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Mon fils a été conçu lors d’un viol, mais sa vie a de la dignité et un but

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Par Jennifer Christie de SaveThe1 - traduit par Campagne Québec-Vie

Nous vivons dans un pays d’ambiguïtés. « Je suis végétarien - mais je mange du poulet». « J’ai toujours été fidèle - sauf lors de ce week-end à Vegas». Ou, « Je suis pro-vie - sauf dans les cas de viols ou d’incestes». Ok, écoute - Non, tu n’es pas pro-vie, et non, tu ne l’as jamais été.

Si vous m’aviez demandé deux ans plus tôt mon opinion à propos des grossesses suite à des viols, j’aurais probablement regardé ailleurs de façon inconfortable, me serais balancée d’un pied à l’autre et serais devenue, de façon soudaine, absorbée par la finition de mon vernis à ongle. Je me suis toujours considérée pro-vie, mais tout de même... Un viol?! «Comment pouvons-nous demander à une femme de porter en elle le souvenir d’une telle horreur?» était ce qui occupait ma pensée, comme bien d’autres femmes d’ailleurs.

Même beaucoup de nos leaders religieux et politiques pro-vie les plus fervents faisaient cette exception. Nous parlons de «bébés de viol», comme ils disaient, et c’est pour le mieux si nous permettons l’avortement dans ces cas.

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Mais ça, c’était il y a deux ans. Les choses ont changé depuis…

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Il était très grand, fort et avait un air enfantin. Il n’était pas vraiment présent dans ma vie jusqu’au moment où il est devenu omniprésent. Je me suis battue jusqu’au moment où je n’en ai plus été capable. Pendant que j’étais en train de devenir une statistique, je me rappelle avoir pensé comment, et ce pour le reste de ma vie, le temps allait être séparé en deux : avant ce moment / après ce moment. Et lors du «après ce moment», je suis devenue quelqu’un d’autre – Quelqu’un de mieux, de plus honnête et de plus forte que ce que je croyais possible.

Pendant ma grossesse, j’ai recherché d’autres histoires semblables à la mienne, et j’ai contacté Rebecca avec SaveThe1, qui m’a dit « Je pense que plusieurs personnes seraient réellement bénies d’entendre votre histoire. Avez-vous considéré la partager? ».

«Oh… Je ne sais pas…»

« Seulement les parties que vous désirez partager– Peut-être l’engagement que vous avez pris dès le début d’aimer ce bébé, ou l’amour que votre époux lui porte, exactement comme si cet enfant était le sien. Vous êtes mariée, et ce n’est pas un témoignage typique». Hmmm, un amour inconditionnel. Non - en effet, ce n’était pas une histoire typique.

J’ai pensé aux femmes me ressemblant – aux femmes qui se sont senties seules, vulnérables et terrifiées; aux femmes qui ont voulu garder leurs bébés après avoir été violées, mais qui ont été encouragées à avorter; aux femmes qui ne connaissaient pas encore la force et le courage dont elles étaient capables.

Que se passerait-il si elles lisaient mon histoire? Bien que nos circonstances de viol aient probablement été très différentes, peut-être que cela les encouragerait de savoir qu’elles ne sont pas seules. Et qu’en est-il des hommes – les époux et copains des victimes enceintes d’un viol? Ils pourraient voir qu’il est possible pour eux de tomber en amour avec cet enfant, sans regards pour son ADN ou ses origines. Ils pourraient être témoins d’un mari qui a su reconnaître l’innocence et la beauté de la création de Dieu et qui a simplement vu un bébé se développant dans le corps de sa bien-aimée, ce qui a rendu la décision facile. «D’accord. Partageons mon histoire». 

