Par John-Henry Westen — Traduit par Campagne Québec-Vie
(LifeSiteNews) — L’Église catholique a condamné à plusieurs reprises la franc-maçonnerie depuis ses débuts officiels18e siècle. En 1885, le prêtre catholique Mgr George Dillon a publié un livre décrivant le complot de la franc-maçonnerie pour renverser l’Église, ce livre a reçu l’aval du pape Léon XIII.
Mon invité d’aujourd’hui, Joshua Charles, converti du protestantisme à la foi catholique, a récemment publié une réédition du livre de Mgr Dillon aux éditions TAN sous le titre The War of the Antichrist with the Church and Christian Civilization (La guerre de l’Antéchrist contre l’Église et la civilisation chrétienne), et explique pourquoi l’Église a condamné la maçonnerie à maintes reprises et quels sont ses objectifs ultimes.
Décrivant la maçonnerie, Charles m’a dit : « [les francs-maçons] voulaient détruire le pouvoir temporel et ensuite le pouvoir spirituel de la papauté. Ils voulaient des lois faciles sur le divorce dans le monde entier. Ils voulaient que le mariage soit aussi facile à briser, sinon plus, qu’un contrat commercial. Je pense donc à des divorces sans faute, etc. Ils voulaient une éducation complètement sécularisée. Ils ne voulaient pas d’église ou d’influence chrétienne. Ils voulaient une séparation totale de l’Église et de l’État. Ils étaient animés par un programme socialiste et communiste... Et en fin de compte, cela menait à une forme de culte panthéiste de la nature ».
Il a également expliqué que la différence essentielle entre la maçonnerie et le catholicisme est la doctrine catholique sur la grâce, la maçonnerie consistant essentiellement à « abaisser l’horizon » de la destinée humaine dont la nature est restaurée et perfectionnée par la grâce, pour la ramener à une nature sans grâce.
|
|
Selon Charles, « la différence essentielle est que nous, catholiques, croyons que nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes. Nous devons recevoir le Saint-Esprit par le baptême, et les sacrements si nous tombons, et cela nous est donné par la grâce de Dieu, et lorsque nous le recevons, nos âmes deviennent un temple pour Sa présence... La racine de la [Maçonnerie] est l’opposé, c’est que la divinité réside déjà dans la nature humaine... latente, pour ainsi dire, attendant d’être déverrouillée par leur propre gnose, leur connaissance, leur connaissance particulière, leurs rituels, leurs signes, leurs symboles. Et c’est en cela que réside le salut, plutôt qu’une participation à la nature divine elle-même, ils croient qu’elle est déjà là. Ainsi, lorsque nous nous dirigeons vers le panthéisme, c’est en quelque sorte le sentiment que le divin est intrinsèque à la nature elle-même. Et qu’on n’a pas besoin de la grâce ».
Charles a également expliqué que les francs-maçons ont pour objectif ultime de réintroduire les religions païennes préchrétiennes à mystères, telles que les mystères d’Éleusis dans la Grèce antique ou le mithraïsme dans la Rome antique.
« Les livres maçonniques actuels affirment explicitement qu’ils sont la restauration du système païen de mystères qui a précédé l’incarnation de notre Seigneur », explique Charles. « Et nous savons d’après Paul, qui je crois cite les Psaumes, que les dieux des nations sont des démons. Ainsi, avant l’incarnation de notre Seigneur, il y avait littéralement un acte d’alliance entre les humains et les démons. Et cela enfermait le monde dans l’ignorance et la superstition. »
« Or, les mystères chrétiens finirent par supplanter et détruire, voire vaincre, les mystères païens. Or, la franc-maçonnerie se considère comme une restauration de ces mystères païens. C’est ce que beaucoup d’entre eux disent », poursuit-il. « La raison pour laquelle ils veulent restaurer ces mystères païens est qu’il s’agit du système préchrétien dans lequel l’homme trouvait le salut dans une fausse tentative d’être comme Dieu, ce avec quoi Satan nous avait tentés en premier lieu. »
Charles explique ensuite que le moyen de cette réintroduction des cultes païens à mystères est, selon les sources maçonniques, la réintroduction d’une alliance active entre les êtres humains et le démon.
