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« Roe c. Wade est renversé, mais la lutte n’est pas finie! » Entrevue avec l’Abbé J.-Réal Bleau


L’abbé Joseph-Réal Bleau avec son livre sur l’avortement publié lors de son doctorat en Théologie morale en 1971.

Par Joanne D’Arc (Campagne Québec-Vie) — Photo : Joanne D’Arc © 

Suite au renversement historique aux États-Unis de l’arrêt Roe c. Wade, il est légitime de se poser des questions sur l’avenir du Québec et du Canada au sujet de l’avortement. Allons-nous suivre les pas des États-Unis ou allons-nous continuer vers une culture encore plus progressive et « pro-choix »? Devrions-nous lutter contre ce qui jadis était inacceptable ou devrions-nous changer nos façons de penser et adhérer à l’esprit des temps modernes?

Lors de ce questionnement qui rend notre société perplexe, nous avons consulté l’abbé Joseph-Réal Bleau, auteur d’un livre sur l’avortement qu’il a publié lors de son doctorat en Théologie morale à l’université Grégorienne de Rome en 1971. Aujourd’hui, on peut facilement trouver ce livre aussi pertinent que l’encyclique de Jean-Paul II, Evangelium Vitæ, dont nous avons discuté avec l’abbé Francis Bégin

À l’occasion de la publication de ses archives et conférences sur son site https://lumenc.org/#, nous présentons ainsi un entretien entre l’abbé J.-Réal Bleau et notre journaliste Joanne.

Joanne pour CQV : Quand vous avez publié votre livre en 1971, l’avortement n’était pas encore décriminalisé au Canada?

L’abbé J.-Réal Bleau : Pas complètement, mais il y avait déjà des tendances à légaliser l’avortement, de manière que ce soit un meurtre légal, évidement sans parler de meurtre.

Joanne pour CQV : Quelles tendances aviez-vous observées plus précisément dans ces temps-là?

L’abbé J.-Réal Bleau : Dans les années 60, on parlait beaucoup d’avortement dans les circonstances graves, par exemple lorsque la vie de la mère était en danger et on disait que dans de telles circonstances, l’avortement devrait être permis, mais la vérité, c’est que même dans de telles circonstances, l’avortement ne devrait pas être permis. Il y a de beaux exemples comme celui d’une docteure italienne qui se nommait Joanna (Gianna Beretta Molla) et qui a donné sa vie, car elle ne voulait pas d’avortement lors de l’accouchement de son quatrième enfant.

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Une des tendances populaires était la permission de l’avortement parce que la liberté de chaque mère était plus importante. D’autant plus, on parlait de l’enfant comme d’une excroissance de la chaire de la mère. Ça n’allait pas jusqu’à vouloir légaliser l’avortement, mais comme la vie de la mère était en danger, il y avait une opinion qui devenait de plus en plus générale, qu’il fallait plutôt favoriser la vie de la mère que la vie de l’enfant, mais il n’était pas question comme telle de légaliser l’avortement. Après les années 60, on a voulu être de plus en plus permissif au plan civil, jusqu’à la décriminalisation totale de l’avortement.

[Avant de sortir du cadre légal par décision de cour en 1988, l’avortement a été décriminalisé en 1969 par le gouvernement canadien. — A.H.]

Joanne pour CQV : Dans votre livre à la page 56 nous pouvons lire le passage suivant :

« Il n’y aurait donc aucune sécurité dans une société où le massacre des enfants innocents dans le sein de leur mère serait légal : dans cette société, le bien commun serait totalement compromis. »

Aujourd’hui, en 2022, l’avortement est légal au Canada et au Québec. Est-ce que ça veut dire que nous vivons présentement dans une société qui n’est plus sécure, qui est même dangereuse?

