LifeSiteNews — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Freepik
15 octobre 2024 (Ordo Iuris) — Face à l’étrange inaction des politiciens de tous bords, et suite aux promesses non tenues du précédent premier ministre Mateusz Morawiecki (du parti Droit et Justice, c’est-à-dire PiS) et de son gouvernement, les électeurs polonais ont décidé de prendre en main la question de l’accès sans entrave des enfants à la pornographie sur internet. Actuellement, les enfants polonais peuvent voir du porno en ligne, même le plus grossier. La loi polonaise interdisant la présentation publique de contenus pornographiques aux enfants et aux adolescents, sous peine d’emprisonnement, étant restée lettre morte, il convient de la renforcer.
Les données montrent que les Polonais (et les autres) ne doivent pas rester passifs
En Pologne, des études montrent que le premier contact des enfants avec la pornographie a lieu en moyenne à l’âge de 11 ans. Pas moins de 21,5 % des enfants polonais âgés de 12 à 14 ans déclarent regarder de la pornographie quotidiennement. Dans le même temps, 73 % des enfants polonais pensent que trouver du contenu pornographique ne leur pose pas de problème. La grande majorité des mineurs recherchent de la pornographie par le biais d’appareils électroniques.
Le premier contact de nombreux enfants avec la pornographie se fait par l’intermédiaire des cellulaires de leurs amis ou camarades de classe. Par conséquent, les mesures de protection que nous installons sur les appareils accessibles à nos enfants ne suffisent pas dans un monde où la pornographie est omniprésente. Et, malheureusement, cela ne vaut pas seulement pour la Pologne.
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Les dernières recherches menées en 2021 auprès des mineurs par l’institut public polonais de cyberrecherche NASK sont tout simplement frappantes.
Les spécialistes de la psychologie du développement ne laissent planer aucun doute sur le fait que tout contact avec la pornographie affecte négativement le développement du cerveau, la formation des attitudes, les relations et les liens d’un jeune. Comme le soulignent les scientifiques de l’Académie polonaise des sciences, le mécanisme de l’utilisation compulsive de la pornographie est identique au mécanisme de dépendance au jeu ou aux substances psychoactives.
Fait significatif, l’Organisation mondiale de la santé a inclus une nouvelle entité pathologique — le comportement sexuel compulsif — dans la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé (CIM-11), à compter du 1er janvier 2022.
Lors de la conférence inaugurale de l’initiative citoyenne polonaise contre l’accès illimité à la pornographie, début août, la psychologue Bogna Białecka, qui préside la Fondation pour l’éducation à la santé et la psychothérapie, a souligné l’impact destructeur de la pornographie sur le développement de l’enfant :
L’exposition précoce à la pornographie rend le comportement sexuel compulsif plus probable, voire certain, mais le visionnage fréquent de pornographie affecte également le cerveau en développement. En conséquence, ce cerveau n’arrive jamais à maturité. Les enfants qui regardent régulièrement de la pornographie n’auront pas un cerveau complètement mature.
Récemment, en réponse aux conséquences désastreuses de la consommation de pornographie par les jeunes, des travaux sur la protection efficace des enfants ont commencé dans des pays tels que la France, le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis. L’Italie fait également partie des pays qui se préparent à introduire des mesures de protection.
Comment la nouvelle loi polonaise fonctionnera-t-elle si l’actuel projet de loi citoyenne est adopté ?
L’objectif du projet de loi citoyenne soutenu par Ordo Iuris est d’introduire une interdiction générale de la mise à disposition des mineurs en Pologne de matériel pornographique en ligne. Quel que soit le lieu d’implantation de ces sites, leurs propriétaires seront tenus de mettre en place un mécanisme efficace de vérification de l’âge de la majorité de l’utilisateur. Une autorité compétente évaluera l’efficacité du système de vérification de l’âge. Les sites qui ne mettent pas en œuvre de solutions de vérification seront inscrits dans un registre central, ce qui entraînera leur blocage par les fournisseurs d’accès à l’internet polonais. En outre, les sites figurant dans le registre central polonais n’auront plus accès aux services de paiement pour les utilisateurs se connectant depuis la Pologne.
Ce modèle fournit une liste uniforme des sites bloqués, une sécurité juridique et un critère transparent permettant aux fournisseurs d’accès à l’internet de bloquer des sites spécifiques. En outre, ce règlement résout les difficultés liées à l’application à l’étranger, puisqu’il n’est pas nécessaire de procéder à une telle application. L’autorité administrative polonaise peut simplement affirmer qu’un site particulier à contenu pornographique ne remplit pas l’obligation légale. Elle impose alors une sanction en plaçant le domaine dans le registre des sites bloqués par les fournisseurs d’accès à Internet et pour lesquels les paiements ne seront pas disponibles via le système bancaire polonais.
