Par Carlos Prado — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : SciePro/Adobe Stock
6 décembre 2023 (LifeSiteNews) — Les conseillers municipaux de London, en Ontario, ont adopté une motion envisageant l’interdiction de toutes les images d’enfants à naître sur la voie publique.
Le mardi 5 décembre, les conseillers Hadleigh McAlister et Sam Trosow ont présenté cette motion au Comité des services communautaires et de protection de la ville afin d’élargir le règlement controversé de 2022 qui interdit que des images de fœtus soient distribuées ouvertement à des domiciles privés. La nouvelle motion vise à interdire les manifestations pro-vie sur les trottoirs avec ce que l’on appelle des « images graphiques », c’est-à-dire des images d’enfants à naître, qu’ils soient entiers ou démembrés.
Au cours de la réunion, le conseiller Trosow a reconnu que le règlement de 2022 et la nouvelle motion proposée violaient la Charte canadienne des droits et libertés.
« Le règlement a créé une entrave à la liberté d’expression et a constitué une violation de l’article 2 b de la Charte... Cela ne fait aucun doute », a-t-il déclaré.
« Il s’agissait d’une mesure fondée sur le contenu, qui limitait des propos par ailleurs autorisés ».
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Malgré cet aveu, le conseiller a tenté de justifier cette infraction en citant l’article 1 de la Charte, plus connu sous le nom de clause des limites raisonnables.
Les cinq conseillers du comité, Jerry Pribil, Elizabeth Peloza, David Ferreira, Sam Trosow et Hadleigh McAlister ont tous voté à l’unanimité en faveur de la motion. La motion prévoit une réunion de participation publique sur la proposition d’amendement du règlement et demande aux fonctionnaires de la ville de rédiger un rapport sur le sujet pour le comité.
London fait partie d’une série de villes canadiennes qui ont restreint la liberté d’expression des militants pro-vie. Blaise Alleyne, du Centre canadien pour la réforme bioéthique, a déclaré à LifeSiteNews que Toronto, Calgary et St. Catharines ont toutes mis en œuvre leurs propres restrictions concernant la distribution de photographies de restes d’enfants avortés aux domiciles des citoyens.
Alleyne a déclaré que cette nouvelle motion serait la première du genre. « Aucune ville n’a adopté de loi limitant les panneaux pro-vie sur les trottoirs », a-t-il déclaré. « Il s’agirait d’une violation flagrante de la Charte ».
Engagé dans le mouvement pro-vie depuis plus de 18 ans, M. Alleyne estime que l’utilisation de photographies de fœtus avortés est un outil puissant pour attirer l’attention et faire évoluer les mentalités.
« Cela amène la victime individuelle de l’injustice, qui ne peut pas s’exprimer, dans les conversations… Les photos des victimes de l’avortement montrent clairement que l’avortement ne concerne pas seulement quelque chose, mais quelqu’un. »
Selon M. Alleyne, il n’est pas rare que l’utilisation de ces photos ait des résultats immédiats et directs.
« Nous avons entendu des personnes annuler leur rendez-vous pour un avortement parce qu’elles avaient vu des photos de victimes d’avortement et ce que l’avortement ferait à leur enfant ».
Il a attiré l’attention sur la définition particulière que le conseil municipal de London a utilisée pour les « images graphiques » : « “Image graphique” signifie une image ou une photographie montrant, ou censée montrer, un fœtus ou toute partie d’un fœtus ». L’expression « fœtus », dérivée du mot latin désignant la progéniture, est souvent utilisée pour cacher l’humanité de l’enfant à naître.
« Il s’agit d’une façon très claire de singulariser le message pro-vie », a déclaré M. Alleyne. « C’est comme s’ils essayaient de cacher les victimes de l’avortement ».
Maria McCann, présidente de London Against Abortion, a déclaré à LifeSiteNews que la motion entraînerait un changement massif dans la façon dont les pro-vie pratiquent l’activisme.
« La motion cherche vraiment à réduire au silence un pan entier d’une discussion importante que notre culture est en train de tenir », a-t-elle déclaré. « Je pense à toutes les merveilleuses conversations respectueuses que j’ai pu avoir avec d’innombrables Londoniens en travaillant avec London Against Abortion, et cela inclut de nombreuses interactions avec des personnes qui n’étaient pas d’accord avec moi sur cette question ».
Le groupe a déjà été affecté par la précédente interdiction des tracts contenant des « images graphiques », ce qui l’a amené à passer à la sensibilisation dans la rue.
« La dernière chose dont notre société a besoin, c’est de nouvelles tentatives pour empêcher le discours civil... si nous réduisons au silence des camps entiers, c’est la majorité qui agit de manière autoritaire », a déclaré Mme McCann.
Elle s’est inquiétée de la portée que pourrait avoir l’interdiction proposée en raison d’une formulation imprécise. Elle a fait remarquer que des choses comme les autocollants de pare-chocs pourraient tomber sous le coup de l’interdiction.
Mme McCann a fait remarquer que des lois de cette nature pourraient être utilisées pour cibler d’autres mouvements, comme les manifestations pour la paix en Ukraine et au Moyen-Orient.
« J’encourage les gens, même s’ils ne sont pas d’accord avec nous sur l’avortement, à s’exprimer contre cette proposition afin de protéger leur propre droit à s’exprimer sur des questions qui leur tiennent à cœur ».
Mme McCann a appelé à plusieurs reprises à un discours courtois sur l’avortement, d’autant plus qu’elle a été confrontée à des violences de la part de personnes qui ne partagent pas ses opinions pro-vie.
« Je pense que la décision d’infliger des violences est, d’une certaine manière, le fruit d’initiatives visant à réduire les gens au silence », a-t-elle déclaré. « Car si l’on ne peut pas faire taire quelqu’un légalement, pourquoi ne pas le faire taire par la force ? »
Les habitants de London, en Ontario, sont invités à envoyer un courriel et, surtout, à appeler leur conseiller municipal pour lui faire part de leurs préoccupations concernant cette motion. Les coordonnées de tous les conseillers municipaux sont disponibles ici.