L’abbé J.-Réal Bleau : À mon point de vue, oui, c’est dangereux la société actuelle. Quand on ne respecte plus la vie elle-même, la vie innocente, la vie d’un petit enfant… car c’est de ça qu’il s’agit même si beaucoup ne veulent pas le reconnaître. Ils disent « ce n’est pas une vie humaine avant tant de semaines, etc. » Non. Dès la conception, il y a un être humain qui est différent de la mère. C’est le bon Dieu qui nous donne cette vie, mais si on exclut Dieu complètement et on reste juste sur un plan naturel…

Le problème, c’est que la société actuelle devient de plus en plus athée, ça ne peut pas se comprendre autrement. On ne donne plus aucune importance à la loi naturelle, ni aux lois divines. Alors, c’est la société qui fait la loi. Et de quelle manière est-elle faite? Quels sont les bases et les fondements des lois actuelles? On va dire la démocratie… non, non. C’est plutôt un certain nombre de personnes qui influent et qui ont un mouvement pour l’avortement, pour le pro-choix, un FAUX-CHOIX, qui vient, à mon point de vue, des ennemis de Dieu! Ils sont organisés internationalement, la Franc-maçonnerie. Il n’y a aucun doute à ça! Ils poussent pour l’avortement, l’homosexualité, tout ce qui va contre la loi naturelle. Voyez-vous. Comment ça se fait que notre société qui était Chrétienne au Canada et au Québec ne l’est plus? Dans la charte du Canada, le premier article, c’était « la foi en Dieu » et ça a été enlevé de la charte, de la constitution du Canada. Si vous enlevez la foi en Dieu, tout devient permis, tout ce qui va contre la volonté de Dieu et contre l’Église.

Joanne pour CQV : Quelle était votre réaction quand l’avortement est devenu légal?

L’abbé J.-Réal Bleau : À l’intérieur de moi, c’était une grande tristesse, une grande peine, parce que devant l’État on se sent impuissant. L’État devient totalitaire. Si on ne respecte pas le Bon Dieu, on ne respecte pas les citoyens. Alors qu’est-ce qui est en jeu? L’État est responsable du bien commun temporel, mais c’est tout compromis parce que la base naturelle de la société, c’est la famille. Si vous légalisez l’avortement, vous êtes pour la destruction de la famille. C’est un moyen d’affaiblir de plus en plus la famille comme institution naturelle. Le plus grand bien qu’on peut avoir au plan naturel, pour le fondement de la société, c’est la famille, il n’y a rien de plus grand tel que voulu de Dieu.

Joanne pour CQV : Alors la même logique s’appliquerait pour la destruction du genre, car sans le genre biologique, on ne peut pas construire de famille naturelle?

L’abbé J.-Réal Bleau : Exactement. C’est un progrès vers l’anti-civilisation et l’anti-christianisme. On attaque la famille naturelle, on va à l’encontre de ce que le Bon Dieu a fait. La famille naturelle, ce n’est pas deux hommes ou deux femmes ensemble. Ça, c’est un progrès dans l’athéisme. Lorsqu’on ne se sent plus dépendant de Dieu, ou soumis à la volonté de Dieu, lorsqu’on rejette l’ordre voulu par Dieu, tout va être bouleversé au plan naturel. La question du genre, ça n’a pas de bon sens! Qu’une femme veuille devenir un homme et n’accepte pas son sexe et la même chose pour l’homme, c’est absurde! Ça n’a pas bon sens!

Joanne pour CQV : Est-ce qu’on pourrait référer à la ville de Sodome et Gomorrhe dans la bible lorsqu’on parle de ces sujets?

L’abbé J.-Réal Bleau : Ah bien oui! Certainement.

Joanne pour CQV : Donc à travers l’histoire du monde, tout se répète?

L’abbé J.-Réal Bleau : Oui exactement. Tout se répète. Au tout début, la société entière était païenne, puis elle est devenue Chrétienne par la prédication des apôtres, par le martyr sanglant de beaucoup de chrétiens et par la lutte des pères de l’Église contre les hérésies païennes. Au plan moral et au plan doctrinal. Aujourd’hui, ce que nous vivons, c’est encore un retour aux idées païennes.

