0
Une vraie débâcle, l'Assemblée nationale du Québec a voté sur la motion du premier ministre François Legault « permettant aux députés de débattre de la question. La sainte Croix serait déplacée, après l’adoption du projet de loi sur la laïcité, dans un endroit qui permettrait de la "mettre en valeur dans l’enceinte du Parlement" », rapporte le site Le Peuple.
Tous les députés présents ont voté comme un seul homme pour le retrait, d'après La Presse :
Les députés de l’Assemblée nationale ont voté à l’unanimité jeudi une motion pour que le crucifix soit retiré du Salon bleu une fois le projet de loi sur la laïcité de l’État adopté.
[…]
Les 103 députés présents ont appuyé la motion ; il n’y a eu aucun vote contre ni aucune abstention.
Le Peuple explique :
Le gouvernement du Québec, en allant de l’avant avec cette mesure, se conformerait ainsi aux recommandations de la commission Bouchard-Taylor. Il s’agit d’un revirement de situation, car le Premier ministre avait déjà déclaré qu’il ne toucherait pas à ce symbole datant de l’époque de Maurice Duplessis. « Je veux être ouvert en général, mais, en même temps, je veux que vous compreniez que j’ai été élu avec un certain programme, et, dans mon programme, on garde le crucifix », avait-il allégué.
Soulignons que Montréal a déjà annoncé qu’elle allait emboîter le pas et retirer le crucifix qui trône dans la salle du conseil municipal, alors que la Ville de Québec, elle, a fait comprendre qu’elle n’avait pas l’intention de se débarrasser de son Christ en croix.
Déclaration épiscopale sur les signes religieux
Par l'historien Jean-Claude Dupuis, Ph.D. — Photo : Adam Patterson/Panos/DFID - UK Department for International Development
J’ai été agréablement surpris de voir que l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) s’oppose au projet de loi Legault sur l’interdiction du port de signes religieux visibles par les enseignants des écoles publiques.
La déclaration de l’AECQ du 6 mars 2019 affirme que l’État peut se proclamer neutre sur le plan religieux. Cependant, la laïcité doit être « ouverte ». Il s’agit de protéger la liberté d’expression de toutes les religions dans l’espace public, et non pas de réprimer une religion particulière ou la religiosité en général. Les évêques estiment qu’on peut interdire le port de signes religieux aux agents de l’autorité coercitive de l’État, comme les policiers, les procureurs de la couronne et les juges. Mais étendre cette règle aux enseignants des écoles publiques constituerait une atteinte à la liberté de conscience garantie par la Déclaration universelle des droits de l’homme (ONU 1948). Une pareille mesure ne saurait se justifier sans des « raisons graves et inattaquables ». Les enseignants ont, certes, une autorité sur les élèves, mais ce n’est pas une autorité coercitive. Ce n’est pas parce qu’un enseignant porte un signe religieux qu’il fera nécessairement du prosélytisme en classe. À l’inverse, un enseignant peut très bien faire du prosélytisme camouflé sans porter aucun signe religieux. On doit combattre d’éventuels abus en misant sur l’éthique professionnelle des enseignants plutôt qu’en leur imposant des règles vestimentaires. En pratique, le projet de loi semble surtout viser le hidjab. Or ce n’est pas en stigmatisant les femmes musulmanes qu’on favorisera leur intégration à la société québécoise. L’AECQ conclut que l’école est un espace public où les enfants doivent apprendre à s’enrichir réciproquement des différences de valeurs et de croyances.
Si l’on passait cette déclaration au crible de la doctrine catholique traditionnelle, il y aurait beaucoup à redire. Le Syllabus du pape Pie IX (1864) condamnait le principe de la neutralité religieuse de l’État. Le Concile Vatican II (1965) a soutenu, au contraire, le principe de la séparation entre l’Église et l’État. Nos évêques se rattachent évidemment à la « tradition » de Vatican II, vieille d’un demi-siècle, plutôt qu’à la tradition bimillénaire de l’Église. Mais laissons ce problème de côté pour l’instant. On ne mentionne jamais que le Concile affirmait aussi : « En raison des circonstances particulières dans lesquelles se trouvent certains peuples, une reconnaissance civile spéciale [peut être] accordée, dans l’ordre juridique de la cité, à une communauté religieuse donnée. » (Dignitatis humanæ, no 6) Nos évêques pourraient parfois rappeler, ou se rappeler, ce passage, qui s’applique parfaitement au cas de l’Église catholique au Québec, pour des raisons historiques et culturelles.
Mais il ne faut sans doute pas trop leur en demander. Réjouissons-nous qu’ils aient au moins eu le courage de défendre les quelques enseignants québécois qui osent encore porter visiblement une croix ou une médaille miraculeuse. Et si l’on exige le respect de nos signes religieux chrétiens, il faut bien respecter ceux des musulmans, ce qui ne nous empêche pas de prier pour leur conversion.
Dans le cadre de la société démocratique actuelle, l’AECQ ne pouvait probablement pas en dire plus. Les évêques ont employé la seule argumentation que nos dirigeants politiques puissent entendre. Bravo.
Toutefois, j’aurais aimé que la déclaration se termine par quelque chose de plus apostolique que l’insipide appel du pape François au « grand rêve capable d’abriter tout le monde ». Une finale du genre : « In hoc signo vinces! » (Par ce signe tu vaincras.)