M'INSCRIRE
DONNER

Joignez-vous au mouvement

CQV défend la personne humaine, de la conception à la mort naturelle.

ou

×

Lors d’un congrès à Rome, un théologien moraliste démystifie un nouveau livre défiant l’enseignement de l’Église sur la contraception


Dr John Haas.

Par Maike Hickson — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : nbccenter.org

24 mai 2023 (LifeSiteNews) — Le Professeur John Haas, ancien membre de l’Académie pontificale pour la vie et président émérite du Centre national de bioéthique, a prononcé un discours samedi dernier à Rome, dans lequel il s’est attaqué aux récents mouvements visant à saper l’enseignement de l’Église sur les actes intrinsèquement mauvais, en particulier en ce qui concerne la contraception.

Le congrès des 19 et 20 mai, organisé par la Chaire internationale de bioéthique Jérôme Lejeune, s’est déroulé à l’Institut patristique Augustinianum. Parmi les intervenants figuraient de hauts prélats de l’Église, tels que le cardinal Luis Ladaria (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi) et le cardinal Matteo Zuppi (président de la conférence épiscopale italienne). Le congrès avait pour thème « “Mon corps, mon choix...” Humanae Vitae : l’audace d’une encyclique sur la sexualité et la procréation » et a porté sur l’encyclique Humanae Vitae du pape Paul VI et ses implications pour aujourd’hui.

Le discours du Pr Haas a été prononcé le 20 mai et était intitulé « La beauté d’Humanae Vitae 50 ans après et les défis du futur ». Le Pr Haas a aimablement fourni à LifeSite une copie de sa présentation.

Dans sa conférence, le théologien américain s’attaque en partie à un livre paru en 2022, On Theological Ethics of Life, publié par l’Académie pontificale pour la vie, qui avait suscité de nombreuses controverses, car il semblait plaider en faveur de certaines formes de contraception.

Haas revient sur ce livre dès le début de son discours :

« L’année dernière, un livre a été publié par une maison d’édition du Vatican qui remettait en question l’enseignement de l’Église sur la contraception. L’éditeur du livre a écrit à propos de la contraception : “Le choix judicieux sera réalisé en évaluant de manière appropriée toutes les techniques possibles en fonction de leur situation spécifique et en excluant évidemment les techniques abortives” [Etica Theologica della Vita, ed. Vincenzo Paglia, Académie pontificale pour la vie] ».

L'article continue ci-dessous...

Cliquez « J'aime » si vous êtes pro-vie !

Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !

Mais pour le Pr Haas, ceci est clair : « il n’y a pas de “choix judicieux” en matière de contraception. Je voudrais montrer pourquoi la contraception n’est pas raisonnable et pourquoi elle conduit inévitablement à l’avortement. Permettez-moi de faire appel à la philosophie qui, en fin de compte, est un bon sens raffiné ». Pour défendre la position traditionnelle de l’Église contre la contraception, ce théologien moraliste insiste : « L’utilisation de la contraception par les couples mariés a toujours été considérée comme moralement illicite par l’Église. En fait, on peut soutenir de manière tout à fait convaincante que l’Église l’a enseigné de manière infaillible ».

Afin d’argumenter sur une base rationnelle de la raison pour laquelle l’enseignement traditionnel de l’Église est tout à fait raisonnable, le Pr Haas cite le Code de droit canonique de 1917 qui définit le mariage en termes de fins du mariage : « La fin première du mariage est la procréation et l’éducation des enfants ; la fin secondaire est le soutien mutuel et le remède à la concupiscence ».

Le Pr Haas explique : « Le mariage est défini en fonction de ses propres fins inhérentes, vers lesquelles il est naturellement orienté et qui, par conséquent, nous disent ce qu’il est ».

Le bien du mariage, et sa fin, sont la procréation d’une nouvelle vie. Le Pr Haas insiste sur le fait que l’on ne peut s’écarter de cette vérité, comme l’enseigne également Humanae Vitae. « La personne humaine ne peut rompre le lien entre les finalités unitive et procréative du mariage », explique-t-il à la lumière de cette encyclique, « car elles constituent la définition même de ce qu’est le mariage. Et l’homme et la femme sont naturellement attirés par ces fins précisément parce qu’elles sont bonnes ».