Joanne pour CQV : Pour le public général, comment définir les idées païennes?

L’abbé J.-Réal Bleau : Le paganisme, c’est l’inacceptation d’un vrai seul Dieu qui nous a été révélé dans une ambiance païenne. Cet unique Dieu a été d’abord révélé au peuple juif à travers Abraham [...] Les païens adorent les faux dieux. La mission des apôtres, que Jésus leur a donnée, c’était de christianiser tous les peuples. Ça ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas religieux, car ils avaient un sentiment religieux, mais c’étaient des dieux païens. Tout le monde était païen, en d’autres mots il y avait une domination de faux dieux, et ces idoles qui sont en réalité des démons! Il y a eu des preuves tangibles à ça.

Ici au Canada, il y a aussi les peuples autochtones. Quand les missionnaires qui sont venus de la France, les pères Jésuites, sont venus annoncer à ces païens la bonne nouvelle, ils sont venus leur apporter la lumière, c’est-à-dire l’esprit chrétien.

Aujourd’hui, on retourne encore vers le paganisme. Toute la société veut inclure les autochtones. Les autochtones qui ont leur foi, aujourd’hui, ils réclament le respect de leur droit, de leur langue, de leur chef et de leur culture! Mais, que veut-dire leur culture? Leur culture païenne! Ça n’a pas de bon sens!

Et quand vous voyez le Saint-Père qui vient pour leur demander pardon! Ça n’a pas de bon sens…

On leur a apporté la lumière, la vraie vie, c’est Jésus.

Joanne pour CQV : Nous allons retourner sur le sujet de votre livre. Qu’est-ce qui fait en sorte que ce livre est important en 2022? Est-ce que c’est parce que nous sommes redevenus une société païenne?

L’abbé J.-Réal Bleau : De plus en plus, on est dans le paganisme. On s’engouffre dans les idéologies qui sont tout à fait anti-chrétiennes et qui sont vraiment conformes aux idées païennes de l’antiquité, mais avec la philosophie moderne, l’idéalisme, soi-disant d’une façon scientifique, mais qui n’est pas vraiment conforme à la vraie science qui normalement doit être basée sur la vérité.

Joanne pour CQV : Comment est-ce que l’avortement est un problème politique?

L’abbé J.-Réal Bleau : Voyez-vous, on est au plan du bien commun temporel. Le bien commun temporel, c’est le respect qui doit s’exprimer par le respect des droits fondamentaux des personnes humaines. Les droits fondamentaux, il faut les observer pour qu’il y ait de l’ordre dans la société, autrement, c’est le désordre. Chacun fait comme il veut si on suit les passions humaines qui peuvent être guidées par le désir de posséder, de dominer — des intérêts qui ne sont pas du tout des intérêts qui vont favoriser le respect des droits de tous. Les droits fondamentaux devraient être basés sur la loi naturelle, mais aujourd’hui avec la philosophie moderne, ce n’est plus ça.

Quel est le fondement des droits fondamentaux de la personne humaine aujourd’hui? On passe du vrai fondement, qui est DIEU (la loi naturelle divine) au droit du plus fort et au droit du nombre. Si vous allez dans ce sens-là, vous n’allez pas dans le sens de la vérité et de la justice. Puis la « justice », ça devient le « plus grand nombre ».

Comme la société se paganise, le grand nombre est influencé par Satan et va dans ce sens-là. Puis, la société va soi-disant voter pour la « liberté », alors que ce n’est pas la vraie liberté. Toutes les notions sont faussées. Surtout à partir de la Révolution française où on a créé la devise de la Révolution française : « Liberté, égalité, fraternité », mais c’est une fausse liberté de faire ce qu’on veut.

