Le « Catholic Relief Services » prévoit licencier 50 % de son personnel en raison du gel des dépenses de l’USAID
Par Calvin Freiburger — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : gpointstudio/Freepik
11 février 2025, Washington, D.C. (LifeSiteNews) — Catholic Relief Services (CRS) se prépare à licencier la moitié de l’ensemble de son personnel en raison de l’arrêt des dépenses de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) par l’administration Trump, selon un courriel interne obtenu par le National Catholic Reporter.
Le département d’État a récemment publié un gel de 90 jours sur l’aide étrangère versée par l’intermédiaire de l’USAID, citant des millions en gaspillage et des programmes idéologiquement biaisés. À l’exception de certains programmes alimentaires et de l’aide militaire à Israël et à l’Égypte, cette pause est censée donner à l’administration le temps de procéder à un examen plus approfondi de l’aide étrangère afin de déterminer les coupes définitives à opérer. Présentée dans les médias comme une simple source de soins de base pour les pauvres et les malades, l’USAID consacre depuis longtemps des millions au gaspillage, à la frivolité, à l’activisme LGBT, à la promotion de l’avortement et même à des groupes liés au terrorisme.
Le National Catholic Reporter a rapporté que le CRS prévoit devoir licencier jusqu’à 50 % de ses 7 000 employés actuels dans tous les départements. « Les licenciements ont déjà commencé, car le CRS a été contraint de mettre fin aux programmes financés par l’USAID, qui fournit environ la moitié du budget de 1,5 milliard de dollars de l’organisation catholique, a déclaré Sean Callahan, président et directeur général du CRS, dans un courriel envoyé à l’ensemble du personnel le 3 février », a rapporté le journal.
Lire la suiteL’avortement, c’est comme l’esclavage : les gens sont traités comme biens mobiliers et non comme personnes humaines
Par Ryan Bomberger (LifeNews) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Joseph Kirsch/Adobe Stock
Depuis que la décision Dobbs a été rendue, corrigeant suprêmement une décision Roe suprêmement erronée, la gauche est devenue encore plus déséquilibrée.
Malheureusement, pas désarçonnée.
La quantité de contorsions mentales et rhétoriques par lesquelles il faut passer pour justifier le massacre commercial de millions d’êtres humains est stupéfiante. Et Planned Parenthood mène la charge. Sans surprise, la branche militante du parti démocrate lance toutes les accusations absurdes de racisme qu’elle peut contre le mouvement pro-vie. Vous savez, le même mouvement qui se bat pour sauver chaque vie humaine quelle que soit sa couleur ? Le simple fait que Planned Parenthood s’appelle désormais une organisation antiraciste alors qu’il est le principal tueur de vies noires serait drôle s’il n’était pas si fatal.
Pendant des années, la principale plantation — je veux dire, fédération — d’avortements du pays a prétendu que l’abolition de l’avortement était de l’esclavage. Non. L’avortement est de l’esclavage.
Si l’Amérique a été « construite sur le dos des esclaves », alors Planned Parenthood a été construit sur le dos, les poumons, les cerveaux, les foies et les parties de corps découpées des enfants à naître. Il a été construit sur l’exploitation incessante des femmes... attendez, des femmes enceintes... attendez, des femmes qui ont leurs règles... attendez, des femmes qui accouchent. Ahhh, des gens qui n’ont pas de prostate ? Quoi qu’il en soit, la mère et l’enfant avorté ont fait du mastodonte de l’avortement une entreprise de 2,3 milliards de dollars, que Planned Parenthood veuille bien le reconnaître ou non.
Heureusement, la décision Dobbs a remis les pendules à l’heure avec le 14e amendement, lequel avait enfin reconnu que les personnes de mon teint étaient des citoyens et ne pouvaient être privées de « vie, liberté ou propriété ». Cette semaine, nous célébrons la ratification de l’amendement le plus maltraité de l’histoire.
