Mgr Antonio Suetta.
Par Gaetano Masciullo — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Diocèse de Ventimiglia-San Remo
16 janvier 2025 (LifeSiteNews) — La semaine dernière, Mgr Antonio Suetta, évêque de Sanremo-Ventimiglia a déclaré à un journal italien que le catholicisme et l’islam sont deux religions très différentes.
L’entrevue donnée par Mgr Suetta à Il Tempo le 6 janvier 2025 est un exemple rare de clarté et de courage épiscopal. À une époque où la peur de contredire la pensée dominante semble avoir réduit au silence une grande partie de l’épiscopat catholique, les paroles de Mgr Suetta résonnent comme un geste d’espoir pour de nombreux fidèles, en particulier en Italie.
Il n’est pas exagéré de dire que son intervention s’inscrit dans un contexte ecclésiastique — celui de l’Italie — aujourd’hui négativement influencé par la proximité de Rome, occupée depuis longtemps par des néomodernistes qui ont transformé leurs postes de responsabilité en centres de diffusion d’ambiguïtés doctrinales et de dérives pastorales, quand ce n’est pas d’hérésies pures et simples. Il faut espérer que Mgr Suetta ne connaîtra pas un sort semblable à celui de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon en France, qui a été récemment démis de ses fonctions pour avoir ouvertement défendu la tradition liturgique.
Parmi les points les plus incisifs de l’entrevue figure l’affirmation selon laquelle le christianisme et l’islam ne sont pas des religions égales. C’est un fait évident pour quiconque possède un minimum de connaissances théologiques et historiques. En effet, il faut toujours garder à l’esprit que l’islam doit être considéré comme une hérésie du christianisme, et donc comme une dégénérescence de celui-ci. Cependant, les différences entre les deux religions vont bien au-delà de la doctrine : elles se reflètent dans leurs conséquences politiques et sociales. Il suffit de regarder le cas de Molenbeek, à Bruxelles, une commune désormais majoritairement islamique où la charia est effectivement appliquée, ce qui fait de cette zone une anomalie juridique par rapport au reste de la Belgique. L’ironie est que cela se produit au siège même de l’Union européenne, une institution qui a promu le relativisme et le multiculturalisme extrêmes.
|
![]() |
|
|
Au lendemain des célébrations chaotiques du Nouvel An à Milan, au cours desquelles de nombreux immigrés islamiques ont insulté l’Italie et scandé « Allāhu Akbar », l’évêque Suetta a lancé, sans mâcher ses mots, un avertissement à ceux qui continuent de prétendre que toutes les religions sont égales. « Mettre les religions sur un pied d’égalité est une insulte à l’intelligence », a-t-il déclaré. Cette phrase fera froncer les sourcils de plus d’une personne, mais elle exprime une vérité indéniable. Que personne, surtout au Vatican, ne se sente offensé.
Mgr Suetta a eu le courage de dénoncer un œcuménisme qui sombre dans le syncrétisme. Pour être honnête, le pape François a été l’un des principaux promoteurs de cette tendance, soutenant explicitement (voir la déclaration d’Abu Dhabi du 4 février 2019) que toutes les religions mènent à Dieu de manière égale. Cette approche, qui semble relever davantage d’une forme de diplomatie interconfessionnelle que d’une véritable charité chrétienne, a créé un profond malaise et un grand embarras parmi des millions de fidèles dans le monde entier.
Les musulmans, quant à eux, n’hésitent pas à proclamer la supériorité de leur foi et à affirmer que leur objectif ultime est l’islamisation du monde. Ce contraste est aussi évident que décourageant. Alors que l’islam ne fait aucune concession, le monde catholique, à de rares exceptions près comme Mgr Suetta, semble déterminé à démanteler sa propre identité.
Un autre aspect fondamental de l’interview concerne l’accent mis par Mgr Suetta sur les devoirs des migrants. À une époque où les droits semblent dominer tous les discours, il est réconfortant d’entendre un évêque rappeler ce qu’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique :
Les autorités politiques, au nom du bien commun dont elles sont responsables, peuvent subordonner l’exercice du droit d’immigrer à diverses conditions juridiques, notamment en ce qui concerne les devoirs des immigrés à l’égard de leur pays d’adoption. Les immigrés sont tenus de respecter avec gratitude le patrimoine matériel et spirituel du pays qui les accueille, d’obéir à ses lois et d’aider à supporter les charges civiques.
Dans sa Somme théologique (I-II, q. 105, art. 3), l’Aquinate présente l’une des analyses les plus profondes et les plus réalistes jamais élaborées sur ce sujet. Le grand docteur de l’Église fait une distinction entre les différents types d’immigrants, en soulignant que l’hospitalité doit être ordonnée au bien commun. Tous les immigrants ne sont pas égaux et les nations ont le droit de réglementer l’immigration en fonction de sa compatibilité avec les valeurs et les besoins du pays.
Saint Thomas cite Aristote, nous rappelant que l’intégration est un long processus qui peut prendre deux ou trois générations. L’admission indiscriminée d’étrangers pourrait mettre en péril le bien commun, surtout si ceux-ci ne développent pas un attachement fort à la nation d’accueil.
Mgr Suetta a touché une corde sensible en parlant de l’immigration musulmane. L’histoire de l’Europe est marquée par des siècles de conflits avec l’Islam, qui a constamment cherché à s’étendre sur le continent. Des événements tels que les batailles de Poitiers (732), de Lépante (1571), de Vienne (1683) et d’autres encore témoignent du prix payé pour défendre la chrétienté. Ignorer cette réalité historique revient à nier l’évidence.
L’idée que l’immigration musulmane n’est qu’une question humanitaire est naïve et dangereuse. Comme l’a rappelé Mgr Suetta, l’Europe (et l’ensemble du monde occidental, qui a perdu ses origines chrétiennes) doit être vigilante. Nous devons empêcher les villes de devenir des avant-postes de la charia.
L’entrevue de Mgr Antonio Suetta est un appel à bien comprendre le droit naturel à l’immigration dans une période de grande confusion sur ce sujet et sur d’autres. Sa franchise représente une bouffée d’air frais pour de nombreux catholiques, notamment italiens, qui se sentent souvent abandonnés par un clergé trop attentif à ne pas contredire le politiquement correct.
Le courage de l’évêque est un exemple éclatant de ce que signifie être un véritable berger : ne pas craindre de proclamer la vérité, même au prix d’une persécution — tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Église.
|
![]() |