La liberté nous est donnée d’abord pour aimer. Si on n’est pas libre, on ne peut pas aimer. Elle nous est donnée pour agir d’une façon responsable, elle nous est donnée pour faire librement le bien. Mais ce n’est plus ça… Même si on ne le dit pas tel quel, c’est la liberté de faire ce que vous voulez, selon vos passions.

L’égalité, l’idée que nous sommes tous égaux. C’est vrai dans un sens qu’on est tous égaux au plan de la nature humaine, mais on n’est pas tous égaux dans la société. Le Seigneur Jésus lui-même, il a toujours tenu compte de la hiérarchie dans laquelle Dieu a fait tous les êtres. Puis, au plan social, c’est Dieu qui est à l’origine. Il donne à certaines personnes un tel talent pour telle chose. Certains ont un talent d’enseigner, d’autre de bien organiser les choses, etc. Les dons de Dieu sont là pour l’organisation de la société, il y a une hiérarchie.

Le Bon Dieu a fait les apôtres et les docteurs de l’Église. On ne peut pas dire qu’on est tous égaux. Dans la société, il y a des différences et il y a des gens que le Bon Dieu permet d’avoir des postes moins importants et plus importants. On est ici pour le service de Dieu. Si on dit qu’on est tous égaux, on laisse de côté l’autorité de Dieu et on se dit l’autorité. La société est faite par Dieu, voulue de Dieu, comme une hiérarchie. Et l’égalité qui vient des libres penseurs qui ont précédé la Révolution française, c’était des idées de la franc-maçonnerie. La véritable égalité, c’est sur le plan naturel qu’on a tous la même dignité, mais on n’est pas tous égaux dans la société.

Finalement le concept de fraternité. Oui, c’est beau. L’Église prêche qu’on est tous frères et sœurs, mais à condition qu’on ait Dieu comme père. Mais si Dieu n’est pas là, quelle sorte de fraternité est-ce que c’est? Ça devient un mensonge.

Aujourd’hui, tous les concepts sont faussés, car on dit qu’il faut respecter tout le monde dans leurs opinions…

L’abbé Joseph Réal Bleau à côté de la statue du Sacré Coeur de Jésus

Joanne pour CQV : Comment expliquer aux gens qui ne sont pas religieux de ne pas commettre l’avortement, si pour ceux qui sont païens ça n’a pas d’importance?

L’abbé J.-Réal Bleau : Il y a une question que le paganisme actuel fausse complètement, c’est la notion de la nature humaine. Normalement, même quelqu’un qui n’a pas la foi en Dieu peut comprendre que la nature humaine ne dépend pas de nous, elle est donnée à tous ceux qui sont des hommes, tous ceux qui naissent comme des personnes humaines. Le paganisme actuel va plus loin que les païens de l’antiquité, dans le refus de ce que Dieu a voulu, dans l’ordre qu’il a établi, car on va jusqu’à nier la notion de nature. L’avortement va contre la nature humaine, mais il faut accepter la notion de nature humaine pour le comprendre...

Joanne pour CQV : Est-ce qu’on peut gagner la lutte contre le mouvement pro-choix? Est-ce qu’on va voir un dénouement des choses au Canada comme aux États-Unis?

L’abbé J.-Réal Bleau : C’est très difficile de répondre correctement. Roe c. Wade est renversé, mais la lutte n’est pas finie! Actuellement, on voit en ce moment que les forces du mal sont plus présentes que les forces du bien. C’est une lutte entre ceux qui veulent défendre la vérité naturelle et ceux qui veulent corrompre, ceux qui sont dans l’erreur, dans le mensonge et avec une force extérieure médiatique plus forte.

Ce qu’on peut observer au Canada, c’est que quand on perd la foi, on perd aussi le bon sens. Ici au Canada, on se trouve dans une situation où extérieurement tous ceux qui sont du côté de l’erreur sont plus forts. Mais en réalité, la force, c’est la vérité. Ça ne peut pas durer, c’est une auto-destruction, même au plan civil. On s’en va sur le désordre.