«Violée lors d’un voyage d’affaires» a originalement été publiée en décembre 2014. J’ai prié pour que cette histoire touche le cœur des gens. J’ai prié pour que tous les lecteurs de ce texte se rappellent que Dieu peut faire surgir le Bien d’un très grand mal. J’ai prié pour que les femmes élevant des enfants provenant d’un viol, ou ayant elles-mêmes été enceintes suite à un viol, se sentent encouragées. Et j’ai finalement prié pour toutes ces personnes qui ont initialement cru que je devais avorter – afin qu’elles reconnaissent la valeur du chemin que j’ai décidé d’emprunter. Ce texte racontait seulement de nouveau mon histoire. Ou du moins, c’est ce que je croyais. 

Mon histoire a fini par être partagée près d’un million de fois, et ce, grâce à divers moyens de communication, rejoignant de cette façon plusieurs personnes n’étant pas particulièrement touchées par le récit de mon histoire. 

« Je ne suis pas certaine pourquoi vous avez fait l’effort de partager votre histoire. Ou pourquoi vous vous paradez comme si vous étiez une personne bonne et vertueuse. Vous n’êtes pas la SEULE concernée. Vous avez un enfant qui saura qu’il a été conçu lors d’un viol. Il sera peut-être atteint par cette nouvelle, tout comme il pourra ne pas l’être. Toutes mes félicitations. (Ça sonne horrible? C’est exactement comme votre attitude envers les autres survivantes qui ont fait un choix différent du votre) ». 

« J’espère qu’elle se rappellera, quand son enfant agira comme l’homme qui l’a infectée d’un enfant d’un viol en devenant lui-même un violeur, qu’elle est partiellement responsable de cela ». 

«… Il n’y a aucune raison rationnelle devant permettre à cet enfant d’animal de marcher sur la terre ». 

« Peut-être y a-t-il eu quelques dommages cérébraux lorsque cette femme a été frappée au visage par son violeur ».

« Les personnes avec cette mentalité devrait se sentir bien à l’aise de foutre le camp de ma planète! Et qu’on décroche avec un cintre ce minuscule dépôt d’ADN de violeur ».

« Quel genre «d’homme» élèverait un enfant conçu par un autre homme lors d’un viol?? Ces personnes sont mentalement dérangées. Je déteste partager le monde avec des gens aussi fous ».

« Quelle folie. Son mari est un trouillard et elle, c’est une vraie folle. J’aurais définitivement mis fin à cette progéniture de Satan. Quelle famille malsaine et tordue ». 

« Ce bébé a les mêmes gênes que ceux de l’homme t’ayant attaquée et t’ayant donnée ce que tu appelles une bénédiction. Cet enfant n’est pas de Dieu mais de Satan ». 

« Donc être enceinte après un viol est un cadeau de Dieu? Si on suit cette religieuse logique, les hommes devraient violer davantage de femmes. Ces gens sont fous ». 

« Tout cet article est souffrant, écrit par des gens bien-pensants et suffisants ». 

« Ce petit garçon aurait dû mourir, car il n’appartient pas à votre mari. Que pensez-vous que Dieu vous réserve, à vous et votre bâtard? ». 

Et puis, il y a eu les accusations que je mentais – Que soit je camouflais une autre histoire, ou que toute cette histoire ait été concoctée par la propagande pro-vie/chrétienne, présentée comme un conte de fée, manquant seulement une fée marraine. 

Donc laissez-moi clarifier : je n’ai pas mentionné une seule fois dans mon texte d’autres victimes de viol. Quiconque a lu des jugements dans mes mots étaient déjà déterminé à en trouver. Je ne me suis pas une seule fois présentée comme étant quelqu’un de particulièrement bonne ou vertueuse. Je suis une pêcheresse comme tout le monde. Je n’ai pas dit que c’était dans le plan de Dieu que je sois violée. C’est complètement insensé!

Les êtres humains prennent leurs propres décisions, bonnes ou mauvaises, et nous vivons tous les jours avec les conséquences de ces dernières. Je ne pense pas que ma « grossesse suite à un viol » ait été un cadeau. Mais je crois que mon fils l’a été – pas PARCE qu’il a été conçu lors d’un viol, mais en dépit de cela.