Les esprits troublés font les mêmes raisonnements
L’affaire Planned Parenthood versus Casey a fait appel à un autre droit : la dépendance. L’opinion majoritaire a estimé qu’au cours des décennies qui ont suivi l’arrêt Roe, les femmes ont acquis une « dépendance à l’égard de la disponibilité de l’avortement en cas d’échec de la contraception ». Les trois juges dissidents dans Dobbs (Breyer, Kagan et Sotomayor) se sont exclamés : « Lorsque Roe et Casey disparaîtront, la perte de pouvoir, de contrôle et de dignité sera immense ». La secrétaire au Trésor Janet Yellen a prétendu, sans preuve, que mettre fin à Roe « aurait des effets très dommageables sur l’économie et ramènerait les femmes des décennies en arrière ».
Les politiciens pro-esclavagistes pensaient exactement la même chose, craignant la fin de l’esclavage. John C. Calhoun, un sénateur démocrate de Caroline du Sud, avait déclaré : « Qu’il soit bon ou mauvais, [l’esclavage] a grandi avec notre société, nos institutions et y est tellement imbriqué que le détruire reviendrait à nous détruire en tant que peuple. »
Lire la suiteLa Cour suprême du Mexique rabaisse l’objection de conscience à l’avortement et élargit l’accès à la GPA
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Sensay/AdobeStock
La Cour suprême du Mexique a déclaré « invalide » par huit voix sur onze un article de la loi sur la santé portant sur l’objection de conscience, jugeant la portée de celui-ci trop large, notamment en ce qui concerne l’avortement, selon Gènéthique :
La Cour suprême du Mexique a déclaré « invalide » un article de la loi générale sur la santé qui consacre l’objection de conscience, au motif qu’il était « vague » et portait « atteinte aux droits des patients, en particulier des femmes et des femmes enceintes ».
La cour va établir les nouvelles lignes de l’objection de conscience du personnel médical (on parie combien que les juges vont obliger les médecins refusant de pratiquer l’avortement à rediriger les femmes vers un collègue consentant ?).
La Cour suprême du Mexique a aussi rendu une décision portant sur la « gestation pour autrui » ou GPA, autorisant la prestation de ce « service » à des étrangers, selon International Family News :
La Cour Suprême de justice de la nation (SCJN) a récemment décidé de donner le feu vert à la gestation pour autrui pour les étrangers à Tabasco (Mexique). Toutefois, sa décision s’étend à l’ensemble du Mexique. Le président de la SCJN, Arturo Zaldívar, prévient que ce jugement devrait servir de référence à la législation et aux tribunaux de tout le Mexique […]
Qu’ont-ils approuvé exactement ? La maternité de substitution est un service marchand pour lequel des frais peuvent être facturés. Dans le même ordre d’idées, les agences intermédiaires peuvent également facturer les services qui sont sur le marché […]
En outre, le service est ouvert aux étrangers ; c’est la nouveauté. Et bien sûr, les « parents » contractants pourront inscrire leur « enfant-produit » à l’état civil.
En bref, il n’y a pas de limites à la soi-disant « gestation pour autrui », qui, dans la pratique, transformera les Mexicaines en « fermes » pour les étrangers, pour les nombreux homosexuels à qui la nature interdit de se reproduire, et pour d’autres, comme des femmes riches qui ne souhaitent pas voir leur corps gâché par la procréation.
Il est monstrueux que l’«éducation sexuelle» obligatoire soit soutenue par les évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles
Par John Smeaton (Voice of the Family) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Gorodenkoff/AdobeStock
Dans un billet pour le Digest de la semaine dernière, je citais le discours d’un ministre du gouvernement britannique au Parlement, en avril 2019, dans lequel il soulignait l’importance politique du soutien apporté par les évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles à la législation gouvernementale qui met en place l’enseignement obligatoire portant sur relations et la sexualité. Parmi de nombreuses autres choses, cette législation prévoit l’obligation pour les écoles d’enseigner des contenus LGBT et de présenter l’avortement comme l’une des options disponibles pendant la grossesse, vers laquelle les élèves doivent être orientées sans avertir les parents.
