Par William Kilpatrick (LifeSiteNews) ― traduit par Campagne Québec-Vie ― Photo : Wikimedia Commons
14 Juin 2019 (Turning Point Project) ― Quand un homme cesse de croire en Dieu, observe Chesterton, il devient capable de croire en n’importe quoi. Il semble que nous ayons maintenant atteint l’étape du « n’importe quoi » de l’histoire de l’humanité.
Alors que la foi dans le christianisme recule en Occident, une chose étrange se produit. Après s’être débarrassés de leur croyance en Dieu, les gens ne deviennent pas plus rationnels ; ils deviennent plus crédules. Ils croient que les bébés in utero ne sont pas vraiment des êtres humains, que le « mariage » homosexuel est l’équivalent du vrai mariage, qu’il existe environ 52 variétés de genres, que les garçons peuvent devenir des filles, et vice versa. En général, ils croient que de simplement souhaiter fait les choses.
Le rejet de Dieu ne conduit pas à un épanouissement de la civilisation, mais plutôt à une primitivisation. Bon nombre des idées qui sont maintenant d’actualité sont préscientifiques et même antiscientifiques. La science est solidement assise du côté de ceux qui disent que les bébés sont des bébés et que les garçons ne peuvent pas devenir des filles, mais quand la science entre en conflit avec les croyances magiques actuelles, elle est rejetée d’emblée. Pour beaucoup, la source ultime de vérité n’est pas la raison, ou la science, ou Dieu, mais les sentiments.
C’est la croyance en un Dieu rationnel qui a créé un univers rationnel et ordonné qui a donné l’impulsion principale à l’étude scientifique il y a des siècles. Les érudits chrétiens et juifs pensaient qu’il valait la peine d’étudier la nature des choses parce que la nature des choses était considérée comme étant rationnelle et découvrable. Ainsi, la révolution scientifique était un produit du monde judéo-chrétien.
Mais tout d’un coup, tous les paris sont ouverts. Pour beaucoup, la croyance dans le soi impérieux a supplanté la croyance en Dieu et en un monde rationnel. Les envies et les désirs de l’individu sont primordiaux. Si votre fille de 12 ans décide qu’elle est un garçon, vous feriez mieux d’accepter ses désirs, parce que la doctrine en vigueur veut que son sexe soit une question qui doit être tranchée uniquement par elle et son médecin.
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Bien sûr, le moi impérieux n’est pas vraiment absolu. Maintenant que Dieu est considéré comme superflu, l’État est devenu l’autorité suprême. Par conséquent, les souhaits de l’individu ne sont considérés comme légitimes que s’ils coïncident avec ceux de l’État.
Il ne s’agit donc pas simplement d’une régression vers la pensée magique, mais d’une fusion de l’impulsion primitive et de l’État totalitaire moderne. L’idéologie charabia du transgenrisme ne peut survivre que si elle est soutenue par le pouvoir de l’État. Mais les nouveaux primitifs ne connaissent pas assez d’histoire pour se rendre compte qu’ils vivent dans une société de moins en moins libre. De plus, tant qu’ils reçoivent leur dose quotidienne d’actes en rapport avec le sexe et de « soma » (marijuana, fentanyl, etc.), ils s’en fichent. Cependant, il reste encore un nombre considérable de chrétiens, de juifs et d’autres croyants en la Loi naturelle qui peuvent voir que la nouvelle normalité est tout à fait anormale. À moins qu’ils ne crachent le morceau, les mensonges sur les faits de la vie deviendront obligatoires. Tout le monde doit être forcé de croire. Et les primitifs progressistes libéraux et leurs alliés de l’État prendront des mesures pour écraser ceux qui n’obéissent pas.
Ainsi :
- Au Royaume-Uni, la police enquête sur des individus qui contestent l’idéologie du genre sur les médias sociaux.