Joanne pour CQV : Pourquoi est-ce que l’avortement c’est un problème qui devrait intéresser l’humanité entière?

L’abbé J.-Réal Bleau : Parce que c’est un problème qui touche à la nature humaine qui est universelle. Pour les païens comme pour les non-païens (pour les chrétiens comme pour les non-chrétiens). C’est un problème qui concerne le respect de la nature humaine. Aujourd’hui, on ne veut pas entendre les mots « droit naturel », « loi naturelle », car on a changé les concepts, on les a transformés.

Joanne pour CQV : Dans le livre, vous parlez d’avortement qui se faisait par eugénisme. Que voulez-vous dire par ça?

L’abbé J.-Réal Bleau : Sous le régime de Hitler, il s’agissait d’avoir un peuple qui était sans défauts. La conception d’un peuple qu’on faisait d’un peuple sain, en bonne santé physique et psychologique. Par eugénisme, pour que le peuple allemand soit le plus fort et qu’il manifeste la meilleure santé, on va détruire les faibles, éliminer ceux qui ne sont pas forts.

Joanne pour CQV : Est-ce que le bien commun peut justifier l’avortement?

L’abbé J.-Réal Bleau : Le vrai bien commun ne peut pas justifier l’avortement. C’est l’ordre qui résulte du respect des droits fondamentaux, mais des vrais droits fondamentaux, pas ceux qui sont nés de la Révolution française, qui sont en fait des idées non chrétiennes.

Joanne pour CQV : Comment est-ce que la légalisation de l’avortement est un principe destructeur de la civilisation entière?

L’abbé J.-Réal Bleau : Si vous légalisez l’avortement, le massacre des petits enfants, donc le meurtre, ça va contre les droits fondamentaux, le droit de vivre. Il n’y a pas de raison valable pour tuer un innocent. Alors, si on le fait pour l’avortement, qu’est-ce qui empêche de le faire pour les autres? Par exemple, les personnes qui sont malades en fin de vie? On ne voit plus le caractère sacré de la vie de la conception jusqu’à la mort naturelle.

La légalisation de l’avortement va ouvrir la porte à la légalisation de tous les autres meurtres et on va se trouver dans une société où tout le monde peut tuer l’autre pour un motif imaginé.

Joanne pour CQV : Comment est-ce qu’un fait scientifique peut être nié?

L’abbé J.-Réal Bleau : Par Satan. Le père du mensonge, c’est le démon et ce n’est que par son intervention qu’on peut faire des mensonges « scientifiques ». La science va se plier à des fausses conceptions dans différents domaines et on va dire que c’est « scientifique », alors que ça ne l’est pas vraiment. Tout comme on le fait avec les mensonges à propos du climat. On est sous le règne de Satan, sur le plan social. C’est lui le mensonge incarné qui influence tous les domaines de la vie sociale.

Joanne pour CQV : Dans votre livre sur l’avortement, j’ai découvert que l’attitude de l’Église face à l’avortement était très stricte, surtout au début lorsque l’Église imposait une excommunication totale de la personne qui se faisait avorter. Puis, avec le temps, l’Église est devenue moins stricte. Que pensez-vous de l’attitude actuelle de l’Église face à l’avortement?

L’abbé J.-Réal Bleau : Il faut que l’Église revienne à sa doctrine de toujours. Les responsables, le Magistère de l’Église. D’abord, il faut qu’il y ait une prise de conscience. L’esprit actuel qui est dans la société est un esprit de mensonge. L’Église doit affirmer la vérité coûte que coûte! Même si ça signifie qu’elle soit ridiculisée, qu’elle soit persécutée! Il faut la vérité. Il y a un besoin actuel de renouveau spirituel et doctrinal de ceux qui sont chargés d’enseigner la vérité. C’est la base. On arrive à ce point-là où il faut être prêt au martyre.