La terrifiante gravité morale de ce que la Conférence des évêques catholiques (CBCEW) d’Angleterre et du Pays de Galles a fait et continue de faire peut être mieux comprise en réfléchissant au discours inoubliable prononcé par feu le cardinal Carlo Caffarra, président de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille (de 1981 à 1995) et l’un des quatre cardinaux qui ont présenté au pape François les dubia concernant Amoris Lætitia. Le 19 mai 2017, lors du quatrième Forum de Rome sur la vie organisé par Voice of the Family, Son Éminence a déclaré :
Lire la suite« … Dans notre culture occidentale, y a-t-il eu des développements qui mettent en évidence avec une clarté particulière le conflit entre le pouvoir d’attraction du Seigneur crucifié et ressuscité et la culture du mensonge construite par Satan ? Je réponds par l’affirmative, et je souhaite souligner deux développements en particulier … Le premier développement est la transformation du crime de l’avortement (nefandum crimen, “crime indicible”, selon les termes du Concile Vatican II) en un droit. Notez bien que je ne parle pas ici de l’avortement en tant qu’acte. Je parle de la plus grande légitimation que l’ordre juridique puisse accorder à un comportement : celle de le faire entrer dans la catégorie du droit personnel, qui est une catégorie éthique. Cela signifie appeler le mal bien, l’obscurité lumière. “Quand il ment, il parle selon sa propre nature, car il est menteur et père du mensonge”. Il s’agit d’une tentative de produire une “anti-révélation”. Quelle est la logique qui préside à cet anoblissement de l’avortement ? C’est d’abord la négation la plus totale de la vérité de l’homme … »
« … Le second développement est l’anoblissement de l’homosexualité. Nous trouvons ici le rejet complet de la vérité du mariage, de la pensée du Dieu Créateur en ce qui concerne le mariage. La Révélation divine nous a communiqué le dessein de Dieu sur le mariage : l’union légitime de l’homme et de la femme, source de vie nouvelle. Dans la pensée de Dieu, le mariage a une structure permanente enracinée dans la dualité du mode humain d’être : féminin et masculin. Non pas deux pôles opposés, mais l’un avec et pour l’autre. Ce n’est que de cette manière que l’homme sort de sa solitude originelle. L’une des lois fondamentales de Dieu dans la gestion de l’univers est qu’il n’agit pas seul, mais qu’il fait appel à notre coopération. L’union de l’homme et de la femme qui deviennent une seule chair constitue la coopération de l’homme à l’acte créateur de Dieu ... »
« … Résumons donc. Les piliers de la création sont au nombre de deux : la personne humaine dans son irréductibilité à l’univers matériel, et l’union conjugale entre l’homme et la femme, lieu où Dieu crée de nouvelles personnes humaines “à son image et à sa ressemblance”. L’élévation axiologique de l’avortement au rang de droit personnel est la démolition du premier pilier. L’ennoblissement des relations homosexuelles comme équivalentes au mariage est la destruction du deuxième pilier. À la base de tout cela, il y a l’œuvre de Satan, qui veut construire une véritable anti-création. Il lance à Dieu un dernier et terrible défi. “Je vais te montrer que je peux créer une alternative à ta création. Et l’homme dira qu’il est mieux dans ma création alternative que dans la tienne”. En utilisant une horrible stratégie du mensonge, construite sur un profond mépris de l’homme, Satan déclare que la personne humaine est incapable de s’élever jusqu’à la splendeur de la Vérité ; qu’elle est incapable de supporter le paradoxe d’un désir infini de bonheur ; qu’il ne lui est pas possible de se trouver dans le don sincère de lui-même. »
Des adultes chahutent une fille de 13 ans disant au conseil municipal : «l’avortement est un meurtre»
Addison Woosley.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Image : capture d'écran vidéo
Pétition : Non à l'avortement tardif au Québec
Voilà de dignes partisans de l’avortement qui respectaient le droit des femmes en chahutant une enfant de treize ans, qui a eu le courage devant la grogne de continuer son plaidoyer pour la vie. Extrait de LifeNews :
Une jeune fille courageuse de 13 ans s’est récemment présentée devant le conseil municipal d’une ville de Caroline du Nord pour parler au nom des enfants à naître qui sont tués par l’avortement.
Comme elle le faisait, des activistes de l’avortement présents dans le public ont commencé à chahuter la jeune fille [...]
Addison Woosley, 13 ans, s’est jointe à un certain nombre de militants pro-vie le 4 juin pour exhorter le conseil municipal de Raleigh à adopter une résolution en faisant une « ville sanctuaire pour les enfants à naître » [...]
