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Sur les causes de l’effondrement de l’Église au Québec, et sur ce qui la redressera — par Georges Buscemi


Ruines de l'église incendiée Saint-Jean-Baptiste de Morinville en Alberta, à laquelle il a sans doute été mis feu criminellement, peut-être en réaction de la prétendue culpabilité de l'Église dans l'« affaire » des pensionnats autochtones, martelée par les médias et le gouvernement. Évidemment, il s'agit d'une autre province, mais le pays est le même, et le nom, tant de la ville que de l'église, évoque bien le malheureux Québec.

Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie)

Ce qui suit est un entretien entre le Dr Thomas Ward, président de l’Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille (dont l’acronyme anglais est JAHLF) et Georges Buscemi, membre fondateur de l’Académie et président de Campagne Québec-Vie, sur les causes de l’effondrement de l’Église au Québec, autrefois berceau du catholicisme en Amérique du Nord, sur ce qui la redressera au milieu du chaos libéral grandissant.

L’Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille a été fondée par des laïcs en 2017 suite au changement radical de l’Académie pontificale Jean-Paul II, et au renvoi consécutif de la quasi-totalité de ses membres conservateurs (dont plusieurs ont participé à la fondation de JAHLF), opéré par le pape François en 2016. JAHLF a pour but de poursuivre les objectifs de l’ancienne Académie Jean-Paul II, ainsi que ceux de l'ancien Institut pontifical Jean-Paul II sur le mariage et la famille déclare, le site internet de JAHLF :

En octobre 2017, la nouvelle Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille (JAHLF) a été créée pour poursuivre les mêmes objectifs que l’Académie pontificale pour la vie originelle, fondée en 1994 par saint Jean-Paul II pour l’étude interdisciplinaire sur la vie humaine dans toutes ses étapes et sa défense. Déjà en 1981, le Pape Jean-Paul II avait fondé l’Institut pontifical Jean-Paul II sur le mariage et la famille, pour étudier le berceau de la vie humaine : le mariage et la famille. La JAHLF reprendra l’étude tant de la vie humaine que du mariage et de la famille humaine.

Elle a été fondée par quelques anciens membres de l’Académie pontificale pour la vie, dont un ancien professeur de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour le mariage et la famille.

Entretien entre le Dr Thomas Ward, président de l’académie « JAHLF », et Georges Buscemi

TW : Le Québec a eu une merveilleuse histoire d’activité missionnaire à travers le monde. Pouvez-vous expliquer l’effondrement apparent de l’Église au Québec ?

GB : L’effondrement de l’Église au Québec remonte à une période que les historiens appellent « la Révolution tranquille », qui a commencé à la fin des années 50, avec la mort d’un éminent leader de « droite », le Premier ministre de la province, Maurice Duplessis.

Jusqu’à cette époque, le Québec était une anomalie sur le continent nord-américain : un microcosme de la chrétienté dans une mer de protestantisme. Au Québec, l’Église et l’État étaient intimement liés. Des religieux et des religieuses dirigeaient les hôpitaux et les écoles. L’écrasante majorité de la population assistait régulièrement à la messe. Les familles nombreuses de 8, 9, 12 enfants (mon propre professeur de physique venait d’une famille de plus de 20 enfants) n’étaient pas du tout rares. Cependant, la poussée démographique particulièrement intense qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a servi de prétexte à l’intervention de l’État dans les écoles et les hôpitaux. On disait qu’il n’y avait pas assez de religieux pour tout le monde. Les laïcs devaient avoir leur heure, évinçant les religieux et les religieuses de ces rôles cruciaux.

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Si le catholicisme a été la digue qui a empêché le tsunami du laïcisme de déferler sur la province, la brèche la plus cruciale dans cette digue fut ouverte dans le domaine de l’éducation. Et le concile Vatican II, ou l’aura de changement et de libéralisme religieux qui l’a entouré, semble avoir joué un rôle crucial. Dès l’installation du nouveau gouvernement qui a suivi celui de Maurice Duplessis, une pression a été exercée pour réformer le système éducatif du Québec. Jusqu’au Concile, aucun changement radical ne pouvait être apporté au système d’éducation du Québec qui était profondément catholique. Cependant, après le début du Concile, les évêques semblent avoir perdu leur désir de conserver l’éducation, et à partir de 1962, l’éducation leur est arrachée des mains et confiée à l’État. De nombreux changements ont été apportés en succession rapide, notamment la fermeture des célèbres « Collèges classiques » ou écoles préparatoires catholiques du Québec, remplacés par des constructions brutales de style industriel, à tendance socialiste. Pendant des générations, les Collèges classiques avaient formé l’élite catholique (médecins, avocats, etc.). Leur élimination équivaut à la décapitation de la société civile catholique. Pendant ce temps, l’esprit du temps alimenté par les médias dictait que « le Québec était en retard » sur le plan économique, en raison de son style d’éducation catholique/classique. Les Québécois devaient répondre aux « besoins d’aujourd’hui » en devenant plus libéraux et plus avisés sur le plan économique.

