Lettre ouverte de Solange Viau, d’abord adressée au journal Le Devoir puis à Radio-Canada, que ceux-ci n’ont pas publiée. — Photo : PxHere
C’est avec intérêt et beaucoup de tristesse que j’ai écouté l’émission « Tout le monde en parlait » présentée sur les ondes de Radio-Canada le 16 juillet dernier, et que j’ai lu les textes parus dans le journal Le Devoir qui rappelaient et commentaient les événements entourant l’avortement de Chantal Daigle. Je me demande comment est-ce possible que tant de gens aient manifesté (et manifestent) si peu d’intérêt et de compassion envers l’enfant que portait Chantal Daigle? En particulier, j’ai vraiment trouvé pitoyable le récit de la sage-femme qui avait accompagné Mme Daigle pour son avortement à Boston. Elle parlait avec beaucoup d’enthousiasme tout au long de son témoignage. Une sage-femme n’a-t-elle pas pour mission d’aider les femmes à accoucher de l’enfant qu’elle porte et de prodiguer tous les soins nécessaires afin d’assurer la survie de la mère et de l’enfant ? Comment peut-on manifester tant de joie à avoir participé à la mort douloureuse et violente d’un enfant innocent de 22 semaines dans le ventre de sa propre mère, l’endroit où il devrait pourtant être le plus en sécurité ?
Bien des femmes réclament le choix de faire ce qu’elles veulent avec leurs corps mais les enfants à naître qui n’ont pas choisi d’être là, aimeraient sûrement qu’on leur demande aussi ce qu’ils pensent de ce qu’on veut faire avec leurs corps.
À coup sûr, si toutes les personnes pro-choix impliquées dans cette cause et qui ont milité pour la mort de cet enfant s’étaient retrouvées comme enfant dans le ventre de Mme Daigle, elles seraient toutes devenues instantanément pro-vie. En effet, tout être vivant placé devant une menace pour sa survie va fuir ou se battre. Aucune de ces personnes n’aurait accepté de mourir de manière aussi injuste et violente. Radio-Canada n’aurait jamais présenté la procédure qui a servi à tuer l’enfant de Chantal Daigle car cela aurait été insupportable à regarder. Les enfants avortés subissent une véritable torture avant de mourir et cela sans aucune anesthésie. On est bien loin du « mourir dans la dignité ». On peut aussi se demander si les décisions des juges impliqués dans cette affaire auraient été les mêmes si on leur avait décrit comment cet enfant est mort et si on leur avait montré les images de son petit corps ensanglanté, jeté dans une poubelle comme une ordure. Personne pour pleurer sa dépouille et le souvenir de sa courte vie.
Quand on a reçu le don de la vie, comment peut-on militer pour que d’autres en soient privés ? Ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas que l’on eût pu faire sur nous dans le ventre de notre mère. Voilà ce qui devrait guider les cœurs et les actions des membres de notre société. Il y a plusieurs moyens d’aider les femmes enceintes en difficultés et n’oublions pas qu’il y a une liste d’attente de plus de cinq ans pour adopter un bébé au Québec. « Je veux naître et grandir » voilà ce que désirent tous les enfants dans le ventre de leurs mamans, l’endroit où ils devraient être le plus en sécurité.
Solange Viau
11 août 2019
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