« Sur les images échographiques, on voit le bébé qui essaie de fuir les instruments perturbateurs qui tentent de tuer le bébé », a clamait Woosley. « La bouche du bébé s’ouvre en un cri quand on le tue. Ces bébés sont vivants. Ils se sentent être tués. Cela leur fait mal et ils ne peuvent rien y faire. Il n’y a pas d’autre solution. L’avortement est un meurtre. »
Dans une vidéo de son discours, des grognements et des commentaires peuvent être entendus à l’arrière-plan. Ils devenaient de plus en plus forts à mesure qu’elle continuait.
Mlle Woosley disait qu’elle espérait qu’un jour, les Américains se souviendraient de l’avortement légalisé avec la même horreur que de l’esclavage.
« L’avortement me rappelle l’esclavage », lança-t-elle. « Les propriétaires disaient que leurs esclaves leur appartenaient et qu’ils pouvaient en faire ce qu’ils voulaient. »
Quatre arguments pro-choix qui font écho aux arguments pro-esclavagistes
LiveActionNews, 2 novembre 2015, par Murray Vasser, traduit par Dominic Larkin pour Campagne Québec-Vie
Certains arguments utilisés aujourd'hui contre le mouvement pro-vie font écho aux arguments utilisés au 19ème siècle contre le mouvement abolition. En voici quatre:
Argument #1
Aujourd'hui: Les pro-vies sont obsédés par l'interdiction de l'avortement, mais ils ne démontrent aucune préoccupation pour les enfants après leur naissance.
19ème siècle: Les abolitionnistes sont obsédés par l'interdiction de l'esclavage, mais ils ne démontrent aucune préoccupation pour les esclaves lorsqu'ils recouvrent la liberté.
« Ayant, par des promesses sataniques et des mots justes, charmé beaucoup de ces créatures dociles et crédules, ils les ont abandonnées à leur propre sort malheureux ... le nègre est dégradé, un vagabond et un paria ... et toujours utilisé comme moyen d'auto-éloge par l'hypocrite ... les gens ne le comprennent pas - ne se soucient pas de lui – ils sentent qu'ils ont aucun intérêt particulier en lui - n'ont aucune sympathie, qui n'est pas purement objective, envers lui - et le traitent seulement comme un moyen d'excitation "morale". » (T. W. MacMahon, Cause and Contrast: an Essay on the American Crisis, 67-68)
Réponse: Même si les abolitionnistes ne se souciaient pas des esclaves fugitifs, cela ne changerait pas le fait que l'esclavage est barbare et devrait être illégal. Même si les pro-vies ne se souciaient pas des enfants nés, ça ne changerait rien au fait que l'avortement est barbare et devrait être illégal. (Et en passant, les pro-vies se soucient des enfants nés. Voir l'article de Helen Alvaré sur "The Lazy Slander of the Pro-Life Cause.")
Lire la suiteAvortement et esclavage
©William Gairdner, tiré de la revue Égards, traduit par Richard Bastien; le texte original se trouve ici.
Ceux qui prétendent que l’enjeu le plus important est le conflit opposant les droits de la femme et ceux de l’enfant à naître se trompent lourdement. Si conflit il y a, ce n’est pas entre les droits de deux personnes, mais entre le prétendu droit de la femme et le droit supérieur de la société de défendre celui d’un citoyen à naître. Chez la femme enceinte, ces deux droits se situent physiquement et symboliquement dans un même corps. Mais la démocratie moderne ayant été réduite au rang d’une lutte simpliste entre les droits de particuliers – dans ce cas-ci entre ceux de la mère et ceux de l’enfant – et n’admettant aucune autorité morale supérieure, on recourt à un stratagème par lequel on nie juridiquement l’humanité de l’une des deux parties. Selon Platon, l’homme peut devenir esclave de ses passions. Ici, celui qui est mis en esclavage par voie légale, c’est le fruit même de la passion.