Charles explique également qu’il y avait deux partis dans la Maçonnerie, un parti intellectuel et un parti de la guerre, dirigés par un directoire secret, dont le dernier directeur, selon Charles, sera l’Antéchrist. « Mgr Dillon prétendait qu’il existait un directoire secret qui contrôlait de manière centralisée tous les groupes occultes du monde, ou presque, qui cherchaient à renverser la chrétienté », m’a raconté Charles. « Il affirmait que ce répertoire était dirigé par un seul individu et que très, très peu de personnes le connaissaient.
“Ce répertoire contrôle tout de manière centralisée”, poursuit Charles. “Et ce qu’il fait, c’est qu’il y a ce qu’on appelle le parti intellectuel et le parti de la guerre. Le parti intellectuel, ce sont les idées, les législateurs, etc. Le parti de la guerre, ce sont les activistes, les manifestants dans la rue, peut-être ceux qui deviennent violents. En fait, le parti intellectuel sait toujours ce que fait le parti de la guerre. Mais le parti de la guerre ne sait pas toujours ce que fait le parti intellectuel, c’est pourquoi ils sont séparés”.
Charles aborde également les motifs de la perte apparente de raison dans les guerres culturelles. Selon lui, la cause première de cette perte de raison est le rejet de l’enseignement catholique.
“Je dirais que cela se produit parce que la foi catholique est vraie”, m’a-t-il dit. “Et ce que je veux dire par là ? L’Église catholique a toujours dit que la loi naturelle s’impose à nous tous. Elle est en quelque sorte résumée dans les dix commandements, etc. Mais nous avons aussi toujours dit, comme nous l’avons dit tout au long de cette conversation, que nous ne pouvons pas atteindre notre but sans la grâce.”
“Avec le Siècle des Lumières... nous avons commencé à considérer la nature comme quelque chose à manipuler et à contrôler dans un but de pouvoir, alors que dans la mentalité chrétienne médiévale, la nature était sacramentelle, c’est-à-dire que si l’on regardait quelque chose dans la nature, on l’associait automatiquement à la divinité. Comment cette chose naturelle peut-elle désigner ce qui est plus élevé qu’elle-même ? Cela a vraiment changé avec le Siècle des Lumières”.
Charles explique qu’en raison du rejet du magistère de l’Église par les premiers protestants, il n’y avait plus de sentiment de certitude en matière religieuse, et que cet état d’esprit s’est répandu dans la philosophie et les sciences naturelles, modifiant “la vision de l’homme sur la nature, qui est passée de sacramentelle à mécaniste”.
Selon Charles, les visées des francs-maçons particulièrement à l’égard du catholicisme sont liée à l’avènement de l’Antéchrist.
Soulignant qu’il s’agit d’une opinion fondée sur les commentaires patristiques de l’Écriture, il soutient que l’utilisation par saint Paul du terme “l’homme d’iniquit锹 [dans le texte anglais : “man of lawlessness”, “Lawlessness” signifiant également : “sans loi”, “anarchie”]² dans sa lettre aux Thessaloniciens, universellement considéré comme désignant l’Antéchrist, signifie que le Christ et son Église sont les sources de la loi. Ainsi, Charles soutient que l’agenda maçonnique visant à réintroduire les cultes païens à mystères représente non seulement un défi à la distinction catholique entre les ordres temporel et spirituel, étrangère au paganisme que les francs-maçons veulent réintroduire, soutient Charles, étrangère aussi à l’introduction de l’Antéchrist.
“L’Église a toujours affirmé qu’il y avait deux pouvoirs, le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel”, explique Charles.