Au niveau de la vérité, c’est là qu’il ne faut pas qu’il y ait de faiblesse dans l’affirmation de ce qu’est l’avortement. Tout l’aspect de pénitence qu’imposait l’Église, ce n’est pas le plus important. Le crime est d’une gravité extrême, mais aujourd’hui, on a perdu ce sens-là. Le crime abominable de l’avortement doit être bien clair. L’Église ne pourra pas imposer des pénitences comme autrefois, mais le crime est punissable. Il faut comprendre que l’avortement est un acte de haine qui va contre Dieu et c’est un crime abominable.

Joanne pour CQV : S’il y a une leçon qu’on peut retirer de ce livre, c’est laquelle?

L’abbé J.-Réal Bleau : La leçon la plus importante c’est qu’aujourd’hui en acceptant l’avortement, on se révolte de plus en plus massivement contre Dieu, contre l’ordre voulu de Dieu et les institutions naturelles comme la famille. Donc, on en est train de détruire la société elle-même. On détruit ce que Dieu a voulu, on détruit la vie, la société, l’ordre social et la véritable culture. La culture, c’est la culture Chrétienne. Même si on ne veut pas le reconnaître, la culture est reliée à la religion, d’ailleurs le mot « culte » vient du mot « culture ». C’est ce qu’on est en train de perdre, la culture Chrétienne.

Joanne pour CQV : Quelle est votre opinion face à l’avortement thérapeutique?

L’abbé J.-Réal Bleau : On ne peut pas tuer un être même si on cherche un bien. Il peut y avoir des situations où la vie de la mère est en danger et aussi celle de l’enfant. Alors, on fait le mieux, au plan médical, pour sauver l’un et l’autre. Mais ce qu’on doit faire, c’est avoir l’intention de ne pas tuer l’un ou l’autre directement. On ne peut pas éviter l’ordre voulu par Dieu. La vie de l’enfant, elle est sacrée, la vie de la mère aussi. On ne peut pas tuer ni la mère ni l’enfant directement. L’intention devrait être de sauver les deux, et si c’est impossible, on ne tue pas intentionnellement [ni] de façon directe.

Joanne pour CQV : Une famille chrétienne est censée être ouverte à la vie en tout temps, est-ce que les méthodes de planification naturelle sont acceptables selon vous?

L’abbé J.-Réal Bleau : Si on ne fait rien pour empêcher directement la vie, mais qu’on pratique la continence périodique, il n’y a pas de crime. Il peut y avoir une faute dans le fait d’éviter la famille. Quelqu’un qui va prendre ces méthodes de continence périodique pour éviter la famille, il manque à ses devoirs. Profiter des relations conjugales sans qu’il y ait la famille, c’est empêcher la vie.

Si on veut profiter des relations conjugales sans qu’il y ait la famille, ça va plutôt contre le sens de la responsabilité de la vie. Si ça se fait d’une façon constante, habituelle, c’est grave, ce sont des péchés graves! On va contre un engagement qu’on a pris. Parce que si quelqu’un se marie, le mariage donne le droit des époux sur le corps de l’autre pour justement accomplir des actes qui vont être féconds et pas uniquement pour jouir.

Joanne pour CQV : Alors, nous avons répondu à toutes les questions! Merci beaucoup pour votre temps abbé. J’ai beaucoup appris et je vais continuer à lire votre ouvrage qui tout comme l’encyclique de Saint-Jean Paul II semble être un livre intemporel.

L’abbé J.-Réal Bleau : On a fait notre possible! Le livre date de 1971, aujourd’hui, il y aurait beaucoup plus de choses à préciser.

Joanne pour CQV : C’est pourquoi nous nous sommes rencontrés. J’espère que l’article l’a fait. (Sur ce, allons prendre une photo pour l’article!)



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