En somme, la nécessité idéologique de déposséder l’enfant à naître de son statut juridique de personne est inhérente à la démocratie égalitariste, tout comme les tentatives du passé de nier à l’esclave son statut de personne découlait du besoin de légitimer tant l’esclavage que la démocratie ancienne. La plupart des philosophes de l’Antiquité, Platon et Aristote compris, soutenaient qu’il ne pouvait y avoir de démocratie sans esclavage. Il en va de même pour l’égalitarisme démocratique. Force est donc de conclure que les nations modernes éliminent annuellement environ 20 % des nouveaux citoyens potentiels au nom des droits et de la pureté idéologique.
Bien entendu, la négation juridique du statut de personne (utilisée vraisemblablement à l’origine contre les peuples vaincus) visait à solidariser des êtres humains contre leurs ennemis. Ce déni a été exploité sur une grande échelle par les États totalitaires du XXe siècle pour autoriser l’incarcération ou l’éradication de citoyens déclarés ennemis internes.
La nécessité d’un jugement substitutif
Cette stratégie d’exclusion revêt une grande importance idéologique et économique pour l’État moderne. La notion de « non-personne » qui en découle nécessite un « jugement substitutif », en vertu duquel un agent de l’État ou une personne désignée est appelé à prendre des décisions fondamentales concernant la vie ou la mort de ceux privés du statut de personne.Le déni d’un tel statut et le jugement substitutif qui en résulte ont comme fin de neutraliser les puissants contre-arguments que la nature oppose à la pensée idéologique. La nature appelle la mère à exercer ses fonctions maternelles tandis que l’idéologie l’invite à s’y soustraire au profit, par exemple, de l’armée ou de l’État. La nature affirme que deux êtres humains ne sont jamais identiques ; l’idéologie égalitariste prétend qu’ils peuvent l’être. Les secteurs étatisés de la vie privée ne cessant de croître et la cohérence idéologique exigeant une centralisation des domaines clés au profit de l’État et au détriment du domaine privé, une tendance budgétaire inflationniste est inévitable tandis que les fonds publics demeurent limités. Cela veut dire que des classes entières de citoyens risquent, à cause de contraintes budgétaires, de se retrouver dans la catégorie de « non-personnes ». Par exemple, d’un point de vue strictement économique, il est difficile de s’opposer à l’avortement si l’enfant à naître n’est pas juridiquement considéré comme une personne, puisqu’il est plus économique d’avorter que de soutenir financièrement une mère monoparentale au moyen de l’aide sociale. Dans le premier cas, le coût est de 400 dollars, dans l’autre de 10 000 dollars par an pendant cinq ans.
Déjà, pour empêcher l’effondrement idéologique d’un service public comme l’assurance-santé, on oblige des citoyens désespérés à attendre des mois avant d’être traités, les exposant à une détérioration de leur état ou même à la mort. J’ai connu des Canadiens qui étaient prêts à acquitter eux-mêmes les frais des services dont ils avaient besoin afin d’éviter une attente potentiellement fatale. Comme la prestation privée de services médicaux est illégale au Canada, ils ont essuyé un refus et sont morts sans recevoir de soins adéquats. Les listes d’attente sont un moyen de maintenir au sein de l’opinion publique l’illusion d’un service égalitaire. Ainsi, les États modernes sacrifient-ils en silence leurs citoyens sur l’autel de leurs idéaux sociaux-démocrates. Il en va de même pour les personnes âgées. Les impératifs économiques obligeront dans l’avenir l’État à classer, par un « jugement substitutif », un nombre sans cesse croissant d’infirmes et d’invalides dans la catégorie de ceux qui doivent être euthanasiés. C’est à ce prix que l’on préservera l’idéologie égalitariste. Ces pressions budgétaires au sein de l’État providence engendreront de nouvelles formes d’esclavage. Y a-t-il pire asservissement que celui d’un citoyen dépouillé de son statut de personne qui se retrouve entre les mains d’un appareil étatique ayant le droit absolu de décider de son destin ?
L’effet philosophique : la grande ironie de notre époque
La démocratie a d’abord été une théorie politique qui préconisait un plus grand contrôle du pouvoir par un nombre accru de gens et une libération croissante des contraintes extérieures, les plus puissantes étant celles de la nature. À l’origine, la démocratie se concevait surtout comme une émancipation du pouvoir royal ou des souverains despotiques. Depuis quelques décennies, elle se veut davantage affranchissement des lois oppressives, des traditions religieuses et des inégalités sociales.