- Un juge canadien a autorisé des médecins à donner des traitements hormonaux pour aider une jeune fille à devenir un garçon contre la volonté de son père. Le même juge a par la suite interdit au père de parler de sa fille comme d’une fille.
- Les autorités britanniques ont menacé d’enlever un garçon autiste à ses parents alors qu’ils s’opposaient aux traitements de changement de sexe proposés par les médecins.
Non seulement l’État se réserve le droit de décider du sexe de votre enfant, mais il pense maintenant, apparemment, qu’il a l’autorité de décider de sa religion. Un tribunal régional de Schleswig, en Allemagne, a imposé une amende aux parents qui refusaient de laisser leur fils partir en voyage scolaire dans une mosquée. Pendant ce temps, dans le Danemark voisin, les autorités de l’État ont menacé d’enlever la fille de huit ans, fille d’une famille d’accueil qui l’avait élevée dès son plus jeune âge. Leur crime ? La mère avait critiqué le terrorisme islamique sur son blog. Les autorités ont dit que cela faisait preuve d’un mauvais jugement, et elles ont remis en question sa capacité d’être parent.
L’ascension rapide de l’islam ces derniers temps est en soi une preuve de régression sociale. Bien que les musulmans croient en dieu, il n’est pas le Dieu auquel les chrétiens croient. Au contraire, Allah est un dieu volontaire qui n’est pas lié par les lois de la raison. Comme un tyran absolu et capricieux, ses lois sont arbitraires et sujettes à changement. L’absence remarquable de progrès scientifique dans le monde musulman est simplement la conséquence logique de la croyance en ce dieu erratique.
Parce qu’il emprunte au christianisme et au judaïsme, l’islam est un progrès par rapport à la plupart des religions primitives, mais par rapport au christianisme, il constitue une foi résolument primitive. Elle sanctionne les décapitations, les amputations pour vol, les lapidations pour adultère, la polygamie, la soumission des femmes et même l’esclavage sexuel. On pourrait penser que les nouveaux primitifs seraient consternés par l’Islam ― surtout parce qu’ils considèrent l’assujettissement des femmes comme un grand mal. Mais certains tabous sont plus importants que d’autres, et l’un des tabous suprêmes de notre époque est l’injonction de ne pas juger les autres cultures. Les péchés de l’Islam peuvent être effacés en répétant simplement le chant incantatoire « Ils ont une culture différente. » Le villageois fait peut-être maintenant partie d’un village global, mais il pense toujours comme un villageois. Les chefs de village et les anciens ont décidé que le christianisme appartient au passé et que l’islam est un élément vital de l’avenir multiculturel à venir. Le villageois acquiesce de la tête parce qu’il n’a pas d’autres points de repère. Il est prêt à croire tout ce que disent les autorités.
Une société qui élève l’islam au-dessus du christianisme est une société qui fait un pas en arrière dans le temps, mais c’est pourtant dans cette direction qu’une grande partie de l’Occident se dirige. Les églises en Europe sont en grande partie vides, mais les mosquées sont pleines. De nombreux observateurs culturels prédisent que l’islam sera la religion dominante en Europe bien avant le milieu du siècle. L’ironie ultime du rejet du Dieu chrétien est que vous pourriez vous retrouver avec le dieu de Mahomet à la place.
Quoi qu’il en soit, notre société semble prendre la route qui mène à un passé sombre et superstitieux. Depuis plusieurs décennies, les éducateurs prétendent enseigner aux jeunes la pensée critique. De plus en plus, cependant, les processus de pensée des citoyens occidentaux ressemblent aux processus de pensée de leurs ancêtres tribaux dans la brousse et la savane. De plus en plus, on vous encourage à vous considérer comme un membre d’un groupe identitaire ― votre tribu. On ne s’attend pas à ce que vous pensiez par vous-même ; on s’attend à ce que vous pensiez comme votre groupe le pense.