“Nous savons, d’après Romains 13, que le pouvoir temporel tient l’épée et qu’il la tient pour la justice, pour faire régner la justice contre les méchants et pour soutenir les justes. Nous connaissons également le pouvoir spirituel avec la hiérarchie. Elle a l’autorité de parler au nom de Dieu. Mais voici ce qui se passe. Avant l’incarnation, les païens ne concevaient pas de pouvoir temporel et spirituel, et c’était là une partie du problème. Le temporel et le spirituel étaient complètement identiques”.
“Pourquoi cette distinction est-elle importante ? Parce que le pouvoir temporel, un pouvoir purement naturel, dépourvu de grâce, n’est pas capable de conduire les gens à Dieu”, a-t-il poursuivi. “Ce n’est tout simplement pas le cas. Il a besoin du pouvoir spirituel dans le sens où notre esprit... a besoin de la grâce... pour discerner ce que Dieu demande. Il en va de même pour le pouvoir temporel. Le pouvoir temporel a besoin du pouvoir spirituel pour le conduire dans la bonne direction.”
Charles a également expliqué que le katechon mentionné par Saint Paul, la force qui retient le mystère d’iniquité de se manifester, est, selon lui, l’Église catholique, et que les cultes païens à mystères sont le mystère de l’iniquité, qui conduit à la montée de l’Antéchrist.
“Je crois personnellement que c’est très, très lié au fait que le katechon ne retient plus”, a déclaré Charles. “Je ne pense pas qu’il n’y ait plus de barrière pour l’instant. Mais mon opinion personnelle est que ce moment s’approche.”
“Mais c’est pourquoi je pense que l’Église catholique est leur cible numéro un”, poursuit-il. “Oui, ils veulent s’en prendre aux chrétiens en général, mais ils sont très, très clairs dans nombre de leurs écrits sur le fait que le grand champion est l’Église catholique, parce que franchement, le protestantisme n’a pas la même vision de la grâce que nous”.
“Je pense donc que le katechon est probablement la chrétienté”, explique Charles. “C’est l’Église. C’est... la source de la loi qui s’oppose à la venue de l’homme d’iniquité. Ainsi, lorsque ce katechon cesse de s’opposer, nous connaissons la suite. Et il semble bien qu’il y ait des raisons de penser que le katechon est de plus en plus proche de ne plus pouvoir le retenir”.
Plus tard dans notre conversation, Charles m’a expliqué ce à quoi cela pourrait ressembler, selon le pape saint Grégoire le Grand, docteur et père de l’Église.
Plus tard dans notre conversation, Charles m’a expliqué ce que le pape saint Grégoire le Grand, docteur et père de l’Église, disait en quoi cela pourrait ressembler.
Se référant à l’œuvre Les Morales sur Job de saint Grégoire le Grand, Charles déclare que “l’Église avant l’apparition de l’Antéchrist serait gravement affaiblie”. Il a dit... que la voix de la doctrine se tairait. Il a dit... que l’esprit de pénitence serait plus faible, qu’il y aurait moins de miracles ».
Charles explique également que saint Grégoire a donné deux raisons pour lesquelles il en serait ainsi, qui concordent avec ce que saint Paul évoque dans sa lettre aux Thessaloniciens. « Saint Grégoire le Grand dit que la raison pour laquelle cela [la faiblesse de l’Église] est permis est que ceux qui n’aiment pas notre Seigneur seront montrés pour qui et ce qu’ils sont, et qu’ils tomberont d’autant plus facilement. Et deuxièmement, ceux qui aiment le Seigneur mériteront davantage, du fait qu’ils peuvent compter de moins en moins sur ce qu’ils voient et de plus en plus sur ce qu’ils savent [de ce que l’Église leur enseigne]. »
¹Dans de nombreuses autres versions : « l’homme de péché ». — A.H.
²Commentaire d’A.H.