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Lettre au président du CMQ : « Tuer un enfant viable dans le sein de sa mère n’équivaut-il pas à tuer un prématuré ? »

Par Solange Viau — Photo : Sharon McCutcheon/Unsplash

Solange Viau, diplômée en enseignement des sciences au secondaire de l’UQAM, a écrit la lettre suivante au président du Collège des médecins du Québec, le Dr Mauril Gaudreault, suite au rapport d’un comité du CMQ recommandant la création d’un centre spécialisé en avortements tardifs afin d’en permettre la possibilité à toute Québécoise désireuse de s’en procurer un, trouvant que trop souvent ces femmes se faisaient refuser ce qu’elles demandaient par les médecins (qui ne veulent pas tremper dans un pareil crime). — A. H.

Objet : centre spécialisé pour les avortements tardifs

Dr Mauril Gaudreault,

C’est avec consternation que nous avons appris par les médias qu’un Groupe de travail en « éthique » clinique du Collège des médecins du Québec recommandait un plus grand accès aux avortements tardifs, cela par la mise sur pied d’un centre spécialisé pour ce type d’avortements. Alors qu’on manque tant de médecins et d’infirmières pour soigner les malades, comment peut-on consacrer de si précieuses ressources à de telles pratiques ?

En 1987, la chasse aux bébés phoques a été interdite au Canada parce qu’elle a été jugée cruelle. Le Groupe de travail en « éthique » clinique du CMQ n’aurait-il pas dû lui aussi arriver aux mêmes conclusions en ce qui concerne les avortements des fœtus du troisième trimestre, dotés d’une sensibilité encore plus grande que celle des bébés phoques ? En effet, des recherches médicales récentes ont démontré que les fœtus et les prématurés sont dotés d’une très grande sensibilité à la douleur, plus grande que celle des bébés naissants. « Le système qui véhicule la douleur est fonctionnel dès le troisième trimestre de grossesse tandis que le système inhibiteur se développe plus tard. » (Le Monde, Marion Solletty, « Les prématurés, très sensibles à la douleur, doivent faire l’objet de soins plus doux », 5 juin 2010) [je rajoute que les enfants à naître peuvent possiblement sentir la douleur après la 12e semaine — A. H.].

Tuer un enfant viable dans le sein de sa mère n’équivaut-il pas à tuer un prématuré ? Un petit bébé innocent de toute faute et qui se bat de toutes ses forces pour survivre ? Si une personne décidait d’enfoncer une aiguille pleine de poison dans le cœur d’un prématuré pour le faire mourir, on la jugerait comme dépressive ou psychopathe ou comme étant un tueur à gages sans scrupules. Comment peut-on mandater un médecin québécois, bardé de diplômes, payé à grands frais, en sarrau blanc, seringue à la main devant l’échographie de sa jeune victime innocente et pleine de vie, pour commettre un crime semblable ? Voilà la face obscure de ce que l’on ne dit jamais à la population lorsqu’on parle d’élargir l’accès aux avortements tardifs.

Dans le rapport de votre Groupe en « éthique » clinique, il ne semblait pas y avoir mention des procédures qui seraient utilisées lors de ces avortements, des souffrances endurées par les fœtus, des dangers physiques et des séquelles psychologiques possibles chez ces mères. Voilà pourtant ce qu’en a dit le Dr Warren Hern, médecin américain spécialisé dans ce type d’avortements : « Un avortement de troisième trimestre est une décision sérieuse, une opération chirurgicale complexe. La vie des femmes est en jeu… Il faut compter quatre jours pour l’intervention, de l’injection intracardiaque pour arrêter le cœur du fœtus à l’expulsion de celui-ci, en passant par la pose de tiges laminaires (qui aident à dilater le col) et le déclenchement des contractions. » (Avorter aux États-Unis, Mylène Tremblay, Châtelaine, mars 2013.) Dans le rapport, il ne semblait pas y avoir non plus d’informations sur la manière dont les corps des enfants à naître seraient disposés (déchets médicaux, donnés ou vendus pour la recherche ou à d’autres fins ?) On ne pouvait rien lire sur ces aspects tragiques des avortements du troisième trimestre dans l’article du journal La Presse (Avortements de troisième trimestre, Gabrielle Duchaîne, 5 février 2020).

Pour la sécurité des femmes, le Dr Morgentaler désapprouvait lui-même les avortements après 24 semaines de grossesse. Il suggérait aux médecins d’expliquer aux femmes les dangers d’un avortement tardif, de leur conseiller de poursuivre leur grossesse et d’avoir recours à l’adoption. (La Presse, « Pour le Dr Morgentaler, après six mois, c’est non », Louise Leduc, 27 janvier 2008.) Dans l’arrêt Morgentaler, des juges de la Cour suprême du Canada ont aussi fait des recommandations en ce sens. Et comme le dit si bien la chanson que tant de Québécois aiment entendre ou fredonner : « Ne tuons pas la beauté du monde… » Le sort de ces enfants à naître est entre vos mains et ils comptent sur votre compassion et votre protection pour pouvoir vivre, grandir et se retrouver possiblement dans les bras de parents adoptifs, si heureux de les combler de leur amour.

Veuillez agréer, Dr Gaudreault, l’expression de mes sentiments respectueux.

Solange Viau, enseignante à la retraite

Diplômée en enseignement des sciences au secondaire de l’UQAM

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