Cette pensée tribale ne se limite pas aux étudiants universitaires et aux politiciens démocrates. Celle-ci a également infecté les professions libérales. Après tout, la plupart des professionnels sont diplômés d’universités et d’écoles de groupes de pensées doctrinaires. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient du mal à penser par eux-mêmes, même lorsqu’il s’agit d’éléments aussi fondamentaux que les différences entre les sexes.
Par exemple, il n’y a pratiquement aucune preuve de recherche pour appuyer l’utilisation des hormones et de la chirurgie pour aider les jeunes confus à « passer » d’un sexe à l’autre. Et il n’y a certainement aucune preuve biologique. Du point de vue biologique ― c’est-à-dire du point de vue de la connaissance factuelle ― tout le projet transgenre est impossible. De plus, la plupart des recherches disponibles montrent que les « traitements » utilisés dans la transition comportent de grands risques pour la santé physique et psychologique des enfants et des adolescents.
Pourtant, les médecins et les thérapeutes continuent de faire avancer le projet transgenre malgré les risques graves qu’il comporte. L’idéologie transgenre est la plus récente et la plus à la mode. C’est ce qu’attestent les « meilleurs » membres de la tribu, il ne faut donc pas la contester. Si vous osez vous opposer à leur programme, ils pourraient bien s’en prendre à vous ou à votre enfant ― non pas avec des fourches et des torches, mais avec une citation à comparaître délivrée par un tribunal.
Les « braves » nouveaux médecins qui recommandent de gaver des enfants avec pleins d’hormones bloquantes ou de mutiler leur corps sont comme les sorciers d’antan. Ils marmonnent des incantations (comme « construction sociale » et « dysphorie du genre »), ils agitent leurs seringues hypodermiques pour éloigner les pensées sceptiques, et, comme ils sont considérés experts en tout, des émotions à l’éthique, les parents estiment n’avoir d’autre choix que de les laisser poursuivre le rituel.
Le mot « primitif » n’est pas nécessairement un terme péjoratif. Lorsqu’il est appliqué à des gens qui vivaient il y a longtemps ou à des gens qui vivent aujourd’hui dans des tribus isolées de régions éloignées, c’est simplement un terme anthropologique descriptif pour ceux qui n’ont jamais développé une civilisation. Mais c’est une autre histoire quand les gens civilisés reviennent à des modes primitifs de pensée et de moralité. Dans ce cas, le sens péjoratif est bien mérité. Ils sont, comme l’a dit Saint Paul à propos de ceux dont les esprits sont obscurcis par le péché, « sans excuse. »
Le roman de William Golding, Le Seigneur des mouches, nous donne une image d’une descente assez rapide de la civilisation dans la sauvagerie. Naufragés sur une île, tous, à l’exception d’un petit groupe d’écoliers anglais, peignent bientôt leur corps, brandissent des lances et font des offrandes à une bête imaginaire.
Dans la conclusion de la version cinématographique de 1963 de l’histoire, Ralph, le dernier irréductible de la civilisation, est poursuivi par la meute des garçons sauvages. Épuisé, il tombe face contre terre en attendant son destin. Mais lorsqu’il lève les yeux, il voit, le dominant, un officier de la marine britannique vêtu d’un uniforme blanc éblouissant ― la personnification de la civilisation, de l’ordre, de la raison et de la sécurité. Et comme la Grande-Bretagne n’était pas encore entrée dans sa phase post-chrétienne à cette époque, l’officier pourrait aussi être considéré comme un représentant de Dieu ― le Dieu chrétien de justice et de miséricorde.
Ralph se met à pleurer ― probablement pour ce qui a été perdu et retrouvé. Nous pourrions tous pleurer sur tout ce qui a déjà été perdu de notre héritage chrétien. Après avoir séché nos larmes, nous devons nous remettre sur pied pour le récupérer. L’alternative étant une descente rapide dans la grande noirceur, les ténèbres.