J’ai écrit sans colère ni condamnation et j’ai pourtant touché un nerf sensible, géant et collectif. Ce n’était pas mon intention, mais je ne fais pas d’excuses. On ne m’intimidera pas au point de me rendre silencieuse. Aucune insulte ou fausse accusation ne m’arrêtera de partager la vérité.

Demandez-moi si je condamne une femme qui avorte après avoir été violée – Non, je ne le fais pas. Est-ce que je crois qu’elle endommage son cœur et son âme de façon irrévocable avec ce choix? Absolument, oui, je le crois. Est-ce que je crois que l’avortement peut aider certaines femmes à «oublier» l’assaut sexuel? Que porter «l’enfant du viol» jusqu’à terme est une torture? Que laisser «l’ADN de violeur» survivre est destructeur pour la société? Non, non, et non, je ne le crois pas!

Voici les mensonges qui séduisent le cœur des femmes. Quand elles sont le plus détruites et vulnérables, on leur dit « Vous pouvez oublier ». Il n’y a pas d’oubli. Toutes les femmes qui ont passé par le cauchemar d’un viol ont besoin d’un support émotionnel inébranlable. Je n’ai que de l’amour dans mon cœur pour les survivantes de cet acte. Et je prie pour une guérison complète pour chacune d’entre nous.

Après la publication de mon histoire, on m’a aussi reprochée de ne pas avoir mentionné qu’on m’avait offert le Plan B, ce que je faisais comme travail, comment j’avais su que le bébé n’était pas de mon mari, la race de l’homme qui m’avait attaquée (Vraiment?) et la longueur de l’attente pour obtenir les résultats des tests de VIH. Mon récit du viol et les conséquences immédiates n’ont pas été détaillés -  c’est vrai. Je ne le voulais pas non plus. Je craignais que le but premier de mon message ne se perde dans les détails. Mais vraiment, ceux qui ont choisi de mettre l’accent sur ce qui manquait dans mon texte se sont donné un excellent moyen de délibérément mal interpréter mon message et mon intention.

Y aurait-il eu une différence si j’avais expliqué que je voyageais très rarement? Que je suis allée en croisière pour le travail seulement cinq fois en vingt ans de carrière? Si j’avais spécifié que mon mari avait antérieurement subi une vasectomie, la rapidité avec laquelle nous avons eu les résultats pour le VIH, et mon point de vue personnel concernant le Plan B, est-ce que cela aurait vraiment changé quelque chose? Si j’avais décidé d’avorter mon enfant et choisi d’écrire un article concernant l’exercice de mes droits, est-ce que toutes ces personnes auraient dit quelque chose? M’auraient-elles quand même traité de femme adultère? Ne répondez-pas – C’était une question rhétorique.

On me demande souvent ce qu’on va dire à notre fils, si on va lui dire et à quel moment on va lui dire. À travers les milliers de commentaires que j’ai lus, un est sorti du lot. Je le répète intérieurement tous les soirs quand je borde mon petit au lit. «Tout le monde a hurlé que tu ne devrais pas être là. Mais ta vie est la preuve de la force de notre amour. On t’a aimé plus fort que ces cris».

Je ne mentirai pas, cela n’a pas été une route facile. Le viol m’avait sérieusement hypothéquée – émotionnellement et physiquement. Les convulsions augmentaient en fréquence et en intensité. Ils ont été originalement attribuées à de l’hypertension de grossesse, et devaient donc disparaître après l’accouchement. Mais les convulsions ont plus tard été diagnostiqués comme étant de l’épilepsie post-traumatique, car j’avais été battue durant le viol – un diagnostic qui a vraiment viré notre monde à l’envers.