Le théologien moraliste poursuit en soulignant que la contraception est une violation de la finalité du mariage :

« Les êtres humains ne sont pas obligés de réaliser tous les biens dont ils sont capables ; ce serait impossible. Cependant, ils ont l’obligation de ne jamais agir contre un bien comme s’il s’agissait d’un mal, car cela serait déraisonnable, cela violerait leur nature même. Agir contre un bien comme s’il s’agissait d’un mal violerait la syndérèse, le premier principe de l’action humaine : “Faire le bien, éviter le mal”. C’est là, je crois, que l’on rencontre l’immoralité, la déraison, le désordre de la contraception ».

Le Pr Haas n’hésite pas à qualifier la contraception de mauvaise : « La contraception implique toujours un acte autre que l’acte conjugal, et cet autre acte est dirigé spécifiquement contre l’un des biens (ou fins) qui donnent un sens à l’acte conjugal, c’est-à-dire le bien procréatif, l’enfant. Le nom même de l’acte décrit sa malice : il est contra, contre, le bien procréateur ».

À la lumière de cet enseignement et de cette vérité, le Pr Haas revient ensuite à l’introduction de Mgr Paglia au livre du Vatican paru en 2022, plus particulièrement à sa citation sur la contraception, et rejette l’affirmation de Paglia :

« Est-ce que toutes ces techniques [de contraception] devraient être pesées, comme l’a dit l’éditeur [du livre de 2022] cité plus haut, afin de nous amener à faire un choix “sage” en matière de contraception ? Mais chacune de ces actions est différente de l’acte conjugal et n’a d’autre but que d’être dirigée contre la réalisation de l’une des fins ou de l’un des biens qui donnent un sens à l’acte conjugal et le rendent possible ».

Le Pr Haas souligne également le « lien inextricable entre la contraception et l’avortement ».

« Si nous agissons constamment contre le bien procréatif inhérent à l’acte conjugal comme s’il s’agissait d’un mal », explique-t-il, « lorsqu’il apparaît, malgré tous nos efforts, nous prenons des mesures pour l’éliminer ». Quand on essaie d’éviter la vie, et qu’elle se présente à nous, on voit alors la nécessité de la tuer. Haas : « Cette action, bien sûr, est devenue l’avortement. C’est une suite naturelle à la stérilité induite si la stérilité échoue et que le “mal” de la fertilité se manifeste ».

Le Pr Haas voit également la conséquence logique d’un enseignement qui fait des exceptions lorsqu’il s’agit d’actes intrinsèquement mauvais : « Je ne suggère pas qu’il existe une pente glissante de la contraception à l’avortement. Je maintiens que lorsque l’on peut justifier moralement la commission d’un acte intrinsèquement mauvais — ce qu’est la contraception, ainsi que l’a toujours enseigné l’Église — nous sommes déjà au bas de la pente et pratiquement n’importe quel acte peut être justifié », insiste-t-il.

Si nous faisons une exception sur la question de la contraception, pourquoi pas sur d’autres sujets ?

« Accepter la “moralité” de la contraception », conclut le théologien moraliste, « c’est accepter en fait une fausse compréhension de la personne humaine qui conduit à soutenir d’autres comportements aberrants qui sapent l’épanouissement humain ».

Prenant ici fermement position contre toute tentative de relativiser l’interdiction de la contraception par l’Église, le Pr Haas explique à la fin de sa présentation que « l’un des défis auxquels Humanae Vitae fait face aujourd’hui et dans le futur est certainement la banalisation de l’immoralité de la contraception, comme s’il pouvait s’agir d’une “sage décision”, alors qu’elle est la porte d’entrée d’une mentalité anti-vie et des horreurs de l’avortement ».

Il convient de noter que Mgr Paglia, dans une entrevue accordée à Vatican News à propos d’Humanae Vitae à la lumière du récent congrès des 19 et 20 mai sur cette encyclique, a insisté sur l’incorporation et la « mise à jour » d’Humanae Vitae à l’aide d’Amoris Laetitia. Il a déclaré : « Ce que j’aimerais voir, c’est une approche qui intègre Humanae Vitae avec les encycliques du pape François (et de Jean-Paul II) et avec Amoris Laetitia, et qui ouvre une nouvelle ère d’humanisme intégral. »

Ainsi, le discours du Pr John Haas sur l’immoralité de la contraception nous renvoie à ces questions fondamentales de l’enseignement moral de l’Église. L’affaiblissement de l’enseignement sur les actes intrinsèquement mauvais semble être le pivot de la situation actuelle dans l’Église : si ce « changement radical de paradigme » a lieu et est mis en œuvre avec succès, tout sera permis et aucune loi morale ne subsistera.



Laissez un commentaire