Les nouvelles écoles « modernes » (entendez : marxistes) donnent le ton à la province. Les enfants sont désormais transportés par autobus de tous les coins du Québec vers ces établissements. Ils reçoivent une éducation religieuse médiocre, mais surtout, on leur inculque une vision du monde libérale, matérialiste et religieusement indifférente. Les enfants ont ensuite « contaminé » leurs parents. L’effet s’est fait sentir presque instantanément : d’énormes segments de la population sont littéralement passés d’une pratique régulière de l’église à une fréquentation nulle en l’espace d’un week-end, comme d’un commun accord. L’Église elle-même, après le concile et la nouvelle messe, a poursuivi sa spirale descendante, les religieux et religieuses susmentionnés défroquant en masse pour devenir des employés de l’État dans les écoles et les hôpitaux où ils avaient travaillé auparavant. Aujourd’hui, l’assistance dominicale régulière à la messe oscille autour de 1 %, le taux de natalité de la province est bien inférieur au taux de remplacement, et le nombre d’avortements s’élève à environ 25 000 par an, probablement plus si nous pouvions compter avec précision les avortements chimiques.

Quel effet cet effondrement a-t-il eu sur la législation relative à la famille ?

Le Québec est une province du Canada. Les lois impliquant le meurtre de personnes vulnérables (enfants dans le ventre de leur mère, personnes âgées, etc.) sont votées au niveau fédéral et n’émanent pas de la législature provinciale du Québec. Cependant, la sécularisation du Québec a contaminé à son tour le reste du pays en raison de l’énorme influence exercée par le premier ministre québécois de l’époque, Pierre-Elliott Trudeau (père de Justin Trudeau, actuel premier ministre du Canada). C’est lui qui a fait adopter le tristement célèbre « projet de loi omnibus » de 1969, qui légalisait de nombreuses pratiques anti-vie et anti-famille, comme l’avortement et la sodomie. Il a également, par une autre loi, libéralisé la contraception.

Les dégâts causés par la sécularisation du système éducatif n’ont pu être égalés que par ceux qui se sont produits dans le système de santé. Les hôpitaux gérés par l’Église et remplis de religieuses en habit ont rapidement été remplacés par des hôpitaux gérés par l’État. Ceux-ci ont très vite commencé à autoriser les stérilisations et à distribuer des contraceptifs. Le système de santé publique a aussi lancé la création de centres d’avortement.

Quelle est la situation, par exemple, en matière d’euthanasie, d’avortement, de droits parentaux ou d’application de la théorie dite du genre au Québec ?

L’euthanasie est largement acceptée dans la province comme une forme de « soins de santé ». Une fois de plus, le Québec a été à l’avant-garde de la légalisation de ce « service » dans ses établissements. L’avortement est également largement accepté. Les écoles ne se sont pas améliorées, elles n’ont fait qu’empirer. L’« éducation sexuelle » obligatoire pollue l’esprit des jeunes et les cours d’« éthique et culture religieuse » les endoctrinent avec le relativisme.

Où voyez-vous de l’espoir ?

Les libéraux ne « gagnent » que dans le sens où ils prennent la dégénérescence et la dissolution pour des « victoires ». En fait, ce sont des victoires à la Pyrrhus qui laissent un goût amer dans la bouche de tous ceux qui y participent. Ils « gagnent » depuis si longtemps au Québec que la société civile montre déjà des signes réels de dissolution, la situation corona ne faisant qu’accélérer le rythme de la décomposition. J’espère que les îlots de bon sens qui resteront après l’effondrement inévitable de la superstructure deviendront des refuges pour ceux qui ont faim de vérité, de beauté et de bonté. C’est pourquoi il est si important pour les catholiques de renforcer leur foyer et leurs réseaux immédiats, et pour les institutions restantes, véritablement catholiques (groupes pro-vie, groupes de parents, etc.), aussi petites soient-elles, de resserrer, et non de relâcher, leurs liens avec le Christ et son Église, ses enseignements authentiques et sa tradition immémoriale. Seules les personnes et les institutions intimement liées au Seigneur offriront une forme quelconque de secours et d’asile aux rescapés de l’effondrement moral et sociétal.



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