Le projet stipule que le ministre chargé de la cybernétique précisera par décret les conditions détaillées d’une mise en œuvre efficace et sûre (du point de vue des utilisateurs) du système de vérification de l’âge. Il est particulièrement important que le mécanisme de vérification de l’âge ne permette pas le stockage de données personnelles. L’Office polonais des communications électroniques, que le projet désigne comme l’autorité compétente pour la protection des mineurs contre les contenus pornographiques sur l’internet, évaluera la mise en œuvre des mécanismes de vérification de l’âge. Ses tâches consisteront notamment à examiner l’efficacité des mécanismes de vérification de l’âge de la majorité de l’utilisateur, à inspecter ces mécanismes et à évaluer leur conformité aux critères établis dans le décret gouvernemental.
Début septembre, les représentants du Comité d’initiative législative des citoyens ont soumis au Sejm (parlement polonais) une demande d’enregistrement du comité. Au cours de la première semaine d’octobre, le président du Sejm, Szymon Hołownia, a approuvé l’enregistrement.
La collecte des signature a commencé et durera trois mois
La collecte de signatures pour le projet a donc officiellement commencé. Les organisateurs ont trois mois pour recueillir 100 000 signatures. Sur le site stopnarkotykowipornografia.pl, les citoyens polonais peuvent télécharger une carte de collecte de signatures et l’envoyer à l’adresse du comité. Sur ce site, il est également possible de télécharger le projet de loi sur la protection des mineurs contre les contenus pornographiques en ligne, ainsi que les amendements proposés à la loi sur les télécommunications.
Le début de la période de collecte des signatures a été annoncé lors d’une conférence de presse tenue devant le Sejm le 7 octobre.
Au cours de cette conférence de presse, l’avocat Rafał Dorosiński, membre du conseil d’administration d’Ordo Iuris, a évoqué les conséquences de la pornographie chez les jeunes.
« Pour justifier ce projet, nous nous appuyons sur un certain nombre d’études qui montrent les effets néfastes de la pornographie sur la jeune génération, les enfants et les adolescents », a-t-il déclaré. « Les contenus pornographiques ne sont pas sans danger pour le comportement des enfants, ni pour l’établissement de relations avec le sexe opposé. Le projet de loi proposé vise à mettre fin à la pathologie de l’accès facile à la pornographie pour les enfants et les adolescents. »
Marek Grabowski, président de la fondation Mom and Dad, a quant à lui souligné la perception négative de la pornographie par la société et le fort soutien dont bénéficie l’effort visant à limiter l’accès à ce type de contenu.
« La pornographie est disponible sur le marché depuis suffisamment longtemps pour que la société, ainsi que les consommateurs de pornographie eux-mêmes, se rende compte de l’ampleur du mal qu’elle répand », a-t-il déclaré. « Quatre-vingt-dix pour cent des Polonais sont favorables à l’idée de restreindre l’accès des enfants et des jeunes à la pornographie. En effet, les contenus pornographiques ont un effet dévastateur sur les familles et les mariages ».
Adam Leszczyński, porte-parole de la Jeunesse polonaise, a parlé de l’impact de la pornographie sur les relations interpersonnelles.
« Il est dans l’intérêt des grandes entreprises que les jeunes ne nouent pas de relations, qu’ils se contentent d’acheter et de consommer », a-t-il affirmé. « D’un autre côté, la formation de relations profondes, en particulier chez les jeunes, peut améliorer notre santé et notre vie, et sert donc notre intérêt national. »
Aleksander Kowaliński, porte-parole de l’Association de la Marche de l’Indépendance, a mentionné la façon dont la pornographie répandue promeut les idéologies de gauche radicale.
« L’accès facile à la pornographie pour les enfants et les jeunes ne détruit pas seulement la psyché des jeunes et les relations sociales qu’ils nouent, mais il contribue à leur faire adopter diverses idéologies néfastes », a-t-il déclaré. « C’est pourquoi l’Association de la Marche de l’Indépendance soutient fermement cette initiative et est favorable à la restriction de l’accès à la pornographie pour les jeunes Polonais. »
Agnieszka Gracz, du Centre pour la vie et la famille, a quant à elle noté que le projet de loi des citoyens s’aligne sur le message que le mouvement entourant les Marches pour la vie et la famille diffuse depuis des années.
« Nous encourageons la responsabilité conjointe des enfants et des jeunes », a-t-elle souligné. « L’objectif de la proposition de loi est de protéger les enfants, les jeunes et les générations futures qui composeront notre société et nos familles ».
Le projet de loi des citoyens polonais, s’il aboutit, pourrait servir d’exemple à d’autres nations européennes dont les dirigeants politiques, pour des raisons connues d’eux seuls, ont toujours refusé d’agir face à cette situation très malsaine qui permet aux enfants d’accéder à la pornographie sans aucune restriction, que ce soit volontairement ou par accident.