Rencontre et prière interreligieuses à Ur, en Irak : le pape François relativise les religions
Pape François.
Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) ― Photo : Shutterstock
Je tiens à souligner un point incongru dans le discours du pape François ― non que l’analyse de Jeanne Smits ne soit assez complète pour montrer le relativisme sous-tendant les propos du pontife. Voilà, quand le pape François dit qu’« il nous semble revenir à la maison » à Ur en Chaldée où Abraham entendit l’appel de Dieu, rien ne peut être plus erroné. Ur, d’où Abraham sortit, était le lieu d’un polythéisme abject où se côtoyaient notamment Baal et Moloch et leur culte infâme. Si Dieu a fait sortir Abraham d’Ur, c’est précisément parce qu’Il ne voulait pas que ce lieu fût sa maison, peu propice d’ailleurs au développement du peuple divin. Aussi, que signifie revenir en Chaldée et s’y sentir « à la maison » si ce n’est revenir aux cultes de Baal et de Moloch ? ― A. H.
Près de ce que l’on identifie comme la demeure d’Abram avant qu’il ne quitte la ville sanctuaire d’Ur en Mésopotamie à l’appel de Dieu pour engendrer la nation d’Israël sous son nouveau nom d’Abraham, le pape François a présidé une réunion interreligieuse samedi, l’un des points forts de son voyage apostolique en Irak. Il a appelé le lieu « maison » où l’on revient pour les représentants des différentes religions qui s’y sont réunis en une sorte d’incarnation de l’esprit du Document d’Abou Dhabi sur la Fraternité humaine signé il y a deux ans par François et par le Cheikh Ahmed el-Tayeb de l’Université Al-Azhar du Caire. Dieu y a été invoqué comme le « Très-Haut », mais pas la très Sainte Trinité, et Notre Seigneur Jésus-Christ était absent des textes. Il ne pouvait en être autrement, car il s’agissait de souligner la fraternité des religions dites « monothéistes » dont Abraham était présenté comme le fondateur.
Ce fut vrai également pour la prière commune qui n’a fait aucune distinction entre les divers croyants de la foi « abrahamique », incluant même « d’autres croyants et toutes les personnes de bonne volonté », non pas en tant qu’appelés à connaître le vrai Dieu mais en tant que personnes reconnaissantes remerciant Dieu pour l’exemple et les qualités d’Abraham.
Le pape François était l’invité principal de l’événement, occupant le siège central sur le podium construit dans la plaine d’Ur à quelque distance de la ziggourat fortement restaurée, temple du dieu de la lune dans les temps anciens. Mais de nombreuses religions étaient présentes et honorées : il a ainsi été rejoint par des représentants des communautés chrétiennes et musulmanes mais aussi par des croyants des religions yézidie, sabéenne et zoroastrienne qui ont tous prié ensemble sur un pied d’égalité.
Lire la suiteMgr Athanasius Schneider : la foi en Dieu et l’adoration des catholiques et musulmans ne sont pas les mêmes
Mgr Athanasius Schneider.
Par Bruno de Caumont et Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) — Photo :
Après la parution d’une tentative d’interprétation orthodoxe du Document d’Abu Dhabi sur la Fraternité humaine par le cardinal Gerhard Müller dans la revue Communio au mois de mars, où l’ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi souligne que ce Document « correspond dans son intention à la Déclaration générale des droits des Nations unies de 1948 », Mgr Athanasius Schneider a fait paraître une Déclaration qui met en évidence les affirmations les plus inacceptables du Document d’Abu Dhabi, en expliquant pourquoi.
Le cardinal Müller estime que les deux signataires, le pape François et le grand imam Al-Tayeb, n’ont pas abandonné « leurs confessions de foi individuelles », ni produit un document « relativiste », mais s’opposent ensemble à une conception du monde « sociale-darwiniste », au nom de « ceux qui croient en Dieu le Créateur tout-puissant et bienveillant », au moyen « du principe de la fraternité universelle ». Le cardinal Müller demande que le Document soit interprété à travers les « bonnes intentions » de ses auteurs plutôt qu’en se focalisant « sur la précision académique de ses expressions ».
Mgr Schneider a préféré la voie plus précise consistant à révéler les ambiguïtés et à réfuter les erreurs du Document.
Je vous propose ici la traduction de son texte publié par LifeSiteNews il y a quelques jours, aimablement proposée par Bruno de Caumont et révisée par mes soins.
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Déclaration de Mgr Athanasius Schneider
Il n’y a pas de foi commune en Dieu ni d’adoration commune de Dieu partagée par les catholiques et les musulmans.
L’affirmation la plus erronée et la plus dangereuse du Document d’Abu Dhabi sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune (signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb le 4 février 2019) est la suivante :
« Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. » Dire que, tout comme Dieu veut positivement la diversité des sexes masculin et féminin et la diversité des nations, il en va de même de la même manière de la diversité des religions, contredit la Révélation divine.
Le Document d’Abu Dhabi évoque également une foi commune en Dieu, par exemple : « C’est un document » qui invite « toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine ». Ici, le sens de la foi elle-même est ambigu et, de plus, le sens de la foi en Dieu se situe au niveau naturel de la croyance « dans la fraternité humaine ». C’est théologiquement faux et trompeur.
Le sens du mot « foi » est donné par Jésus-Christ lui-même, et donc par la Révélation divine. Il n’y a « qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éph. IV, 5), « car tous les hommes n’ont pas la foi » (2 Thess. III, 2). Jésus-Christ, le Fils incarné de Dieu, est « l’auteur et le consommateur de la foi » (Hébreux XII, 2). Quiconque ne croit pas en Jésus-Christ le Fils de Dieu n’a pas de foi et ne plaît pas à Dieu, comme le dit le Seigneur : « Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu » (Jn III, 18), et « Celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jn III, 36)
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