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Lettre ouverte à Léa Clermont-Dion, réalisatrice du documentaire « La Peur au ventre », à paraître sur Télé-Québec le 21 octobre


Léa Clermont-Dion lors de l'émission Tout le monde en parle du 6 octobre 2024.

Par Georges Buscemi (Campagne Québec-Vie) — Photo : capture d'écran vidéo/Tout le monde en parle/Radio-Canada

Madame,

Je vous écris en tant que président de Campagne Québec-Vie et participant à votre documentaire « La Peur au ventre », centré sur l’avortement et, en particulier, le renversement de la décision Roe c. Wade par la Cour suprême des États-Unis. J’ai eu l’occasion de participer à plusieurs entrevues pour ce projet, notamment dans la pénombre d’une chambre d’hôtel à Washington DC. et à Québec, où j’ai fini par être mis face à la députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal.

Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre accueil chaleureux, votre professionnalisme et votre courtoisie. Je reconnais également, dans une certaine mesure (nous y reviendrons), votre sincérité et votre soif de justice. Vos expériences passées, où vous avez courageusement affronté le mal et l’injustice, non seulement pour vous-même mais aussi pour les femmes en général, méritent le respect. C’est pourquoi je vous salue, quoiqu’avec quelques réserves, pour cet engagement en faveur de la dignité des femmes.

Lors de notre entrevue à Washington, après mes commentaires sur la malice morale de la pornographie (ce qui semblait avoir capté votre intérêt), vous m’avez demandé si je me considérais comme « féministe ». J’ai hésité avant de répondre par la négative, car le terme « féministe » est souvent associé à des positions que je ne peux cautionner, notamment le soutien inconditionnel à l’avortement. Si j’avais à répondre plus précisément, je me qualifierais de « défenseur des femmes », car qui pourrait se dire homme sans l’être ?

Concernant votre documentaire, je dois dire que la bande-annonce m’a laissé entrevoir un schéma prévisible : celui d’une propagande pro-avortement. Et je ne pense pas, hormis le caractère péjoratif du terme « propagande », que vous soyez en désaccord. Il semble que vous ayez choisi de dépeindre l’influence « pernicieuse » des États-Unis, suite à la chute de Roe c. Wade, comme une menace à l’utopie québécoise et canadienne, transformant notre pays en terrain de jeu pour les « méchants » pro-vie.

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Je ne veux pas présumer, mais en voyant l’importance de mon rôle dans la bande-annonce, je suppose que je suis l’un des « vilains » de votre documentaire, représenté dans une chambre d’hôtel obscure, évoquant la punition des femmes pour le crime d’avortement. J’incarne donc le patriarche barbu et sévère, prêt à infliger une correction douloureuse.

Et pourtant, je crois être un défenseur des femmes plus authentique que vous-même, Madame. Je ne souhaite en aucun cas qu’une femme voie son intégrité violée, même sous couvert d’un soi-disant « acte médical » accompli par un pseudo-médecin armé d’un aspirateur pour déchiqueter un enfant dans le sein maternel. N’y a-t-il rien de pire pour une femme que de consentir à une telle invasion, un tel acte de destruction ? Quelle horreur ! Que nous vivions dans un monde où un tel acte est non seulement permis, mais encouragé, me choque profondément.

Comme une femme ne devrait jamais, même avec son consentement, se soumettre à la dégradation de la pornographie ou de la prostitution, encore moins devrait-elle consentir au meurtre de son enfant par des moyens aussi innommables. Comment pouvez-vous défendre la dignité des femmes tout en acceptant de telles pratiques ? L’avortement est, en vérité, un acte foncièrement anti-femme.

Vous le savez mieux que quiconque, la femme n’est pas un « deuxième sexe » calqué sur le premier. Si le récit de la Genèse laisse entendre une certaine antériorité de l’homme, sachez que la création de la femme à partir de la côte symbolise l’égalité en dignité et la complémentarité. Je crois que c’est un honneur immense pour la femme de porter la vie, une capacité inhérente à son être, bien qu’elle puisse légitimement choisir de ne pas enfanter.

Alors, pourquoi, Madame, accepteriez-vous que l’on mette fin à la vie de ces petits êtres dans le sein maternel, alors que vous défendez la dignité des femmes face aux abus ? La plupart du temps, je comprends que l’avortement est une décision prise à contrecœur, souvent en raison de l’abandon ou du manque de soutien du père. Mais l’enfant, lui, est déjà là. Une injustice ne se corrige pas en en commettant une autre.

Et, s’il vous plaît, Madame, vous qui avez perdu un enfant avant sa naissance et en avez parlé avec tant de sincérité, ce cœur de « votre petit » qui a cessé de battre à 13 semaines n’était pas un simple « amas de cellules ». C’était le cœur de votre enfant, votre chair et votre sang. Dès la conception, cet être humain suit son propre chemin de développement, dépendant du soutien de sa mère, mais unique en lui-même. Ce qu’il nous demande, c’est une attention et un soin particuliers, non la violence.

En guise de conclusion, je veux vous inviter à être cohérente avec votre belle soif de justice et à vous joindre à nous. Nous défendons la dignité des femmes, et, pour être cohérents, nous défendons également leurs enfants à naître. Vous craignez peut-être nos élans religieux, vous êtes troublée par nos propos et notre passion, vous nous trouvez, nous chrétiens pro-vie, un peu « hors de ce monde ». Enfin, vous ressentez sans doute une peur légitime : celle de voir tout ce que vous avez bâti, votre carrière et votre réputation, s’écrouler comme un château de cartes si jamais vous aviez l’audace de murmurer quelques syllabes en faveur de la vie. Car alors, vos amis du Plateau Mont-Royal (qui, pour la plupart, ne sont pas de véritables amis s’ils vous enferment dans le carcan pro-avortement) vous abandonneraient sur-le-champ, vous laissant comme une lépreuse, exclue. Vous n’auriez pour vous consoler dans ce bas monde que les larmes des pro-vie.

Mais si je vous écris aujourd’hui, au vu et au su de tous, c’est que j’ai confiance, femme forte que vous êtes, que la grâce de Jésus-Christ vous permettra de surmonter la peur et de faire ce saut. Car avec Dieu, tout est possible, et si mes mots résonnent en vous, si vous y trouvez quelque vérité ou paix, alors ils ne peuvent avoir pour source que Lui, qui est la source de toute bonté.

Pour la Vie,

Georges Buscemi
Président, Campagne Québec-Vie



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