Bernard Landry (1937-2018) : Un produit de la « Grande Noirceur » duplessiste
Bernard Landry.
Par l'historien Jean-Claude Dupuis Ph. D.
Au lendemain du 15 novembre 1976, les Québécois, même fédéralistes, étaient impressionnés par la qualité du conseil des ministres de René Lévesque. Bernard Landry était l’un d’eux. Nul doute qu’il avait une envergure intellectuelle que l’on ne retrouve plus guère dans la classe politique actuelle. Mais n’oublions pas qu’il faisait partie du gouvernement qui a rendu l’avortement accessible sur simple demande. Cependant, je ne veux pas traiter ici de son œuvre politique, mais de sa formation académique.
L’ancien ministre des Affaires culturelles, Denis Vaugeois, a fait remarquer que les membres du fameux gouvernement péquiste de 1976 étaient tous d’origine familiale modeste et qu’ils avaient tous été formés dans les collèges classiques, au temps de la prétendue « grande noirceur » duplessiste. Ce fait réfute à lui seul la légende du caractère rétrograde et non démocratique du système d’éducation catholique d’avant la Révolution tranquille. Mathieu Bock-Côté souligne également que la belle culture générale d’un Bernard Landry était le fruit de la pédagogie humaniste fondée sur l’étude du latin et du grec, de la littérature française du XVIIe siècle, de la philosophie thomiste et de l’histoire groulxiste. Bref, sur tout ce que le Rapport Parent a jeté aux poubelles (JDM, 15-11-2018).
La pédagogie classique entendait former l’intelligence par les études littéraires plutôt que scientifiques. La littérature ouvre l’esprit aux problèmes divergents, c’est-à-dire aux questions complexes qui ne se répondent pas en noir ou blanc. Les études scientifiques tendent, au contraire, à former des intelligences mécaniques qui recherchent une réponse unique à la question. C’est la fameuse distinction entre l’esprit de finesse et l’esprit de géométrie, dont parlait Blaise Pascal.
Lire la suite