Comment pouvais-je être laissée seule avec un nourrisson, ou n’importe quel de nos jeunes enfants? Ou même tout simplement laissée seule à moi-même? Je ne peux pas prédire quand une crise d’épilepsie va survenir. Je ne peux pas prédire si je vais pouvoir ouvrir mes yeux en toute sécurité – ou si je vais me retrouver complètement désorientée sur une pile d’oreillers dans mon lit, ou sur le plancher de la salle de bain dans une mare de sang, la tête ouverte par le coin du comptoir quand je suis tombée. Vais-je être un jour capable de conduire ou être assez stable pour retourner travailler?

Dix-huit mois après avoir donné naissance, il y a encore plus de questions que de réponses, alors que je suis assise ici avec des bandages et des pansements, me rétablissant de ma dernière crise convulsive.

Je peux vous entendre – quelques-uns d’entre vous – ceux qui ont dit que ne pas avorter mon enfant allait amener des tas de difficultés dans ma famille. Il y a en effet de graves problèmes financiers, car mon mari doit rester à la maison avec moi quand les enfants partent à l’école. Ma durée de vie est probablement abrégée à cause du trauma causé par le viol. Nous avons moins de tout, et beaucoup plus de besoins. J’ai raison? Oui. Mais vous avez tort.

Nous sommes infiniment plus riches à cause de ce nouvel enfant dans le monde. Nos enfants ont beaucoup plus appris sur la patience, le sacrifice et ce que ça signifie d’être une famille au cours des deux dernières années que durant toute leur vie jusqu’à présent. Nous avons tous compris des choses concernant le monde dans lequel nous vivons. Le bien est beaucoup plus lumineux que ce que nous pensions, et le mal, tellement plus noir. Nous savons qu’une voix qui parle avec honnêteté et bravoure peut faire une différence, et qu’honorer Dieu est toujours la meilleure chose à faire, même si ça parfois, on a le sentiment qu’on est les seuls à le faire.

Pour toutes les mères qui sont tombées enceintes suite à un viol, laissez-moi vous encourager, mes sœurs; Vous êtes des combattantes, vous êtes des survivantes : soyez la voix! Soyez la voix qui parle au nom de votre enfant – pour tous ces enfants que même certains pro-vie considèrent comme les exceptions donnant le droit à l’avortement. Soyez la voix pour mettre fin à l’ignorance concernant ceux qu’on appelle «les bébés de viol». C’est incompréhensible à mes yeux que cela puisse être la source d’une quelconque discrimination. Donc soyez la voix de votre enfant, de mon enfant, des plus pauvres d’entre nous. «Ne soyez pas envahi par le mal. Mais laissez le mal se faire envahir par le bien».

Le monde peut être une meilleure place pour nos bébés. Le monde peut être une meilleure place GRÂCE à nos bébés.

Aux milliers de personnes dans le monde qui ont envoyé des mots d’amour, des mots priants et des mots de guérison : vous ne saurez jamais à quel point ils ont été appréciés. Vous êtes merveilleux, et nous vous assurons de nos prières.

Aux milliers de personnes dans le monde qui ont envoyé des mots de méchanceté et de malicieuses intentions : Vous nous avez rendus plus forts et vous nous avez ouvert les yeux sur la noirceur qu’il peut y avoir dans l’âme de certains. Ma famille et moi-même allons continuer de prier pour vous.

Mon tout petit :

Quand les gens disent qu’on n’aurait pas dû t’avoir,

Nous t’aimons plus fort que tous ces mots.

Quand les gens disent que tu es une erreur,

Nous T’AIMONS plus fort que tous ces mots.

Quand tu te demanderas si tout cela est vrai,

Nous t’aimerons toujours plus fort. 

Note de l’éditeur: Jennifer Christie est une épouse et une mère de 5 enfants, ainsi qu’une bloggueuse pour www.savethe1.com. Elle utilise son autre prénom en tant que surnom afin de protéger l’identité de sa famille. Si vous aimeriez contacter Jennifer pour l’encourager ou l’aider avec sa famille, svp faites le ICI.



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