Dans sa forme égalitariste contemporaine, qui s’exprime en particulier par la libéralisation des moeurs sexuelles, la démocratie en est venue à signifier un rejet de toute contrainte morale. Elle désigne maintenant la liberté de choisir son propre « style de vie », que celui-ci soit contraire ou non aux normes de la société. Selon ce nouveau type de démocratie pluraliste, les valeurs normatives sont des « jugements de valeur » ayant pour but d’asservir à une morale des personnes libres et foncièrement bonnes. Ce pluralisme revêt parfois des formes radicales, comme en témoignent les manifestes en faveur de l’inceste, de la pédophilie et des relations sexuelles « intergénérationnelles ». Manifestement, cette notion de liberté démocratique n’évolue que dans une seule direction – celle d’un autonomisme extrême de la personne et d’une répudiation de toute morale collective. Mais alors, où s’arrêter ?
La morale traditionnelle a été bouleversée. Selon nos ancêtres, la liberté intérieure était indissociable de la maîtrise de soi. Les accidents du monde extérieur – la naissance, la guerre ou la mort – ne pouvaient pas et, en principe, ne devaient pas empêcher la maîtrise de soi, qui ne faisait qu’un, en somme, avec la liberté.
Pour les modernes, mystifiés par la vanité démocratique, la liberté est synonyme d’expression de soi. Ils rejettent la maîtrise de soi, vue comme un refoulement maladif des instincts, et considèrent que de condamner certains comportements constitue, de la part d’une autorité morale ou politique, une « imposition » arbitraire.
Cela dit, l’ironie – et l’un des grands paradoxes de la démocratie contemporaine – est que, tout en se croyant socialement, moralement et politiquement libre, l’homme moderne, lorsqu’il s’agit de décrire sa place dans l’univers, utilise un langage parfaitement déterministe où il se représente presque invariablement comme un esclave ou un « sous-produit » de forces qu’il ne contrôle pas. Ainsi, l’hypothèse voulant que l’homme soit le produit d’un conditionnement social informe presque toutes les recherches en sciences sociales. En psychanalyse, on présente les humains comme les jouets de forces psychologiques cachées ; en physique, comme une combinaison quantique de matière pure ; en biologie, conformément à une conception darwinienne du monde, comme l’aboutissement d’une sélection naturelle. Depuis quelques années, les sociétés les plus riches sont inondées de messages visant à les convaincre que ses membres ne pourront survivre qu’à l’aide de diverses thérapies. Le monde politique « progressiste » en entier voudrait rééduquer et soumettre à diverses thérapies des millions de « victimes » insouciantes des « conditionnements » économiques et sociaux qu’ils ont subis et leur permettre de tirer profit d’un nouveau programme conçu et administré par des spécialistes du salut social. Ceux-ci constituent le clergé du fondamentalisme séculariste moderne. Ces spécialistes estiment que, grâce à leur savoir, ils ont réussi à se soustraire aux conditionnements qu’ils déplorent chez les autres (et qu’ils ne manquent jamais de traiter comme une forme d’esclavage). En se proclamant ainsi libérés de toute servitude, ils se perçoivent eux-mêmes comme une nouvelle élite.
Établir une telle élite fut l’ambition du marxisme, cette théorie conspirationniste encore trop répandue selon laquelle l’ensemble du monde développé est victime d’un système capitaliste oppressif dont l’unique objet est l’exploitation des masses.
La théorie moderne de la « déconstruction », un simple rejeton de l’utopie marxiste, affirme que les divers systèmes de pouvoir ont infiltré tous les niveaux de la société et que toutes les formes d’altruisme ne sont qu’une stratégie visant à consolider ces systèmes et à asservir le genre humain. L’humanité entière est invitée à se libérer en adoptant de coûteux programmes de justice « redistributrice », palliant ainsi aux méfaits de la nature et de la société.
En cette époque de célébration généralisée des libertés démocratiques, il est à la fois ironique et bizarre d’observer que l’homme, qui a voulu s’affranchir de tout conditionnement extérieur, se considère, plus qu’à tout autre moment de l’histoire, comme un être entièrement soumis aux forces cosmiques et comme une victime.